Interview Oxy et Johan

Salut Johan, salut Oxy, pouvez-vous nous présenter Asylum Pyre pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?

Johan : Alors Asylum Pyre, dix ans depuis le premier album, quatre albums au compteur, metal mélodique au sens large. On continue notre découverte de la sphere metal plutôt orienté power metal moderne ou traditionnel toujours mélodique. Le groupe est composé aujourd’hui de cinq personnes : Thomas à la batterie, Fabien à la basse, Pierre-Emmanuel à la guitare lead, Oxy au chant et moi, guitare chant derrière.

Et pendant qu’on en est aux présentations, quelle est la signification du nom Asylum Pyre ?

Johan : Il y avait un texte là-dessus sur le tout premier album. Le "bûcher de l’asile". En résumé, c’est le bûcher sur lequel on pense brûler les fous, ou plutôt ceux qu’on pense être fous. Et donc pour nous c’est un bûcher sur lequel on essaye de brûler les clichés, notamment ceux sur et dans le metal. C’est pour cela qu’on fait pas mal de mélanges et qu’on ose mettre des éléments différents. J’ai la tête dans les nouvelles compos encore, dans lesquelles on a casé du tribal, de l’électro. Mais même dans notre album précédent il y avait plein de mélanges, c’est ça qu’on essaye de faire.

Nous suivons le groupe depuis 2009 et au niveau du line-up, ça bouge pas mal du côté des chanteuses d’abord. Une explication pour cela ? Vous êtes trop dures avec elles ou bien ?

Johan : Je n’ai certainement pas toujours été très simple. Mais plutôt dans la direction donnée. Je n’ai pas toujours été clair. Je me suis aperçu que les gens attendaient un peu plus de directives, de quelqu’un qui porte le cadre du projet. Et puis il y a eu des évolutions liées au fait que quand on a commencé, on débutait en musique en même temps qu’on débutait le groupe. Ça s’est enrichi et professionnalisé et il y a des gens qui ne pouvaient pas forcément suivre en terme de temps d’investissement et financièrement. Mais bon, j’ai gardé des liens avec tous les anciens membres et on échange régulièrement.

Et donc après Carole, Chaos Heidi, voilà Oxy Hart. Comment s’est passé l’intégration de Oxy dans le groupe ? Est-ce que c’est compliqué de trouver quelqu’un qui soit capable de chanter les morceaux des trois premiers albums ?

Oxy : On a commencé à bosser ensemble avec Johan il y a deux ans et demi, ce qui a laissé le temps d’apprendre à se connaitre. Après, pour ce qui est des anciens morceaux, il faut se les réapproprier et j’ai pas eu de problème avec ça. Si il y avait des passages où je n’étais pas vraiment à l’aise, parce que ça ne correspondait pas à ma tessiture, et bien ça a été réadapté. Sur "Silence", par exemple, je l’envoie un peu plus sur le deuxième couplet. C’était juste des réajustements. Après l’intégration c’est aussi des façons de travailler, des caractères, il faut dialoguer, savoir faire des compromis. De toute façon je n’ai pas eu le choix, quand j’ai fait les auditions, il m’a filé un nouveau morceau et il m’a dit "vas-y, chante" [rires]. C’était l’audition la plus inconventionnelle que j’ai pu avoir jusqu’à présent [rires]. Je pensais faire des covers, il n’y avait pas eu de ligne directrice. Mais là l’exercice était assez incongru mais toutefois passionnant car t’es obligé de te plonger directement dans le truc et proposer.

Outre l’arrivée d’Oxy, je remarque aussi que la section rythmique a été remaniée, finalement il ne reste plus que Johan du line-up d’origine ?

Johan : ben ouais.

Est-ce que c’est un signe que Asylum Pyre est le projet de Johan ou juste qu'il est difficile de garder son line-up ces temps-ci ?

Johan : A un moment donné, ça l’est presque devenu, mais j’essaye de lutter contre ça parce que c’est pas quelque chose qui m’intéresse. Je ferai peut-être un album solo, j’ai des compos que j’ai envie de faire et dans ce cas ça sera mon projet. Mais même si je voulais faire tout seul je ne pourrais pas, j’ai besoin des autres, je n’ai pas toutes les compétences et les connaissances pour le faire. Mais pour Asylum Pyre, j’ai envie que ça soit un groupe et l'on est en train de le redevenir. Je dirais même qu’on l’est redevenu, ça y est. Tout converge : le nouveau line-up, le dernier album, les dates qu’on a faites il n’y a pas longtemps. Il y a vraiment un truc cool qui est en train de se passer.

Oxy : Il y a par exemple les gars qui sont déjà en train de bosser sur le prochain album.

Johan : Alors que pour l’album d’avant, on a travaillé sans réel line-up, ça se sent un peu finalement.

Parlons un peu de ce nouvel album, pourquoi ce titre alors que jusque-là, les titres étaient plutôt recherchés ?

Oxy : Alors c’est marrant mais il y a du monde qui n’a pas capté le concept. La photo de la pochette c’est comme une photo de pub : moi, le diadème, la posture post-apocalyptique, c’est comme pour un parfum par exemple, et du coup, numéro 4, c’est comme une fragrance d’un grand parfum. Le dernier parfum d'Asylum Pyre.

Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel album, avec ce nouveau line-up ?

Johan : Ben en fait comme je te le disais, ça n’est pas le line-up actuel qui était encore là.

Vous avez été chroniqué sur AuxPortesDuMetal par notre ami Christian, réputé pour ses notations sévères, et il vous a octroyé un coup de cœur. C’est plutôt bon signe ! Quels ont été les retours presse et public jusque-là ?

Johan : Merci Christian ! [rires]. Les autres retours sont tout aussi exceptionnels. On n'en revient encore pas. C’est un truc de dingue.

J’ai vu par exemple que l’album était bien classé dans les charts. Quoi ? Un album qui se vendrait ? Ses ventes sont meilleures que ses prédécesseurs ?

Oxy : alors là c‘est vrai que c’est dingue au niveau des classements dans les ventes d’albums, en physique ou en dématérialisé. On est super bien classé en Suisse, 47ème en France mais aussi dans des pays plus surprenants comme par exemple une des meilleurs ventes en Colombie. C’est assez dingue en effet.

Arrivez-vous à vivre de la musique aujourd’hui ?

Johan : Non bien sûr, on a des boulots à côté.

Aujourd’hui vous faites de la promo sur le Hellfest mais vous n’y jouez pas, n’est–ce pas un peu frustrant ?

Johan : Non, c’est comme ça. On bosse, on fait de la promo mais on rencontre aussi des gens, des tourneurs par exemple, c’est important aussi pour l’évolution du groupe.

Oxy : Et puis tu apprends en regardant les autres artistes aussi. Par exemple hier au Knotfest j’ai vu Amaranthe. Les pauvres, à un moment, ils ont dû stopper à cause d’un problème technique. J’ai pu voir comment la chanteuse occupait la scène et faisait patienter la foule. C’est dingue, ils avaient les retours de la scène d’à côté dans leurs oreillettes, c’est terrible.

Je remarque que certains des groupes qui étaient dans cette situation l’année dernière y jouent cette année. C’est un de vos buts ?

Johan : Bien sûr, c’est un rêve de pouvoir jouer ici au Hellfest. C’est un peu une consécration pour un groupe de metal, surtout Français, d’avoir cette opportunité, cette chance.

Allez-vous pouvoir profiter de quelques concerts pendant ces trois jours ? Si oui lesquels par exemple ?

Johan: Je ne sais pas encore. On va essayer mais on a beaucoup de réunions organisées. Peut-être en soirée ça sera plus calme.

En attendant de fouler les planches du Hellfest, vous allez tourner pour promouvoir "No4" ? En France ? A l’étranger ?

Johan: On vient de terminer quatre dates avec Demons & Wizards en Suisse et en Allemagne. Les salles étaient combles, c'était génial. Par exemple au Z7 avec 1500 pesonnes. On a eu des demandes pour aller au Mexique. On va voir, ce sont des tournées qui coutent cher.

D’autres choses en vue dans les mois qui viennent ?

Johan : On bosse sur le prochain album. On bosse aussi sur un nouveau clip de l’album actuel. C’est difficile aujourd’hui, t’es obligé de sans arrêt faire du bruit, du buzz sur les réseaux sociaux. Quelqu’un disait qu’il y avait quelque chose comme 5000 groupes de metal en France. Pas facile de s’extraire du lot, faut sans cesse occuper l’espace, proposer quelque chose de nouveau, c’est fatigant.

Merci et bon Hellfest, je vous laisse le mot de la fin.

Johan : Merci à tous nos fans et aux autres !