Manu Livertout, Kermheat

Interview date

Avril 2010

Interviewer

yanng

I N T E R V I E W

Interview Manu Livertout, Kermheat


Salut Manu & Kermheat, merci de bien vouloir nous accorder cette interview croisée pour le webzine http://www.auxportesdumetal.com/

Manu, quoi de neuf depuis la sortie de "The Sweet Path" ?
Est-ce que les chroniques et les différents retours t'ont permis de nouvelles ouvertures ?

Manu : Des nouvelles ouvertures un petit peu, des concerts comme aujourd'hui. Je vais faire la première partie de Motorhead le 31 juillet à Guitar En Scène. Ce qui est intéressant, c'est que toutes les chroniques ont vraiment été très bonnes donc ça fait plaisir.

Kermheat, comment t'appelles-tu dans la vraie vie ? Tout le monde te connait sous le nom de Kermheat, mais quel est ton vrai nom ?

Kermheat : Je m'appelle Ferdinand Autocrate. Kermheat, c'est un anagramme de Ferdinand Autocrate mais avec pas les mêmes lettres.

Manu, as-tu des projets parallèles ?

Manu : Oui, il y a Boydamon T avec Jean Bisello et François Gay qui vont jouer ce soir avec moi. Il y a aussi Guillaume Bideau au chant et Amen Viana à la seconde guitare. C'est entre funk/rock/hip-hop etc... J'ai Sticky Sweet qui est anciennement Bloody Mary, on prépare l'album pour le début de l'année prochaine. Le style, c'est du hard-rock des années 80 influences Skid Row, Guns, bien rock n' roll. Sinon, avec Kermheat et Jérémy Bares, on a un groupe qui s'appelle Happy Three Friends et on prépare l'album, ça prend un peu de temps mais il va sortir. On essaye de l'enregistrer pour qu'il soit sorti à la fin de l'année pour le salon de la musique fin Novembre. Sinon, j'ai Dust Of Rock qui est un groupe de reprise avec Guillaume Bideau au chant encore et j'ai un groupe de country qui s'appelle Will Pupper Band qui est un groupe belge, donc pas mal de taf !

Kermheat, quoi de neuf depuis Humanchico ?

Kermheat : J'avais fait un DVD. Et depuis, je viens d'enregistrer un album de toute beauté où d'ailleurs Manu est invité dessus pour jouer un petit solo de derrière les fagôts. Et c'est un album concept.

Et il conceptualise quoi ?

Kermheat : C'est un truc de malade. J'ai acheté une boite à rythmes que j'ai payé 20 euros sur Internet. C'est une vieille Yamaha MR10 je crois et en fait un jour, je commençais à faire mes nouveaux morceaux et puis je vois le carton de ma boite à rythmes dans ma pièce qui me fait une sorte de clin d'oeil et qui me dit "viens par là, viens par là, viens voir". Du coup, je me dis "tiens, j'ai acheté ça". C'est bien beau d'acheter des trucs si on en fait rien. Je me suis dit : je vais faire un album avec cette boite à rythmes. Donc j'ai frotté mes mains... Cette boite à rythmes a une particularité : elle est très vieille, elle est mono et ... elle ne sait faire que 12 rythmes différents. Donc j'ai composé 1 morceau avec chaque rythme, donc ça fait 12 morceaux. Ce sont des longueurs tout à fait raisonnables jusqu'à saciété (clin d'oeil à Manu), 4 à 5 minutes. Et c'est génial (rires).

Au niveau du style, c'est quoi ? du Steve Vai ? du Buckethead ?

Kermheat : Ah non, c'est du Kermheat ! C'est vraiment... je crois que personne n'a jamais entendu ça (rires). Hein Manu ? Je lui ai fait écouter dans la voiture et des fois, il se demandait "tiens, c'est un camion qui a klaxonné ? ...", non c'est dans le morceau !

Ca sort quand et chez qui ?

Kermheat : Je le fais en autoproduction, sur mon site Web évidemment et sur iTunes dans le monde entier car maintenant nous sommes tous égaux devant les MP3 (rires). L'album sort début mai, première quinzaine.

Et il s'intitule ?

Kermheat : "See You Spoon". Ca veut dire : "à bientôt petite cuillière" (rires). Je tiens à dire une petite anecdote. Au MAI, Andy Timmons était venu et au moment de partir, je lui dis "See You Spoon" - il m'a regardé et il m'a fait "ah ok, see you fourchette". J'ai beaucoup aimé, c'est un gars qui a beaucoup d'humour. C'est un album un peu concept, je me suis imposé les rythmes de la boite à rythmes, je me suis retrouvé à jouer sur des rythmes samba, tango, des swings jazz de boites à rythmes qui groovent la mort.

Et si on compare à un album concept de Dream Theater, ça raconte quoi au niveau l'histoire ?

Kermheat : Par rapport à un album de Dream Theater, y a aucune mesure à s'y méprendre, c'est que du 4/4 qui file tout droit (rires) à part un morceau sur lequel il y a une petite surprise mais je n'en dis pas plus. C'est une ballade... que les amoureux pourront danser pour commencer en préliminaires et finir en faisant l'amour. C'est vraiment un morceau fantastique (rires).

Manu, ce soir, Alex Masi a annulé, donc vous devez assurer le concert avec Kermheat. Vous allez jouer quoi et combien de temps ?

Manu : Kermheat va jouer trois quarts d'heure ses morceaux de son premier album puisqu'il a pas eu le temps de préparer son nouvel album.
Kermheat : Oui, j'ai pas eu le temps de préparer mes nouveaux morceaux car ils sont en plein mastering en ce moment. (rires). Y a mes hommes de nain qui travaillent, douze morceaux donc douze nains.

Kermheat, on parlera des nains à la fin de l'interview, notamment de ta photo sur ton site Web avec Mimi Mathy.

Manu : Ensuite, on va jouer une heure quinze, y aura quelques reprises dans le style d'Hendrix sur lesquelles je vais essayer de m'efforcer de chanter.

Kermheat, la presse te compare souvent à Buckethead et dit que tu es le Buckethead français. Que penses-tu de la comparaison mis à part qu'il a un cornet de KFC sur la tête et que tu es branché poney ?

Kermheat : Je sais pas. Les gens qui connaissent un petit peu ma musique vont se rendre compte que ce que je fais n'a rien à voir avec Buckethead. C'est surtout du Steve Vai, du Satriani, des trucs comme ça. Sur scène, je me comporte de façon nonchalante, j'ai des poneys autour de moi, je fais beaucoup le con. Un peu comme Buckethead peut le faire sur scène avec ses poulets. Aussi, Buckethead a fait quelques albums sur lesquels le fond était de la musique électronique, y a vraiment ce mélange qui fait que l'on peut se comparer. Sinon, guitaristiquement, mis à part des écarts de doigt qui peuvent correspondre (rires)... mais je tiens à dire que je suis le plus grand fan de Buckethead en France. Même si je n'ai jamais joué ses morceaux, je suis influencé par ce qu'il fait. Et je tiens à dire "je t'aime Buckethead" parce qu'hier, sur ton site, tu as marqué que tu étais malade et que tu disais au revoir à tout le monde et je pleure ! C'est une nouvelle qui m'a un peu attristé donc ce soir, je vais jouer en son honneur (rires).

Manu et Kermheat, est-ce que vous ne pensez pas être trop cantonnés dans un registre prof de guitare/shred et pas assez pris en considération dans la presse généraliste métal, ce qui est un peu restrictif ?

Manu : Un petit plus maintenant, y a tous les webzines de métal.
Kermheat : Moi, ma musique mélange vraiment plein de trucs, ça mélange aussi bien la musique électronique que le shred, que le métal, que le jazz (rires) car je suis un grand jazzeux (rires). Par exemple, sur YouTube, j'ai plein de gens qui viennent écouter ma musique et qui n'écoutent pas de métal. Pour Steve Vai, c'est pareil, c'est souvent les guitaristes qui aiment aller le voir en concert.
Manu : C'est vrai que la presse l'interprète toujours comme le truc instrumental, le truc pour guitariste. Mais ça existe depuis toujours.
Kermheat : Moi par contre, la presse métal parle jamais de moi car c'est pas du tout hard-rock, c'est très musique électronique. Quand tu écoutes Steve Vai, y a pas le côté boite à rythmes derrière. Je me rappelle avoir fait des petits festivals où des teufeurs se collaient la tête dans les enceintes pour l'électro. C'est pour ça que j'ai jamais eu d'articles dans les Rock Hard ou trucs comme ça... Ma musique sort un peu des sentiers battus où se trouvent les sangliers (rires).
Manu : Ce qui est marrant, c'est que quand tu joues devant un public qui n'est pas venu pour de l'instrumental, ça prend, il se passe quelque chose. Y a toujours une appréhension du genre "l'instrumental ça va être chiant" et au final, tout le monde adore. Mais bon, quand tu vois les ventes de Satriani aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir avec les ventes qu'il a eu avec "Surfing With The Alien". Même Vai, ce sont pas des mecs qui marchent monstrueux. On entend beaucoup parler d'eux parce qu'ils ont fait plein d'autres choses avant. Regarde Vai, il a été avec David Lee Roth, avec Zappa, donc ça lui a permis d'avoir un nom.
Kermheat : Ce sont des mecs qui ont déjà fait une carrière. On peut pas nous comparer, on a pas une grosse maison de disque derrière pour la promo, on est pas mis sur le devant de la scène. Par exemple, tu prends Richie Kotzen, y a plein d'élèves à l'école (MAI) qui connaissent pas ces gens là, ils connaissent Steve Vai, Satriani mais dès que tu commences à creuser les guitaristes moins connus, ils connaissent plus.
Manu : Et en plus, on est en France, donc ça aide pas. C'est la même chose pour les groupes de métal en général. J'en connais pas un qui arrive à vivre de ça.

Kermheat, tu as fait un hommage à Sim quand il est décédé. Pourquoi n'as tu rien fait pour la mort de Patrick Topaloff ? Une reprise de "j'ai bien bu, j'ai bien mangé" ?

Kermheat : (commence à chanter) "J'ai bien mangé, j'ai bien bu"... Attention tu as inversé ! Non mais attends, là tu m'auras pas ! (rires) J'en ai pas fait car je fais jamais des hommages à des artistes qui commencent avec la lettre T (rires), je peux pas.

Kermheat, question relative à ton site Web. Les "stars" avec qui tu poses, est-ce de l'humour au premier ou au quatrième degré ?

Kermheat : Non, je pense que ces jours là, il devait faire 20 degrés (rires), c'était juste de la réalité. De vrais photos au vingtième degré parce qu'il faisait 20 degrés, y avait la clim, on était bien (rires).

Kermheat, tu poses avec Mimi Mathy sur ton site. A quand ta participation dans "Joséphine Ange Gardien" ?

Kermheat : Je me suis proposé, ils vont me contacter bientôt dès qu'il y aura un rôle où il y aura besoin d'un guitariste hors du commun. C'est prévu, c'est dans les tuyaux. Les scénaristes, ce sont des équipes d'une vingtaine de mecs qui préparent des scénarios... C'est incroyable mais vrai (rires). Moi, je vous conseille de regarder "Joséphine Ange Gardien", c'est un truc de ouf. Je tiens à dire que la photo avec Mimi Mathy est sans trucage. Y a des gens qui vont sur mon site Web, qui me voient avec Steve Vai, ça les chagrine un peu. Pareil avec Dimebag Darrell. Et puis, ils me voient avec Mimi Mathy et là ils commencent à penser "peut-être bien que toutes les photos sont fausses". On peut être en photo avec Dimebag Darrell mais avec Mimi Mathy, on commence à se poser des questions. Et quand on me voit avec K-Maro, c'est encore pire. K-Maro, je lui ai donné mon disque, il était content (rires). Je lui ai dit "si tu as besoin d'un guitariste un jour" (rires). C'est pour ça qu'ils m'aiment pas dans les magazines de métaux.

Et n'oubliez pas : "l'emmental vaincra" (rires) ! Ah pardon le metal !