Groupe:

Ready For Prog Festival

Date:

20 Octobre 2019

Interviewer:

didier

Interview Romain

Salut Romain, tu es l’organisateur du Ready For Prog? Festival. Peux-tu d’abord nous en dire un peu plus sur toi ?

Salut, tout d'abord, il y a un point que nous devons éclaircir, je ne suis pas l'organisateur, du moins pas le seul, il s'agit de l'association Cultur'Prom, dirigée par Hatem Ben Ismail qui est organisatrice du festival, avec Hatem, nous sommes donc tous les deux co-créateurs du festival. J'en suis moi-même le programmateur à part entière. Pour en dire plus sur moi, je suis musicien, accessoirement batteur, et passionné de musique et bien sûr de progressif avant tout, j'officie dans un orchestre de variété pop rock, j'ai joué pendant une quinzaine d'années dans un groupe de metal prog sur Albi (oui je suis Albigeois et non Toulousain!).

Est-ce que Toulouse est une bonne ville pour les musiques actuelles de type metal et prog metal ?

Oui tout à fait, Toulouse est une des villes qui reçoit le plus de concerts metal dans l'année, on peut assister à un concert de metal quasiment tous les soirs, en terme de prog par contre, c'est assez ouvert, c'est pour cela qu'on a décidé de se lancer, car on sait qu'il y a de la demande mais pas beaucoup d'offre !

Comment en es-tu arrivé à devenir responsable de ce festival ?

Encore une fois, je ne suis pas le responsable à proprement parler du festival, j'ai soufflé l'idée à Hatem, qui, grâce à son réseau, a pu répondre favorablement à ma proposition de monter un festival de metal prog, nous travaillons donc tous les deux d'arrache-pied pour proposer quelque chose qui ne se fait qu'à deux ou trois endroits actuellement en Europe, les festivals de metal progressif sont assez rares, il n'y a que le Prog Power Europe aux Pays-bas, l'Euroblast en Allemagne, le Prognosis aux Pays-bas ou dernièrement le Be Prog My Friend à Barcelone (qui n'existe plus hélas). Je ne veux pas qu'on dise que je suis le responsable, bien sûr, s'il y a des décisions à prendre, on se tourne vers moi ou Hatem, mais cela ne fait pas de moi le directeur du projet. :)

Tu as une petite équipe qui bosse avec toi, peux-tu nous en dire plus ?

Oui, et bien heureusement d'ailleurs ! Tout au long de l'année, pour préparer le festival à venir, je travaille sur la programmation, les visuels, la promotion sur les réseaux sociaux...mais des amis m'aident beaucoup, il y a par exemple Luc qui s'occupe de la communication, Hatem qui gère les sponsors, dossiers, financements etc., à côté de ça, nous avons crée une petite street team qui distribue du flyer, pose des affiches, et puis il y a les bénévoles le jour J, qui sont généralement des connaissances, amis etc... On s'entend tous très bien, on passe du bon temps ensemble, on se prend surtout pas la tête !

Le festival en est à sa deuxième édition, mais il a changé de nom, pourquoi ce changement ? Pensez-vous garder ce deuxième nom ?

Il y a tout simplement eu une confusion de faite avec une société de production de groupes metal entre autres, qui portait un nom similaire et qui, à dix jours de la première édition, nous a quasiment mis en justice pour changer de nom !! Nous avions trouvé ça absolument grotesque mais ne voulions pas de problème, c'est pourquoi nous avons fait la première édition avec ce même nom et en avons changé dans la foulée ! finalement, c'est un mal pour un bien car perso, je trouve que le nouveau nom correspond mieux à l'esprit du festival et oui, nous le garderons, à part si une autre boîte de prod s'appelle pareil !! Mais j'en doute !

La deuxième édition vient donc de se terminer, quel bilan peux-tu nous livrer ?

Ce que l'on peut dire, c'est que ça a plu, et même peut être plus que la première ! Paradoxalement, nous avons fait moins d'entrées que l'édition précédente, nous sommes mitigés car très heureux de voir que beaucoup de gens se sont déplacés de très très loin pour y assister, mais hélas, pas assez d'entrées pour espérer rentrer dans nos frais, ce qui fait que nous sommes en déficit et que nous recherchons activement un mécène/financeur pour la suite, sans quoi, nous aurons du mal à remettre le couvert une troisième fois consécutive...

Y a-t-il eu de gros changements par rapport à l’édition précédente ?

Non, pas énormément, nous avons souhaité garder la même formule, huit groupes sur deux soirées, au Metronum car la salle s'y prête prafaitement, ni trop grande, ni trop petite, avec une acoustique parfaite, je dirais donc, aucun changement... si ce n'est que cette année, nous avons proposé une soirée de warm-up, chose exceptionnelle et qui s'apparentait plutôt à un concert de plus, que nous ne réitérerons surement pas l'année prochaine... car trop d'énergie dépensée en plus, et trop de contraintes vis à vis du festival en lui-même.

Le plateau était particulièrement relevé avec notamment Threshold en tête d’affiche le vendredi et Pain Of Salvation en tête d’affiche le samedi mais aussi Mobius, Manigance, Eldritch, Shattered Skies, Upon Us All et Special Providence. Comment t’y es-tu pris pour attirer ces groupes sur Toulouse ?

Comme je m'y suis pris pour la première édition! Je fais un plan de programmation, j'essaie de faire coller les groupes ensembles, je cherche une tête d'affiche pour chaque soir, qui attirera du monde, et j'essaie d'équilibrer la prog en fonction du budget, et des styles... Après, ce sont les managements qui décident si ça vaut le coup pour eux de le faire ou pas, évidemment, je pense que c'est une belle opportunité pour n'importe quel groupe de faire un festival comme celui-ci, même si on n'en est qu'au début, je pense qu'on arrive à attirer de belles pointures, dans une belle salle, dans une belle ville, et encore une fois, tellement peu de festivals dédiés à ce style musical... il serait donc difficile à un groupe, de n'importe quel calibre, de refuser d'y participer ! Bon évidemment, nous n'aurons jamais un Dream Theater ou un Opeth par exemple, car trop onéreux pour nous, et salle trop petite, c'est techniquement impossible !

Il y a pas mal de styles représentés entre un Manigance plus heavy metal et un Special Providence avec ses incursions dans le jazz. C’est important pour toi de fournir ce genre de diversité au public ?

Oui, c'est justement tout l'intérêt du prog, des styles différents et variés tout en restant dans une même famille ! Je ne souhaite pas mettre quatre groupes identiques le même soir, cela n'aurait aucun sens, donc si je peux mélanger un groupe technique avec un groupe djent et un autre plus atmosphérique, je ne m'en prive pas ! Mais encore une fois, il y a toujours des désistements, des annulations, des groupes que je voudrais et qui ne veulent pas venir ou qui sont hors budget, je dois donc composer avec ce qu'il me reste ! Mais a priori, pour la seconde édition, le public a été conquis ! Donc tant mieux ! Il a pu découvrir des groupes, en revoir d'autres, et prendre quelques claques, c'est ça qui est cool !!

Je remarque aussi une belle diversité géographique avec la France (Mobius, Upon Us All, Manigance), UK (Threshold, Shattered Skies), la Suède (PoS), l’Italie (Eldritch) et la Hongrie (Special Providence). Là aussi c’est une volonté du festival ?

Oui, en gros, nous souhaitons proposer un festival international, donc forcément avec des groupes étrangers, et dans chaque affiche, donner de la visibilité à deux ou trois groupes français, voire un local, c'est un des objectifs prioritaires du festival. Tu peux donc t'attendre à voir à chaque édition, au moins cinq groupes internationaux, plus trois groupes hexagonaux !

Dans la salle aussi les gens étaient venus de loin. Rien qu’au premier rang : Nice à ma gauche, Grenoble à ma droite, Strasbourg derrière moi. Le festival est assez unique en son genre on dirait. L’année dernière, Barcelone avait proposé un BeProgMyFriend, mais pas cette année. Il y a peu de concurrence cette année, semble-t-il...

Exactement, le Be Prog de barcelone, qui existait depuis cinq ans, a fermé ses portes, malheureusement, car il proposait de superbes affiches, dans un cadre somptueux... Je m'y étais rendu à deux reprises, c'est vraiment dommage d'un côté, mais une belle opportunité de l'autre, car évidemment, cela nous amène peut-être une partie de leur public ! Notre but à long terme n'est pas de devenir le Be Prog, nous souhaitons vraiment garder le festival à taille humaine, proposer deux bonnes têtes d'affiche et faire venir à Toulouse des groupes qui ne seraient pas passés en étant en tournée par exemple ! J'espère que la disparition du Be Prog nous permettra de gagner en public les années suivantes... à nous de les allécher aussi avec de belles affiches !! Mais le fait que notre festival est unique en France permet de faire venir les fans de plus de trente départements français, et de six ou sept pays européens voire mondiaux, il y avait dans la salle un Péruvien, deux Américains, un Russe, des Grecs, Espagnols, Italiens, Allemands, Hollandais, Suisses et Belges !!

Le public a été très bruyant, les retours semblent très bons, malgré tout vous n’étiez pas sold-out, c’est un regret ? Est-ce que le budget du festival est quand même positif ?

Tu as la réponse plus haut ! C'est clair que les retours sont très bons, vraiment très bons !! Ca donne envie de continuer, mais nous n'avons pas fait sold-out (comme l'an dernier avec Sons Of Apollo), nous avons seulement atteint 250 personnes le vendredi et 400 le samedi, ce qui nous met en difficulté financière pour la suite... c'est pourquoi encore une fois, nous devons absolument trouver des financements. Bien-sur c'est un regret, voire presque un échec, mais quand on voit l'enthousiasme chez les gens, ça balance !!

Quelle prestation t’a le plus impressionné ?

Toutes les prestations ont été bonnes, je n'ai pas forcément pu assister à tous les concerts, mais je dirais quand même que Threshold a mis la barre très haut, et ils n'étaient pas forcément attendus au tournant !! Comme on dit, les absents ont toujours tort... et ils ont manqué un des meilleurs concerts du groupe et peut-être du festival en deux ans ! Après, il y a eu une grosse impression de faite par les Hongrois de Special Providence !!

Et avec quel groupe as-tu le plus sympathisé backstage ?

Avec tous ! Ils étaient tous super sympas et heureux d'être là ! J'ai pas mal discuté avec Léo Margarit le batteur de POS, très sympa, les autres membres du groupe le sont tout autant, les Irlandais de Shattered Skies étaient tellement gentils aussi ! Que dire de plus ? Rien, tout le monde a été super !

Quelles leçons as-tu retenues de cette dernière édition ? Qu’aimerais-tu corriger pour la troisième édition ?

Le budget ! (rires) Non, je pense qu'on devra installer un petit stand sandwiches dans le patio, car beaucoup de demandes vont dans ce sens... il nous faudra taper un peu plus haut pour la promo, car à mon avis, elle a joué un rôle essentiel dans l'affluence du public, et évidemment, rapidement trouver des subventions !!

Et quels sont les groupes que tu rêverais de faire venir à la troisième édition ?

Il y a une différence entre vouloir et pouvoir, donc, je rêverai d'avoir Dream Theater, Opeth, ou Symphony X pour ne citer qu'eux, mais on va se contenter de bons groupes, comme dernièrement Pain Of Salvation, Caligula's Horse, Threshold, Sons Of Apollo, la liste est longue, vous verrez !!

La popularité du festival étant grandissante, faire venir des groupes devrait devenir moins compliqué, non ?

C'est un point qui rejoint ce que l'on disait plus haut, finalement, ce n'est pas si compliqué de faire venir tel ou tel groupe, il s'agit de sortir le porte monnaie ! C'est malheureusement ça qui dirige tout !!

Peux-tu confirmer qu’il y aura une troisième édition ? Dans la même période ?

Je ne peux pas te confirmer qu'il y aura une troisième édition, mais je peux t'assurer que nous ferons tout pour qu'il y en ait une ! Et quand je me bats pour quelque chose, généralement, je l'obtiens... et oui, le deuxième weekend d'octobre me semble adéquat !

Merci à toi.

Avec plaisir, merci à toi surtout !!

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