Interview Brian et Ras

Salut Brian, salut Ras, merci de m’accorder un peu de votre temps, nous sommes le webzine Français AuxPortesDuMetal.com et cette interview sera publiée en anglais et en français. Vous participez donc au Hellfest pour la première fois ? Est-ce exact ?

Ras : C’est formidable de participer à ce festival. Nous avions hâte de venir.

Brian : C’est vrai. Nous n’avions jamais eu l’occasion de le faire. Nous avons visité le site et il a l’air vraiment fantastique. Nous jouons aujourd’hui à 17h15 et nous avons hâte de monter sur scène.

Avez-vous assisté à des concerts depuis votre arrivée ?

Brian : Non, pas vraiment. Nous avons assisté au set de Gloryhammer pendant quelques instants. Plus tard dans la soirée nous irons voir d’autres groupes car nous devons rentrer en avion demain.

Avez-vous préparé une setlist spécifique pour votre set de 50 minutes au Hellfest ?

Brian : Oui, nous nous sommes préparés pour ce petit set. Nous avons donné un concert la semaine dernière et cela faisait six mois que nous n’étions pas montés sur scène. Nous sommes donc un peu anxieux car nous voulons que tout soit parfait. Tout s’est très bien passé la dernière fois, je pense donc qu’il en sera de même aujourd’hui. Nous allons jouer trois morceaux issus de notre nouvel album pendant ce set. Ils sont parfaits pour la scène donc tout va bien.

Nous allons maintenant parler de votre dernier album, "The Coffin Train". Franchement, la plupart des morceaux m’ont beaucoup impressionné. En tant que compositeur principal, peux-tu nous dire comment tu as travaillé sur ces nouveaux morceaux?

Brian : Merci. Je me suis concentré sur mes parties, autrement dit, les riffs de guitare. Je trouve des riffs intéressants et j’enregistre une démo chez moi. Lorsque j’ai de bonnes idées, j’en parle à Ras. Nous avons procédé différemment pour cet album car nous avons travaillé ensemble sur les morceaux. Par exemple, Ras pouvait me proposer de modifier un refrain ou d’en ajouter un nouveau. Et on enregistrait une nouvelle démo à partir de ses idées. Lorsque les morceaux semblent finalisés, nous allons répéter pour voir ce qu’ils donnent. Nous ne gardons pas tous les morceaux, nous en supprimons généralement quelques-uns mais la plupart des morceaux se sont avérés intéressants cette fois-ci. Voilà comment nous procédons, ensuite nous allons les enregistrer. Cela prend du temps.

Pourquoi avez-vous choisi ce titre ?

Ras : Le titre fait référence à un rêve que j'ai fait pendant une tournée. Enfin il s'agissait plutôt d'un cauchemar. J'imagine que mon cerveau a réagi par rapport à ce que je ressens concernant la situation mondiale, sur le plan social et tout ce qui s'ensuit. J'ai rêvé d'un train qui transportait des cercueils et des membres humains. Il y avait un nuage en forme de champignon en arrière-plan, cela représentait la fin du monde. J'ai donc proposé ce titre et tout le monde a trouvé que c'était une image très percutante, une expression qui sortait de l'ordinaire. En fait, quelqu'un m'a récemment dit qu'un véhicule avait porté le nom de "train à cercueil" au cours de l'histoire des Etats-Unis. Il était utilisé pour transporter des cadavres pendant l'épidémie de peste ou quelque chose du même genre. Cette chanson est donc devenu le morceau titre de l'album et nous sommes vraiment fiers du morceau "Coffin Train", car il incarne parfaitement l'essence de notre groupe.

Qui écrit les paroles ? Et quelles sont vos sources d’inspiration ?

Ras : J’écris les paroles. Je m’inspire de tout ce qui m’entoure et je prends des notes en permanence, je note quelques mots, des idées ou tout ce qui stimule mon imagination. Je me suis donc inspiré de mon cauchemar, j’ai essayé de comprendre pourquoi j’avais fait ce type de rêve, ce que je pensais et d’où il pouvait provenir. Tout cela concerne la destruction imminente de la race humaine, à cause de la surexploitation des ressources, des changements climatiques et tout ce qui s’ensuit. Je ne veux pas passer pour un hippie ou autre mais tout le monde sait que nous courrons à notre perte. Reste à savoir quand la catastrophe se produira.

La plupart des critiques se sont montrés très enthousiastes concernant cet album, en affirmant qu’il s’agissait de votre meilleur opus depuis "Lightning To The Nations". Qu’en pensez-vous?

Brian : Je suis toujours flatté que les gens l’apprécient. C’est ce qu’espèrent tous les musiciens lors de la sortie de leur nouvel album. Oui, de nombreuses personnes estiment qu’il s’agit du meilleur album que nous avons composé depuis longtemps, voire même depuis notre premier album. Et c’est une bonne chose car ce premier album s’est imposé comme une référence. Alors c’est formidable d’apprendre que nous avons réussi à composer un album aussi intéressant après 40 ans. C’est génial de voir que nos compositions sont encore dans l’air du temps en 2019. Nous avons atteint notre objectif et ce n’est pas une tâche facile. Mais le public semble apprécier l’album alors c’est formidable.

Je dois dire que certains morceaux, notamment "The Messenger", "The Coffin Train" et "Shade Of Black", évoquent le heavy metal old school, avec des refrains très accrocheurs et un son moderne particulièrement efficace. Accordez-vous une attention particulière à ces refrains ? Et est-ce que Rasmus y apporte sa touche personnelle ?

Ras : Je pense que les bons morceaux doivent avoir des refrains accrocheurs qui incitent le public à chanter. Mais je pense également qu’il vaut mieux éviter de toujours utiliser la même progression d’accords. J’ai remarqué que de nombreux groupes actuels utilisaient toujours les mêmes accords pour créer un refrain accrocheur. C’est très bien si cela correspond à leurs attentes mais nous essayons d’innover tout en créant des mélodies accrocheuses. Et je pense qu’il s’agit de la clé qui permet d’obtenir un refrain intéressant. Et les gens mémorisent plus facilement le refrain que les couplets.

Brian : Tu as sans doute remarqué que Ras s’intéressent beaucoup plus aux refrains que moi. Je me concentre principalement sur mes parties. J’essaie de composer des riffs intéressants et quasiment à chaque fois, Ras me dit : ‘Il faut ajouter un refrain, tu en as trouvé un ?’ [rires]. Je n’y accorde pas suffisamment d’attention mais il a raison. Le refrain joue un rôle majeur. Les riffs sont importants mais il suffit de trouver un refrain intéressant pour créer un morceau efficace.

Concernant Ras, ses performances sont vraiment exceptionnelles sur cet album. On peut même dire qu’il s’est surpassé par rapport à votre précédent opus. Penses-tu avoir trouvé le chanteur idéal pour Diamond Head ?

Brian : Oui, absolument. Au départ, quand Ras a rejoint le groupe, je n’envisageais pas de composer des morceaux ou de créer de nouvelles chansons. Nous avions tout simplement besoin d’un chanteur pour nous produire sur scène. Quand je l’ai entendu chanter, je l’ai trouvé formidable et je me suis dit qu’il conviendrait parfaitement à notre groupe. Je trouve qu’il a une voix particulière. Il fait partie du groupe depuis plus de cinq ans et il m’a surpris à plusieurs occasions pendant cette période. Il a beaucoup de talent. Notre relation s’est développée au fil du temps et nous nous entendons très bien. Ras nous a incités à composer de nouveaux morceaux. J’ai accepté et notre collaboration s’est très bien passée.

J’ai lu dans une interview que vous n’aviez plus besoin de travailler grâce aux royalties que vous recevez depuis que Metallica a repris certains de vos morceaux. Qu’est-ce qui vous incite à créer de nouveaux morceaux ?

Brian : C’est vrai, je n’ai plus besoin de travailler. Et oui, Ras m’a incité à composer de nouveau [rires]. C’est la vérité car je ne l’aurais sûrement pas fait s’il ne s’était pas montré aussi enthousiaste. Il a apporté beaucoup d’énergie au groupe. Au final, cette expérience n’a que des conséquences positives.

C’est amusant d’apprendre que vous avez créé votre groupe et exploré la Nouvelle Vague du Heavy Metal Britannique dans les années 80. Ce fut d'ailleurs une sacrée vague ! Pensiez-vous que cette tendance perdurerait aussi longtemps ?

Brian : Non pas du tout. Nous étions loin de nous en douter. Et oui, cela dure depuis quarante ans maintenant et nous en parlons encore et nous jouons encore nos anciens morceaux. Certains d’entre eux datent vraiment d’il y a 40 ans : "Am I Evil", "The Prince"...

Certains des groupes de l’époque sont encore actifs, Iron Maiden, Saxon, pour en citer quelques-uns, et ils sont toujours aussi talentueux. Vous arrive-t-il de vous croiser de temps en temps ?

Brian : Oui, quelques groupes sont toujours actifs. Nous avons donné plusieurs concerts avec Saxon l’année dernière. Nous avons croisé Girlschool lors d’un festival, nous avons joué avec Angelwitch, Tygers of Pan Tang, Rock Goddess. Ils sont toujours en activité.

Allez-vous partir en tournée pour promouvoir "The Coffin Train" ? Aura-t-on la chance de vous voir en France?

Ras : De nombreuses dates sont prévues. Ce ne sera pas vraiment une tournée consacrée à "Coffin Train". Nous allons donner de nombreux concerts avec Black Star Riders en fin d’année. Nous jouerons au Wacken dans un mois environ. Nous sommes encore en train de définir les projets du label mais nous partirons en tournée en Roumanie en tant que tête d’affiche dans quelques temps.

Brian : On vient de nous proposer de donner plusieurs concerts en Roumanie et nous ne sommes jamais allés dans ce pays.  Nous allons également essayer d’obtenir des dates aux Etats-Unis et même en Australie et peut-être au Japon. Rien n’est sûr pour l’instant mais nous serions ravis que ces projets se réalisent.

Merci de m’avoir accordé un peu de votre temps, avez-vous un dernier message pour nos lecteurs ?

Brian : Nous espérons que vous écoutez notre nouvel album et que vous l’appréciez. Alors n’hésitez pas à venir assister à nos concerts.

Ras : Si l’album vous a plu, respectez la valeur de la musique, n’hésitez pas à l’acheter. Soutenez les groupes pour leur permettre de composer de nouveaux morceaux.