Groupe:

Jared James Nichols

Date:

01 Juin 2016

Interviewer:

Blaster Of Muppets

Interview Jared James Nichols (face à face)

Ta carrière solo a débuté il y a deux ou trois ans mais tout le monde ne te connaît pas encore… Peux-tu te présenter et présenter ton groupe à nos lecteurs ?

Tout à fait. En fait, notre premier voyage en Europe a eu lieu au printemps 2014. Cela fait donc deux ans que nous avons commencé à faire des tournées en Europe…C’est la quatrième fois que nous venons en Europe. Nous sommes déjà venus une fois avec Lynyrd Skynyrd et une autre fois avec Glenn Hughes. Nous avons également donné plusieurs concerts dans des clubs lors de notre première tournée européenne. Nous avons joué devant une vingtaine de personnes, on essayait juste de faire de notre mieux…J’ai rencontré ces mecs (Erik et Dennis) à L.A il y a cinq ans environ, et tout s’est fait très naturellement ! Je leur ai dit : « Hé les gars, on se fait un bœuf ? Ca vous tente de jouer quelques reprises ? » Et c’est comme cela que tout a commencé. Après ça, j’ai réussi à nous organiser un concert, puis un autre…et tout le reste s’est enchaîné très naturellement. Honnêtement, à l’époque je chantais sur très peu de morceaux. Je n’étais pas vraiment à l’aise dans ce rôle. J’essayais de mettre les choses au point…et j’ai finalement obtenu des résultats il y a deux ans et demi. C’est là que je me suis dit : « Ok, je suis prêt à me lancer, il est temps de se mettre au boulot ». Et cela ne m’étonne pas que les gens viennent me demander : mais bordel, qui es-tu ? Notre carrière vient juste de démarrer mais nous sommes vraiment heureux d’avoir eu la chance d’accompagner d’excellents groupes en tournée et d’être sélectionnés pour cette tournée avec Zakk Wylde…

Oui, exactement. Je voulais justement t’en parler. Vous avez eu la chance de recevoir des propositions incroyables dès le début de votre carrière. Ce n’est pas donné à tout le monde de partir en tournée avec Lynyrd Skynyrd, ZZ Top, Glenn Hughes ou Zakk Wylde lorsqu’on débute sa carrière musicale… Comment cela s’est-il organisé ?

Oui, c’est vrai (rires). Le premier concert qu’on nous a proposé c’était celui des Doobie Brothers et de Kid Rock. En fait, j’ai joué pendant une convention consacrée à la moto, c’était à l’occasion du grand rallye de Sturgis. Je n’avais vraiment aucune idée de ce qui m’attendait. J’ai fini par discuter avec le propriétaire d’une grande salle qui s’appelle le Buffalo Chip et il m’a proposé de venir y jouer en première partie du concert des Doobie Brothers! Je n’y croyais pas !!! C’est vraiment dingue, non ? Nous avons donc accepté cette offre et les événements se sont enchainés. Et sans vraiment réaliser ce qu’il se passait, nous nous sommes retrouvés à jouer en première partie de ZZ Top, puis de Lynyrd Skynyrd. Nous sommes finalement devenus amis et ils nous ont proposé de les accompagner en Europe ! Puis nous avons assuré la première partie du concert de Glenn Hughes… Tu vois, tout s’est enchainé comme ça…Je suis sûr que certaines personnes pensent que je dois payer quelqu’un pour obtenir ces dates mais ce n’est pas le cas. Tout est arrivé parce que j’ai rencontré des personnes qui avaient certaines relations et que ces dernières avaient des personnes dans leurs relations qui connaissaient Glenn Hughes et Zakk Wylde…Voilà comment tout est arrivé.

En parlant de musique live… Tu as d’abord enregistré un album live avant d’enregistrer un album studio. C’est un choix plutôt inhabituel à notre époque, non ? Est-ce une manière d’annoncer que tu préfères la scène au studio ?

Ouais mec, c’est tout à fait ça. Mes groupes préférés, comme Mountain, Cream ou Hendrix… tu vois, tous ces power trios… ce que j’apprécie le plus dans leur musique ce sont leurs morceaux live. Je trouve que leur talent s’exprime pleinement sur scène. Les membres de Mountain ou de Cream pouvaient choisir un morceau blues tout simple pour le jouer sur scène pendant vingt-cinq minutes et le résultat était vraiment incroyable… C’est vraiment ce que j’ai envie de faire sur le plan musical. Je veux jouer mes morceaux sur scène ! Lorsque nous donnons des concerts en tant que tête d’affiche, nous adorons improviser, nous aimons essayer de nouvelles choses, transformer et modifier les morceaux…Et c’est ce qui me plaît le plus dans tout ça. C’est tout ce qui se passe en live. J’ai eu la chance de travailler en studio avec des personnes très sympas et cela m’a beaucoup plu. Mais c’est lorsque je joue en live que je m’éclate vraiment. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens vraiment à l’aise sur scène.

Tu es aussi doué à la guitare qu’au chant ! As-tu déjà envisagé d’engager un chanteur pour pouvoir te consacrer pleinement à la guitare, ou as-tu toujours voulu chanter et jouer de la guitare en même temps ?

Merci. Oui, c’est ce que je souhaitais faire… depuis mes débuts dans la musique, j’ai toujours adoré la guitare. Je n’avais jamais chanté avant de fonder mon propre trio. Je n’avais que deux options : chanter moi-même ou trouver quelqu’un qui pourrait le faire à ma place. Je n’avais pas envie de gérer tous les problèmes que l’on peut avoir avec un chanteur…Tu sais qu’il est souvent difficile de travailler avec d’autres personnes et je n’avais pas envie de m’organiser en fonction des disponibilités de quelqu’un d’autre. Et tous les guitaristes que j’admire sont également chanteurs, cela m’a donné envie de faire la même chose. Je me suis donc beaucoup entraîné afin d’y arriver, cela a pris du temps. Je continue de travailler pour progresser en chant. C’est la même chose pour la guitare, je travaille en permanence…Mais en tout cas je progresse et c’est l’essentiel. J’ai regardé une vidéo qui a été enregistrée il y a deux ans et je me suis dit : « Putain, c’est vraiment pourri !! » (rires) En tout cas, je m’améliore et le progrès est vraiment ce qui compte le plus à mes yeux. Le principal est de continuer de progresser et non pas d’atteindre un certain niveau.

A quel âge as-tu commencé à jouer de la guitare ?

J’ai débuté lorsque j’ai eu quinze ans. A cette époque-là, tout le monde voulait jouer de la guitare…Et moi je voulais apprendre la batterie. J’avais envie d’en jouer et d’avoir l’air cool alors j’ai emprunté la batterie d’un de mes amis. Je l’ai ramenée chez moi et je l’ai installée dans la cave, chez mes parents. J’ai tapé sur les cymbales et mes parents sont descendus deux minutes après. Mon père a dit : Non, pas question ! Il m’a dit que je ferais mieux d’essayer la guitare, car je pourrais l’emporter partout ou j’irai. Cela m’a mis en colère. J’ai essayé la guitare, même si je n’étais pas convaincu, mais j’ai fini par aimer cet instrument.

Le style musical que tu apprécies et que tu as choisi d’explorer n’est pas récent et il semble que tout a déjà été fait dans ce domaine… N’est-ce-pas difficile de proposer quelque chose de nouveau dans ce style ?

En toute honnêteté, je n’y ai jamais songé de cette façon. Je ne me suis jamais demandé ce que je pourrais apporter de nouveau. Ce qui compte avant tout pour moi, c’est l’amour de la musique. Tu sais, j’ai écouté d’excellents morceaux et je me suis dit que c’était génial ! Cela m’a donné envie de jouer le même genre de musique ! J’ai écouté les morceaux de Grand Funk Railroad et de Joe Walsh et ça m’a vraiment motivé. Après avoir beaucoup appris et beaucoup travaillé, j’ai eu envie de développer mon propre style…Mais je n’écoute pas d’autres morceaux pour les comparer avec les miens. Ce qui compte surtout pour moi, c’est la passion, le feu, l’énergie… J’écoute des chansons qui m’inspirent et cela me donne envie de jouer et de chanter…Voila tout simplement ce que je veux faire.

Un mouvement qui prône le retour aux sources a démarré depuis plusieurs années. De plus en plus de groupes proposent une musique qui rappelle celle des années 60, 70 ou 80… Et toi tu es plutôt jeune, pourtant tu joues du bon vieux blues rock. Comment expliques-tu cet attrait pour ces anciens styles ? Crois-tu que cette tendance est une réaction à quelque chose ? Ou est-ce simplement de la nostalgie ?

Honnêtement,… je crois que pour de nombreuses personnes, cela n’a rien à voir avec la passion. Ils écoutent un morceau et ils le trouvent sympa. Ils se disent : « Waouh, ce son psychédélique des années 60 est vraiment cool, et si on créait un groupe psychédélique ?! » Je crois que de nombreuses personnes essaient de trouver des sons différents et parfois lorsqu’ils écoutent la musique d’un artiste, comme par exemple celle de The Black Keys, ils se disent : « Et si on faisait la même chose qu’eux ! ». Et du coup on se retrouve avec dix groupes qui imitent The Black Keys. Parfois, j’ai l’impression qu’ils se contentent d’imiter ce qu’ils voient ou ce qu’ils entendent… Mais je ne veux pas critiquer leur choix car parfois cela donne un résultat intéressant. Cela permet à la musique d’évoluer. Mais je ne pense pas que cela soit vraiment spontané pour certains groupes. C’est comme lorsque des gens viennent me voir pour me dire : « Hé mec, c’est super, la guitare est de nouveau à la mode, »…Mais elle l’a toujours été, cela n’a jamais changé !

Vous avez donné un concert hier soir à Londres et ce show était le premier de votre tournée avec Zakk Wylde. Comment cela s’est-il passé ?

C’était super. Le public nous a très bien accueillis. Cela m’a fait très plaisir. J’étais vraiment très nerveux. Je sais que le public est venu pour écouter Zakk, ces gens adorent Ozzy, Black Label Society et Black Sabbath…Et moi j’arrive au milieu de tout ça (sourire). J’étais donc un peu stressé. Mais j’ai vu que le public était ravi dès la fin du premier morceau. Zakk et son équipe sont vraiment hyper sympas avec nous et je suis vraiment à l’aise avec eux.

Quels sont les guitaristes qui t’ont le plus influencé ?

Mes deux plus grandes influences sont indéniablement Stevie Ray Vaughan et Leslie West. Leurs styles de jeu sont différents, mais ils sont tous deux issus du blues et du blues rock. J’ai découvert le blues grâce à Stevie et cela m’a également permis de découvrir d’autres guitaristes talentueux comme Albert King, Buddy Guy… Et un jour, j’ai écouté Leslie du groupe Mountain jouer “Mississippi Queen” et “Never in my Life”. C’est à ce moment là que j’ai su quel type de son je voulais obtenir avec ma guitare, un son qui donne l’impression d’être en train de se faire charger par un taureau furieux. C’est ce qui m’a inspiré et qui m’a permis de trouver mon propre style… J’ai également été influencé par plusieurs autres guitaristes mais ces deux-là sont vraiment incontournables à mes yeux.

Ton premier album “Old Glory and Wild Revivals” a été produit par le célèbre Eddie Kramer… Peux-tu nous en dire davantage sur votre collaboration ?

C’était génial. J’ai eu l’impression de réaliser un de mes rêves. La présence d’Eddie et son caractère sont déjà de grandes sources d’inspiration. Nous étions en train d’enregistrer un morceau avec un excellent batteur, Jonathan Mover, et il a demandé à Eddie s’il était allé à Woodstock. Et Eddie a répondu : « Woodstock ? Mais c’est moi qui aie tout enregistré à Woodstock. » Je me suis dit : d’accord… Je savais déjà qu’il était étrange…Mais c’est vraiment exceptionnel de travailler avec lui en tant que guitariste. Hendrix, Zeppelin, c’est vraiment incroyable…Je ne sais pas quoi dire. Ce qui est génial avec lui c’est qu’il n’est ni aigri, ni blasé. C’est la musique qui compte le plus à ses yeux. Il a toujours le feu sacré.

Ton album est sorti l’année dernière et il a obtenu d’excellentes critiques. Le suivant est-il déjà en préparation ?

Oui, j’ai déjà une vingtaine de chansons prêtes pour l’enregistrement mais nous sommes en tournée pour le moment et nous serons occupés jusqu’en Novembre. Nous n’aurons donc pas le temps d’enregistrer notre nouvel album cette année. Mais nous le ferons en 2017.

La tournée de tes rêves ?

Et bien, je peux sincèrement répondre que celle que je fais actuellement entre dans cette catégorie. Tu vois, j’aimerais bien jouer avec mes idoles, avec Leslie West, avec Black Sabbath ce serait génial, mais ils vont bientôt prendre leur retraite…

Aura-t-on la chance d’entendre parler de toi dans les mois à venir ?

Oui, nous sommes actuellement en train d’organiser une tournée avec Walter Trout. Elle devrait avoir lieu au mois d’octobre. Pour l’instant nous somme en tournée avec Zakk et cela nous occupera un bon moment car nous allons donner de nombreux concerts en Europe. Et après ça, nous partirons au Canada et aux Etats-Unis…Mais je suis quasiment certain que nous pourrons revenir en France au mois d’octobre.

Ta guitare favorite ?

Pfiouu… c’est une question difficile. Je pense que c’est celle que j’utilise… C’est une Gibson Les Paul Customisée… Elle a été montée spécialement pour moi. Elle associe tous les avantages d’une Les Paul et d’une Les Paul Junior. Je peux l’utiliser pour jouer tous les styles de musique… c’est vraiment génial !

J’ai remarqué que tu joues sans médiator, tu n’aimes pas t’en servir ?

Si je le faisais, cela m’empêcherait de jouer aussi librement que je le souhaite. Je suis plus à l’aise lorsque je joue sans médiator. C’est juste une préférence personnelle…

Avec quel musicien aimerais-tu collaborer ?

J’aimerais beaucoup travailler avec Zakk Wylde… et aussi Leslie West, bien entendu. J’aimerais également jouer avec mes guitaristes favoris, comme par exemple, Billy Gibbons… Et aussi avec Ted Nugent. Sa musique m’a beaucoup influencé… Surtout ses premiers albums… Eddie Kramer a produit quelques uns de ses albums à l’époque et je les adore. Malheureusement, il a pris des décisions que je n’approuve pas sur le plan politique… Mais en tout cas, je trouve que c’est un excellent musicien. Oh j’adore aussi Robin Trower, ça me plairait beaucoup de travailler avec lui.

A présent, je te laisse conclure cette interview :

Tout d’abord, merci de vous intéresser à ce que je fais. Cela compte beaucoup pour moi. Et je peux dire à vos lecteurs qu’ils entendront bientôt parler de moi, car je compte bien revenir en France… pour mettre le feu !!