Groupe:

The Answer

Date:

20 Juin 2015

Interviewer:

Didier

Interview Cormac Neeson (face à face)

Salut Cormac, nous nous sommes déjà rencontrés pendant le Hellfest en 2011. Est-ce un de tes festivals favoris ?

J’adore ce festival. Depuis notre première participation, nous avons tout fait pour revenir. Tous les ans on demande à notre agent si on peut y participer, car ce festival est vraiment particulier. Tout y est toujours parfait, c’est un peu un mélange du Download Festival du Royaume Uni et du Wacken d’Allemagne. Il surpasse de loin tous les festivals auxquels nous avons participé en Europe. Le public et l’organisation du festival sont formidables. Le public est vraiment sympa et respectueux, ils apprécient tous les groupes qui participent au festival, quel que soit leur style musical. J’ai l’impression que tous les groupes s’éclatent ici. C’est un festival éclectique où l’on s’amuse beaucoup. C’est un plaisir d’être là.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, les organisateurs du festival ont eu quelques problèmes il y a un mois : des catholiques extrémistes ont saccagé le site et ont également brûlé plusieurs choses. Que pensez-vous de ce genre de réaction ?

Ca craint vraiment. C’est dingue, franchement c’est vraiment pourri. Je suis catholique et je trouve ça vraiment nul.

Alors comment s’est déroulé votre set de l’année 2015 ? Avez-vous réussi à déchaîner les puissances infernales au Hellfest ?

Oui je crois que nous avons réussi. Il y avait beaucoup de monde et ils avaient tous l’air ravi. On s’est bien amusé sur scène. Je trouve que l’horaire de notre set était sympa. Il y a plus de monde qu’il y a quatre ans et nous avons enregistré deux nouveaux albums depuis notre dernière participation, c’était donc le moment idéal de monter sur scène pour promouvoir notre musique et passer un bon moment avec le public.

Comment préparez-vous votre setlist pour un concert si court lors d’un aussi grand festival ?

Nous venons de terminer une tournée de six mois qui nous a permis de promouvoir notre nouvel album en Europe et au Royaume-Uni. Cet album nous plaît beaucoup, les morceaux sonnent bien et sont très agréables à jouer en live. C’est important de profiter des bonnes choses tant qu’elles durent. On ne choisit pas forcément de jouer nos nouveaux morceaux, on choisit en fonction de nos envies. En tout cas le public a eu l’air d’apprécier notre prestation, c’est l’essentiel.

Allez-vous assister à certains concerts sur place ? Lesquels ?

J’ai eu ma dose de musique pour l’instant. On a eu un programme chargé aujourd’hui avec les interviews et nous devons partir juste après celle-ci. Nous allons prendre l’avion pour Dublin aujourd’hui et nous partirons aux Etats-Unis demain matin, nous y resterons six semaines. Nous partirons en tournée avec Whitesnake, nous donnerons aussi plusieurs concerts en tant que tête d’affiche et nous participerons à plusieurs festivals sur place. J’ai tout de même vécu un moment magique ici : j’ai pu voir Ace Frehley jouer "Shock Me".

Votre groupe existe depuis une quinzaine d’années maintenant et votre line-up n’a pas changé. Quel est le secret d’une telle longévité ?

On n‘y pense pas vraiment. Nous avons la chance de bien nous entendre. James s’est cassé la main et Maggy a eu un bébé, alors il a fallu leur trouver des remplaçants pendant une période, mais ce n’était vraiment pas pareil. On sentait bien qu’il manquait quelque chose. Nos liens sont très forts car ça fait très longtemps que nous jouons ensemble. Et c’est plutôt positif.

Ok parlons de votre dernier album, "Raise A Little Hell". Peux-tu nous expliquer le concept de l’artwork, et comment vous avez choisi les personnages qui vous représentent ?

Oui. C’est Storm Thorgerson qui a conçu la pochette de notre album précédent et il a créé une véritable œuvre d’art de style prog. C’est la dernière œuvre qu’il a conçue avant sa mort. Il a fait un super boulot, mais il n’est malheureusement plus de ce monde. Nous ne voulions pas essayer d’imiter son travail alors nous avons décidé de changer de style et de nous amuser un peu sans trop nous prendre au sérieux afin de voir ce que ça donnerait. Il y a un type qui travaille souvent pour notre label Napalm Records, il s’appelle Sébastian Jerke. Nous avons fait appel à lui et nous lui avons dit que nous voulions représenter l’aspect festif de notre musique sur la pochette de notre album et il nous a répondu qu’il avait une idée et que pour la réaliser il faudrait utiliser des personnages pour nous représenter, nos doubles en quelque sorte. Cela nous a plu alors nous avons accepté. Et le résultat est vraiment génial. Il me semble que c’est Micky qui a eu cette idée en premier et Sébastian s’en est servi pour créer la pochette.

Comment avez-vous travaillé pour composer ce cinquième album ?

Chaque album est différent des précédents, car nous changeons et nous évoluons au fils du temps. Notre dernier album est sorti il y a un an et demi. Notre façon de composer et nos vies ont changé, différents évènements ont eu lieu, ce qui nous fait évoluer et progresser peu à peu. Nous composons chaque album de manière différente, c’est une bonne chose car c’est ce qui nous permet d’innover. Mais l’âme du groupe reste la même, nous aimons nous réunir dans une pièce, jouer tous ensemble pendant plusieurs heures et tout enregistrer afin de choisir le meilleur morceau et arranger les meilleurs morceaux pour en faire des chansons. Nous avons procédé de la même façon pour cet album. Maintenant, tout le monde compose et tout le monde propose des chansons en demandant aux autres : "Qu’est ce que vous en pensez ?" et "si on travaillait ce morceau ?" Le groupe fonctionne de manière très démocratique, nous avons toujours travaillé ainsi et nous continuerons de le faire.

Certaines des chansons de cet album ont vraiment d’excellents refrains. Qui les a composés ? Comment procédez-vous pour le faire ?

Merci. Oui, j'ai toujours été fan des chansons qui ont de super refrains, car c’est moi qui chante. J’aime chanter ce genre de refrains sur scène. C’est un peu mon moment, comme lorsqu’un guitariste fait un solo. Le morceau et le message qu’il transmet doivent être clairs et précis, c’est important car cela permet de transmettre notre passion au public. Mais c’est encore quelque chose que nous composons facilement, cela nous vient de manière naturelle. J’ai parfois des idées intéressantes pour composer les refrains, mais il arrive qu’elles ne correspondent pas vraiment à la chanson sur laquelle on travaille alors il faut tout reprendre du début. Ce qui est bien dans le groupe, c'est que tout le monde s’adapte aux besoins et aux désirs des autres. Je n'aime pas imposer mes idées sans tenir compte de l’avis des autres. Nous sommes complémentaires et nous parvenons à composer en travaillant tous ensemble. On s’améliore même avec le temps.

C’est Micky qui chante une grande partie des chœurs.

Micky est ravi de chanter car lorsqu’on est sur scène, c’est lui qui chante la majorité des chœurs. Avant cet album, Micky ne jouait pas vraiment le rôle de choriste, mais cela aurait été une bonne chose car c’est en partie de là que vient la particularité de notre son. C’est une des caractéristiques qui rend notre musique unique.

Dans cet album, je trouve que Micky a bien réussi à mettre la basse en valeur, et cela me plaît. Avez-vous fait des modifications particulières pour obtenir ce résultat ?

Non, pas vraiment. Si l’un d’entre nous a envie de mettre son talent en valeur sur un morceau, il est libre de le faire.

J’aime beaucoup la chanson "Cigarettes And Regrets", peux-tu nous expliquer de quoi elle parle ?

En fait, ce morceau a été compose par l’un de nos amis : Jaren [Johnston] du groupe The Cadillac Three. Je l’ai contacté et il nous a propose une démo plutôt simple de cette chanson. Nous l’avons récupérée et nous avons ajouté un super refrain. C’était un morceau plutôt facile à s’approprier et à personnaliser. Nous nous sommes bien amusés à le jouer dans notre salle de répétition. Et au final, il s’agit de l’un des meilleurs morceaux de notre album.

Le morceau "Last Day Of Summer" a des sonorités très hippies. Ton duo guitare/voix fait penser à Page et à Plant et nous ramène à cette époque. Peux-tu nous raconter comment vous l’avez composé ?

Nous nous sommes tout simplement mis à jouer tous ensemble, pour essayer de composer quelque chose. Nous avons trouvé un riff et il a plu à tout le monde, ce qui nous a facilité la tâche. "Last Day Of Summer" est une métaphore qui fait référence à la vie. Une fois lancés, nous l’avons terminé facilement et rapidement et nous l’avons enregistré en live dans le studio.

Tu joues un peu d’Harmonica dans la chanson "Raise A Little Help". De nos jours, lorsqu’un chanteur joue de l’harmonica, cela donne un petit côté vintage. Est-ce important à tes yeux ?

J’ai appris tout seul à en jouer dans le bus, pendant nos tournées. Cela s’est fait de manière improvisée. C’est un petit plus et cette fois–ci nous avons associé la guitare et l’harmonica. Nous voulions simplement essayer quelque chose de nouveau.

Le titre "Strange Kind Of Nothing" rappelle un peu la musique du groupe U2. Penses-tu qu’il existe un "son irlandais” ?

Oui, "Strange Kind Of Nothing" a des sonorités issues de la musique Folk irlandaise. Ce morceau a été composé à la guitare acoustique. Cela m’a beaucoup plu de l’enregistrer car il est très différent du reste de nos morceaux. Je trouve que c’est une bonne chose d’inclure un morceau d’un autre style parmi nos titres plus lourds et plus rock 'n' roll.

Le morceau "I Am Cured" et son intro à la slide guitare m’a beaucoup fait penser au groupe Rose Tattoo, est-ce une de vos références ?

Nous sommes toujours ravis d’être comparés à Rose Tatoo.

Plusieurs excellents albums de hard rock sont sortis en 2015 : le vôtre, et ceux de Danko Jones, Koritni, Dallas Frasca ou de Devil’s Train. Connaissez-vous un de ces artistes ?

Oui, je connais Danko Jones et deux autres d’entre eux. La scène hard rock 'n' blues est vraiment très active : il y a aussi Blues Pills, Truckfighters, on trouve de très bons groupes actuellement. On vient juste de terminer une tournée avec un groupe autrichien qui s’appelle The White Miles, ils sont originaires du Tyrol. Nous avons voyagé dans le même bus pendant un mois et demi. Nos styles musicaux s’accordaient très bien. Je suis ravi qu’il y ait autant de choix aujourd’hui.

Et qu’avez-vous à répondre aux personnes qui prétendent qu’AC/DC a déjà tout fait dans ce style ?

Ce n’est pas notre avis car nous faisons notre possible pour composer des morceaux inédits et originaux. C’est très important pour nous. Parfois notre originalité nous porte même préjudice car cela ne plaît pas aux gens qui veulent headbanger en écoutant du bon vieux rock 'n' roll [rires].

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Demain nous prenons l’avion pour nous rendre aux Etats-Unis, puis nous reviendrons à temps pour participer au Wacken et à quelques autres festivals en Europe. Nous allons ensuite composer un peu jusqu’à la fin de l’été. Après nous repartirons en tournée et nous continuerons sur notre voie...

Merci beaucoup Cormac.

Merci.