Krypteria

Interview date

15 Avril 2011

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview S.C Kuschnerus (par téléphone)


Comment se passe la promotion ?

On ne pourrait pas être plus content parce qu'on espère toujours que les gens vont apprécier ce que l'on va présenter et jusqu'ici, tout le monde semble aimer l'album. Ce que nous essayons de faire avec celui-ci, c'est de faire évoluer la musique vers un style un peu plus violent et c'est super. Il y a des gens qui n'ont pas été là pour la sortie de notre dernier album et nous recevons beaucoup de bons retours de la part des fans du monde entier. Cela nous aide vraiment, vraiment beaucoup, parce que ça donne une poussée d'énergie supplémentaire. On a traversé une période difficile, on a eu plein de choses à faire et puis tu lis ces commentaires et ça te donne cette énergie en plus. Donc pour le moment, nous sommes vraiment très, très contents !

Et pourquoi toute la beauté devrait-elle mourir ?

(Rires). Il y a deux sens dans ce titre, comme toujours avec ce groupe. Tout d'abord, "All Beauty Must Die" ne signifie pas que nous allons tuer Ji-In et toutes les belles personnes de ce monde. (Rires). C'est plutôt que toute chose a une fin. La plus belle chose du monde n'est pas éternelle. Nous avons quelques années difficiles derrière nous et nous n'avons jamais considéré que ce groupe mourrait, mais parfois on se disait "Oh mon Dieu, que va-t-il encore nous arriver ? On va encore se prendre un coup sur la gueule là, et quelqu'un va nous saboter à ce moment-là. Combien de temps cela va-t-il durer ?" Et on a eu ce sentiment que tant que nous restions ensemble, même si un jour la fin doit venir - avec un peu de chance, ça sera dans soixante-dix-huit ans ou quelque chose comme ça (rires) - nous avons essayé de nous concentrer quand nous avons réalisé que la majorité des groupes se serait séparée après ce à quoi nous avons dû faire face : beaucoup de problèmes avec notre label, avec des gens du management, et le milieu a vraiment, vraiment été dur avec nous. La partie créative n'a jamais été un problème, c'est plutôt ce qui nous a aidé à aller de l'avant et c'est pour ça que nous sommes si contents d'avoir fait cet album qui est sur le point de sortir maintenant. D'une certaine manière, c'est un peu comme si on voyait la lumière au bout du tunnel. Donc c'est le premier sens, comprendre ton moteur, ta devise. Et l'autre chose à propos de "All Beauty Must Die", c'est parce que c'est une sorte d'affirmation musicale. Parce que nous sommes un peu plus durs, je ne dirais pas agressifs, mais avec un rythme intense, en tous les cas, c'est ce que nous pensons. Nous avons un certain nombre de chansons sans claviers, même si le clavier c'est tellement (en insistant sur le mot) beau, tu sais (rires), donc nous allons marquer un point en essayant de ne pas faire du rock symphonique comme ils aiment l'appeler. Nous voulions montrer que nous revenions plein de forces et c'est la devise de cette sortie d'album. Mais une fois de plus, nous n'allons pas tuer tout le monde ! (Rires).

Finalement, il n'y a pas eu tant de temps entre la sortie de "My Fatal Kiss" et de "All Beauty Must Die". Aviez-vous déjà une petite idée de la manière dont vous vouliez sonner avant de composer ce qui vous a permis de travailler plus vite ?

Tu marques un point là parce que nous n'avons jamais fini, enregistré et produit un album aussi vite que nous l'avons fait pour "All Beauty Must Die". Nous l'avons vraiment fait très vite. Enfin pour nous, parce que je suis sûr que beaucoup d'autres groupes l'auraient fait encore plus vite, mais la dernière fois, avec "My Fatal Kiss" nous avions pris beaucoup, beaucoup de temps, en partie par choix, mais aussi parce que ça a mis du temps de trouver un contrat et de le finir avec notre précédent label. Donc cette fois-ci, quand on a décidé de faire un autre album, les choses sont allées vite. Tout le monde a jeté ses idées sur la table et c'est allé très, très vite. On n'a pas besoin de s'asseoir avant d'écrire un album en se demandant ce que nous allons bien pouvoir faire, et ce que nous voulons atteindre. Tout le monde avait ces idées folles parce que dans ce groupe, tout le monde écrit. Ce n'est pas comme si une personne ou deux écrivaient les chansons, tout le monde le fait et tout le monde avait tout un tas d'idées venant de diverses directions. Et ensuite, on a tout posé à plat et nous avons vu où cela nous menait. La seule chose que nous ayons faite avant de commencer à écrire, ça a été de dire que cet album allait être plus tranchant à cause de notre personnalité sur scène. Je pense que sur scène, nous sommes un peu plus brut que sur nos albums et cette fois-ci, nous avons essayé de montrer cette facette sur l'album aussi.

C'était donc une idée de groupe d'avoir un son plus brutal, mais aussi un peu plus sombre ? Enfin, moi, je l'ai trouvé plus sombre.

Et bien, c'est parce que nous étions dans un endroit sombre ! (Rires). Une fois de plus, ça n'était pas vraiment prévu, nous avons juste observé ce qu'il se passait. Parce que, à la base, quand on écrit un album, c'est une réflexion sur ce que le groupe a traversé avec l'album précédent. Tout n'a pas été tout rose, c'est pour ça que l'album est un peu plus sombre. Par exemple, on n'a pas ressenti le besoin de réduire les claviers, il y en a toujours beaucoup sur l'album, mais nous avons essayé de ne pas nous limiter. Si on avait une idée qui sortait du commun comme avoir deux cent vingt battements par minute, d'être out tempo, de faire une chanson rock ou de faire ce concept avec la chanson de onze minutes et demie, alors faisons-le ! On voulait le faire et ne pas se limiter en se disant "ça se faisait dans les années soixante-dix ça", mais si on le sent... Et nous pensons que c'est ce qui est intéressant dans ce groupe, ça ne va pas le déranger et ça va sûrement être intéressant pour des gens qui suivent Krypteria depuis des années de voir un côté différent. Et ce n'est pas comme si nous faisions un album de jazz, c'est toujours assez rock avec des éléments gothique donc... Je pense que les gens qui ont aimé Krypteria avant, enfin j'espère, ne pleureront pas, ne hurleront pas et ne se plaindront pas de cet album. Parce que c'est toujours nous, notamment grâce à notre manière d'écrire, mais aussi grâce à Ji-In. Elle a toujours son timbre de voix si intéressant et particulier. Donc, c'est et ça sera toujours Krypteria !

Oui et certaines lignes de chant sont toujours très proche de ce que vous avez fait jsuqu'ici, tout comme les paroles...

Tu sais, je pense qu'il serait stupide de demander à Ji-In de faire des growls ou des screams ! J'aime Arch Enemy, j'aime ce que fait Angela et je pense que c'est super pour Angela, mais je ne sais pas si ça le serait pour Ji-In. Et Ji-In a chanté toute sa vie, donc c'est fondamentalement la chanteuse qu'elle est, alors pourquoi on la changerait ? Et nous pensons qu'elle est belle, pas seulement parce que c'est une femme très attirante, mais parce qu'elle a une âme si douce et sa propre manière d'appréhender la musique. Je pense qu'il serait stupide de notre part de vouloir essayer et forcer les choses. C'est ce qui lui vient naturellement. Et la musique devient plus dure, mais ce n'est pas quelque chose que nous avons travaillé, c'est en nous parce que c'est de là que nous venons. Toute la différence est dans le fait que nous avons décidé de ne pas sur-analyser et faire les choses comme on voulait les faire. C'est pour ça que nous avons fait vite avec cet album, nous n'avons pas essayé de changer quelque chose en une autre chose, mais la garder telle qu'elle était. Et pour Ji-In, nous ne voyons aucune raison de la changer, nous l'aimons telle qu'elle est.

Sur cet album, il y a le morceau le plus long que Krypteria ait composé, "The Eye Collector". Comment avez-vous travaillé celui-ci ?

On a toujours aimé ce genre de longues chansons comme celles de Deep Purple, Led Zeppelin ou Pink Floyd. De nos jours, ça devient vraiment inhabituel. Donc on s'est dit qu' on avait un morceau de dix minutes sur "Bloodangel's Cry", que c'était sympa, que les fans l'ont aimé donc comme on a dit qu'on était libre sur cet album et faire ce que nous ressentions, on a eu envie de faire un gros morceau. Et nous avons trouvé ce livre de cet auteur Allemand qui écrit des thrillers psychologiques. Et la traduction du titre, c'est "The Eye Collector" et il rencontre beaucoup, beaucoup de succès et nous sommes entrés en contact avec lui et il a adoré l'idée. Il a dit "si vous voulez faire la bande originale de mon livre, allez-y ! Cela m'intéresse beaucoup ! " Donc, nous avons essayé de faire la bande originale de ce thriller psychologique. Et c'est aussi la raison pour laquelle nous chantons tous les quatre sur cette chanson parce que nous voulions être sûrs, comme pour un bon film ou un bon livre, que les gens ne sauraient pas qui a fait ça, qui est le méchant. C'est pour ça qu'on a exploré cette idée, pour que les gens se disent "ok, qui, parmi les quatre, est le tueur ?" (Rires). C'est à peu près l'histoire de cette chanson. Ce n'est pas comme si on s'était dit que la chanson devait faire onze minutes, même si c'est finalement ce qu'elle est. On a ces différentes parties et on venait avec de nouvelles idées et on disait "wahou, ça, ça serait génial, ça, ça serait bien." "Là, ça serait la scène de la victime, celle-ci, celle de l'assassin !" Et tout d'un coup, notre imagination s'est emportée et à la fin, on en est arrivé à avoir cette chanson de onze minutes trente. Mais ce qui est amusant, c'est que les gens sont vraiment attentifs à cette chanson. Ils écoutent l'album, puis mettent la dernière chanson. De nos jours, les gens n'ont probablement pas la patience d'écouter une chanson aussi longue, mais le contraire est devenu vrai car tout le monde dit qu'il n'a pas l'impression d'écouter une chanson qui fait onze minutes et veut l'écouter encore. Nous ne nous attendions pas à cela, nous aimons vraiment beaucoup cette chanson et nous espérons pouvoir la jouer sur scène, même si certaines parties risquent d'être délicates, on va probablement essayer. Et savoir que les fans l'aiment, c'est génial ! Mais quand je dis que les chansons longues ne sont pas normales, ce n'est pas tout à fait vrai puisque Nightwish a ouvert son dernier album avec un morceau qui fait quinze minutes. Mais si l'on compare cela avec les années soixante-dix, tous les groupes ont des morceaux longs maintenant. Un label nous aurait dit "non, non, non, ne faites pas ça, faites-en un morceau de trois minutes", mais comme ça fait partie de nous, nous l'avons fait.

Et sur cet album, il y a aussi une partie classique. Pourquoi avoir utilisé ce morceau classique connu ?

Nous voulions une partie vraiment calme et sobre dans cette chanson. Donc, quand toute cette horreur de la part du tueur arrive, et que les gens réalisent que tous les membres du groupe sont impliqués, nous voulions quelque chose qui exprime toute cette tristesse. Et Ji-In est une pianiste merveilleuse donc nous lui avons demandé de venir avec quelque chose, si elle avait une idée de ce qui pourrait aller avec cette partie de l'histoire. Et elle a dit "Bien sûr, je peux faire quelque chose d'original". Mais avec toute cette morosité et tristesse, elle a toujours pensé que cette pièce maîtresse de Beethoven était ce que nous recherchions. Donc, elle nous l'a jouée. Bien sûr, nous l'avions écoutée avant cela, mais la manière dont elle l'a interprétée nous a fait dire que notre recherche était terminée, ça devait être ça. Cela nous a juste paru être le bon choix pour ce moment particulier.

Il n'y a qu'une seule ballade sur cet album "... Hurt So Bad". Penses-tu vraiment que Krypteria ait besoin de ce genre de chanson sur ses albums ?

(Silence). Je crois que c'est une autre bonne question ! On ne s'est pas assis avec une liste en se disant "ok, il nous faut trois morceaux rapides, une ballade...". C'est juste que nous venons de là, nos modèles ont toujours des ballades sur leurs albums. Donc, c'est devenu comme une seconde nature pour nous. Et ce n'est pas comme si on s'était dit qu'on avait besoin d'une ballade, je dirais plutôt que la chanson a été faite assez tôt. Parfois, on est tenté de faire quelque chose pour la fin de l'album, on a douze, treize chansons et on cherche ce dont nous avons besoin. Je suis d'accord sur le fait que parfois, une ballade est ajoutée. Tu te dis "Ok, on a toutes ces chansons avec un rythme soutenu, toute cette énergie... Pourquoi on n'aurait pas une ballade ? Faisons une ballade !" On aurait aussi bien pu faire ça, c'est comme ça qu'on a grandi, mais comme cette chanson était là très, très tôt, nous n'avions pas à prendre cette décision et chercher pour une autre ballade. Nous l'avions déjà et c'est pour ça que cette chanson est sur l'album, parce qu'elle s'insère bien dans l'ensemble !

Il y a quelques invités sur cet album. Quels sont leurs histoires ?

Le premier, pour des raisons personnelles, serait Eggy d'Edguy. Il y a quelques années, quand on jouait pour une évènement de charité, il y avait un bon nombre de groupes et Edguy en faisait partie. Et nous avons dû partager nos loges. Donc, nous nous sommes rencontrés, et on s'est bien entendu. Nous entretenons cette amitié depuis plusieurs années maintenant, et plus particulièrement avec Eggy. Le groupe vient toujours à notre rencontre lors des festivals. Mais Eggy nous rend visite tout seul, on traîne ici et là et il est venu à nos concerts. Et nous avons toujours voulu l'avoir sur un album parce que c'est un grand ami. Mais ça n'a jamais été possible avant parce que nous étions en Asie et quand on rentrait, Edguy était aux USA (rires), donc ça n'était pas possible. Cette fois-ci, les étoiles étaient bien alignées dans le ciel, et il était disponible donc nous lui avons demandé et il a dit qu'il le ferait et a fait ce solo de guitare à six cordes. C'est vraiment bien d'avoir ce bon ami sur cet album. Pour Doro, c'est aussi une bonne amie, même si nous n'avons pas une histoire aussi longue avec elle, mais elle est riche. Il y a deux ans, elle faisait son concert anniversaire à Düsseldorf et elle a demandé à un certain nombre de chanteuses de venir la rejoindre sur scène pour le CD ce soir-là. Donc, elle a demandé à Ji-In de venir, et elles se sont bien entendues car ce sont toutes les deux des femmes très, très émotives. Elles font les choses avec leur coeur, elles n'analysent pas trop et font ce qui leur semble être bien. Donc, elles ont tout de suite accroché. Et Doro nous a demandé si nous voulions la rejoindre sur sa tournée et c'est arrivé trois fois l'année dernière, on s'est rapproché. Doro est une femme avec qui il est vraiment génial de travailler. Son groupe est génial, son équipe est géniale, donc ça ne ressemblait pas vraiment à du travail, mais plutôt à une grosse fête. Et donc, un jour, alors qu'elle était au studio, nous lui avons joué quelques nouveaux morceaux et, quand elle a entendu "Victoria", elle a dit qu'elle l'aimait, donc nous lui avons demandé pourquoi elle ne chanterait pas dessus. Elle était un peu comme ça "aaaaaaaah, faisons-le, faisons-le !" (Rires). C'est ça qui est bien avec Doro, parce que normalement, ça demande beaucoup de travail et d'énergie, il y a des avocats et les labels qui se mêlent à ça pour que ça arrive, mais avec Doro, c'est plutôt "Je veux le faire, donc on va le faire quoiqu'en disent le label ou le manager". (Rires). Nous sommes vraiment très contents de l'avoir sur l'album parce qu'elle est vraiment naturelle et c'est l'une des meilleures choses qui nous soient arrivées ces deux dernières années. Quelques minutes avant, j'étais un peu geignard à propos de certaines choses, mais les moments que nous avons passés avec Doro étaient géniaux. Il y a quelques baisses de régime et d'autres moments plus joyeux et c'est l'un des meilleurs moments de ces deux dernières années. Donc sa présence sur cet album est juste géniale. Et Ji-In l'admire beaucoup pour sa force, sa longévité dans le milieu, elle se donne toujours à cent pour cent, tout come Ji-In. C'est sûrement pour ça qu'elles s'apprécient autant. Quand tu regardes ces deux femmes après les concerts, quand tu veux rentrer à l'hôtel pour te reposer, elles ne veulent pas se reposer mais plutôt aller voir les fans (rires). Elles ont été faîtes dans le même pot, je veut dire par là que Ji-In et Doro se ressemblent vraiment. Et même si tu les regardes, toutes les deux sont vraiment petites (rires), mais elles sont aussi grandes par leur âme, et d'après moi, ce sont comme des soeurs.

Sur cet album, il y a aussi des morceaux qui sont des "versions 2011". Pourquoi avez-vous décidé de retravailler ces morceaux ?

Nous jouons pas mal ces vieilles chansons lors de nos concerts. Après les concerts, nous rencontrons nos fans, ça ne serait pas un concert de Krypteria si nous ne les rencontrions pas, et ils nous disent toujours "oooh, vous avez joué les anciens morceaux, ça serait génial de les avoir sur un album ! On pourrait avoir "Get The Hell Out Of My Way", "Liberatio"...". Nous avons l'habitude de faire des versions proches de ce qu'il y a sur le nouvel album. Ce n'est pas des versions avec tout le groupe, on quitte la scène et on laisse Ji-In au piano et jouer ces morceaux. C'est l'un des moments les plus émouvants du concert et les gens disent toujours qu'ils aimeraient bien avoir cette version-là chez eux. Quand on a fini l'album, nous avions encore un peu de temps devant nous, donc on s'est dit qu'on pouvait le faire, que ça serait sympa. Et un bon nombre de fans "wahou, j'attendais ça et je l'ai enfin !". Donc, c'est bien. C'est toujours bien de rendre les fans heureux et plus particulièrement ceux qui nous suivent depuis longtemps et ont entendu ces chansons en concert. Et pour ceux qui n'avaient pas encore entendu parler de Krypteria et qui vont écouter cet album, ça va leur permettre de découvrir ces morceaux alors qu'ils ne connaissent pas les anciens albums. Donc, pour eux, ça va être comme de nouveaux morceaux et s'ils les aiment c'est aussi sûrement parce qu'on ne va pas arrêter de les jouer sur scène.

Et pour "Liberatio", le clip avait été fait pour les victimes du tsunami en 2004 et avec ce qu'il s'est passé au Japon le mois dernier, c'est un peu spécial de voir ce morceau sur l'album !

Tout à fait ! Et c'était vraiment, vraiment... Je ne dirais pas terrifiant parce que nous étions assis chez nous et nos maisons n'ont pas été détruites, donc, terrifiant ne serait pas le mot approprié quand on voit ce que ces pauvres gens traversent. Mais c'est vraiment, vraiment étrange parce que nous avions déjà enregistré cette chanson, puis envoyé à l'usine et nous l'avions faite seulement pour faire plaisir à nos fans. Et tout d'un coup, trois semaines plus tard, c'est arrivé. Et là tu te dis "mais qu'est-ce que c'est que ça ? Quelle coincidence bizarre !". Et c'était vraiment bizarre, je ne trouve pas les mots pour exprimer ce sentiment étrange. Et repasser par là... Enfin, on ne repasse pas par là, mais les victimes vivent cette destruction... Et on était lié à cela il y a six ou sept ans, et d'une certaine manière, c'est arrivé lors des débuts du groupe et toutes ces années après, ça recommence et ça coincide juste au moment où on fait la nouvelle version du morceau. C'est difficile de mettre des mots sur ce que nous avons ressenti quand on a vu ça. Il y a même quelqu'un qui est venu nous voir et nous a dit "Vous avez enregistré cette chanson un peu vite, trois ou cinq jour après !". Mais nous avions pris la décision d'avoir cette chanson sur cet album un mois avant que tout cela n'ait lieu. J'espère que tout le monde va bien comprendre que cela n'a rien à voir avec ce qu'il se passe avec le Japon et la chanson a été enregistrée avant que nous n'envoyons l'album au pressage et avant que cette catastrophe ne se produise. C'est juste bizarre. C'est étrange pour nous de se retrouver impliqués là-dedans.

Et même si elles ressemblent aux versions live, quand vous avez retravaillé les chansons, comment vous avez vu votre évolution, à partir du début jusqu'à maintenant ?

(Rires). Nous n'avions pas vraiment d'expériences de concert tous les quatre en tant que groupe. Nous avions tous beaucoup d'expérience avec d'autres groupes, donc quand on a commencé à écrire le premier album, nous n'avions pas encore notre son ou notre identité et on ne savait pas ce que nous voulions être sur scène. Je ne pense pas que l'écriture des chansons ait changé de manière spectaculaire, on a toujours ces refrains mélodieux, je pense que les riffs sont assez semblables et avec cet album en particulier, nous avons donné une dimension supplémentaire aux choeurs avec les chants Grégoriens que nous avions au début aussi. C'est probablement lié à l'expérience de musicien que tu te fais sur les routes en jouant, ce qui va au public et ce à quoi les gens répondent. Et ensuite, tu te dis que s'ils ont mal accueilli ça, je vais faire exploser ça et changer leurs réactions. Et c'est probablement la bonne chose à faire puisque les gens répondent à cela. C'est essayer un peu plus et prendre un peu plus de risques finalement. Je pense que c'est une évolution constante, mais on rajoute toujours un peu de punch et en essayant d'être plus tranchants d'albums en albums. Je n'en suis pas totalement sûr pour "My Fatal Kiss", mais c'est vrai pour "In Media Res", "Bloodangel's Cry" et "All Beauty Must Die", ça saute aux yeux. L'expérience live influence notre musique.

A présent, vous avez votre propre label, "LiberatioMusic". Que peux-tu nous dire dessus ?

Eh bien, avant d'aborder la partie technique de la chose, c'est comme indiqué dans le nom, c'est très, très libérateur de prendre ses propres décisions et de tenir les rênes. Je ne dis pas que tous les gros labels font mal les choses, non, non, non, nous avons eu de bons moments avec EMI et Roadrunner a aussi été une très bonne expérience pour nous... Mais parfois, parce que ces labels ont trop d'artistes à gérer, ils essayent de faire les choses comme des pilotes automatiques. "Nous allons sortir un album dans trois mois, nous allons faire ça, nous allons faire ça et nous allons faire ça !" Mais ce n'est pas la même chose pour un groupe comme le nôtre, pour Doro ou pour un groupe comme les Français de ETHS par exemple. L'auto pilotage n'est pas fait pour tout le monde, et maintenant, c'est nous qui dirigeons. Peut-être que les décisions que nous avons prises vont se retourner contre nous et que dans un an, je te dirai que nous avons été le groupe le plus stupide qu'il peut y avoir, et que tout ce que nous avons fait, toutes nos idées étaient horribles ! (Rires). J'espère que ça ne se produira pas ! Jusqu'ici, on se sent bien avec nos idées et avec le concept que nous montons. Je pense que c'est la meilleure chose là-dedans, parce que si nous mourons à la fin de tout ça, ça sera de notre faute, pas à cause de quelqu'un d'autre. Et pour la part technique, de mon point de vue, Chris notre guitariste et producteur est un gars assez expérimenté dans le milieu. Donc pour lui, ça semblait naturel de monter un label un jour. Nous pouvons contribuer à cela de manières différentes et dans ce groupe, nous avons quatre caractères différents et des forces différentes, ce qui peut s'avérer très utile pour le label. Donc, il est le boss de ce label et il a quelques amis qui sont intéressés par ce projet. Maintenant, tout le monde est sur le pont et nous allons tous dans la même direction, poussant le groupe et cet album en avant pour qu'on gagne de la vitesse. J'espère que les deux prochaines années vont avoir plus de choses positives que négatives, ça serait géant ! Et pour nous, c'était juste, on a fait ça pendant six ans, on a senti qu'il nous fallait un peu de changement alors pourquoi ne pas tout faire nous-même. Nous avons tous les quatre de l'expérience, nous sommes dans la musique depuis plus d'une décennie, donc oui, nous allons faire des erreurs, mais nous allons vivre avec. Mais ça fait du bien d'être son propre patron.

Chris n'a pas participé à la dernière tournée à cause de ses problèmes de santé. Est-ce qu'il pourra participer à la prochaine ?

Jusqu'ici, il semble vraiment bien récupérer. Avec lui, le problème n'est pas forcément de jouer ou être sur scène, c'est plutôt les grands voyages en bus pendant sept heures et ne pas pouvoir bouger. Donc, quand il y a cette hernie discale, je ne sais pas tout à ce sujet, mais quand ça s'intensifie, il le ressent dans ses doigts et ça l'empêche de jouer. Même si être sur scène ne représente pas en soi un problème, être sur scène et ne pas être capable de bouger ses doigts parce que tu es resté trop longtemps dans le bus avant un concert, ça c'est un problème. Mais il fait de gros progrès, donc c'est bien. J'espère juste pour lui qu'il va pouvoir revenir et ça semble être bien parti pour, donc je pense qu'il va pouvoir se rasseoir dans le bus avec nous et que cette fois, il pourra jouer. Il suit une thérapie physique intense et on espère que ça ne l'affectera plus. Mais il est très content car il sent que ça va de mieux en mieux. Et c'est bien parce que c'est assez différent de voir jouer quelqu'un d'autre, même si Olly fait partie de la famille maintenant... Ce qui est bien, c'est qu'Olly et Chris s'aiment bien, ce qui n'est pas habituel avec des guitaristes (rires), donc ils se soutiennent mutuellement. Mais pour lui ne plus pouvoir faire ce qu'il veut faire, ce qu'il aime faire, c'est ce qu'il y a de pire. Et nous sommes juste content que ça aille mieux pour lui maintenant !

Et en 2008, tu m'as dit que tu étais sûr que vous viendriez en 2009 et... ça ne s'est pas fait malgré la sortie de "My Fatal Kiss". Est-ce que vous prévoyez toujours de venir ou est-ce toujours aussi difficile qu'avant ?

Eh bien, après t'avoir dit que j'étais complètement sûr que nous viendrions en 2009, tu sais que je suis un menteur et que ce que j'ai dit jusqu'ici n'est pas vrai non plus ! (Rires). Rappelle-moi, et je te dirais la vérité cette fois ! (Rires). C'est vraiment quelque chose qui nous met mal à l'aise. Nous savons que nous avons beaucoup de fans en France et que parmi eux, il y en a un bon nombre qui veut nous voir en France. On a même un fan qui est venu nous voir en Allemagne, il a fait sept cents kilomètres, regardé le show, a parlé avec nous, puis a refait ces sept cents kilomètres pour rentrer chez lui. Ce mec est génial ! C'est ça qui est bon dans tout ça, peu importe les mauvais moments que tu traverses, ce soutien... Qu'est-ce que tu peux demander de plus ? C'est génial ! On trouve que c'est notre devoir de nous arranger pour que ça soit nous qui fassions les sept cents kilomètres pour jouer devant lui. Comme je l'ai dit avant, beaucoup de choses ne se sont pas déroulées comme prévu pour cette sortie. Cela a commencé avant la sortie de l'album et ça a continué après. Nous n'étions pas très contents avec beaucoup de décisions qui ont été prises et il me semble que l'album est sorti en France, mais avec du retard. Et on s'est dit "on sort un album, est-ce qu'on aurait pas besoin d'un peu de promotion ? Histoire que nous connaissions les fans et qu'ils nous connaissent aussi..." et ils nous disaient que non, qu'ils n'allaient pas faire ça. Quel qu'ait été le problème, ce n'était pas les termes de notre accord. Nous avions un contrat tout à fait différent. Tu peux sûrement imaginer que nous étions vraiment, vraiment en colère. C'est normal que les choses ne se déroulent pas toujours comme on aimerait que ça se passe, mais c'était une des lignes à ne pas franchir. Et ça ne concerne pas que la France... Au moins, en France, l'album est sorti, mais quand tu fais quelque chose, soit tu le fais correctement, soit tu ne le fais pas du tout ! Et c'était tellement bête... Donc, cette fois-ci, je ne te donne aucune date et je ne donne pas d'année (rires) mais je dis que si on ne vient pas en France après la sortie de "All Beauty Must Die"... Quelle promesse puis-je faire ou quel châtiment dois-je m'imposer ? (Rires). C'est une obligation ! Et la bonne nouvelle, c'est que nous avons des gens qui nous appellent de France et nous disent qu'ils veulent y faire jouer le groupe. C'est pour ça que je suis très, très optimiste sur le fait que cette fois-ci, ça va vraiment se passer. Et puis, on a cette notion de liberté maintenant, on n'a pas à passer par quelqu'un d'autre. Si on a envie de le faire et qu'un promoteur a envie de nous faire venir, on en parle et on trouve un terrain d'entente et ça se passera. Et ce n'est pas comme quand tu as trouvé un terrain d'entente, que tu dois en parler au label qui te dit que non, ça ne va pas se passer de cette manière et que tu dois tout recommencer. Donc, ça semble bien parti ! Et il y a pas mal de salles dans lesquelles j'aimerais bien jouer !

Comment veux-tu finir cette interview ?

Je ne veux pas y mettre fin ! (Rires). Tout d'abord, merci à toi d'avoir pris le temps, de m'avoir donné l'opportunité de m'exprimer. On espère tout simplement que les gens vont donner une chance à cet album. S'ils décident que ce n'est pas pour eux, c'est bien parce que la musique et l'art en général, c'est vraiment personnel et quelque chose d'émotionel. Il n'y a pas de mal ou de bien. Et si quelqu'un écoute l'album et dit "non, je ne l'aime pas", c'est bien et je l'applaudis pour nous avoir donné une chance. Certaines personnes pourraient dire "oh, ils ont une chanteuse ou ce batteur-là, ce genre-là avec une touche de gothic, je ne vais pas l'écouter !"... Si les gens essayent d'être un peu ouverts, je suis sûr qu'ils vont trouver quelque chose qu'ils vont aimer ! (Rires). J'espère juste ! (Rires). Ce qu'il y a de bien, c'est que nous avons quelques chansons en téléchargement gratuit sur notre site, donc si les gens ne sentent pas vraiment de nous donner de l'argent en achetant l'album, ils peuvent voir par eux-mêmes s'il y a quelque chose qui leur plaît dans ce que nous faisons. C'est pour ça qu'on a fait ça, pour que les gens se fassent leur propre opinion, ça peut être intéressant pour eux ! Et puis, écrire un album et l'enregistrer, c'est chouette, mais il n'y a rien de mieux que d'être sur scène et de pouvoir communiquer avec les fans ! Rencontrer les fans après un concert, c'est tout simplement génial ! Tu vas à divers endroits dans le monde, et tu rencontres des gens qui n'ont apparemment aucun point commun avec toi, et puis tu parles avec eux et tu dis "on va revenir, on va se revoir et on parlera encore plus la prochaine fois !". Et c'est ça qui est bien avec Internet, c'est que tu peux rester en contact. Imagine il y a vingt ans, un groupe allait à tel endroit, ils avaient une super conversation avec un fan et revenait plusieurs années sans avoir de contact pendant tout ce temps ! C'est d'un triste ! C'est une super opportunité et c'est pour ça que nous essayons de construire ce genre de relation et pas seulement jouer et ensuite partir. Parler avec les fans et continuer de le faire après et une fois quand on finit de discuter sur le net, c'est parce qu'on est là pour un autre concert, c'est ça ce groupe. Donc, on espère avoir la chance de commencer et construire ce genre de relation en France. Cela serait vraiment cool ! J'ai déjà assisté à des concerts en France et j'ai toujours aimé ça. J'aime la manière dont les fans se comportent après les concerts. Au moins, le public est vraiment sympa avec les musiciens, sont toujours gentil avec l'équipe et avec les gens du stand de merch, c'est ça que je recherche. Donc on veut y jouer ! Il y a des pays où les gens te jettent des bouteilles dessus quand ils ne t'aiment pas (rires), mais de ce que j'ai vu en France, je me sens à l'aise à l'idée de venir et de jouer là-bas. Votre réputation est vraiment bonne (rires) avec les groupes en dehors de la France et vous pouvez le prendre comme un compliment les lecteurs français ! C'est une longue fin ! Je te l'ai dit, je ne veux pas mettre fin à l'interview, je veux la continuer ! (Rires). C'était vraiment un plaisir pour moi !


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