Groupe:

Serious Black

Date:

03 Juillet 2017

Interviewer:

Blaster Of Muppets

Interview Urban Breed

Cet album est donc le troisième opus de Serious Black et cette fois-ci il s’agit d’un concept album. Cela a-t-il été difficile de composer quatorze nouveaux titres et de concevoir une nouvelle histoire seulement un an après la sortie de “Mirrorworld” et la tournée promotionnelle de cet album ?

Et bien j’aimerais pouvoir dire que nous n’avons rencontré aucune difficulté, ha ha ha… Et d’une certaine façon, c’est le cas, car tout s’est fait naturellement : la composition des morceaux, l’écriture de l’histoire…Nous sommes nombreux à composer au sein du groupe et nous créons de nouveaux morceaux en permanence. En fait, j’ai commencé à composer un nouveau morceau juste après avoir enregistré les dernières pistes de “Mirrorworld”. Nous procédons toujours ainsi, on travaille en permanence et c’est plutôt facile pour nous car l’inspiration vient en composant. Je travaille sur une partie, Bob fait de même et c’est la même chose pour Mario et Jan… Nous proposons tous nos idées et nous nous inspirons mutuellement… et cela continue ainsi. Nous avons procédé de la même façon pour l’écriture de l’histoire. Cela faisait déjà quelques temps que je réfléchissais à un concept mais c’est une plaisanterie de ma femme qui m’a donné envie d’exploiter sérieusement cette idée et de proposer aux autres de composer un concept album. Elle m’a dit : “tu devrais intituler ton prochain album Serious Black… Magic”. Elle voulait juste plaisanter, mais moi j’ai trouvé que c’était une excellente idée ! Ce titre convenait parfaitement car il correspondait bien à l’histoire que j’avais en tête. Je lui ai donc répondu : “c’est ce que je vais faire” et elle était vraiment surprise, ha ha ha. J’aime ce petit jeu de mot, je le trouve amusant. Et du coup, le morceau-titre s’intitule “Serious Black Magic”… même si nous avons seulement utilisé le mot “Magic”comme titre de l’album. Ce morceau représente vraiment notre groupe grâce à son titre “Serious Black Magic”. On ne fera pas de chanson “Serious Black" maintenant. Ce serait un peu stupide… à moins que… (rires). Mais en tout cas, ce fut une expérience amusante et elle nous a également permis de relever plusieurs défis afin d’atteindre notre objectif. Cela fut notamment le cas lorsqu’un des membres du groupe proposait de classer les morceaux différemment dans la tracklist. Ce type de modification peut nuire à l’histoire. Nous n'avons donc pu déplacer que deux ou trois morceaux. J’aurais dû prendre des photos du mur de mon studio. Il était couvert de noms et de notes et ressemblait aux murs que l’on voit dans les séries ou dans les films, quand des dingues genre "théorie du complot" les utilisent. Cela m’a permis de travailler car j’avais trop de choses en tête. J’ai donc été obligé de les écrire afin d’y voir plus clair. Lorsque j’essayais de modifier l’ordre des morceaux, je pouvais voir à quel point cela affecterait la chronologie de l’histoire… Nous avons réussi à déplacer deux morceaux sans tout bouleverser.

Vous avez finalement décidé d’explorer la signification du nom de votre groupe et cette dernière est en rapport avec le monde de la magie, est-ce exact ?

Oui, c’est Thomen (l’ancien batteur) qui a trouvé le nom du groupe et je dois avouer que je tenais à une certaine distance de cette association… Car nous ne sommes pas un tribute band consacré à Harry Potter (rires). Mais je pense que nous pouvons nous permettre d’exploiter ce sujet à présent car nous avons déjà enregistré deux albums qui n’y font pas référence. Et “la magie” fait bien partie des sujets que nous exploitons, mais nos morceaux ne se résument pas uniquement à cela. Et nous ne comptons pas aborder ce sujet en permanence en composant uniquement des morceaux consacrés à la magie et aux dragons. Nous avons décidé d’exploiter ce concept pour cet album, nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve.

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour créer cette histoire ? Quels sont les sujets qui ont éveillé ton intérêt ?

Cette histoire parle de magie mais aussi d’amour et elle a également une dimension sociale… Les éléments magiques créent certains rebondissements mais ce récit aborde également des sujets plus généraux qui concernent la vie et les relations interpersonnelles. C’est vraiment intéressant d’utiliser tous ces éléments afin de créer une histoire, sans s’intéresser uniquement aux aspects magiques ou fantastiques du récit.

Dès le premier morceau, on constate que “Magic” ne ressemble pas à vos albums précédents et qu’il vous permet d’innover et de faire de nouvelles expériences sur le plan musical. Était-ce une priorité pour vous ?

Et bien, après avoir enregistré “As Daylight Breaks” et “Mirrorworld”, nous avions envie de proposer quelque chose de différent à notre public. Mais nous n’en avons pas vraiment parlé au sein du groupe, nous nous sommes contentés d’établir quelques directives. Nous avons essayé d’apporter quelques changements à notre musique mais certains d’entre eux n’ont rien donné de positif, ha ha. Nous avons donc inclus certaines nouveautés dans nos morceaux tout en conservant certains concepts et certaines méthodes de compositions que nous avons l’habitude d’utiliser. Mais en effet, le résultat est un peu différent. Nous avons quelque peu modifié notre manière de composer et d’enregistrer les morceaux. Il en va de même pour le mixage et le mastering, ainsi que pour l’arrangement des chœurs. Ils sont nettement moins présents sur cet album car Bob a suggéré de réduire leur nombre sur certaines parties. J’ai accepté et je trouve que cela fonctionne vraiment bien… Il n’est pas toujours utile d’avoir seize Urban chantant les chœurs sur un refrain.

Le personnage principal de votre récit s’appelle Mr. Nightmist. J’imagine que c’est lui qu’on aperçoit sur la pochette de l’album mais je trouve qu’il te ressemble beaucoup (sourires)…

Oui, il me ressemble vraiment, ha ha ha… Comme tu peux le voir, je suis déguisé en Mr. Nightmist en ce moment même. C’est le personnage principal de l’histoire et j’ai eu envie de l’incarner sur scène. Je porterai donc ce costume pendant notre prochaine tournée.

L’aspect fantastique de votre récit a-t-il influencé votre musique ? Votre son a-t-il été affecté par les textes que vous avez écrits ?

Un peu. Nous avions déjà composé certains morceaux avant de décider d’explorer ce concept. Nous avons donc sélectionné les titres qui correspondaient le mieux à ce thème. Nous en avons mis plusieurs autres de côté car ils avaient un caractère un peu trop "mécanique" ou parce qu’ils n’avaient pas vraiment de rapport avec ce concept.

Qu’en est-il de ton chant ? As-tu adopté une technique plus théâtrale afin de l’adapter à ce concept ?

En effet, c’est un style qui correspond parfaitement à l’histoire mais je trouve que j’ai toujours chanté de manière un peu théâtrale. De temps en temps, on me dit : “Bon Urban, contente-toi de chanter !”. Et je leur réponds : “Non non non, ce n’est pas aussi simple, je dois trouver la bonne expression, la bonne tonalité… Je dois y ajouter du mystère ou respirer davantage au début ou peut-être adopter un style plus éraillé pour cette partie…” (rires).

En conséquence, le dernier titre de l’album a vraiment une dimension théâtrale et mélodramatique. Il contient de nombreuses variations vocales et des harmonies qui m’ont fait penser à Queen…

Ce n’était pas le but recherché mais au final on retrouve effectivement des éléments qui rappellent Queen (sourire). Mais ce n’était vraiment pas intentionnel, nous n’avons pas essayé de les imiter. Nous avons tout simplement réalisé que ce morceau évoquait leur musique lorsque nous l’avons terminé.

Quels sont tes références en matière de concept albums ?

Je ne suis pas certain d’en avoir, hmm… laisse-moi réfléchir… Je pense que le concept album que j’apprécie le plus est “Operation: Mindcrime” de Queensrÿche. Je ne peux pas dire que je m’en suis inspiré pour créer l’histoire de “Magic” car ils sont vraiment différents… Mais j’apprécie beaucoup cet album et son histoire a également une dimension sociale, donc cela m’a peut-être incité à intégrer ces aspects dans mon récit.

Votre méthode de travail a-t-elle évolué depuis la création de votre groupe ?

Au début, j’enregistrais un grand nombre de démos, d’ailleurs j’ai procédé de la même façon pour “Mirrorworld “en fait… ainsi que pour notre dernier album. J’avais prévu d’enregistrer un album solo, mais je ne peux plus le faire à présent, car j’ai utilisé la majorité des morceaux que j’ai composés pour Serious Black. Nos deux premiers albums n’ont pas été composés de la même manière. Déjà, nous avons utilisé de nombreuses démos qu'on avait de côté pour le premier, et nous avons réussi à trouver le temps de composer des nouveaux morceaux pour notre second opus. Les gens sont généralement persuadés du contraire, ils pensent que nous avons eu le temps de composer pour notre premier album et que nous avons manqué de temps pour le second mais ce n’est pas le cas. Pour “As Daylight Breaks”, j’ai rejoint le groupe au mois de septembre et l’album est sorti quelques mois après, au mois de janvier. Bien sûr, le groupe avait déjà composé plusieurs morceaux mais nous avons été obligés d’en composer d’autres, de faire les arrangements et de les enregistrer très rapidement. Pour “Mirrorworld”, nous avions un emploi du temps chargé car nous devions assurer la tournée promotionnelle de notre premier album, mais j’ai trouvé le temps de composer, tout comme Bob (Katsionis) et tous les autres membres en fait… Cela explique pourquoi nous avions un grand nombre de morceaux au final. Et si la version standard est très courte c’est parce que je suis tombé malade et que je n’ai pas eu l’occasion de terminer l’enregistrement des trois derniers titres que nous voulions inclure dans l’album. Pour moi, la véritable version de “Mirrorworld” est celle qui inclut tous les titres bonus, car elle est vraiment complète.

Je crois savoir que vous avez enregistré un clip pour promouvoir votre nouvel album…

Oui, je rentre tout juste de Munich où nous avons tourné le clip hier… Je suis rentré, j’ai dormi et je me suis levé et me voilà en train de répondre à tes questions.

Quel morceau avez-vous choisi pour ce clip ?

Si tu devais deviner de quel morceau il s’agit, lequel choisirais-tu ?

Selon moi, votre album contient plusieurs morceaux qui feraient d’excellents singles. Mais il y a un titre qui sort du lot et que je trouve particulièrement accrocheur, il s’agit de “Now You’ll Never Know”. Son refrain est vraiment entêtant…

Très bon choix, je suis d’accord avec toi, ce morceau fait partie de ceux que nous avons proposé comme single mais ce n’est pas celui que nous avons choisi, ha ha. Mais je dois avouer que j’ai dit à AFM de choisir celui qui leur convenait le mieux, car j’apprécie tous les morceaux de cet album. Je leur fais confiance et je sais qu’ils ne choisiront pas l’introduction (rires) ou le dernier titre, ces morceaux ne sont pas vraiment appropriés pour un single, ha ha. Notre premier single et notre premier clip sera “Serious Black Magic”. Je vais maintenant te raconter une anecdote amusante au sujet de “What You’ll Never Know” : ce titre devait être utilisé comme bonus sur la version japonaise de l’album. Je l’avais donc laissé de côté. Le mixage touchait à sa fin et j’ai travaillé pendant la nuit afin de composer la ligne de chant de ce morceau. Le lendemain, j’avais terminé et nous avons tout mixé avant d’envoyer le morceau à AFM. Nous leur avons dit qu’on appréciait beaucoup ce titre et qu’il faudrait en utiliser un autre comme titre bonus pour la version japonaise. Voilà pourquoi il figure sur l’album.

Très bien. Parlons maintenant de votre groupe : Je crois savoir que Thomen a dû vous quitter car il avait des problèmes de dos mais j’ignore ce qu’il s’est passé avec Roland Grapow…

Lorsque Mario (Lochert, le bassiste) a fondé le groupe, je pense qu’il est resté un peu évasif quant aux nombres de concerts qu'on avait en tête. Je dis "on" mais c'était quand même plus l'idée de Mario, je n'étais même pas dans le groupe au début. Et lorsque Roland a appris qu’il aurait de nombreuses tournées et que nous allions enregistrer un second album dans la foulée, il a réalisé qu’il manquerait de temps car il avait déjà ses propres activités avec Masterplan. Mario procède toujours ainsi, il commence par proposer quelques petites choses avant d’expliquer son projet dans son intégralité (rires). Cela permet d’enregistrer un album et de préparer certains évènements avant d’essayer de résoudre les problèmes que cela occasionne. Mais cette technique est plutôt efficace, car nous avons déjà enregistré trois albums. On se lance et on essaie de tout coordonner afin de progresser, ha ha. Nous avons passé de bons moments ensemble et le projet a vraiment bien débuté mais c’est dommage que cela n’ait pas continué… Mais en tout cas, tout se passe bien pour lui avec Masterplan et nous sommes toujours ravis de le revoir. Puis Bob a rejoint le groupe et il est vraiment formidable ! Alors tout va bien.

Sur votre page Facebook, on peut voir la photo de trois CD accompagnée d’un message mystérieux qui annonce que d’autres albums sortiront cette année. Peux-tu nous en dire davantage à ce sujet ?

Je peux entrer dans les détails car je pense que nous allons faire une annonce officielle à ce sujet d'ici la publication de cette interview. Il ne s’agit évidemment pas de trois nouveaux albums. Nous venons de terminer “Magic”, c’est le premier CD sur la photo. Et nous avons aussi enregistré le concert que nous avons donné lors du ProgPower Festival à Atlanta. Vous retrouverez cet album en CD bonus dans la version digipack de“Magic”. Et je viens de terminer l’enregistrement des parties chants d’un album acoustique il y a environ deux jours.

Cet album acoustique inclura-t-il des morceaux issus de vos trois albums ?

Oui. Je ne peux pas encore te dire quels morceaux y figureront, je peux uniquement te parler des derniers titres sur lesquels j’ai travaillé, ha ha ha… Quels morceaux a-t-on déjà enregistré ? Je ne sais plus… (il sourit) Nous avons eu beaucoup de choses à faire. Cela me plaît mais j’ai un peu du mal à m’y retrouver quelquefois. Parfois on me demande : “Tu peux faire ça ? Et ça ?” Et je réponds : “Je ne comprends pas un seul mot de ce que tu me dis car j’ai vraiment trop de choses en tête… Laisse-moi terminer ce que je suis en train de faire avant de me reposer cette question”.

Oui, j’imagine que tu n’étais pas obligé de travailler et de voyager autant quand tu collaborais avec d’autres groupes (Tad Morose, Bloodbound, Trail Of Murder) ?

Non en effet, j’avais beaucoup de temps libre pour réfléchir. Mais à présent je peux te dire que j’aime beaucoup partir en tournée, j’adore voyager, c’est formidable. Je n’ai pas besoin de me soucier d’autre chose, je profite pleinement de la tournée et de mon travail. Je suis toujours ravi de faire de nouvelles rencontres, d’échanger de m’amuser, c’est génial.

Nous devons à présent conclure cette interview… As-tu un message particulier pour nos lecteurs ?

Oui, je vous recommande de vous procurer le guide d’écoute (le "listener's companion") afin de mieux comprendre le concept exploité dans cet album. Lorsque vous l’aurez écouté, n’hésitez pas à me contacter pour me faire part de votre avis. Je veux savoir ce que vous en pensez car je suis très fier de cet album. Je le considère comme le meilleur album de ma carrière, je tiens donc vraiment à savoir ce que le public en pense.