Nile

Interview date

17 Septembre 2013

Interviewer

Fimbultyr

I N T E R V I E W

Interview Karl Sanders (face à face)


Merci de m’accorder cette interview pour le webzine auxportesdumetal.com

Karl Sanders : Super, merci à toi ; Je suis ravi d’être là !

Votre dernier album, "At the Gate of Sethu", est sorti l’année dernière. On remarque que pour cet album vous avez utilisé beaucoup moins d’instruments folkloriques que dans vos albums précédents. Etait-ce un choix délibéré ?

C’est sûrement dû à notre état d’esprit de l’époque. J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de groupes de folk metal récemment, des bons et des moins bons. Nous, ce que nous voulions, c’était jouer du metal. Nous voulions proposer aux gens d’écouter notre musique, celle que personne ne peut jouer comme nous. Le jeu de guitare, de batterie, les différents arrangements, voilà ce que nous voulions proposer avec cet album. Nous nous sommes vraiment concentrés sur nos talents de musiciens et nous voulions que cet album soit parfait, et pas seulement un nouvel album de folk metal. Ce n’est pas un album folk, non c’est un album de death metal brutal, composé de plein d’autres choses intéressantes. Voilà comment nous le considérons.

Todd Ellis (bassiste) vous accompagne en tournée. Qu’est ce qui vous a décidé à l’engager ?

Et bien nous avons dû renvoyer notre bassiste et il a fallu le remplacer. Pour auditionner, Todd nous a envoyé une vidéo. Et c’était lui le meilleur parmi toute la pile de vidéos que nous avions reçues. En plus, il n’habite pas très loin de chez nous, à deux ou trois heures de route. Alors on s’est dit qu’on allait lui laisser une chance. Nous l’apprécions beaucoup, il est très sympa.

Etait-il déjà fan de Nile avant de vous rejoindre ?

Oui, tout à fait. C’est un amateur de bon vieux metal.

Dans une interview, tu as dit qu’il est bien plus honnête et intéressant d’écrire des chansons sur l’égyptologie plutôt que sur Satan et autre sujet similaire. Est-ce important pour vous de travailler sur des concepts originaux ?

A l’époque où nous avons décidé quel serait le style de notre musique, pendant les années 90, c’était une idée très originale. En fait, c’est ce qui a causé notre échec, car à l’époque tous les groupes voulaient ressembler à Suffocation, Morbid Angel, Possessed, Entombed ou Obituary, ils étaient tous influencés par ces groupes. Du coup, le fait d’être différent nous a vraiment desservis. Mais on ne s’inquiétait pas vraiment, parce que nous voulions écrire sur ce qui nous plaisait vraiment. Alors on s’est dit : «  Vous savez quoi ? Nous allons trouver notre propre style ». Si nous avions décidé de ressembler à tous les autres groupes de l’époque, en écrivant des chansons sur Satan ou sur le Gore, comme beaucoup de groupes de black metal, nous n’aurions pas été vraiment nous-mêmes. Nous, on en a rien à foutre de tous ces trucs.

Nile est une référence en matière de techniques musicales. Pensez-vous qu’un jour pour vous la technique sera plus importante que le son ?

héhéhé… Eh bien parfois, je me le demande. Pour notre dernier album, nous nous sommes vraiment concentrés sur le côté technique de la musique. Mais aujourd’hui, j’ai envie de laisser la technique de côté et de faire quelque chose de plus simple. Tu sais, lorsque la matière et l'antimatière entrent en contact, cela cause un big bang. Pas vrai ? Alors oui, j’ai vraiment envie de faire quelque chose de plus simple, « d’ anti-technique ».

Qu’est-ce qui vous a amenés à mélanger les concepts égyptiens avec ceux d’H.P Lovecraft ?

Et bien ce sont deux sujets qui m’intéressent. Tout est là dans ma tête, dans mon crâne. Là dedans tout est déjà mélangé, en quelque sorte. C’est comme si j’ouvrais mon crâne pour laisser les gens regarder à l’intérieur.

Tu as décris la musique de Nile comme du Metal Ithyphallique, qui signifie “avoir le pénis en érection”. Pourquoi ?

Hahaha. Eh bien, quel âge as-tu?

Dix-huit ans.

Dix-huit ans… Quand nous avons fondé ce groupe il y a vingt ans, il n’y avait pas internet. La communauté underground se composait essentiellement de personnes qui s’envoyaient des lettres et des cassettes. Et si tu faisais partie de cette communauté, tu mettais des flyers dans chaque enveloppe que tu échangeais avec d’autres fans de metal. Et ces flyers te permettaient de faire la promotion de tes démos, tes CD, de tout ce que tu avais, tu comprends ? Et tu recevais à ton tour une pile de flyers venant d’un peu partout, alors tu les mélangeais et les distribuais à tout le monde autour de toi. C’est comme ça que le mouvement underground s’est étendu. Tout le monde avait des flyers, dans lesquels ils décrivaient leur musique et leur groupe comme par exemple : « le plus brutal de tous les groupes de death satanique ! » ou encore «  le plus dégueulasse de tous les groupes de metal BEUAH! ». Tout le monde avait quelque chose de spécial à dire sur leur groupe, alors on s’est demandé : « Qu’est ce qu’on va bien pouvoir dire sur Nile ? Vous vous souvenez des statues égyptiennes qui ont le phallus en érection ? On devrait dire que l’on joue du « Metal Ithyphallique ! » Tu vois, on a trouvé ça amusant, mais c’était aussi une manière originale de décrire notre musique, en disant : « On en a rien à foutre de ce que pensent les autres, voilà ce qu’ON joue : du metal Ithyphallique, allez vous faire foutre ! » Avec le temps, la signification s’est un peu perdue, parce que plus personne ne se souvient vraiment de cette époque. C’est comme ça que cette histoire est devenue un mythe, une légende.

Tu as dit que la musique de Nile ne changera jamais de manière radicale car cela serait trahir vos fans. Tu penses que ce n’est pas une bonne chose que les autres groupes changent le style de leur musique ?

Je pense que lorsqu’on est un musicien ou un artiste et que l’on travaille dur, on évolue naturellement. Si tu évolues ou changes trop vite et que ton public ne parvient plus à suivre ton rythme, tu vas perdre tes fans en route. Un peu comme Morbid Angel, bien que je n’aime pas en parler, car ce sont des amis à moi. J’ai beaucoup aimé "Altar of madness", "Blessed are the sick", "Covenant". Lorsque je pense à Morbid Angel, ce sont ces albums dont je me souviens, ceux que j’aime. Quand quelqu’un me dit : « Un nouvel album de Morbid Angel va bientôt sortir. » C’est ce que j’espère, c’est vrai, alors je suis toujours déçu de voir qu’ils n’ont pas fait ce que moi j’attendais, mais ce n’est pas moi qui décide pour eux. C’est à eux de choisir ce qu’ils veulent faire, que cela nous plaise ou non, malgré toutes nos critiques, car Morbid Angel c’est eux. Je suis trop nostalgique.

Dans Metal Hammer, on a pu lire que “Nile est le Iron Maiden du Death Metal” Qu’en penses-tu ?

Je pense que les journalistes des magazines de metal sont obligés de trouver quelque chose à raconter. Parfois ils essaient de décrire des choses, car leur façon de penser est souvent différente de la nôtre. Et pour cela, ils utilisent des mots et des idées qu’ILS pensent être cool, mais je ne suis pas forcément d’accord avec eux, et particulièrement les journalistes de metal anglais. Je me demande souvent de quoi ils parlent. Nile ? Les Iron Maiden du Death Metal ? Vraiment ? Nous sommes juste des gars de Caroline du Sud, fans de metal. Nous consacrons notre vie au metal, voilà qui nous sommes, ce en quoi nous croyons et ce que nous faisons.

"At the Gate of Sethu" a été produit par Neil Kernon. C’est la quatrième fois d’affilée que vous travaillez avec lui. Selon toi, qu’est-ce qui fait de lui le meilleur producteur pour les albums de Nile ?

Et bien je ne saurais pas dire si Neil est le meilleur. Je n’en sais rien. Mais nous aimons travailler avec lui. Nous avons tous appris beaucoup pendant l’enregistrement de nos albums, parce qu'ils ne sont pas facile à produire ou à mixer. Neil nous a appris beaucoup, comment enregistrer un album de death metal, à la fois rapide et brutal mais toujours audible. Beaucoup d’albums de metal ne sont que du bruit, une grosse cacophonie. Mais nous, nous voulons exprimer tous nos talents de musiciens dans nos morceaux. Voilà pourquoi nous continuons de travailler avec Neil. Je ne sais pas encore ce que nous ferons par la suite. Nous apprécions toujours autant de travailler avec Neil mais personne ne sait de quoi demain sera fait.

Vous faites beaucoup de tournées, est-ce toujours agréable pour vous ? Ou bien y-a-t-il aussi des mauvais côtés ?

Et bien je peux te dire qu’hier, cela n’a pas été agréable du tout. Nous avons joué dans un véritable trou à rat à Cardiff : un endroit vraiment horrible. Parfois ça arrive pendant une tournée. On ne peut malheureusement pas jouer tous les jours à Carnegie Hall. Ah, Carnegie Hall… La superbe salle construite par le célèbre Andrew Carnegie. A l’époque, c’était considéré comme la meilleure salle de tous les Etats Unis. Si tu jouais là bas c’est que tu avais réussi ta carrière. Quand tu voulais motiver les jeunes musiciens tu disais : « continuez à travailler et un jour, peut-être, vous jouerez au Carnegie Hall » Mais c’est vrai, on ne joue pas tous les jours au Carnegie Hall, parfois il faut jouer dans un bled pourri dans ce putain de Kansas.

Tu prépares actuellement ton troisième album solo, comment cela se passe ?

Pas très bien pour le moment. Mike, le chanteur, a été malade tout l’été, donc nous faisons une pause pour l’instant, nous ne recommencerons à travailler sur le troisième album qu’en Octobre.

Es-tu le seul membre du groupe qui s’intéresse à l’Egypte ?

Eh bien je dirais que les autres membres s’y intéressent également. Mais je suis celui qui fait le plus gros travail de recherches en ce qui concerne l’écriture des paroles.

Tu pratiques le Sen-I-Jutsu; peux-tu nous en dire plus sur cet art martial ?

Sen-I-Jutsu… c’est un art martial issu du karaté Ishin-ryu, mais il se compose également de Kung Fu, de Wing Tsun, de boxe Américaine et de Ju-Jitsu. Il s’agit de combat de rue situationnel, nous ne faisons pas de katas, nous ne travaillons pas l’esthétique des mouvements. Nous travaillons principalement les techniques individuelles, voilà ce qui compte. Tous les combats sont différents donc nous n’avons pas d’enchainement précis. Un peu comme Bruce Lee. La meilleure technique c’est l’improvisation, il faut savoir s’adapter à toutes les situations. C’est un style de combat très brutal et j’adore ça, vraiment. Le bassiste de Svart Crown pratique la savate, la boxe Française. Il m’a montré ce qu’il savait faire, c’est vraiment cool. Mon style de combat est très différent du sien, mais il y a des mouvements très sympas dans la savate.

Félicitations pour ta ceinture marron !

Merci ! A présent je suis ceinture noire de Tae Kwon Do et ceinture marron en Sen-I-Jutsu.

Merci de ton attention!

 


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