Groupe:

Boisson Divine

Date:

19 Novembre 2019

Interviewer:

ced12

Interview Boisson Divine

 

Le groupe n’est à ma connaissance pas professionnel, chaque membre ayant un emploi de son côté. Peux-tu nous présenter l’histoire du groupe ainsi que ses membres ?

Florent (basse) : En effet, Boisson Divine n’est pas un groupe professionnel. Le groupe est à la base le projet musical de deux potes de collège à Riscle en plein cœur du Haut-Gers. Baptiste et Adrian ont commencé très jeunes à jouer ensemble et ont souhaité mettre en valeur ce qui les passionnait : la ruralité, le rugby, la culture gasconne. Le chant en gascon n’est pas venu immédiatement mais suite à l’intérêt que portaient Baptiste et Adrian à la culture dans laquelle ils vivaient. Ils ont accumulé pas mal de chansons et ont sorti un premier album, Enradigats. Les demandes de concert ont commencé à leur parvenir et ils ont donc recruté un groupe. Je suis le frère du batteur donc j’ai naturellement rejoint la formation. De même, Luca, notre guitariste joue dans la même équipe de rugby et ils l’ont recruté ainsi. Nous sommes vraiment tous originaires du même village. Pour les instruments folkloriques, Baptiste a rencontré via l’école de musique de Pau Pierre qui joue de différents instruments folkloriques. Ensuite, Pierre, qui jouait déjà pour Skiltron (ndlr : groupe de power-folk argentin) a embarqué Alya dans l’aventure Boisson Divine. Aujourd’hui, Pierre et Alya sont professeurs de musique en plus de leur groupe et les autres membres ont tous des emplois. Boisson Divine est vraiment un hobby et l’occasion pour nous de passer de super moments entre nous. 

D’où est venu l’idée de chanter en gascon ? Et comment en vient-on à créer un groupe mélangeant sonorité Rock/Metal avec des sonorités plus folk ? 

Comme je te disais, au début, Baptiste chantait en français mais s’est intéressé au gascon notamment par l’intermédiaire de Nadau (ndlr : groupe de musique gascon-béarnais qui célèbre la culture gasconne et plus largement occitanne, très réputé dans le Sud-Ouest, 60 000 disques vendus dans sa carrière). La langue gasconne propose des sonorités différentes du français, qui sonne plus « plat » et Baptiste voulait rendre hommage à cette langue qui lui est chère. Jusque dans les années 1970, c’est la langue qui était parlée localement mais cela s’est perdu, notamment via l’école Républicaine.

 

 

Donc vous ne repasseriez pas au français si le groupe venait à avoir un succès croissant ?

Non, la musicalité de la langue gasconne nous plaît beaucoup et est très importante pour nous. Et comme Boisson Divine a vocation à rester un hobby, nous ne recherchons pas le succès.

Comment vous organisez-vous entre vos métiers respectifs et vos activités avec le groupe ? En terme de répétition par exemple (sachant que je trouve qu’en live, c’est très abouti ce que vous proposez en terme de show) ?

Pour ma part, je vis en région parisienne, Pierre et Alya vivent sur Pau alors que Baptiste, Luca et Adrian sont dans le Gers. Eux arrivent à se voir plus régulièrement. Je bosse de mon côté pour préparer les concerts et nous nous retrouvons chez Baptiste pour répéter. C’est assez génial, il est vigneron, a aménagé un lieu de répétitions. Nous sommes au milieu des vignes avec vue sur les Pyrénées au loin. C’est juste un régal. 

Le groupe s’est donc constitué au fil des années. Vous avez déjà sorti deux albums et tu m’as expliqué que le groupe s’était ensuite étoffé afin de répondre aux demandes de concert. De fait, le mode de fonctionnement du groupe a-t-il évolué avec les nouvelles recrues ?

Notre fonctionnement n’a pas changé. Tout passe par Baptiste qui est vraiment le leader du projet. Il aime à parler de « dictature participative ». Il n’en demeure pas moins ouvert à toutes les idées mais tout passe par lui afin de garder une cohérence dans notre musique. Nous aimons bien l’expression « entonnoir ». J’écris aussi quelques paroles de mon côté mais toujours en lien avec lui. 

Comment s’appelle l’instrument que joue Alya? Comment apprend-on à en jouer ? C’est très original et donne vraiment une dimension particulière, l’avez-vous fait dans ce sens ?

Il s’agit d’une flabuta (se prononce flabute). C’est une flûte traditionnelle gasconne à trois trous. Cela permet une réelle mobilité tout en jouant. Comme elle est ambidextre, elle en utilise deux ce qui ne pose pas de problème au niveau technique. Elle joue aussi du tambourin à cordes (qu’elle a fait faire par un ébéniste gascon). Pierre et Alya se passionnent pour différents instruments et nous essayons d’incorporer tout cela dans notre musique.

Quelles sont vos influences musicales ? 

Il y a un tronc commun qui nous réunit tous. Il y a le côté heavy (Judas Priest / Iron Maiden), l’aspect punk énergique (Dropkick Murphys) et bien sûr Nadau, dont je t’ai parlé tout à l’heure. Ensuite, chacun a ses préférences mais nous nous réunissons autour de ces trois grosses influences.

 

 

Les deux premiers disques ont eu un réel succès critique, avez-vous ressenti une pression pour ce troisième disque ?

En fait non, car Baptiste compose en permanence et a systématiquement plein de morceaux en stock. Quand nous le souhaitons, nous décidons d’enregistrer certains titres. Bien que nous ayons un label (Adreit, subdivision de Brennus Records), nous sommes auto-suffisants sur le plan financier. Ce dernier album a d’ailleurs été financé par les différents concerts que nous donnons (ça peut aller d’un festival Pagan type Cernunnos à la fête du boudin). 

Un mot rapide sur le clip que vous venez de tourner dans les Pyrénées ?

Oui, nous sommes partis faire une randonnée entre nous à la Croix de Beliou (ou Abellio, dieu de l’Aquitaine antique, dieu du soleil dans le panthéon pyrénéen) en mode pélérinage dans les Pyrénées. La légende dit que cette croix est sur le tombeau de Millaris. La météo a été un peu difficile mais nous sommes contents du résultat et avons passé une super journée.

Vous êtes associés à la scène Pagan participant à des festivals présentant des groupes de metal extrême ? Vous y retrouvez-vous musicalement ? Plus généralement, quelle approche avez-vous par rapport aux concerts (fréquence, lieux) ?

Comme il s’agit là d’un hobby et que nous avons tous des métiers en dehors, nous refusons pas mal de concerts. Par exemple, nous ne tournons pas en septembre et octobre pour cause de vendanges. Pour les festivals pagan, c’est très sympa et nous y rencontrons des groupes qui proposent autre chose mais avec lesquelles nous nous trouvons des points communs. Au Cernunnos 2018, nous avons sympathisé avec les lettons de Metsätoll qui sont venus chanter avec nous. Un musicien de Saor Patrol est lui aussi venu se joindre à nous. Nous leur chantions des chants polyphoniques pyrénéens quand eux nous présentaient les leurs issus de Lettonie. C’était génial. 

Vous vous êtes retrouvés en tournée au Japon avec un groupe référence comme Ensiferum. Comment avez-vous été embarqués dans une aventure qui paraît improbable ?

C’est grâce à Pierre. Avec son implication dans le groupe Skiltron, il joue un peu partout dans le monde et lorsqu’ils sont passés au Japon, il a laissé un CD de Boisson Divine. Les promoteurs ont adoré et nous ont conviés. Il y avait aussi les Australiens de Valhalore. C’était dingue, certains du public connaissaient nos paroles en gascon. Et nous chantions ensuite entre nous dans des bars au Japon, même les gars d’Ensiferum nous filmaient. Ce fut une superbe expérience. On se demandait même s’il n’y avait pas plus de gens qui parlaient gascon au Japon qu’en France !! (rires)

Y a-t-il une tournée prévue ? Des festivals ? Allez-vous essayer de mettre en place une tournée avec des groupes associés ?

Nous avons quelques dates prévues sur 2020 en Bretagne et en Normandie. Nous avons d’autres pistes pour certains festivals mais à confirmer. 

Pierre joue également dans Skiltron. Les deux groupes n’ont-ils jamais eu de problème de calendrier ? 

Non, car nous nous adaptons à leur calendrier. Jusqu’ici, tout se passe très bien et les choses sont très claires.

Pour finir sur une note légère, il y a une vraie dimension rugby chez Boisson Divine, symbolisée par un morceau comme 3ème Mi-Temps => un avis sur le XV de France et le coup de coude de Vahaamahina ? 

Pour nous, il y a eu sanction suite à un port de moustache non réglementaire du troisième ligne gallois (rires). Plus sérieusement, il avait déjà fait un tel geste avec son club et là il a recommencé. C’est très bête.

Un grand merci. Au plaisir de vous revoir.

 

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