Dallas Frasca

Interview date

08 Février 2012

Interviewer

Didier, Evanessa

I N T E R V I E W

Interview Dallas Frasca (par mail)


Dallas est un prénom plutôt inhabituel, d’ou vient-il ?

Ma mère a toujours été une originale et je crois que ce prénom lui a tout simplement plu. Je pense qu’avoir un prénom original comme celui-ci est plutôt utile lorsqu’on doit choisir un nom de scène : ) Le travail est déjà fait, ha ha !

Pour le moment, nous ne vous connaissons pas très bien en France, peux tu nous présenter le groupe ?

Jeff (Jean François, un prénom français, haha) et moi nous jouons ensemble depuis sept ans maintenant. Nous avons tous les deux commencé à jouer en duo dans le style plutôt roots et blues, en utilisant des instruments Bluegrass/Country et puis nous nous sommes naturellement orientés vers le rock’n roll. Nous avons vécu sur les routes trois ans pendant notre tournée en Australie. Là-bas, nous avons joué dans des tas d’endroits différents, y compris dans les plus gros festivals (où il y avait parfois plus de 650 concerts). Et puis nous avons décidé qu’il était temps d’améliorer nos compositions et d’ajouter du rythme à notre musique. Nous avons donc recruté un batteur il y a quatre ans, et nous sommes à présent très fiers de jouer avec le très doué Sam Lukeis.

Dans ma chronique, j’ai fait référence à des musiciens tels que Janis Joplin, Beth Ditto mais aussi Patti Smith et Led Zeppelin, c’est un mélange assez original, vous reconnaissez-vous dans ces influences ? Y en a–t-il d’autres que vous souhaiteriez ajouter ?

Je suis une grande fan de Led Zeppelin, mais qui ne l’est pas??? Ce sont les plus grands, ils sont passés maîtres dans leur art. C’est Betty Davis qui m’a donné confiance en moi et qui m’a donné la volonté de devenir la femme que je suis et que je veux être. Elle était forte, solide, créative et libre, elle est unique. J’aime beaucoup Beth Ditto et Janis Joplin, mais je ne connais pas vraiment la musique de Patti Smith, il est peut être temps de combler cette lacune ! : )

Avant "Sound Painter", vous aviez déjà enregistré plusieurs albums, peux tu nous en parler et nous dire pourquoi ils ne sont pas sortis en Europe ?

Notre premier EP, "Learn Your Routes" (2006) est disponible mondialement sur iTunes et via notre site web www.dallasfrasca.com. Cet EP a été notre premier enregistrement en tant que duo, pour Jeff et moi, et il nous a permis de gagner le concours 'Light Your Fuse', organisé par la radio Triple J en Australie. Notre premier album "Not For Love Or Money" a eu beaucoup de succès en Australie et nous en sommes très fiers car nous l’avons enregistré par nos propres moyens, grâce à ma propre maison de disque. L’album "Spank Betty Records" (disponible en ligne sur www.dallasfrasca.com) nous a permis de remporter le 'Music Oz Artist Of The Year' en 2010 et il est arrivé dans le top 10 des albums roots de l’année 2010 dans le classement de la radio Triple J (l’équivalent Australien de Oui FM). "Sound Painter" est notre deuxième album et il est sorti en Europe le 28 Janvier 2013.

Et parmi tous vos enregistrements, "Sound Painter" est celui que vous avez choisi de sortir en France, et mondialement. Pourquoi cet album et pourquoi maintenant ?

Nous avons longtemps cherché les bonnes personnes avec qui travailler et nous avons attendu le bon moment pour sortir un album mondial. Et nous sommes très heureux d’avoir finalement trouvé une maison de disque en France, qui est comme notre famille. Elle se trouve à Paris et s’appelle Verycords.

J’ai beaucoup aimé cet album, c’est un concentré de force et d’énergie, comment s’est passé l’enregistrement ?

Nous avons enregistré l’album entier en live et en six jours avec le producteur Australien Andy Baldwin (Bjork, Cat Empire, Living End) à Brooklyn, New York. Nous n’avons pas beaucoup modifié l’enregistrement original. Nous devions faire sept kilomètres à vélo chaque jour, de notre logement jusqu’au studio, et c’était la même chose pour le retour le soir. Pour nous, ce fut un vrai dépaysement, entre Melbourne et Manhattan, de Footscray à Soho, c’est ce qui nous a inspirés et qui nous a permis de créer tout ce que nous voulions. Nous exprimons toute cette assurance sur l’album. Nous n’y avons enregistré aucune piste rythmique, nous voulions qu’il ait un pur et vrai son rock. Tous les sons de guitare, de batterie et la majorité du chant ont été enregistrés en live, sans quasiment aucun ajout ou retouche de son par la suite, et la plupart des chansons ont été enregistrées en une ou deux fois. Il n’y a pas de basse dans cet album, juste Jeff et moi qui nous affrontons à grand coups de riffs et slabs gargantuesques, armés de nos deux Les Pauls et nos amplis Fender Silvertone 1960.

Qui s’est occupé de la composition ?

Ce fut un travail de groupe, c’est moi qui m’occupe principalement des arrangements, mais nous avons travaillé en équipe afin de produire notre son. Finalement, c’est comme si l’univers lui-même nous avait réunis au moment idéal, car nous étions tous prêts à travailler dur et à partager nos idées, et personne n’a eu la folie des grandeurs… Tout ce que nous voulions c’était enregistrer un putain de bon album, qui serait apprécié et écouté par les futures générations !

Quels sont les sujets de vos chansons en général ? Et qui écris les paroles ?

Dans le groupe, c’est moi qui écris toutes les paroles, ce sont des histoires qui parlent d’amour, de rupture, d’obstacles à surmonter, du courage nécessaire pour les affronter et des victoires de la vie.

Il n’y pas de bassiste dans votre groupe ni de son de basse dans votre album, pourquoi ?

Si vous écoutez nos morceaux vous verrez qu’on n’a pas besoin de basse, ça déchire grave !!!

J’ai découvert que tu as une très belle voix, et pourtant tu la modifies. Est-ce parce que tu la préfères ainsi ?

Pour moi, l’important dans l’art c’est de chercher le bon équilibre entre les sentiments que l’on ressent et de trouver le ton juste pour les exprimer, avec ou sans effets ajoutés.

J’ai beaucoup aimé certaines de vos chansons, comme "Anything Left To Wonder", qui ont un petit côté blues, cela fait-il aussi partie de vos influences?

Quand j’avais douze ans, j’ai découvert le film "Crossroads' (musique de Ry Cooder), J’ai été tellement époustouflée par la musique dans ce film que j’ai absolument voulu découvrir d’où venait toute cette musique blues… Pour la première fois, j’ai séché les cours et j’ai regardé ce film treize fois dans ma chambre. J’ai ensuite découvert des artistes tels que Robert Johnson, et tous ceux qu’il a lui-même inspirés : Eric Clapton, Les Rolling Stones, Les Red Hot Chili Peppers. J’ai aussi découvert les nombreux grands chanteurs de soul et de blues du passé.

J’ai aussi adoré "Ain’t No Fury", le dernier titre de l’album, quelle belle ballade ! Quelle histoire raconte-t-elle ? Cela semble très personnel.

J’ai écrit cette chanson pour ma meilleure amie, afin de raconter comment elle a su me soutenir pendant une période difficile de ma vie, elle est restée à mes côtés pour m’épauler. Je me souviens qu’après avoir enregistré cette chanson à New York, je suis partie en vacances pendant un mois en Inde avec elle. Nous étions dans un petit café, dans une région assez reculée de l’inde, il y avait une chèvre à mes pieds, une vache à ma droite et ma meilleure amie assise à ma gauche. Il pleuvait, et cela nous a pris environ sept heures pour télécharger "Ain't No Fury", à cause de la mauvaise qualité de la connexion internet. Quand nous avons finalement pu l’écouter, nous avons pleuré toutes les deux, car cette chanson compte vraiment beaucoup pour nous.

Actuellement vous êtes en tournée pour cet excellent album, et vous avez sept concerts prévus en France. Comment cela s’est-il décidé ? Est-ce la première fois que vous jouez en France ?

En 2012 avec notre chanson, "All My Love", nous avons obtenu la troisième place à l’ISC : International Songwriting Competition (plus de 16,000 participants, jugés par Ozzy Osbourne, Tom Waits, Jeff Beck, Tori Amos et de nombreux autres). Cela nous a donné une visibilité mondiale auprès des agents et des promoteurs. Nous avons été invités à jouer au Cognac Blues Passions en 2009 dans le sud de la France. Cela a été un merveilleux festival et nous sommes restés en contact avec de nombreux amis. Cela nous a permis d’apprendre à connaître et à aimer la France et depuis cette époque, notre amour pour ce pays n’a fait que grandir.

Vous jouez dans plusieurs petites salles, est-ce plus confortable pour vous ? Aimez-vous être proches du public ?

Pour moi c’est très important d’être proche de mon public. Je crois que pour notre première tournée au Royaume Uni, en France et en Suisse, c’est mieux de commencer à jouer dans de petites salles ou des petits clubs avec un public restreint ( 300 personnes ou plus), afin de mieux apprécier l’effet de notre musique sur les gens. La plupart de nos concerts ont été complets assez rapidement, ça nous étonne vraiment de voir que beaucoup de gens viennent de très loin pour nous voir sur scène. Quand on pense par exemple au club CBGB, un des plus importants tremplins pour les groupes de rock, c’est là que les Ramones, Blondies et plein d’autres ont commencé. Ce genre d’endroit est un must pour les groupes qui débutent.

On raconte que vous êtes de vraies bêtes de scène, peux-tu nous dire pourquoi ? Pourquoi, selon toi, doit-on venir vous voir en concert ?

Nous balançons de gros riffs bien lourds, nous jouons du rock australien avec des percussions tribales. Lorsque j’interprète mes chansons, ma poitrine se déchire pour dévoiler mon cœur. On ne peut pas mentir au public, les gens le sentent immédiatement. Dans le groupe nous voulons avant tout être sincères. Jeff est gaucher et il joue sur une guitare de droitier, peu de guitaristes sont capables de jouer comme il le fait !

Par exemple, j’ai vu des photos incroyables ou on te voit jouer de la guitare avec Jeff sur tes épaules, jouant lui aussi de la guitare. C’est fou, vous ne devriez pas plutôt inverser les rôles ?

HAHA... Après avoir écouté nos morceaux, tu devrais savoir que nous ne sommes pas un groupe banal, tout peut arriver à un concert de Dallas Frasca. Quand l’adrénaline est à son maximum, la musique prend le dessus…

J’ai aussi remarqué que, sur votre site, vous avez une page pour la France, pourquoi faire spécialement une partie en français ? Vous croyez qu’on est vraiment incapables de comprendre l’anglais :-) ?

Je pense que c’est important de respecter la culture et la langue des pays. Comme en ce moment nous nous produisons en France, nous avons pensé que ce serait sympa de proposer quelque chose d’un peu différent. Nous essayons de notre mieux d’apprendre cette belle langue, mais nous sommes très lents, haha.

Nous sommes très heureux que vous soyez en France, je n’ai malheureusement pas pu vous voir sur scène car vous n’avez pas de concert prévu dans le Sud-Est de la France. Comment cela s’est–il passé jusqu’à présent ? A Paris par exemple, comment étaient l’ambiance et le public ?

Notre concert à Paris était complet, il y avait une énergie et une vibration incroyable dans la salle. Je suis actuellement à Alençon et je viens d’apprendre qu’il ne restait que trois places disponibles pour notre concert de ce soir. Le public français est vraiment incroyablement réceptif à notre musique ; j’adorerais m’installer en France un jour, peut être même y composer un album ou deux. L’histoire de ce pays est si riche, ça me fascine.

J’ai appris que vous alliez repartir en Australie après ce voyage en France et en Suisse. Vous avez peur d’avoir le mal du pays ? A moins que cela ne soit la nourriture française qui vous effraie ? Ou la peur de mourir de froid ?

Nos compagnons et nos amis nous manquent vraiment beaucoup, notre passion pour la musique et pour l’Europe nous réconforte tout de même assez. Il y a deux végétariens dans le groupe (moi incluse) alors nous profitons avec plaisir de la découverte d’un tas de fromages ! MIAM ! Nos hivers en Australie sont très froid mais je dois dire que c’était très romantique de voir la neige tomber dans une grande capitale comme Paris (nous ne voyons la neige que dans nos montagnes). <3

Cela signifie-t-il que nous ne vous reverrons pas dans les festivals d’été européens ? Il y en a plusieurs qui vous conviendraient parfaitement.

Nous avons des annonces très excitantes à faire au sujet des festivals d’été européens, ce sera pour très bientôt alors gardez un œil sur notre site!! :)

Avez-vous une plus grande tournée de prévue après cela ?

Au mois de Mars nous serons en tournée en Amérique du Nord, puis nous rentrerons en Australie en Avril/Mai. Ensuite nous repartirons en tournée début Juin au Canada, après ce sera le Royaume Uni et l’Europe en Juillet. Le mois d’Aout sera consacré aux festivals.

Quels sont les projets à venir pour toi et le groupe ?

Notre projet pour les mois d’Avril et de Mai c’est d’écrire un tout nouvel album.

Dallas, merci beaucoup, un dernier message pour nos lecteurs ?

Nous sommes très honorés d’avoir la chance de partager du rock Australien qui déchire grave avec les gens merveilleux de France ! x


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