Adagio

Interview date

Mars 2010

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Stephan Forte


2010 démarre bien pour le groupe: une tournée européenne en première partie de Kamelot, la réédition d'anciens disques du groupe... Que pouvez-vous nous dire sur ces nouvelles versions d'Underworld et A Band In Upperworld ?

Alors, il y a des bonus... mais c'est surtout qu'on en a profité pour refaire les pochettes car elles ne nous plaisaient vraiment pas! Donc, la motivation était principalement esthétique. Quant au live, on le "ressort" parce qu'il n'était jamais sorti en France!

Adagio va-t-il pouvoir donner d'autres concerts en France ou en Europe avant la parution d'un nouvel album, ou la tournée pour Archangels in Black va-t-elle prendre fin avec cette série de concerts ?

Je ne sais pas encore. On aimerait bien tourner encore un peu, mais ça va dépendre parce que c'est quand même onéreux...

Vous serez au Power Prog Metal Festival qui se tient en Belgique le 10 avril, quels groupes de ce festival avez-vous hâte de voir sur scène ?

Scorpions, quand même...

Bon, venons-en à la question délicate: David Readman, Gus Monsanto, Christian Palin... Adagio semble avoir du mal à garder ses chanteurs. Que s'est-il passé avec Christian ?

Bah en fait, on a décidé de ne plus prendre de chanteur définitif. Adagio, dorénavant, ce sera nous quatre... plus un. Et pour l'instant, le "plus un", je pense que ça va être Mats Levén. Mais on ne va pas l'annoncer comme étant le cinquème membre permanent du groupe... On verra. Quant à Christian, il a de gros problèmes psy! Et le dernier concert qu'on a fait ici, il nous a carrément flingué le truc, alors voilà.

Comment l'opportunité de recruter Mats Levén s'est-elle présentée ?

Je voulais recruter un mec pro, avec de l'expérience, sur qui je pouvais compter, qui savait ce qu'il faisait, qui avait la technique nécessaire... j'ai pensé à lui et c'est le premier que j'ai contacté. J'ai donc pris contact avec lui et il m'a dit oui, tout simplement.

Ne serait-il pas plus facile pour le groupe d'engager un chanteur français? Pour des questions d'organisation dans le travail, les tournées, les répétitions, etc.

Bah... on essayé, ce n'est pas qu'on ne veut pas. On ne pense pas trop à la nationalité... Il y a des facteurs qui sont très importants: le visuel, la technique vocale, la prononciation... et franchement, c'est rare d'avoir les trois en même temps.

Avez-vous déjà commencé à travailler sur le prochain album ?

Je n'en suis pas encore là, mais j'ai quand même quelques idées quant à la direction... Le style devrait être dans la continuité de Archangels in Black, mais avec une production plus heavy et moderne.

L'année dernière, vous parliez d'un projet avec les frères Drover (Glen, ex-guitariste de Megadeth, et Shawn, batteur actuel du même groupe). Est-ce que ça se fait, finalement ?

En fait, Glen avait besoin d'un truc rapidement et moi, j'étais vraiment concentré sur Adagio... et j'aimerais faire mon album solo aussi. Le timing n'était pas bon, si je faisais un truc avec Glen à ce moment-là, je me détournais de mon album solo, ce n'était plus mon truc à moi... On fera sans doute quelque chose ensemble, avec Glen et Shawn, mais pas sous cette formation.

Kevin, votre claviériste, participe également à un projet extrêmement alléchant nommé Stygia, avec des musiciens américains assez prestigieux (le bassiste de Symphony X, le batteur John Macaluso, le chanteur Mike Vescera...). Savez-vous comment ça avance? Avez-vous entendu quelque chose ?

Alors ça, faudrait mieux lui demander directement... il me tient pas trop au courant de ses projets (sourire).

NDLR: J'ai donc echangé quelques mots avec Kevin Codfert qui m'a bien confirmé qu'il avait participé à l'enregistrement de l'album de Stygia. Il a composé tous les arrangements et les orchestrations, et le guitariste serait en train de mixer tout ça en ce moment pour une sortie d'ici deux ou trois mois si tout se passe bien. Le tout sonnerait comme quelque chose d'assez épique et classe. A suivre de très près...

Quels sont vos derniers coups de coeur musicaux ?

Devil Driver, Lamb of God... The Blackening de Machine Head, c'est pas forcément des trucs récents... mais voilà, c'est ce que j'écoute en ce moment.

L'année prochaine, cela fera dix ans que Sanctus Ignis aura vu le jour. Prévoyez-vous quelque chose pour fêter les dix ans du groupe? Un concert spécial, un DVD peut-être ?

Je ne sais pas trop encore. On n'y a pas encore trop pensé. C'est vrai que ce serait sans doute l'occasion de faire un truc... on fera sûrement sans doute une fête entre nous. Mais rien de décidé concernant un DVD ou quoi que ce soit... ce qui ne veut pas dire que ça ne se fera pas.

Parmi les quatre albums que vous avez sortis, quel est celui dont vous êtes le plus fier ?

Je dirais le dernier. "Fier" n'est pas forcément le mot qui convient... et je suis content d'avoir fait les albums que j'ai fait, mais le dernier est forcément le plus proche de ce que l'on aime en ce moment. Après, je dirais le deuxième album, Underworld.

Et quels seraient vos quatre morceaux d'Adagio préférés ?

Ouh là, bon... mais pas dans l'ordre, alors: Children of the Dead Lake, Undead, Next Profundis et Vamphyri.

En tant que guitariste, quels sont vos modèles ?

Jason Becker, Marty Friedman, Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert et Sean Lane. Il y en a d'autres mais ce sont les principaux.

Revenons un peu sur les débuts du groupe. Il est assez rare de voir débarquer un guitariste relativement inconnu (et français de surcroit) avec une dream-team internationale pour un premier album, comment cela a-t-il pu se faire ?

En fait, au tout départ, je faisais de l'instrumental, et je connaissais Olivier Garnier depuis assez longtemps (il était encore chez CNR à l'époque) et il a émit l'hypothèse qu'on fasse un truc chanté. Il m'a envoyé à Philadelphie rencontrer Vitalij Kuprij (claviériste d'Artension, Ring of Fire...) et j'ai passé trois semaines là-bas. On a fait une démo 4 titres... au départ, Adagio, ça devait être lui et moi... et on s'est beaucoup engueulés, on n'a pas pu se supporter, donc il est parti de son côté faire Ring of Fire, et moi Adagio. Alors ensuite, on avait demandé à Jens Johansson (ex Malmsteen, Stratovarius) de le remplacer aux claviers, c'était bien parti et puis il n'a pas pu se libérer... c'est donc Richard Andersson (Majestic à l'époque) qui l'a remplacé. Et puis, j'ai pu choisir des gars que j'aimais... J'ai demandé à Dirk (Bruinenberg, batteur d'Elegy) de participer parce que j'aimais beaucoup son jeu sur les premiers albums d'Elegy. J'ai vu David Readman (Pink Cream 69) sur scène lors d'un festival et j'ai été carrément impressionné, je me suis dit qu'il avait la technique et que ça pourrait carrément le faire!

Si vous deviez faire la promo du groupe, quels seraient les mots ou le slogan dont vous vous serviriez ?

C'est toujours un peu prétentieux de faire ce genre de choses... et vendre, c'est pas vraiment mon truc, mais bon, on va dire que c'est pas moi qui le dit alors. Allez, je dirais "dark", "virtuose", "heavy"... "dramatique". C'est dur, putain (sourire)...

Dans l'immédiat, quels sont les projets pour Adagio ?

Finir cette tournée, après j'aimerais bien finir mon album solo, qui sera purement instrumental pour le coup... et ensuite, je vais commencer à composer le prochain album.

Enfin, vous avez participé au HellFest l'année dernière. Saviez-vous que c'était un dangereux festival satanique (sourires)? Qu'avez-vous à dire sur cette polémique créée autour de ce festival ?

Oui, j'ai vu, oui... cette fameuse polémique grâce à Boutin et De Villiers... Alors c'est marrant parce que Patrick Roy (le député) m'a appelé hier et m'a dit qu'il en avait parlé à l'assemblée... et qu'il avait cité Adagio, ça m'a fait plaisir. C'est un fervent défenseur du style... Bah, ce que j'en pense, c'est que cette façon de voir le festival est archaïque et réac'... Donc, ce que j'en pense c'est ce que tout le monde en pense en gros, c'est ridicule. Ce qui est rassurant c'est que la réaction de Frédéric Mitterand a été très claire, et que l'état ne prendra pas de mesure par rapport à ce truc-là, mais là où c'est dangereux c'est que même si les propos de Boutin et compagnie peuvent nous paraître ridicules, ils peuvent convaincre les gens d'une autre génération, comme les parents des jeunes qui vont au HellFest par exemple, et que petit à petit, peut-être pas maintenant, pas cette année, mais à terme, ça finisse par ternir l'image du festival... Sauf si des gens de la classe politique arrivent à prendre parti pour le HellFest et démontrer qu'il faut arrêter de déconner.