I N T E R V I E W

Interview Fred Mansuy (par mail)

Question habituelle : qui es-tu Fred ?

Alors, qui je suis... donc Fred, j'ai trente-deux ans, originaire des Vosges. Cela fait seize ans que je fais de la musique, principalement de la guitare, j'ai aussi joué de la basse de temps en temps. J'ai fait partie de plusieurs groupes qui ont bien tourné, en particulier 157, un combo pop-rock avec lequel j'ai fait mes meilleurs concerts. Après, je suis parti en Bretagne achever mes études, j'ai été dans quelques groupes. J'ai notamment été jouer à Bruxelles. A côté de ça, je suis photographe, et je ne manque pas une occasion d'aller en concert avec mon appareil. Je commence à avoir une bonne collection de photos metal.

D'où est partie cette idée de faire le Symphonic Metal Breizh Festival ?

C'est un projet qui me tenait à coeur depuis longtemps. A force de photographier des groupes, on noue des liens, on rencontre des gens formidables, et on se dit que ce serait dommage de ne pas les faire jouer tous ensemble en même temps. Lorsque j'ai perdu mon emploi, je me suis jeté à corps perdu dans cette aventure. Sans compter qu'il y a peu d'événements consacrés au metal symphonique en France, et aucun dans l'Ouest. C'était une lacune que je voulais combler.

Comment as-tu convaincu les groupes de venir se produire à Mauron ?

Je connaissais au préalable quatre des formations qui sont venues, soit en support de Kells (Ellyose et Stamina), soit pour les avoir vus plusieurs fois en concert (Sainte Ombre). Pour Asylum Pyre, je les avais rencontrés lors de leur date rennaise avec Sainte Ombre au Mondo Bizarro. On a beaucoup d'amis communs - notamment Pierrick qui a assuré le son, Ann-Soazig de Wilya, Séb Rabaud qui a fourni les lumières... Pierrick m'avait recommandé le groupe d'un de ses camarades de promotion de la M.A.I., une école de musique située à Nancy de renommée mondiale, Moon Whispers. Justine, la chanteuse de Ellyose, m'avait proposé Whyzdom, et finalement, Vynce m'a proposé Naos. Pour Whisperium, c'est Muriel qui m'a proposé de leur offrir leur première scène. Les premiers à qui j'en ai parlé, c'est Sainte Ombre, qui ont tout de suite accepté.

On ne peut pas vraiment dire que les groupes présents faisaient du metal breton ou même symphonique (comme on l'entend au sens général avec de grandes orchestrations et des choeurs), alors pourquoi ce nom ?

A la base, vu que Kells, puis Whyzdom étaient prévus, sans compter Adrana et que leur style est orienté symphonique, le nom était tout trouvé. Et c'est tout de même paradoxal que les groupes dans le style symphonique aient rarement un orchestre et/ou des choeurs. Par contre, en ce qui concerne le metal « breton », ce sera soit dans le pagan (metal à sabot), le death ou le black. Ce qui marche bien en ce moment dans l'Ouest, c'est le doom, et à mon sens, c'est ce qui va attirer le plus de monde. Quelques bons groupes, et ça peut faire une soirée tout à fait acceptable.

Comment as-tu travaillé sur le fest, entre le moment où tu as eu l'idée et le moment où le fest s'est déroulé, c'est à dire le 12 novembre dernier ?

Cela s'est fait en deux temps : tout d'abord, commencer à trouver les groupes, j'avais également contacté Wilya, Adrana, rencontrés lors de concerts de Kells, mine de rien, de faire de la photo de concert, on rencontre du monde. Kells, bien entendu. A côté de ça, j'avais rejoint Argantal Productions peu avant le Metal Breizh Fest 3. On a fait des choses ensemble, cependant, on n'a pas la même vision. A force de côtoyer des professionnels et des groupes renommés, et pas que dans le sympho, on attrape des réflexes, on apprend quelles sont les règles du jeu. Je ne jette la pierre sur personne.

Quel bilan tires-tu du festival ?

Mitigé. Le bilan est bon si on considère la technique, les futurs concerts entre groupes qui se sont rencontrés, et tous les contacts pris pour faire tourner des groupes. Mauvais si on considère la fréquentation, mais c'est à relativiser, vu les concerts de la semaine - Deep Purple à Rennes le 9, Napalm Death en même temps - et aussi un certain désintérêt pour les concerts, il est de plus en plus dur de mobiliser le public, on a toujours LA bonne excuse pour ne pas venir. Trop loin, on ne connait pas les groupes, on travaille le lendemain... il suffit de penser à Emeric de Asylum Pyre qui est venu de Paris pendant le fest pour jouer, et qui est reparti après, parce que travaillant le lendemain. Sans compter que si on ne va pas aux concerts, comment découvrir les groupes ? Les CD, c'est une chose, mais sur scène, c'est là qu'un groupe va faire une vraie différence, voire prendre une ampleur autre. Sainte Ombre, par exemple, beaucoup avaient trouvé le CD mou et finalement, on changé d'avis après les avoir vu sur scène. Si on devait annuler un événement sous prétexte qu'il y en a un autre, il n'y aurait plus rien.

Si tu devais refaire le fest, est-ce que tu referais tout de la même manière ?

Je ne pense pas changer la salle, par contre, j'aurais passé plus de temps sur le financement et les partenaires, voire même faire appel à un organisateur rôdé pour un tel événement.

Maintenant que le fest est passé, comment qualifierais-tu la prestation de chaque groupe ?

Ils s'en sont tous bien tiré, chacun à leur manière, malgré les tracas. J'espère par exemple que Whisperium ne gardera pas un trop mauvais souvenir d'ouvrir le festival, c'est d'autant plus dur lorsqu'il s'agit de son premier concert. J'ai été impressionné par Moon Whispers et Naos que je découvrais sur scène, je trouve que Asylum Pyre a vraiment progressé, les autres ont vraiment été excellents.

l y a eu quelques problèmes de son lors des différentes prestation. Comment expliques-tu cela, problème de salle, de matos etc. ?

Pour ce qui est du son, Pierrick découvrait le matériel, et les balances ont été annulées pour une raison que j'ignore, j'étais à Rennes avec la navette. Mon ampli m'a lâché deux jours avant le fest, et je n'ai pas pu l'emporter. Pierrick et Marion on eu la tâche ardue, et au final, on s'en est pas mal sorti. Nicky aussi a apporté beaucoup, son expérience de chanteur a énormément apporté.

Tu prévois de faire une seconde édition ?

Pourquoi pas, mais à un moment plus propice, dans un climat plus apaisé. Mais il y a de fortes chances que je ne retente pas l'expérience.

Et as-tu envie de monter d'autres festivités de la sorte ou dans un autre registre ?

Monter ce fest m'a apporté beaucoup d'une part, mais beaucoup accaparé de l'autre, trop. Peut-être participer au montage d'un événement, mais plus autant que pour celui-ci. Il y a aussi quelques groupes que je compte faire tourner, Heroes Die First et Ezechiel Son, Abrasis, et si ça marche, pourquoi pas continuer sur cette voie.

Que peut-on te souhaiter pour la suite de ta carrière au sein de la musique ?

Déjà, que ça colle avec Wilya, de pouvoir reprendre une guitare après m'être cassé les deux bras en même temps, en quelque sorte prendre une revanche sur le sort, et surtout, ne jamais perdre le goût de la musique. Grâce au fest, j'ai pu renforcer des liens que j'avais déjà, et en tisser d'autres. Juste vivre ma passion du métal, pouvoir continuer à faire de la photo et de la guitare, c'est tout ce que je demande.

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