Angellore

Interview date

28 Aout 2012

Interviewer

fifi59

I N T E R V I E W

Interview Walran, Rosarius, Ronnie (par mail)


Salut à vous et merci d'accorder cet entretien au webzine auxportesdumetal.com. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter les membres du groupe ?

Walran : Salut à toi et merci beaucoup pour l’intérêt que tu portes à Angellore ! Je suis le co-fondateur du groupe, au côté de Rosarius. Je m’occupe d’une partie des claviers et des arrangements, ainsi que de la majorité des voix extrêmes et de quelques voix claires et chœurs. La musique d'Angellore est toujours écrite par Rosarius et/ou moi. J’ajouterai aussi que je suis, en quelque sorte, le "gestionnaire" du groupe.

Rosarius : Je m'occupe quant à moi de la majorité des chants clairs et de quelques lignes de chant extrême, de la basse, des guitares et d'une autre partie des claviers.

Ronnie : Quant à moi, je m'occupe de la batterie et des blagues pourries, c'est super important d'entretenir le moral des troupes.

Concernant le nom du groupe, est-ce une référence à l'une des compo du somptueux album de Tristania « Widow's Weeds » ?

Rosarius : D’une certaine manière, oui. Tristania a toujours été un groupe important pour nous et la beauté de "Widow’s Weeds" nous touche tout particulièrement, c’est incontestable. La chanson "Angellore" est bien évidemment éblouissante, comme toutes ses consœurs ; mais d’un point de vue simplement sonore, ce titre, qui a comme la grâce d’un prénom féminin, et dont le sens évoque les mystères de l'éternité, correspondait tout à fait à la conception que nous nous faisions de notre musique – nous avons choisi notre nom avant même d’avoir commencé à composer, c’est dire à quel point il s’est imposé à nous comme une évidence. Tristania nous a permis de découvrir ce mot, et nous l’avons élu ; c’est encore mieux que notre patronyme nous vienne d’un groupe d’une telle qualité.

Quel est le parcours d'Angellore depuis sa création ?

Walran : Rosarius et moi avons commencé à correspondre fin 2006 et nous sommes finalement rencontrés en 2007. Au cours de nos nombreux échanges Internet ou téléphoniques, nous avions déjà envisagé très sérieusement de démarrer un projet musical ensemble. Ainsi, dès l’été 2007, je l'ai invité chez moi afin de composer et mettre en boîte quelques démos. Le résultat était terriblement maladroit et amateur ! Je crois que ta vision du groupe changerait si tu écoutais ces premières tentatives (sourire). Cependant, comme nous étions jeunes et enthousiastes, sans aucun recul, nous avons posté ces trois titres sur MySpace, histoire de laisser une preuve tangible de cet acte de naissance d'Angellore. Et au final, cela a été une sage décision puisqu’un musicien portugais, Marcos Marado, s'est régalé de l’innocence de ces premiers jets et nous a demandé par la suite de collaborer à un split avec son projet ambient/noise Merankorii ! Une occasion qui ne se refuse pas… Par la suite, Rosarius et moi nous sommes retrouvés régulièrement dans mon minuscule home-studio et avons composé et enregistré plusieurs EP. N’ayant pas de batteur (ni même les moyens techniques et matériels d’enregistrer une batterie), le support rythmique était assuré par une boîte à rythmes. Mais en 2009, nous avons décidé d’engager mon vieil ami Ronnie, lui aussi grand amateur de doom, et de donner à cette musique que nous aimions tant la chance de bénéficier d’un enregistrement professionnel. Par Internet, nous avons eu vent de l’existence du EverTone Studio (qui s’appelait encore AV Studio à l’époque) tenu par Florent Krist, un producteur de talent qui avait notamment travaillé avec les mecs de Cynic. Les prix étaient très abordables, la distance peu importante, nous avons donc décidé de travailler d’arrache-pied sur nos démos (ainsi que sur une nouvelle composition de Rosarius, "…Where Roses Never Die…", seul morceau de l'album qui n'apparaît sur aucun de nos EP ou démo singles) afin de pouvoir nous présenter en studio parfaitement prêts à enregistrer notre premier album : "Errances".

Quelle est votre définition de la musique d'Angellore ?

Walran : Pour rester simple, je dirais que nous faisons du doom metal atmosphérique. Certains auditeurs nous rattachent également à la scène gothique, ce qui ne me dérange absolument pas car cet univers fait partie de nos influences directes, tant sur le plan musical que visuel. Pompeusement, je me plais parfois à qualifier notre musique de "Majestic Sorrowful Metal". Cette formule me séduit car elle résume bien notre démarche… La recherche de l’émotion, le mélange entre mélodies accrocheuses, passages rythmiques lourds et atmosphères éthérées sont les clés de voûte de notre propos.

Ronnie : En effet Walran a tout à fait résumé la chose, j'ajouterai que la musique était initialement du Doom Atmospherique très éthéré, la forme se rapprochant plus d'un Dark Sanctuary (par exemple) que du Metal. Depuis, la batterie et les éléments électriques se sont fait une place pour arriver à un équilibre qui nous satisfait à 100%. Peu importe la partie acoustique ou électrique jouée, l'important c'est l'émotion que nous ressentons.

Quelles sont vos influences au sein du groupe ? De quelles formations vous sentez-vous proches ?

Walran : Si nous sommes tous trois directement influencés par les scènes doom, black et dark metal des années 90 (notamment par des groupes comme Saturnus ou Draconian, dont nous nous sentons très proches, mais également Theatre Of Tragedy, Empyrium, Shape Of Despair, Tristania, While Heaven Wept…), chacun d’entre nous a son propre univers musical. Personnellement, je m'efforce d'ajouter à la musique d’Angellore une petite note folk/dark folk, autre de nos influences et style que j’affectionne tout particulièrement. Le groupe allemand Empyrium est mon groupe préféré, sa musique étant pour moi une éternelle source d’émerveillement et d’inspiration.

Rosarius : Pour ma part, j’aime la new wave, le post punk, le deathrock, la dark ambient, l’EBM... ; bref, toutes ces chapelles qu’on rapproche généralement de la "scène gothique". Mais ça ne m’empêche pas d’aimer passionnément le doom ; Shape Of Despair est à l’origine d’un bouleversement musical fondamental, au point que sans sa musique, celle d’Angellore ne serait peut-être pas ce qu’elle est aujourd’hui.

Ronnie : Walran a très bien résumé nos goûts en commun. Après, avec Rosarius, nous avons de nombreux groupes en commun sauf tout ce qui est trop "gothique" dans le sens new wave, électronique. Personnellement je suis avant tout un gros fan de musiques progressives, mais aussi de Black, de Death, de Heavy, de Doom, etc. En fait, inutile d'énumérer ! Disons, de tous les styles, tout dépend de l'humeur. Le fait est que tous les trois nous avons des visions à la fois communes et divergentes qui font que se créée une complémentarité qui nous met dans 99% des cas d'accord. Surtout en ce qui concerne le Doom.

« Errances » est à mes yeux une petite merveille de Doom/Gothic Metal Atmosphérique, totalement aboutie et digne des plus grands albums du genre. Il me replonge dans une époque que je pensais révolue, celle de ces excellents moment passés en compagnie, notamment, des deux premiers opus de Theater Of Tragedy ou de « Widow's Weeds ». Et vous, êtes-vous pleinement satisfaits de cet opus ?

Walran : Tout d’abord, je ne peux m’empêcher de t’adresser un immense et chaleureux merci !! Je suis vraiment très touché de savoir que tu perçois "Errances" de cette façon. Rosarius et moi sommes peu sensibles aux grosses productions modernes et préférons mille fois le charme suranné du metal atmosphérique des années 90. De nos jours, le doom revient à la mode, mais pas dans les formes qui m’interpellent et me remuent vraiment. Tout le monde se régale de doom traditionnel à la Black Sabbath, de Stoner ou de Sludge, mais qui pratique encore le doom à la manière d’Estatic Fear, Stone Wings, Whispering Gallery ou The Sins Of Thy Beloved ? Toutes ces formations demeurées obscures étaient parvenues, malgré leurs petits défauts, à proposer des œuvres de pur doom atmosphérique, absolument bouleversantes. Je me fiche de savoir si ce genre a encore un auditoire aujourd’hui : c’est celui dans lequel je désire m’exprimer. Mais pour répondre plus précisément à ta question, je suis très satisfait d’"Errances". Si je pouvais effectuer quelques menus changements, j’opterais probablement pour un son de piano plus cristallin, et il y a quelques passages que j’aimerais ralentir … Mais ce sont vraiment des détails sans grande importance. Chacune des compositions d’ "Errances" continue de me transporter à chaque écoute et c’est bien là l’essentiel.

Rosarius : Merci beaucoup ! C’est toujours agréable de voir que notre démarche est comprise… et goûtée ! Je suis moi aussi toujours très satisfait de ce premier album. Quant aux défauts que je lui trouve, ils contribuent justement à son charme de premier album.

Ronnie : Merci infiniment (plus une fois) ! Bien entendu se dire satisfait à 100% serait prétentieux : avec le recul je changerais quelques trucs au niveau de mes parties, mais l'émotion serait la même donc pour nous le plus important c'est ça, ce qui est ressenti à l'écoute, et nous prenons toujours autant de plaisir à l'écouter.

Quel a été le processus de composition pour « Errances » ?

Walran : Lorsque Rosarius et moi nous réunissions dans mon home-studio, nous avions souvent des bribes d’idées ou d'intentions, et nous créions les morceaux à partir de nos visions romanesques ou de nos envies du moment. Il arrivait parfois que Rosarius ait des idées mélodiques très précises, que nous mettions en forme ensemble. Tous les morceaux de l’album, à l’exception de "…Where Roses Never Die…", apparaissaient sur nos premiers EP, parus entre 2007 et 2009, et que nous considérons davantage comme des démos désormais. Chaque titre a été profondément retravaillé avec Ronnie avant d’être enregistré pour l’album. "Errances" représente en quelque sorte l’aboutissement des trois premières années d’existence d’Angellore. Il clôture et ouvre un nouveau cycle de notre histoire. A la base, "Errances" n'a donc pas été réellement pensé comme un album, mais plutôt comme la réunion de travaux passés, auxquels nous avons offert une seconde jeunesse, une nouvelle existence.

Le son est idéal sur « Errances », puissant et équilibré. Comment s'est déroulé son enregistrement ?

Walran : Très mal !! (rires) Pour moi, l’enregistrement en studio a été un véritable calvaire car nous avons rencontré un nombre de difficultés proprement inimaginable. Tout raconter ici me prendrait des heures et je pense que les lecteurs s’ennuieraient beaucoup ! Mais pour faire simple, nous avons réservé de nombreuses journées de studio entre décembre 2009 (moment où la batterie a été enregistrée) et février 2011 (où, en vrais perfectionnistes, nous avons enfin achevé les derniers arrangements). C’était une façon de travailler intéressante mais je sais déjà que nous procéderons autrement à l’avenir et essaierons de tout enregistrer dans le laps de temps le plus court possible. Par chance, Florent Krist, qui s’est occupé à la fois de l’enregistrement et du mixage, s’est révélé être un allié précieux, dévoué et particulièrement compétent. Heureusement, car j’étais souvent au fond du trou et je dois avouer qu’à un moment donné, j’étais tellement à bout que j’ai envisagé de tout abandonner et de laisser Rosarius achever l’album tout seul ! Enfin, qu’un album de doom metal naisse dans la douleur, j’imagine que c’est bien normal…

Rosarius : Walran a raison, nous avons eu bien des problèmes pour cet enregistrement. Mais je ne regrette rien. Ça nous a permis de nous rendre compte que même dans des situations angoissantes, qu’elles soient en rapport direct avec la musique ou relatives à l’organisation et à la logistique, nous nous entendions toujours, étions toujours capables de nous soutenir, et sachions parfois prendre les pires déconvenues avec légèreté. S’il fallait revenir en arrière, je ne sais pas si je voudrais que les choses soient différentes.

Ronnie : Avec le recul ça nous fait marrer mais sur le coup nous ne faisions pas les beaux ! Mais il en est de même pour la majorité des groupes. Des bugs d'ordi improbables, du matos qui pète sans aucune raison (ma double pédale m'avait lâché en plein enregistrement par exemple), la voiture en panne, des coupures d'électricité et j'en passe. Peu importe s'il s'agit d'un album, d'un concert, du travail, des relations, etc. Il est clair que ce sont les imprévus et les anecdotes qui permettent de donner une identité et ainsi l'objet s'en trouve marqué et n'en est que plus aimé et apprécié.

Qui s'est occupé de l'artwork d' « Errances » ?

Walran : En promenant sur le net, je suis tombé sur la page MySpace d’une jeune graphiste surnommée Mayitabel. Si certaines de ses œuvres m’ont parues peu originales, j’ai littéralement flashé sur cette création (les deux anges, gardiens de ce mystérieux escalier...) et lui ai aussitôt écrit pour lui demander de nous vendre cette œuvre, qui me paraissait très bien correspondre à l’univers nocturne et onirique d’"Errances". À la base, Mayitabel était également supposée nous fournir un logo, mais nous avons finalement préféré confier ce travail à l’un de nos plus proches amis, Florent Castellani. C’est un véritable artiste qui a beaucoup d’expérience en matière de son et d’image. Il a peaufiné le travail de Mayitabel, s’est entièrement occupé du livret de l’album et, par ailleurs, a même masterisé la réédition de nos EPs. Une polyvalence qui nous a vraiment rendu service !

Beaucoup de temps s'est écoulé entre l'enregistrement de l'album et la signature d'Angellore chez DreamCell11 (Aural Music). Comment s'est déroulée cette période ?

Walran : Personnellement, j’ai eu beaucoup de mal à appréhender cette longue période d’attente. Depuis mars 2011, notre disque - enfin achevé - dormait sur nos disques durs, mais il nous fallait encore nous mettre en quête d'une maison pour l'accueillir. Nous ne voulions pas nous contenter de mettre sur Internet ces sept morceaux qui nous avaient demandé tant d’heures de travail et tant d’implication. Pour nous, il était évident qu’il fallait aller au bout de notre démarche et publier l’album comme le faisaient les groupes autrefois, histoire aussi de bénéficier d’une vraie distribution. Nous avons vraiment commencé à démarcher des labels en décembre 2011 et par chance, Carlo Belloti et son label DreamCell11, nous ont pris sous leur aile. Au final, même si tout cela a été terriblement long, nous sommes très satisfaits et particulièrement impatients de tenir entre nos mains l’album totalement achevé.

Ronnie : Il faut savoir que nous ne nous sommes pressés pour RIEN, autant dans l'enregistrement que dans le processus de recherche de signature ; nous avons laissé le temps au temps, tout en restant sérieux et en essayant de saisir les bonnes opportunités au bon moment. Rien dans la vie n'est fait pour être instantané, si ça l'est c'est que c'est sans saveur. Nous avons fait chaque chose au moment où nous le pouvions, ceci expliquant pourquoi ça a pris du temps.

Comment percevez-vous l'évolution d'Angellore depuis ses débuts jusqu'à « Errances » ?

Walran : Je pense que l’expérience studio nous a fait beaucoup mûrir. Les démos étaient pleines de belles intentions et d’atmosphères, mais aussi très bancales, peu maîtrisées. Les transitions entre les passages clairs et délicats et les moments plus heavy étaient mal gérées, le son grésillait atrocement... Je dirais que, dans le fond, notre musique n’a guère changé mais s’est considérablement affinée. En revanche, sur la forme, l’arrivée de Ronnie nous a vraiment permis de faire évoluer nos chansons. Nous sommes de bien meilleurs arrangeurs, compositeurs et interprètes que lorsque nous avons formé le groupe en 2007 ! Nous savons mieux où nous allons et reposons de moins en moins sur les travaux passés de nos groupes de références. Angellore, comme tout jeune combo qui se forme, espère suivre son propre chemin et se détacher au maximum de ses influences (sans les renier pour autant, bien sûr).

Vous avez récemment sorti, en quantité limitée, « Premières Liturgies - Soupirs d'Aurore » (qui est déjà épuisé). Peux-tu nous en parler ?

Walran : Miklos Sapi, jeune hongrois en charge du label Rotten Crowz Productions, m’a contacté pour me demander de lui envoyer notre démo "Moonflower", qu’il souhaitait chroniquer pour un fanzine doom. Au cours de nos nombreux échanges de mails, il m’a révélé l’existence de son label et m’a confié qu’il aimerait sortir l’album d’Angellore. Nous avions déjà trouvé un label (de taille bien plus conséquente), et j’ai décliné l’offre. Mais lorsqu’il m’a dit apprécier beaucoup nos démos, je me suis dit qu’il serait intéressant de réunir nos premiers balbutiements sur un même support, afin de leur donner une existence propre (si certains titres des "Promesses de l'Aube", notre premier EP, apparaissaient sur le split avec Merankorii, d'autres morceaux n'avaient jamais été pressés sur un disque). À la base, Rosarius n’aimait pas trop l’idée, car il jugeait – à juste titre – que ces ébauches ne faisaient pas honneur à Angellore. De mon côté, j’ai toujours été en admiration devant des groupes comme While Heaven Wept ou Draconian qui, avant d’enregistrer leur premier véritable opus, avaient publié une foule de démos et d’objets divers. J’aime ce côté underground, ces objets réservés aux collectionneurs, ces versions originales de morceaux appelés à bénéficier plus tard d'un bien meilleur traitement sonore. Nous avons donc donné le feu vert au label, Rosarius a écrit un titre ambient inédit pour agrémenter l'objet, et nous avons une nouvelle fois fait appel à notre ami Florent Castellani pour l’artwork et le mastering. Au final, cette réédition a été sold-out en moins d’un mois. Certes, ce n’était que 50 exemplaires, mais cela n’en fait pas moins le plus beau succès de ce petit label !

Ronnie : L'important c'est de pouvoir comparer comment les morceaux ont évolué d'une dimension atmosphérique à une dimension plus Metal. Et c'est ainsi que vous pouvez réellement percevoir l'évolution d'Angellore. D'ailleurs n'hésitez pas à nous donner votre avis et vos impressions entre les deux périodes, c'est toujours chouette de pouvoir comparer les réactions. Et le côté charmant et innocent de certains morceaux est terriblement touchant.

À quoi pourrons-nous nous attendre lorsqu'on découvrira Angellore en concert ?

Walran : Tout d'abord, il faudra s'armer de patience, car si le groupe espère bien donner des concerts dans un hypothétique futur, cela n'est absolument pas notre priorité du moment. Nous en reparlerons probablement après la sortie de notre deuxième opus... J'imagine quelque chose de très sobre, avec des chandeliers et des lumières profondes. Une mise en scène élégante et minimaliste, afin que les interprètes soient vraiment au service des morceaux et aident les spectateurs à voyager au gré des ambiances de la musique. J'espère que nous pourrons concrétiser tout cela un jour !

De quoi va être fait l'avenir proche ou plus lointain d'Angellore ?

Walran : Après avoir travaillé comme des forcenés sur ce premier disque, qui nous a pris des années, nous avons hâte de récolter les fruits de nos efforts. Nous sommes impatients de voir ce que les auditeurs penseront de notre musique et allons faire de notre mieux pour promouvoir ce disque que nous aimons si fort. Mais nous pensons déjà à l'avenir, puisque notre second opus est déjà presque entièrement écrit. Une fois "Errances" sorti, nous allons nous consacrer exclusivement à notre second disque, qui verra la musique d'Angellore prendre un nouveau tournant. Ce sera notre priorité et nous allons faire de notre mieux pour que les auditeurs n'aient pas trop à patienter pour découvrir nos prochains travaux !

Rosarius : Nous sommes très impliqués, actuellement, dans la création des futurs morceaux d’Angellore, en effet, et je ne peux pas m’empêcher d’ajouter qu’ils réservent de belles surprises.

Quel est votre meilleur souvenir lié à Angellore ? Et le pire ?

Walran : Quand je pense à Angellore, deux moments très intenses me viennent en tête. Tout d'abord, lorsque fin 2007, Rosarius et moi avons découvert le message MySpace du projet Merankorii, qui nous proposait de faire un split avec lui. Nous ne nous attendions absolument pas à ce que notre démo si naïve puisse attirer l'attention de qui que ce soit, et cela a été une sorte de révélation : nous n'étions pas les seuls à croire en Angellore ! J'ai également ressenti un tourbillon d'émotion quand j'ai entendu "Errances" entièrement mixé. Je n'arrivais tout simplement pas à réaliser que c'était nous qui avions accouché de ce disque. Une joie vraiment intense... Au rang des mauvais souvenirs, il y en a beaucoup liés à l'enregistrement d'"Errances", même si je suis parvenu à prendre plus de recul désormais. Je citerais notamment un week-end de studio annulé alors que j'avais réservé depuis des jours, que nous venions de choisir notre son de guitare et de contacter notre violoniste, qui avait pu se libérer exceptionnellement ce jour-là... Le producteur était malade, il a fallu reporter et décaler l'enregistrement d'un mois car Rosarius et moi étions encore pris par nos études. Ce délai m'a énormément coûté. Quand j’ai réalisé que ce week-end était fichu, je suis resté enfermé chez moi tout le week-end, littéralement déprimé. Avec le recul, cela me paraît puéril, mais lorsqu'on s'investit autant dans la création d'une œuvre, ce genre de décalage peut s'avérer frustrant au plus haut point.

Rosarius : J’ai beaucoup trop de bons souvenirs liés à Angellore pour les dire tous, même pour en choisir un seul. Quant au pire, c’est probablement le même que Walran. C’est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir faire avancer les choses alors qu’on est disponible et motivé !

Ronnie : Personnellement, le meilleur, c'est peut-être de m'être dit "ça y est, tu as trouvé un groupe avec qui tu partages 90% des goûts musicaux, pourtant si spécifiques". Le pire, c'est incontestablement la frustration de ne pas avoir pu jouer ce que je voulais et d'avoir dû simplifier quelques parties pour gagner du temps. Bref, quiconque a déjà fait du studio sait de quoi je parle.

Que pensez-vous de la scène Metal française actuelle ?

Walran : Personnellement, je dois avouer que je n'ai guère d'affinités avec cette scène. Il y a très peu de groupes français que je juge à la hauteur de ce que proposent les formations étrangères. Et puis chez nous, le metalcore est très à la mode et ce style ne me touche absolument pas... Heureusement, en doom mélodique, il y a quelques formations très intéressantes comme Ixion, Left In Torment, Inborn Suffering ou Lethian Dreams. J'apprécie aussi certains groupes de black metal, ou des formations comme Alcest ou Ataraxie. Mais globalement, je me tourne plutôt vers le reste de l'Europe pour faire des découvertes...

Rosarius : je suis également un grand amateur de groupes comme Ixion, dont l’album est splendide, Inborn Suffering, Left In Torment (chaque titre est un joyau) et Lethian Dreams. J’ajoute aussi Remembrance et Lux Incerta et, dans des styles différents, Wormfood et Ommatidia (avec des anciens The Old Dead Tree). La scène Metal française a vraiment d’excellents groupes dans ses écuries, et l’underground est un beau vivier ; on y trouve le pire, certes, mais aussi le meilleur. Mais de mon point de vue, c’est surtout la scène goth française qui est extraordinaire. Je ne suis pas chauvin pour deux sous, mais nous avons beaucoup de chance d’avoir chez nous des groupes comme Rosa Crux, pour ne citer qu’eux.

Ronnie : Dans le groupe, nous avons deux sujets de discorde. Le premier c'est que Walran est fan de Kiss, et ça je ne comprends pas, je dirais même que c'est inacceptable ! Et le second c'est la scène Française. Je le dis, pour moi c'est l'une des meilleures. Nous avons une majorité de groupes exceptionnels : Alcest, Kronos, Deathspell Omega, Hacride, Adagio, Celeste, Dark Sanctuary, Seth, Aabsinthe, Year Of No Light, Verdun, Birds In Raw, tout récemment The Great Old Ones, même dans le pseudo neo comme Eths ou comme le furent Tripod, Psykup, The Old Dead Tree, ou encore dans d'autres styles, Justice, Daft Punk, Birdy Nam Nam, etc. Je peux continuer cette liste pendant des heures, mais même si il n'y a aucune couverture médiatique il y a une multitude de groupes aussi différents qu’exceptionnels qui créent une complémentarité dans notre scène.

Qu'écoutez-vous en ce moment ? Avez-vous dernièrement pris une grosse claque avec un album ?

Walran : J'écoute beaucoup de metal, notamment du pagan/viking metal, mais aussi du heavy mélodique et du doom. Dans les sorties récentes, j'ai beaucoup apprécié le second disque des Islando-allemands d'Arstidir Lifsins. Les trois premiers morceaux de l'album sont tout simplement des bijoux de pagan metal ! Dans un registre plus proche du nôtre, le disque que j'ai le plus écouté cette année est probablement le dernier The Foreshadowing. Je le recommande à tous les amateurs de doom/gothic metal de qualité !

Rosarius : Comme toujours, le nouvel album de Dernière Volonté, "Mon Meilleur Ennemi", m’a rendu complètement fou. À chaque sortie, c’est la même hystérie. Je n’écoute plus rien d’autre, ça tourne incessamment dans ma tête, c’est comme une drogue… avec le temps, heureusement, la dépendance s’apaise… mais pas l’admiration. Sinon, j’ai adoré le dernier album d’Artesia ("Wanderings"), et côté Metal, Lethian Dreams, Eye Of Solitude (Funeral Doom très atmosphérique), le double album de Moonspell, et le bonbon goth rock/metal de SadDolls, "Happy Deathday".

Ronnie : J'écoute peu de nouveautés car en général j'écoute les albums que j'ai en retard, j'achète et j'empile, du coup là j'ai encore une trentaine d'albums à écouter, plus ou moins récents, et ce sans réelle distinction. Sinon, ces derniers temps j'ai énormément écouté l'album de The Great Old Ones ; je vous conseille vraiment d'y jeter une oreille, mais aussi TOUS les Dream Theater, mais ça, ça fait des années, tout comme Draconian ou Saturnus. La dernière véritable baffe, ça a été une découverte au Summer Breeze cette année : Obscure Sphinx, je vous conseille juste de taper ce nom et d'écouter, ce groupe est EXCEPTIONNEL.

Je vous remercie pour cette interview et vous laisse le mot de la fin !

Walran : Merci du fond du cœur pour cette interview... J'espère que beaucoup de lecteurs auront envie de nous donner une chance... La musique d'Angellore, j'en suis persuadé, peut convaincre un auditoire plus large que les simples amateurs de doom metal. Je prie donc pour que les lecteurs d'Aux Portes Du Metal aient envie de nous découvrir ! Merci encore de nous avoir donné une chance de présenter notre œuvre.

Ronnie : Vraiment merci à toi, et merci à toi lecteur qui t'es tapé toute cette looooongue interview. N'hésitez pas à nous faire des retours (positifs ou négatifs), nous aimons partager notre passion. Je terminerai en disant : Buy it, steal it, trade it but spread the word.


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