Auspex

Interview date

5 Décembre 2010

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Pierre-Yves, Alexis (par téléphone)


A cause des critiques que vous avez eues sur le premier album, aviez-vous une légère crainte de ne pas être à la hauteur avec "Heliopause" ?

Pierre-Yves : Oui, effectivement. Quand on a fait le premier album, on était très contents, mais on ne pensait pas que l'album allait plaire à ce point. Du coup, quand on s'est rendu compte que l'album plaisait, on était très surpris d'une part et puis, même si on était très contents, on s'est dit que ça allait être la galère pour le second.

Alexis : Qu'on allait nous attendre au tournant.

Pierre-Yves : Oui, voilà ! Au final, on n'a pas vraiment de recettes pour comment bien faire les choses, on s'est dit qu'on allait essayer de faire les choses au mieux et adviendra ce qu'il adviendra.

Quels étaient et sont encore vos objectifs avec "Heliopause" ?

Pierre-Yves : Nos objectifs, c'était de faire un pas en avant par rapport à "Resolutio", c'était de faire exister une musique que nous pensons un peu plus mature. Dans nos têtes, musicalement, on a l'impression d'avoir évolué, donc on voulait matérialiser cela. Et puis on voulait continuer à faire de la musique, faire des scènes. On ne s'est pas dit "quels sont nos objectifs ?", c'est venu naturellement. Enfin, on a quand même eu des objectifs musicaux ! On voulait évoluer par rapport à "Resolutio", c'est-à-dire faire quelque chose de plus personnel, moins speed metal symphonique, se détacher des influences qu'on a eues au début du groupe.

Je sais que pour le premier album, vous étiez deux pour la composition et trois pour l'écriture des paroles. Comment cela s'est-il déroulé cette fois ?

Pierre-Yves : Cette fois-ci, j'ai été tout seul pour la compo. Ceci étant, en amont, Alex et Elodie m'ont fait part de leurs souhaits. Alex a par exemple écrit un texte avant une compo. On a beaucoup échangé. Ensuite, quand les textes ont été écrits, les chansons ont encore été un petit peu arrangées.

Mais justement, quand tu as composé Pierre-Yves, est-ce qu'il t'est arrivé de te dire que des fois, tu partais dans des choses peut-être trop complexes pour l'auditeur et tu as donc revu ton travail pour le rendre plus accessible ?

Pierre-Yves : C'est assez compliqué parce que ça remonte et je ne m'en souviens plus trop. Mais mon seul critère c'est qu'il faut que ça plaise à tous les membres du groupe. Si ça plait, c'est bon. De manière générale, c'est mon seul critère. Et il y a d'ailleurs des choses qui n'ont pas plues et qu'on n'a pas gardées. Donc on peut dire qu'on n'a pas fait de concessions à ce niveau là. On ne s'est pas dit "ça c'est trop prog, trop difficile. Il faut mille écoutes et ça ne va pas plaire" ou quoi que ce soit.

Et combien de temps ce travail vous a-t-il pris ?

Pierre-Yves : Alors en fait, il y avait des choses que j'avais déjà composées avant "Resolutio", que j'ai récupérées et que j'ai retravaillées. Et puis plein de choses que j'ai faites après. En gros, en moyenne, si on devait coller tout bout à bout, je pense que je dirais deux ans quand même !

Comme on en a parlé tout à l'heure, on a noté une évolution musicale, par contre, dans le visuel, l'univers reste assez proche de ce qu'il y avait sur le premier. Quel genre de message vouliez-vous faire passer à travers cette pochette qui évolue, mais sans marquer un tournant décisif ?

Alexis : Justement, comme tu l'as dit, pour l'instant ce sont deux albums composés par la même personne, le dernier uniquement par Pierre-Yves, et le précédent aussi par Pierre-Yves mais aussi par Guillaume, l'ancien guitariste. Donc on reste dans une atmosphère qui va être naturellement la même entre les deux albums. Et puis malgré les évolutions, on voulait boucler quelque chose avec le deuxième album. "Heliopause" étant l'évolution naturelle de "Resolutio", ça nous paraissait pertinent de continuer le concept au niveau du visuel. D'autant plus que Nicolas Freychet, celui qui nous fait tous les dessins de l'artwork, avait encore pas mal de choses et d'idées par rapport à ce que nous lui avions soumis comme textes et comme musiques. Du coup, on est resté sur la même thématique pour cet album là. Après, dans le futur, est-ce qu'on va rester dans la même thématique, ça dépendra de comment va évoluer le groupe, est-ce qu'on va continuer avec le même schéma ou est-ce qu'on va évoluer vers quelque chose de différent ? Est-ce que tout le monde entrera dans la composition ? Pour l'instant, on ne sait pas encore. L'artwork est directement lié à la façon dont est créé un album.

Pierre-Yves : On trouvait ça sympa. Et puis on s'est dit que les deux albums étaient liés, c'est inévitable et donc on s'est dit qu'il fallait l'accentuer sur l'artwork. Et puis il y a d'autres aspects, des petites choses communes entre les deux albums, un peu comme un "driptyque" si je puis dire ou quelque chose comme ça. Par exemple, il y a les pantins qui reviennent, le nombre de titres, la durée de l'album... Peut-être un peu le climat général, avec la chanson d'introduction, la dernière qui est un peu plus longue, un peu instrumentale...

Et puis la dernière qui porte aussi le nom du premier album !

Pierre-Yves : La dernière chanson ne reprend en fait que des éléments du premier album. On les a réécrites bien sûr, mais il y a bien cinq ou six chansons de "Resolutio" qui ont servi à faire la chanson "Resolutio". Donc du coup, on s'est dit "pourquoi ne pas l'appeler Resolutio ?".

Mais ce n'est pas un concept que vous pourriez développer pour le futur ?

Alexis : Alors ça, on ne sait pas ! Ce n'est pas exclu qu'on fasse la même chose pour le prochain. On verra !

Dans cet album, on retrouve de l'anglais, du français, mais aussi du japonais. C'était important pour vous d'exposer un mélange de cultures et d'influences ?

Alexis : En fait sur "Resolutio", on avait déjà quelques petits éléments de japonais. Le Japon est un pays qui nous passionne tous à peu près, et plus particulièrement Elodie qui est très fan de "japonisme ". Et du coup, elle avait envie de chanter en japonais sur cet album. Et vu qu'elle avait pris des cours et qu'elle avait une prof super sympa, elle a pu travailler les paroles avec sa prof et faire "Setsunaki Tabi" qui est entièrement en japonais. Ensuite, pour le mélange anglais-français, on avait quelques paroles en français pour le morceau "Resolutio". On s'est dit que ça serait un petit clin d'oeil, pour changer un petit peu, pour marquer notre origine française au cas où l'album s'exporte.

Et justement, l'album s'exporte un petit peu ? Vous avez eu des retours de l'étranger ?

Pierre-Yves : En fait, on a des retours des ventes en France mais on n'a pas de retours des ventes à l'étranger. On sait qu'il y a des étrangers qui achètent notre album, mais on ne sait pas au niveau du label quelle distribution on aura à l'étranger.

Alexis : Au niveau des webzines, le buzz internet fait que l'album a connu une portée internationale grâce à internet. Il y a des webzines étrangers qui demandent des promos pour des chroniques, des forums étrangers parlent de l'album. Donc à ce niveau-là, on a une visibilité autour de la France. On nous trouve sur des sites pirates étrangers.

Quand vous avez formé Auspex en 2001, 2002, qu'est-ce que vous imaginiez pour le groupe, que ça se passe comme ça ou peut-être ne pas continuer dix ans après ?

Pierre-Yves : A l'époque, on débutait et on pensait que ça irait beaucoup, mais vraiment beaucoup plus vite. Alexis : On était jeune ! Pierre-Yves : On était jeune oui, on ne savait pas du tout comment ça marchait et on se disait que ça irait beaucoup plus vite. Puis avec l'excitation passée, on s'est rendu compte que non, ça ne marchait pas comme on le pensait et aujourd'hui, on est très heureux d'être là où on en est et on espère aller encore plus loin bien sûr.

J'ai vu que vous aviez été sélectionnés pour la compil Des Filles Et Des Riffs. Comment s'est passée cette sélection ?

Pierre-Yves : On ne s'en souvient plus exactement ! (Rires). Alexis : C'est un large panel de groupes à chant féminin, ça réunit la "communauté" de groupes à chant féminin. On a dû proposer un morceau qu'ils ont dû apprécier. Pierre-Yves : Et c'est carrément flatteur !

A part la sortie de ce deuxième album, quel est l'évènement marquant de 2010 pour Auspex ?

Pierre-Yves : Je pense que c'est le concert acoustique qu'on a fait pour la sortie de l'album. Alexis n'était pas là pour la sortie, amis on voulait faire un concert, faire un évènement. On s'est dit que vu qu'il n'était pas là, on allait faire un concert à effectif réduit et tant qu'à faire, proposer autre chose. Donc on a trouvé un bar sympa dans Grenoble avec un piano et une petite scène et on a proposé un concert où on a réarrangé pas mal de morceaux de "Resolutio" et d'"Heliopause" pour effectif réduit et pour de l'acoustique. Il y avait donc Elodie au chant, Arthur et Lionel aux guitares acoustiques, Fred n'avait pas de batterie mais des percu et moi qui était au piano même si, pour un morceau, j'ai joué au synthé. Et ça s'est super bien passé. On a eu des retours sympas, le bar était plein et les gens étaient enthousiastes. Donc je pense que c'est ça l'évènement, en dehors de la sortie d'"Heliopause", qui nous a le plus marqué.

C'est le genre de choses que vous voudriez reproduire à l'avenir ?

Pierre-Yves : Oui ! Ce n'est pas prévu pour l'instant, mais on va essayer de refaire ce truc-là. Je ne sais pas quand, mais on va essayer.

Est-ce qu'en 2011, vous allez partir sur les routes pour présenter "Heliopause" ?

Pierre-Yves : On essaye de monter une petite tournée en avril-mai. Donc si ça se fait, on présentera effectivement "Heliopause", pas partout en France mais on partira quand même en tournée, dans quelques villes. Et peut-être à l'étranger aussi !

Tu disais que votre concert acoustique, vous le faisiez dans un bar, ce sont des lieux où vous vous produisez beaucoup, ou c'est assez rare et vous jouez plutôt dans des petites salles ?

Pierre-Yves : On n'a pas encore eu de possibilités de jouer dans des salles comme ça. Cela nous arrive parfois, et on est très contents, mais on joue essentiellement dans des bars. On n'a pas encore assez de notoriété pour faire des grosses salles. Peut-être que notre musique ne plaît pas aux programmateurs, mais on aimerait bien !!

Peut-être plutôt en première partie !

Pierre-Yves : C'est clair que même en première partie on aimerait bien !!

Quelle est votre vision de la scène musicale française en cette fin d'année 2010 ?

Pierre-Yves : Alors, personnellement, malheureusement, j'ai de moins en moins le temps de m'investir dans la scène française actuelle. Donc, ça fait un bout de temps que je n'ai pas vu de concert et j'espère y revenir très bientôt. Mais on est très pris par nos boulots, Auspex, la famille...

Alexis : On n'est pas non plus fermé sur ce qu'il se passe, tout le monde ne reste pas bloqué chez lui. Certains d'entre-nous font pas mal de concerts. Et c'est vrai qu'au niveau du metal, du rock en France, on a vraiment de quoi faire ! Le problème, c'est peut-être qu'on a souvent le sentiment qu'il n'y a pas assez de place donnée à une scène qui est très riche mais pas représentée ou encouragée.

Pierre-Yves : Heureusement, il y a plein de petites asso qui font bouger les choses. Cela devient de plus en plus dur, mais ils se bougent quand même et il y a pas mal de concerts ou de productions qui sont super intéressantes.


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