Groupe:

Primal Age

Date:

21 Septembre 2019

Interviewer:

JeanMichHell

Interview xDidierx et xDimitrix

Bonjour Didier (chant) et Dimitri (basse) de Primal Age, est-ce que vous pouvez vous présenter aux lecteurs d’Aux Portes du Metal ?

Didier : Ça fait plus de vingt-cinq ans que l'on existe, on a trois albums, un MCD, quelques apparitions dans des compilations, et environ 800 dates à notre actif. On a tourné avec des groupes comme Agnostic Front, Strife, Napalm Death, Walls Of Jericho, Converge, Dagoba, Black Bomb A, Hatebreed… On a également écumé pas mal de festivals, des dates indépendantes, une tournée au Japon, au Mexique, le Hellfest 2019, le Superbowl Of Hardcore... Et cette année, nous fêtons les vingt ans de notre premier MCD, Light To Purify, qui avait vraiment bien marché à l’époque et dont les anciens nous parlent encore régulièrement. Avec cette réédition, les jeunes aussi nous découvrent et aujourd'hui nous fêtons les vingt ans de ce premier effort.

Cette date fait partie d'une tournée anniversaire ?

Didier : Oui nous avons fait environ vingt-cinq dates pour cette tournée, c'est aujourd'hui l'avant-avant-dernière date et nous bouclerons le 9 novembre à Châlons-en-Champagne.

Dimitri : Ensuite on s'enferme pour mettre en route le nouvel album. On ne se voit jamais pour répéter donc on est bien obligé de s'enfermer pour pouvoir composer. (Rires)

Didier: Tu vois pour enregistrer c’est évident, on a récemment changé de batteur, le premier batteur a fait une petite pige le temps de trouver quelqu’un mais il n’est pas resté, et du coup c'est Touki qui est avec nous aujourd'hui. 

Cela ralentit forcément le processus d'écriture ?

Didier : Pas forcément, les morceaux sont prêts depuis plus deux ans.Mais comme on a eu pas mal de changements, et le temps que le batteur se mette bien en place, maintenant on peut penser à l'enregistrement.

Dimitri: Comme la priorité ça a toujours été les concerts, l’enregistrement a été mis en stand-by.

Comment fonctionnez vous pour composer ?

Didier : Chacun participe au processus de création mais souvent les morceaux sont déjà prêts, du moins la structure global du morceau.

Dimitri : Chacun vient avec des morceaux qui sont déjà faits, et on les affine ensemble.

Didier : Sur 2019, on a débuté cette tournée en avril et elle court jusqu'en novembre donc c'est vrai que les quelques moments off, on essaie de se reposer un peu et profiter chacun de notre vie privée. On a mis un bon coup de boost pendant l'été, les compos ont été retravaillées, et là on est prêt à les enregistrer.

Est-ce que vous savez où est ce que vous allez l'enregistrer ?

Dimitri : Non pas encore mais nous avons déjà beaucoup de pistes. Il faut bien évidemment voir le budget. Voir également si on travaille avec quelqu'un avec qui nous avons déjà travaillé.

Didier : On a déjà enregistré avec Thomas Tiberi qui est basée à Marseille.

Dimitri : Là c'est du terrain connu on va dire. Il reste à savoir si on tente une nouvelle aventure ou si on reste sur des valeurs sûres.

Didier : On a essayé également de prendre contact avec Stéphane Buriez par exemple. Et au niveau mastering, on a aussi pris contact avec Chris Harris (Hatebreed entre autres), basé à New York, avec qui on a déjà travaillé. Et Alan Douches qui lui a travaillé avec The Dillinger Escape Plan. Ce sont des gens avec qui on a déjà fait des choses, Chris Harris a travaillé sur l'EP qu’on avait sorti en 2017, et Douches sur l'album de 2007. 

Vous savez déjà comment vous voulez que cet album sonne ?

Dimitri : (temps de réfléxion) On a toujours été entre la scène hardcore et metal, on aimerait sonner metal avec le côté frontal du Hardcore. À l'origine de la scène hardcore, le son était assez moyen donc on s'est tourné vers les productions Metal pour trouver une qualité de production qui n'était pas forcément présente dans les productions hardcore, surtout au début des années 90.

Didier : En fait, on fait partie des premiers artistes, avec Kickback, à avoir fait le mix entre ces deux scènes. On recherche à avoir la puissance du Metal mais aussi une part de groove du hardcore. La preuve, quand on fait des festivals même accès plus Metal, le public s'y retrouve. En général, on est bien apprécié par le public des deux scènes.

Dans le Hardcore, il y a souvent une forme de militantisme, quelles sont le lignes directrices dans le discours de Primal Age ?

Dimitri : On a toujours été pour la défense de la cause animale. Le végétarisme, le véganisme, aujourd'hui on en parle beaucoup, c'est vrai, mais lorsque nous avons débuté c'était à la marge.

Didier : Il y a vingt ans, le message qu'on faisait passer était moins écouté. D'autant plus que le discours aujourd'hui à une résonance un petit peu plus mondiale, avec une résonance écologique.

Dimitri: C'est moi qui écris les paroles et c'est vrai que quand on a dix ou douze titres à faire, on ne peut pas rester exclusivement sur la cause animale donc, de temps en temps, on a des textes un peu plus personnels.

Les valeurs que vous défendez, on les retrouve depuis longtemps dans des groupes comme Converge par exemple, ce sont des thèmes en tout cas qui ont explosé depuis les dernières années, difficile de dire si c'est une vraie prise de conscience, ou un effet de mode ?

Dimitri : C'est évident qu'il y a beaucoup de groupes qui sont venus se greffer sur ce mouvement, il suffit de regarder les saucisses végétariennes... C'est comme les discours actuel « plus écologique que moi tu meurs », on n'a jamais été franchement très proches de ce mouvement-là. 

Didier : C'est évident qu'il y a du tri à faire entre ceux qui souhaitent être dans le bon wagon pour faire du pognon, et ceux qui sont dans une véritable démarche.

Dimitri: Il suffit simplement de regarder les propositions faites par les partis écologistes, on est quand même à des années-lumière de se reconnaître dans ces propos-là.

Vous parliez du Hellfest tout à l'heure, c'était une première en 2019 ?

Didier : C'était la deuxième fois, la première fois c'était l'année où il y avait eu temps de pluie, tous les festivaliers avec la boue jusqu'au niveau des genoux, en général ceux qui ont vécu cette édition 2007 s'en souviennent.

Vous avez dû être accueilli dans d'autres conditions cette année ?

Dimitri : C'est évident qu'on a vu le palier en onze ans. Aujourd'hui ça n’a absolument rien à voir avec ce que c'était antérieurement.

Didier : C'est devenu gros, très gros, énorme même !

Dimitri: Mais on y retourne quand ils veulent ! On a joué cette année sur le metal corner et Didier est allé faire un featuring avec Morning Again dans la War Zone. Il est donc allé faire du repérage pour les années à venir. (rires) 

Et comment vous voyez-vous dans dix ans ?

Dimitri : Hou là, on sera tous les deux pas loin des 60 ans... Et avec la musique qu'on fait...

Didier : Nous sommes des passionnés avant tout, c'est ça qui nous fait avancer.

Dimitri : Les projets ce n’est pas ce qui manque, ce qui manque c'est forcément le temps, ne serait-ce que pour caler les vacances, la vie familiale... Mais on a plein de projets, une tournée au Japon, au Portugal, on espère pouvoir faire ça pendant cet hiver.

Didier : Tout ceci est en pourparlers, on espère bien évidemment que ça va se réaliser.

Tourner au Japon ça ne doit pas être si facile que ça ? D’autant que c'est un public très pointu ?

Didier : En fait, ça fait déjà 15 ans que nous sommes distribué au Japon, nous avons un contact là-bas, c’est un ami, il fait de la distribution depuis longtemps. Et du coup, on a un public qui nous suit. On a fait le plus gros événement hardcore du Japon en 2013 qui s'appelle le "Blood Axe" à Tokyo. Nous avons le souhait, ainsi que les gens qui nous ont fait tourner là-bas, de faire une seconde tournée. C'est un vrai public de connaisseur, on a eu l'occasion de discuter avec pas mal de groupes qui ont tourné là-bas, ils ont tous été ravis de l'accueil qui leur a été proposé. Sans parler des groupes japonais, qui eux aussi sont vraiment de qualité.

Dimitri : Ils sont malheureusement trop peu connus à l'étranger, ils ont du mal à s'exporter, déjà rien que pour faire des concerts à l'étranger, c'est à s'arracher les cheveux. Normal quand tu n'as que onze jours de congés par an...

Didier : D’autant que ça joue très tôt très jeune avec un niveau technique très élevé pour leur âge. Le meilleur exemple c'est un groupe qui s'appelle Cristal Lake, ils ont réussi à faire déjà trois tournéee européennee, et partout où ils jouent, ils font des sold-out, preuve de leur qualité. Globalement il y a beaucoup de groupes japonais intéressants mais le vrai problème c'est d'arriver à s'exporter.

Du coup, vous vous projetez sur quelle durée ?

Dimitri : Déjà, nous allons commencer par bien répéter pour être prêts à l'enregistrer cet été.

Didier : On a déjà pas mal de date de programmées pour 2020.

Dimitri : Ça va être l'idée maîtresse de 2020, limiter le nombre de dates afin de pouvoir enregistrer sereinement. Mais on ne veut absolument pas perdre le contact avec la scène. On veut absolument éviter de passer six mois sans fouler les planches.

Didier : Il faut reconnaître que d'être sollicité régulièrement pour pouvoir faire des dates, c'est gratifiant. Ça nous donne la preuve que nous sommes un groupe qui a de l’important, une résonnance.

Dimitri : Et puis ça nous permet de conjuguer travail et plaisir. La tournée au Portugal par exemple, nous n’y sommes jamais allés, ça va être l'occasion de découvrir.

Didier : On a aussi une possibilité en Russie, on ne fera pas de tournée, mais sur un weekend avec deux dates, une à Moscou et une à Saint-Pétersbourg c’est envisageable. Dans ces pays-là, c'est moins compliqué à mettre en place que d'aller au Japon, rien qu'au niveau logistique, ça va être l'objectif pour l'année prochaine. On va bien réussir à caler tout ça. Et puis l'album avec une sortie programmée fin 2020, et bien sûr le Hellfest en 2021 (Rires). Voilà on va essayer de se fixer ça pour l'année qui arrive, ce sera déjà bien.

Un petit mot à nos lecteurs pour conclure ? Vu que tu avais l'air déjà de connaître le webzine ce qui n’est pas toujours le cas...

Didier : Ouais mais moi je suis un peu le "Eugène Saccomano" du metal, j'écoute beaucoup de choses, je lis beaucoup de choses, et donc il m'est arrivé de venir sur votre webzine. Je connaissais déjà Dysmorphic qui joue ce soir, je me suis renseigné sur les deux autres groupes. Globalement, je suis souvent sur le net, comme c'est moi qui gère le booking avec le manager. On est obligé de s'intéresser à ce qui se fait en termes de dates, de festivals... C'est un peu comme ça qu'on a fonctionné pour ce soir d'ailleurs, on a chopé un flyer, je me suis renseigné, on s'est proposé et voilà ! Et les lecteurs peuvent nous suivre bien évidemment sur Facebook, Instagram...

Dimitri : Merci au public qui nous suit depuis aussi longtemps, c'est grâce à eux qu'on existe, qu'on fait des dates.

Didier : Sans le public on n'est rien donc on ne peut que remercier les gens qui s'intéressent à ce que l'on propose, qui achètent les skeuds, qui viennent aux concerts ; sans eux, il n’y aurait pas de raison d'exister. Tous les gens que l’on croise pendant les concerts, qui nous remercient pour l'énergie qu'on leur donne, ces retours, ça nous galvanise, ça nous donne la force pour continuer.

Dimitri : Tu vois il y a cinq, six ans, on avait annoncé une fin de groupe et puis quand la date est arrivée, on a commencé à déprimer. Nous n’avons pas été jusqu’à la fin, on ne l'a pas fait, et depuis, on se dit qu'on verra bien.

Didier : On ne programme plus la fin, on programme d'autres choses, mais plus la fin (rires).

Merci pour ce moment très sympathique.

Didier et Dimitri : Merci à toi.

Venez donc discuter de cette interview sur notre forum !