Groupe:

Welicoruss

Date:

19 Mars 2016

Interviewer:

chetci

Interview Alexey, Dima et Gojko

Salut les gars et merci de nous accorder cette interview. Tout d’abord, comment s’est passé le concert ?

Alexey (chant) : C’était super, vraiment. Nous ne nous attendions pas à autant de soutien de la part du public.

Dima (basse) : Le son était bon, la foule géniale ; en fait, à chaque fois que l’on joue en Suisse, nous sommes surpris par l’énergie des gens.

Alexey : Et ils comprennent notre musique, notre style. Et je voudrais ajouter que l’organisation était vraiment cool.

Dima : Oui, l’atmosphère était super, il y avait une bonne entente entre tous les groupes, donc c’était vraiment sympa. On ne rencontre pas ça très souvent.

Quel est l’histoire de Welicoruss, comment ça a commencé ?

Alexey : En 2002, quand j’étais encore étudiant, je voulais faire comme beaucoup de jeunes à cet âge : je voulais monter mon propre groupe. Mais, je ne savais pas exactement ce que je voulais jouer, j’avais juste un nom [Welicoruss, ndlr.] et puis j’ai fait quelques démos, grâce auxquelles j’ai acquis une bonne expérience avec la composition mais ça restait un one-man-band. Puis en 2007, j’ai rencontré des gars motivés pour jouer avec moi. Du coup on a commencé à répéter et à jouer en live. Puis, nous avons sorti deux albums, le premier "Wintermoon Symphony" en 2008, puis "Apeiron" en 2009. Grâce à ça nous avons pu tourner en Russie et après cinq ans, j’ai décidé de déménager à Prague ; j’ai demandé aux autres de venir avec moi. Mais ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas à cause des problèmes et changements que cela représentait. Alors j’y suis allé seul (avec ma femme) et j’y ai rapidement rencontré de nouveaux musiciens avec qui je m’entendais très bien et c’est comme ça qu’est né le groupe actuel.

Et d’où vient ce nom « Welicoruss » ?

Alexey : Ce nom vient en fait de l’Histoire : je l’ai lu pour la première fois dans un livre de Tchernychevski [écrivain révolutionnaire russe, ndlr]. C’était le nom d’une province de la Russie il y a plusieurs siècles. Mais la signification que nous lui donnons se rapproche plutôt du nom « Finntroll ».

Gojko (guitare) : Oui, et il y a aussi le fait que, à l’époque de la « Welicorussie », ses habitants [les « welicorusses », ndlr] étaient pour la plupart des révolutionnaires et nous voulons avoir un peu cette signification ; nous voulons en quelque sorte faire une révolution dans la musique.

Alexey : Oui, une révolution culturelle et musicale. Par exemple, si tu écoutes nos paroles, tu remarqueras que nous essayons d’y mettre beaucoup de sens.

Gojko : Exactement, le nom n’a finalement rien à voir avec la géographie ou la politique ; nous n’avons rien à voir avec quelqu’organisation que ce soit. C’est juste de la musique, tu sais.

C’est pour ça que vous avez choisi de chanter en russe, pour contribuer à cette « révolution » que vous voulez faire ?

Alexey : Non, non. En fait, c’est parce que c’est notre langue maternelle et nous voulions écrire dans la langue dans laquelle nous pensons. Mais nous n’avons pas vraiment de limitations : maintenant que nous tournons pas mal en Europe, nous voulons que les gens puissent comprendre ce que nous disons et c’est pourquoi, dans notre dernier album, tu peux entendre des chansons en anglais.

En parlant de russe, qu’est-ce qu’ « Az Esm’ » veut dire ?

Alexey : « Az Esm’ » veut dire « je suis », « j’existe », ça signifie l’état d’esprit où chacun se réalise comme faisant partie de l’univers. Ça a en fait une signification très complexe, une sorte de valeur ésotérique et occulte. Ça m’a pris beaucoup de temps pour écrire ce texte. Mais c’est important pour moi, parce que chaque être humain passe par ce stade une fois dans sa vie et c’est pour ça que je voulais en parler.

Plutôt complexe en effet. Et toutes vos chansons sont comme ça ? Quel est le processus de composition en général ?

Alexey : Au début, j’écrivais les musiques et les paroles seul. Parfois, un autre membre suggérait quelques petites modifications mais c’était tout. Mais nous avons écrit "Az Esm’" tous ensemble et ça a été assez difficile à débuter. Mais finalement on a commencé à écrire de nouveaux morceaux ; lorsque j’ai une idée, j’essaye de créer un morceau autour d’elle. Des fois ça fonctionne, d’autres fois non. Puis, je partage cette idée avec le groupe et on bosse dessus tous ensemble. C’est pourquoi cet album est complètement différent des autres, tant dans sa conception que dans sa signification.

Gojko : Je pense que le point le plus important quand on compose, est que nous n’avons pas de but précis. Je veux dire, on ne se dit pas que ça devrait sonner comme ci ou comme ça, c’est juste quelque chose qui vient de l’intérieur. Et aussi, sur le dernier album, Alexey a pas mal travaillé avec sa femme, ce qui est bien différent de travailler seul.

Alexey : Oui, ma femme m’a beaucoup aidé pour les paroles et pour l’artwork. Le dessin principal a été fait par elle.

Et en ce qui concerne les parties symphoniques, qui ont une grande importance dans votre musique, vous travaillez avec un vrai orchestre ?

Gojko : Heureusement non ! [rires]

Alexey : J’en rêve mais, tu sais, c’est super cher et vraiment compliqué, parce que tu ne bosses pas seulement avec les membres de ton groupe, mais avec bien plus de gens.

Gojko : Et en plus, de mon expérience (j’ai pas mal bossé dans des studios), travailler avec un orchestre requiert d’être très expérimenté. Parce que malheureusement, la plupart du temps, un vrai orchestre ne sonnera pas aussi bien que des samples.

Alexey : Tout de même, je pense que dans le futur nous le ferons, parce que, tu sais, on habite à Prague et c’est là où tous les grands groupes de metal qui ont enregistré avec un orchestre sont venus. Donc nous allons certainement essayer de faire quelque chose dans cette idée-là.

Ces derniers temps, vous êtes pas mal venus en Suisse (huit fois depuis mars 2015). Pourquoi choisir ce pays en particulier ?

Alexey : Parce qu’il y a beaucoup de « bons fans ». On a pas mal voyagé en Europe, mais ce n’est pas partout que les gens comprennent notre musique. Mais ici, en Suisse, ils comprennent ce que nous faisons.

Dima : Je pense aussi que, d’une certaine manière, la culture metal est plus développée en Suisse que dans d’autres pays. Avant, je pensais que l’Allemagne était LE pays du metal. Peut-être que ça l’a été et que ça l’est toujours, mais aujourd’hui, c’est plutôt pour le metal plus extrême, les trucs dans le genre pur black metal.

Gojko : Et puis la Suisse est géographiquement très bien située, du coup presque chaque fois que nous venons en Europe de l’Ouest, nous y passons de toute manière.

En parlant de tournée, quel est votre meilleur souvenir avec le groupe ?

Gojko : Presque chaque jour ! [rires]
Je pense que, pour moi, il y aurait deux meilleurs souvenirs : en premier, le jour où j’ai rencontré Alexey. J’avais débarqué à Prague pour trouver un groupe, parce que je ne me voyais pas faire autre chose dans la vie. Je voulais étudier à la Musical University of Prague [AMU, ndlr] parce que c’est la meilleure du monde, mais je n’ai pas aimé. Parce que les gars là-bas étaient comme des robots et ça a été la première fois de ma vie que j’ai douté du fait que je puisse devenir musicien professionnel. Mais c’est exactement à ce moment-là que j’ai rencontré Alexey et c’est devenu le jour le plus important de ma vie. Et le deuxième je pense que ça serait… les cris de notre batteur. [rires]
Parce que je commence à vraiment aimer quand il pousse ses « Bwaaaaaaaaah ! »

Alexey : Il est complètement fou ! Il y a des fois où on se dit qu’il vient d’une autre planète. [rires]

Dima : Pour moi, l’un des meilleurs souvenirs que j’ai est la fois où on a joué à l’Exit Festival en Serbie. C’était vraiment génial, parce qu’il y avait beaucoup de metalleux, une super scène et, soudainement, alors que ce n’était pas du tout prévu, les gars ont balancé un fire-show sur la scène pendant qu’on jouait. On en revenait pas, parce qu’on était en train de faire du headbang quand tout d’un coup, on a senti une vague de chaleur et, quand j’ai relevé la tête pour voir le public, j’ai vu des flammes qui sortaient de la scène !

Alexey : Pour moi, ce serait aussi le moment où l’on s’est rencontré parce que, tu sais, ça a été magique. Tout a fonctionné rapidement, j’ai trouvé les musiciens en seulement quelques mois et on a vite commencé à répéter et à jouer un peu partout. Et depuis, chaque jour amène quelque chose de nouveau, je ne pourrais pas vraiment trouver quelque chose en particulier, chaque nouveau jour avec les gars est fantastique.

Le mot de la fin ?

Alexey : On voudrait remercier nos fans et toutes les personnes qui nous soutiennent, parce que c’est très important pour nous. Jouer dans autant de pays est quelque chose de génial et nous espérons que les gens qui assisteront à nos concerts auront du plaisir avec nous.