Korpiklaani

Interview date

11 Janvier 2011

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Jarkko Aaltonen (par téléphone)


C'est votre quatrième album avec un titre en finnois, tout comme les chansons. Est-ce que l'anglais ne correspond plus à Korpiklaani ?

(Hésitant) Nous n'avons pas pensé tant que ça à ça. C'est l'une des choses à laquelle nous n'avons jamais vraiment pensé. Nous ne pensons pas vraiment au genre d'album que nous allons faire, quelle langue nous allons utiliser. Cette fois-ci, c'est arrivé comme ça pour le fait qu'il n'y ait que du finnois. Notre ancien label par exemple, nous demandait d'avoir plus de morceaux en anglais. Mais maintenant, avec Nuclear Blast, nous sommes libres. Et pour cet album, quand tous les morceaux étaient prêts à être enregistrés, quand on a choisi les morceaux qu'on voulait enregistrer, nous avons contacté le label en leur disant que nous avions un petit problème, que toutes les chansons étaient en finnois. Et ils ont dit que ce n'était pas un problème et donc nous avons enregistré l'album. C'est comme ça que ça s'est passé cette fois-ci, et maintenant, toutes les chansons sont en finnois, mais cela ne signifie pas que sur le prochain album, il n'y aura pas de chansons en anglais.

Mais même si vous ne l'aviez pas prévu, pour toi, est-ce que le finnois est plus respectueux que l'anglais pour les légendes dont vous parlez dans vos chansons ?

C'est vrai. C'est vraiment mieux de le faire comme ça. Je pense que ça colle mieux à la musique et à l'atmosphère. Et nous pensons aussi que musicalement, ça correspond mieux que l'anglais. Mais comme je l'ai dit, cette fois, c'est en finnois, on verra ce qu'il se passe sur le prochain.

Quelles pourraient être la traduction de ce titre et sa signification ?

En fait, ce n'est pas vraiment traduisible. Cet Ukon Wacka a des noms différents selon les régions de notre pays. Et c'est une fête ancienne. C'était un sacrifice païen pour le dieu suprême. Ils espéraient avoir un beau temps, de bonnes récoltes pour l'été entre autres. C'était la partie la plus importante et c'était vraiment une fête païenne, incluant beaucoup de boissons et une espèce de grand banquet libre.

Tu sais, Tuomari Nurnio n'est pas vraiment connu en France. Peux-tu nous présenter cet invité que vous avez sur l'album ?

En fait, Tuomari n'est pas un prénom. Tuomari, ça veut dire "juge" comme dans un tribunal. Maintenant, il est juge... Enfin, il ne travaille pas vraiment comme un juge... Enfin bref... Il a soixante ans et il a fait une grande carrière en Finlande. Il fait beaucoup de choses différentes. Il a toujours fait son propre truc. Il est respecté par quasiment tout le monde dans le monde de la musique finlandaise. Cela n'a pas d'importance que tu sois dans le heavy metal ou dans le jazz, peu importe, tout le monde le connait. Il est vraiment apprécié et respecté.

C'est la seule raison pour laquelle vous lui avez demandé de chanter sur cet album ?

Non, en fait nous avions une démo de cette chanson, et quand Jonne a chanté la démo, il a fait une blague disant "est-ce que vous réalisez que ça sonne comme du Tuomari Nurnio?". Et c'est devenu une blague entre nous et un mec qui avait déjà travaillé avec lui. Je crois qu'il s'était occupé du mixage ou de l'enregistrement ou quelque chose comme ça.Donc finalement, nous lui avons tout simplement demandé s'il voulait chanter sur cette chanson et ensuite, Tuomari Nurnio nous a dit "envoyez-moi la démo et quelques albums que je puisse me mettre dans le bain.". Et il vraiment apprécié alors... Et il vient avec nous maintenant. Nous allons donné quelques concerts pour la sortie de l'album, donc nous allons jouer avec lui. Et nous allons aussi jouer certaines de ses chansons.

"Beer, Beer", "Vodka" et maintenant "Tequila"... On dirait que c'est devenu une tradition maintenant. Est-ce parce que vous avez réalisé que cela faisait plaisir à vos fans ou parce que vous aimez tout simplement avoir ce genre d'hymnes que tout le monde peut chanter lors de vos concerts ?

Non, on n'a pas vraiment pensé à ça. La chanson "Tequila" a été écrite comme un hommage à nos fans d'Amérique du Sud. C'est plutôt une manière de rendre hommage aux gens qui vivent là-bas. C'est d'ailleurs un peu différent de ce qu'on a fait avant. Il y a quelques nouveautés techniques, nous avons utilisé des rythmes et des instruments différents.

Mais ces morceaux sont aussi vos singles ou utilisés pour des clips. Pourquoi ?

Oui, mais ça, c'est toujours du ressort de notre label. On n'a pas vraiment notre mot à dire à ce sujet.

Alors, quels sont les nouveaux instruments que vous avez utilisés pour ce nouvel album ?

En fait, nous avons pris une direction plus lourde (rires). On a préféré utiliser une guitare-baryton, une guitare à sept cordes. Et nous avons aussi utilisé, quel que soit le nom, une sorte de mandoline baryton. Comme une mandoline, mais bien plus grosse. Et sur le morceau "Tequila" nous avons des instruments traditionnels du Mexique... L'utilisation qu'on en a fait n'est pas vraiment traditionnelle, mais on les a quand même utilisés.

Tu ne joues que de la basse au sein du groupe. Essayer de jouer un autre instrument, comme des instruments folk ne t'intéresses pas ?

J'ai des flûtes à la maison par exemple, et j'en joue. Mais il n'est pas prévu que j'en joue sur les albums du groupe. Et de toute manière, je ne peux pas en jouer à cause de la basse.

Pour cet album, avez-vous cherché de nouvelles légendes finlandaises pour les paroles ?

Non, non, je ne crois pas que nous ayons cherché quoique ce soit ! (Rires). Je pense que les textes ne sont pas si anciens que ça ou inspirés par de vieilles légendes. C'est plus en rapport avec des histoires finlandaises plus modernes.

Même si toutes vos paroles n'en parlent pas forcément, la majorité de vos textes sont basés sur les légendes, mais aussi l'alcool et les femmes. Avez-vous déjà pensé à écrire sur autre chose ?

Non, je ne pense pas que nous ayons pensé à ça. Mais le fait est que nous ne réfléchissons pas vraiment à ce que nous écrivons ! (Rires). Nous faisons fondamentalement ce que nous voulons faire, et ensuite, à la fin, on voit ce que ça donne.

Sur l'édition limitée de l'album, on retrouve une reprise, celle d'"Iron Fist" de Motorhead. Pourquoi avez-vous choisi cette chanson ? Car on imagine pas vraiment Korpiklaani jouer du Motorhead !

Le fait est que Matti et Jonne écoute Motorhead. Pour nous tous, c'était le meilleur groupe du monde quand nous étions adolescents. Et ça l'est toujours d'ailleurs. A la base, nous avons eu cette idée quand nous tournions au Royaume-Uni, il y a quelques années. Nous étions déjà allés à Londres quelques fois, mais c'était en quelque sorte notre première tournée au Royaume-Uni où nous avons donné sept ou huit concerts. Nous avions cette idée d'y faire quelque chose de spécial. Comme Motorhead vient d'Angleterre, nous avons décidé de faire cette reprise là-bas. Et Matti a dit "Faisons Iron Fist !". Nous avons alors pensé qu'il fallait que nous jouions Iron Fist à chaque concert que nous ferions là-bas. Et après cela, nous l'avons enregistrée. Et comme nous avions besoin d'une chanson en plus, et que nous savions comment la jouer, nous avons opté pour qu'elle soit sur l'album.

Est-ce que vous pourriez reprendre d'autres morceaux dans le futur ?

Non, on ne peut jamais dire que l'on fera ceci ou que l'on ne fera pas cela. La raison est que nous ne savons vraiment pas ce que nous allons faire la prochaine fois.

Vous travaillez très rapidement entre deux albums, parce que sept albums en sept-huit ans, ça fait beaucoup ! Penses-tu que votre créativité puisse s'exprimer totalement ou bien que vous pourriez tester de nouvelles choses si vous preniez plus de temps ?

Je ne sais pas. C'est comme ça qu'on travaille. Je ne pense pas que les albums seraient différents ou même meilleurs si nous prenions plus de temps. Et pour nous, c'est une chose normale. Et pour le groupe, c'est super de travailler comme ça. Si tu prends Iron Maiden ou tous les groupes avec lesquels nous avons grandit, ils ont toujours sorti des albums tous les ans. Si on repense aux premiers albums d'Iron Maiden, ils ont tous été sortis en cinq ans et ce sont des classiques, donc... Donc le temps n'a pas d'importance !

J'ai lu que vous aviez changé votre manière de travailler lors de la composition. Écrivez-vous toujours les paroles avant la musique ou avez-vous encore changé votre mode opérateur ?

Non, au début, c'était toujours la musique d'abord puis ensuite les paroles. A présent, on s'en fiche en fait ! Donc, maintenant, c'est vraiment différent et on est ouvert à tout.

Donc vous vous sentez plus libres quand vous composez...

Oui, et plus expérimentés. Cela nous est plus facile à faire. On se sent mieux quand on écrit maintenant. Et nous ne savons plus travailler autrement, c'est toujours comme ça qu'on travaille.

Depuis 2006, on voit toujours le même personnage, mais dans des situations différentes. Quel est l'importance de ce personnage, accompagne t-il visuellement les mélodies ?

En fait sur les deux premiers albums, ceux de Shaman, nous avions pris l'habitude d'utiliser un ancien logo sur les pochettes. Mais ça ne suffisait plus au groupe. Donc nous avons décidé d'avoir quelque chose en plus de cela et nous avons pris la décision de créer ce vieil homme que l'on voit sur toutes les pochettes. Il y a toujours le logo qui est à peu près le même.

Oui, d'ailleurs, je l'ai cherché sur la pochette mais je ne l'ai pas trouvé !

Eh bien en fait, moi-même je ne sais pas où il se trouve ! (Rires) Et c'est vrai !

Vous allez de nouveau tourner avec le Pagan Fest. N'avez-vous pas peur de vous enfermer dans ce genre de structure pour concerts ?

Je suis sûr qu'une tournée comme celle-ci est une très bonne opportunité pour un groupe. Là, nous revenons tout juste d'une tournée avec Eluveitie qui s'est très bien passée et qui était très bonne, et nous discutions justement du fait que ça soit meilleur que le Pagan Fest. Mais... Je pense que c'est la même chose pour tous les groupes. Je ne sais pas à combien de Paganfest nous avons déjà assisté, mais généralement, c'est à peu près les mêmes groupes qui y jouent. On verra ça, mais pour le moment nous n'avons pas à nous plaindre. Par exemple, nous devons jouer devant des fans d'Unleashed et ces personnes ne seraient pas là si nous étions le seul groupe à nous produire. On a donc la chance grâce à ça de toucher un nouveau public et c'est la même chose pour tous les groupes qui y participent.

Comme nous parlons de concerts, vous sortez votre septième album, mais il n'y a toujours pas de DVD. Est-ce quelque chose que vous prévoyez de faire ?

Oui, tout à fait. Nous y avons pensé plusieurs fois. Nous avons enregistré et filmé des concerts. Nous avons décidé de sortir ce nouvel album avant un DVD. Nous avons filmé deux concerts en Allemagne l'an dernier. C'était au Wacken Open Air festival et ensuite un concert acoustique que nous avons aussi donné en Allemagne. Nous travaillions sur le DVD, puis malencontreusement, quelqu'un a détruit les enregistrements des concerts... Donc on a déjà essayé !

Si tu devais conseiller quelqu'un qui veut découvrir le groupe, quel album préconiserais-tu ?

(Hésitant) Je crois que je lui conseillerais le nouveau... Je ne sais pas ! Certaines personnes pensent que nous jouons toujours la même musique, que nous faisons le même album sans changer quoi que ce soit. Et ils disent aussi qu'ils n'aiment pas quand un groupe change trop... Mais je dirais qu'il faut essayer avec l'album que l'on veut. Si on compare le premier album à celui qui va sortir, ils vont quand même voir qu'il y a une vraie différence.

Et est-ce mieux de découvrir Korpiklaani sur album ou sur scène ?

Les deux sont bien ! Je pense que c'est différent. Il y a une réelle différence entre jouer sur scène et jouer sur un album. Et pendant une tournée, c'est toujours différent aussi.


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