Carnal Lust

Interview date

07 Mai 2012

Interviewer

fifi59

I N T E R V I E W

Interview L. Chuck D. (par mail)


Salut Chuck, merci d'accorder cet entretien au webzine auxportesdumetal.com. Peux-tu nous présenter les membres de Carnal Lust ?

Salut à toi et à tous tes lecteurs. Carnal Lust est un groupe composé de cinq musiciens, dont Ludo à la guitare (membre fondateur), Jérôme à la batterie (membre fondateur), mais également nos deux nouvelles recrues que sont Kyrcnos à la basse, qui nous vient du Black Metal, et Rémi à la deuxième guitare, qui nous vient lui des mouvements plus extrêmes comme le Brutal Death et le Grind. Ha, j'oubliais... J'officie bien entendu derrière le micro et ce depuis moult années.

Pourquoi avoir appelé le groupe Carnal Lust ?

Rien de bien complexe en fait, il s'agit ici d'un hommage au Death Metal suédois par la reprise d'un titre de Centinex sur l'album « Reflections », sorti en 1997.

Quel est le parcours de la formation depuis sa création ?

Le groupe s'est formé en 1998 et a commencé sous la forme d'un trio composé de trois amis. Je n'étais pas chanteur de la formation à cette époque et c'est Nickro qui a entamé la carrière de Carnal. Comme tout jeune combo, il a fallu passer par la case des démos et la première a vu le jour en 2001, sous le titre « Human Die ». Un léger frémissement plus tard et la deuxième devient très rapidement un EP, au doux nom de « Prepare Your Soul » qui pousse son premier cri en 2002 et apporte notre premier contrat discographique chez Diamond Prod, depuis disparu. Grâce à l'effervescence créée par cet enregistrement, Carnal entre immédiatement en Studio avec le désormais célèbre Francis CASTE, pour donner naissance à son premier album, « Whore of Violence », qui sera également la dernière trace vocale de Nickro. En effet, juste après la sortie de cet opus, et malgré des premières parties aussi prestigieuses que Vader et consort, la voix de Carnal s’éteint à jamais dans un silence moribond, en tuant quasiment dans l’œuf sa création. C'est à cette période que je rejoins les deux membres fondateurs. Nous avons immédiatement donné une suite au premier album en marquant mon intronisation au chant par l'intermédiaire d'un mini quatre titres « Rebirth in Hate », toujours chez Diamond Prod. Je passerai sur les sempiternels changements de line-up qui accompagnent la vie d'un groupe pour ne me focaliser que sur l'essentiel : la musique. Il nous aura fallu quatre longues années pour offrir un véritable successeur à « Whore of Violence », et c'est en 2008 que « Dawn of the Hatred » prend vie chez Thundering Records. Malheureusement, Seb décède quelques mois plus tard et Laurent revend son Label à Pervade Productions. Nous ne le savions pas encore mais ce changement de propriétaire aura des conséquences plus que néfastes pour nous. Depuis le début de l'histoire de Carnal, nous avions toujours eu affaire à des passionnés de musique et nous nous retrouvons face à un gestionnaire. Sans lui, notre nouvel album aurait pu voir le jour il y a deux ans déjà, mais de fausses promesses en fausses déclarations, il a usé et sapé le moral de nos troupes. Nous avons laissé beaucoup de compagnons et d'amis sur le bord de notre chemin, car la passion et la patience s'usent avec le temps et le manque de moyens. Une stricte vision mercantile et financière de la musique a bien failli mettre un terme à notre carrière. Mais nous avons tenu bon et sommes restés sous la forme d'un trio pendant de longs mois. Nous revoici désormais sous la forme d'un quintet avec un nouvel album.

Comment définirais-tu la musique de Carnal Lust ?

Assez simplement en fait, du Death Metal ! Nous y avons apposé le terme "Abyssal" pour faire référence au côté Old School de notre musique, nous sommes l'enfant bâtard des vagues suédoises et américaines du début des années 90.

Avez-vous des influences spécifiques au sein du combo ? De quels groupes vous sentez-vous proches ?

Il est très difficile de répondre de manière unilatérale à cette question, car même si nous revendiquons notre côté Old School, nous ne nous reconnaissons dans aucune formation. Je n'aurais pas la prétention de dire que nous avons ré-inventé un style, loin de moi cette idée, mais nous n'avons aucune barrière. Nous avons dépassé les stéréotypes et nous laissons complètement aller sans pour autant chercher référence. La preuve en est que nous avons toujours eu au sein de la formation des musiciens issus de courants musicaux très différents, et c'est encore le cas aujourd'hui. Attention, nous sommes fiers d'appartenir à la branche du Death Metal, mais il serait trop réducteur de dire que tel ou tel groupe nous influence plus ou moins qu'un autre.

Je trouve que "The Hate Complete" se bonifie au fil des écoutes, il se dévoile peu à peu. Je le trouve puissant et varié, les styles s'entrechoquent (Death, Thrash, Heavy, Black). Et au sein du groupe, êtes-vous pleinement satisfaits de ce nouvel opus ?

Avant toute chose, merci. "The Hate Complete" reste l’œuvre la plus complexe, la plus aboutie de toute notre carrière désormais longue de quatorze années. Mais l'onanisme ne fait pas parti de mon caractère, je ne m'auto-satisferai jamais d'un album. Je suis très fier de cet opus, mais je pense qu'être pleinement béat de sa propre création est un frein à cette dernière. Le fait de toujours vouloir améliorer les choses permet d'avancer, un enregistrement est la trace indélébile d'un moment T qui ne se répétera jamais. Ta technique progresse, ton niveau de composition s’améliore, tes envies changent et c'est tout cela qui te permet d'avancer. Le jour où je perdrai cette capacité à aller de l'avant, je pense que je stopperai net ma carrière. Malgré tout, je suis comblé de voir ce que nous avons été capable de créer au regard des conditions dans lesquelles nous avons su le faire.

Quel a été le processus de composition de l'album ?

Extrêmement complexe et douloureux. Cet album nous a demandé deux ans de travail acharné. En premier lieu, nous avons immédiatement choisi d'écrire un concept-album, et pour ce faire, nous avons pris la voie la plus alambiquée. J'ai d'abord écrit un pitch que j'ai soumis à Ludo et Jérôme, puis je l'ai prolongé par un scénario et enfin des textes. Une fois les huit premiers écrits mis sur papier, nous nous sommes réunis à plusieurs reprises et nous sommes partis d'un principe de fonctionnement novateur pour nous. En effet, chaque manuscrit suscite une émotion particulière et nous avons décidé de retranscrire cet émoi dans notre musique. Il s'agit d'un exercice inhabituel puisqu'il fallait faire correspondre la musique à une émotion provoquée par un texte et non l'inverse comme nous avions pris l'habitude de le faire. Enfin, arrivés au terme de ce premier chapitre, nous avons intégré nos deux nouveaux partenaires et avons voulu les faire participer de manière active à ce recueil. J'ai donc écrit quatre textes supplémentaires, correspondant à un nouveau chapitre de l'histoire. Et nous avons recommencé le processus mais cette fois-ci à cinq. Comme je te le disais plus haut Carnal Lust a finalement toujours été un trio autour duquel des musiciens sont venus se greffer. Là encore, je ne dis pas que nous ne formons pas un véritable groupe, mais nous avons survécu à tant de changements, alors que je suis quasiment certain que le combo ne survivrait pas au départ d'un de nous trois.

Peux-tu nous narrer l'histoire de "The Hate Complete", qui est un album concept ?

L’histoire commence dans un cimetière où un père marche vers la tombe de son fils aîné, enterré le matin même. Dans un acte de désespoir, il creuse la terre encore fraîche afin de déterrer la dépouille de son enfant. Il sépare ensuite la tête de ce dernier du reste de son cadavre. Il emmène ce crâne dans son antre afin de procéder à des rites océaniques ancestraux lui permettant de lire les souvenirs de sa progéniture par une décoction de son encéphale. Il découvre alors avec effroi le visage de chacun des meurtriers ayant participé au massacre et les reconnaît. Il part, déambulant dans les rues, armé de plusieurs lames et implore ses Dieux de lui donner la force, le courage et la volonté d’assouvir sa vengeance. Et le carnage commence…

Le son de l'album est puissant, équilibré. Comment s'est déroulé son enregistrement ?

En un mot chaotique ! Andrew GUILLOTIN du Hybreed Studio a fait preuve d'une patience exemplaire, sans lui je ne pense pas que « The Hate Complete » ait pu voir le jour. Il est encore une fois le sixième membre non officiel, nous ne nous voyons pas travailler avec quelqu'un d'autre que lui. Nous espérons que cette sortie va enfin éclairer son talent de producteur et qu'il en tirera les bénéfices qu'il mérite.

Comme pour Inner Madness, de No Return, groupe au sein duquel tu officies également, ton chant est très varié (clair, death, hurlé... avec diverses variations). Comment as-tu appréhendé le boulot sur les vocaux au sein du concept ?

Je suis un autodidacte à la base, mais rapidement je me suis découvert des limites techniques à mes envies. J'ai donc pris contact avec David FERON d'Inside the Scream (http://www.insidethescream.com/) qui m'a fait l'honneur de me prendre comme élève. C'est grâce à lui que j'ai pu échapper au carcan technique qui me limitait. Ma route à ses côtés n'est pas terminée et j'espère rester en sa compagnie pendant encore longtemps tant il m'apporte. Comme je l'ai déjà exprimé, il s'agissait sur cet opus de transmettre des émotions, et une voix monocorde n'aurait pu correspondre au concept. Je suis rentré dans la peau et les os de chaque personnage, j'ai pris possession de leurs âmes et ai tenté de retranscrire du mieux que j'ai pu la douleur, la colère, la frustration, la haine et tout ce qui peut transparaître lors de tels événements. Nous savons pertinemment que ce choix artistique nous apportera son lot de critiques, mais nous assumons complètement cette option. Et pour être encore plus clair, j'emmerde tous ces guetteurs du Net qui passent leur temps un clavier au bout du doigt sans jamais avoir rien fait d'autre pour la musique que la télécharger de manière illégale en vomissant leur bile putride sur les musiciens qu'ils prétendent soutenir. Et pour être tout à fait complet, j'ai également pu combler un fantasme sur cet enregistrement en chantant en duo avec l'un de mes vocalistes préférés, en l’occurrence Mick, de DESTINITY.

Justement, en parlant de ce groupe, as-tu des nouvelles fraîches de Destinity ?

Oui, je te confirme avoir des nouvelles de l'avancée de leur futur album. Maintenant, je n'ai pas entendu la moindre note et je ne me permettrai pas de donner des informations sur un autre groupe que le mien. Je respecte énormément Destinity et de ce fait, je me refuse à diffuser quoi que se soit à leur sujet, sauf ceci : « Je n'en peux plus d'attendre ! »

Et concernant spécifiquement Mick, as-tu écouté l'album de Melted Space ("From The Past"), sur lequel il incarne Lucifer ?

Bien entendu. Sans rien te cacher, je me suis porté acquéreur dans un premier temps uniquement pour entendre la prestation de Mick, mais je voulais également soutenir ce projet car je trouve qu'il s'agit ici d’une excellente idée. Cela démontre qu'il existe une réelle scène française avec de vraies qualités intrinsèques. Après, je trouve que l'étendue vocale de Mick est extraordinaire, et cet album n'échappe pas à la règle. Mon désir serait qu'il y ait un deuxième opus sur lequel je sois invité, surtout que je suis très proche géographiquement de Pierre Le Pape.

D'autres invités sont-ils présents sur "The Hate Complete" ?

Oui, je te confirme qu'il y a d’autres invités sur l’album. Dans un premier temps, nous pouvons parler de Mike, du groupe Yorblind, dans lequel j'ai exercé jusqu’à mon intronisation dans No Return, qui a effectué tous les soli en dehors de ceux Ludo et Rémi bien entendu. C'est une collaboration et une amitié de longue date, comme quoi il est possible de quitter un groupe dans de très bons termes. Ensuite, nous avons Declan, qui est venu faire une petite voix sur l'introduction de « Vixit ». Nous avions besoin d’une voix d'enfant et il a très bien rempli son rôle. Nous sommes tous fiers de lui, car réussir à enregistrer juste, à onze ans, ce n'est pas donné à tout le monde.  

Qui s'est occupé de l'artwork de "The Hate Complete" ?

Pour être honnête, notre rêve était de mettre en image le concept présent sur notre nouvelle offrande. Mais nous n'avions pas les moyens financiers d'un tel projet. Nous nous sommes donc entourés de trois passionnés afin d'assouvir nos envies. Dans un premier temps, c'est LC Graphiste (lc.graphiste.free.fr) qui s'est occupé de la pochette et de ses dérivés informatiques comme le site, ensuite nous avons fait appel à Anthony DUBOIS (www.anthonydubois.fr) pour mettre en image nos visions sanglantes. Et pour finir, nous avons décidé de mettre à votre disposition une BD dans le livret. Oui, nous avons poussé le concept jusqu'au bout en proposant un format inédit dans lequel textes, musiques et images sont indissociables pour comprendre l'histoire et ses dérives. C'est bien l’œuvre la plus complexe que nous ayons eu à réaliser, et nous avons refusé de confier cela au premier venu. C'est Guillaume TIRET (guillaumetiret.canalblog.com) qui a pris en charge la conception et la réalisation des dessins. Il possède un talent et un coup de patte fantastique. Tout ceci combiné donne un album où l'interactivité est réelle. Bien entendu, tu peux écouter la musique seule, mais pour comprendre l'histoire tu dois t’asseoir, prendre le livret en main et partir en voyage avec nous.

Comment perçois-tu l'évolution de Carnal Lust depuis ses débuts jusqu'à "The Hate Complete" ?

Je pense que l'âge aidant, nous nous sommes bonifiés. Ludo et son coup de poignée de bûcheron sont toujours présents, mais il a su évoluer vers des sphères bien moins Underground pour atteindre cette apothéose sonore qui le démarque aujourd'hui. Jérôme a également progressé vers un style moins blaster, plus aérien mais tout aussi violent. Je suis simplement heureux de cette évolution et d'avoir parcouru tout ce chemin avec eux.

A l'instar de No Return, Carnal Lust arrive chez Great Dane Records. Comment le choix du label s'est-il effectué ? Comment se déroule la collaboration ?

Pour être exact, c'est Carnal Lust qui a ouvert le bal. Notre signature avec Great Dane Records est antécédente à celle de No Return. L'origine de ce partenariat est le fait d'une rencontre. Suite à la déconvenue avec notre ancien Label, nous étions dépités par le monde de la finance qui avait pris la pas sur la création artistique. Puis Geoff et Raph sont arrivés dans nos vies, portant avec eux un message d'espoir : La Passion existe encore ! Nous n'avons pas pu résister à ces sirènes et avons fait le choix de partager notre route avec eux.

A quoi s'attendre lorsqu'on va voir Carnal Lust en concert ?

Bien que dans un premier temps notre musique puisse sembler plus mélodique, nous restons barbares sur scène. Je ne vois pas d'autre définition à t'offrir.

De quoi va être fait l'avenir proche ou plus lointain de Carnal Lust ? Des concerts avec sur la même affiche No Return et Carnal Lust sont-ils envisagés ?

L'avenir de Carnal Lust n'est plus entre nos mains ! Désormais c'est le public qui choisira de nous suivre ou pas. Quand aux concerts communs entre No Return et Carnal Lust, cela me paraît fort peu probable. Dans un premier temps parce que ces deux formations n'ont pas grand chose en commun. Même si effectivement j'officie dans les deux formations, tu ne retrouveras jamais la voix principale de No Return sur une composition de Carnal Lust. L'affiche ne pourrait être envisagée que dans le cadre d'un festival, sinon elle n'aurait pas grand sens. Et dans un deuxième temps, je ne suis pas Mike Muir, et le fait d’enchaîner les sets n’est probablement pas à ma portée. Mais il ne faut jamais dire jamais !

Quel est ton meilleur souvenir lié à Carnal Lust ? Et ton pire ?

Mon meilleur souvenir reste à venir je l'espère, quand à mon pire... Le rachat de Thundering tout simplement !

Qu'écoutes-tu actuellement ? Quels albums tournent en boucle dans ta platine CD ?

J'ai des goûts très éclectiques, je passe allègrement de Grégory Lemarchal et Lara Fabian à WhiteChapel et Engel. Et pour ne rien te cacher sur les dernières sorties de cette année, j'use allègrement sur ma platine les derniers Withdrawn et Vallenfyre, et j'attends avec impatience les futurs Supuration, Mercyless et Destinity.

Merci pour cette interview Chuck, je te laisse le mot de la fin !

Merci à vous tous de nous avoir soutenus pendant toutes ces années et à bientôt sur les routes.


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