Orden Ogan

Interview date

26 Novembre 2012

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Seeb (par mail)


Bonjour et merci de répondre à quelques questions pour le webzine Aux Portes Du Metal. Alors, “To The End” est enfin terminé et sorti. Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album et pourquoi a-t-il pris temps de retard ?

Ce fut une période difficile. Nous avons perdu trois membres : Ghnu (batterie), Nils (claviers) et Lars (basse), parce que tu ne peux plus donner cent concerts en six mois avec un travail à côté. Nous sommes toujours amis mais ça ne fonctionnait plus. On a donc dû trouver de nouveaux musiciens qui collaient au groupe aussi bien au niveau de la musique que du caractère. Ensuite dès qu’on manquait une date limite, on avait un nouveau problème : des concerts étaient prévus alors qu’on devait encore enregistrer en studio, et ensuite d’autres groupes avaient réservé mon studio parce qu’on aurait déjà dû avoir terminé le travail à ce moment là, etc...

Pouvez-vous nous parler du concept derrière l’album s’il y en a un ? On retrouve le même personnage que d’habitude, Alister Vale, sur la jaquette et il semble que la glace joue un rôle important (“The Ice Kings”, “This World Of Ice”, l’illustration…)

Le disque suit un concept assez large traitant d’une époque postérieure à la fin du monde où les rescapés luttent pour leur survie. La musique d’Orden Ogan est très mélodique mais n’est pas et ne sera jamais ringarde. Nous avons beau nous amuser, nous prenons notre art au sérieux. Nos paroles sont presque toujours assez sombres et tristes, réfléchies ou philosophiques. On ne parle pas de dragons, d’épées ou de licornes. Nous avons tout de suite aimé l’idée que tout l’album se passe dans ce décor vu qu’il est sombre et désespéré. Cela nous donnait également l’occasion de faire pas mal de métaphores. Par exemple, “The Ice Kings” ne traite pas de personnages imaginaires mais bel et bien des leaders politiques et de l’aveuglement dont certains suiveurs font preuve dans ce domaine… ça parle de froideur émotionnelle, de la façon dont la vie des gens est sacrifiée, etc.

Qu’est-ce que vos fans peuvent attendre de “To The End”, musicalement parlant ? Comment le son et la musique du groupe ont-ils évolué depuis “Easton Hope”?

Je pense que sur “To The End”, nous avons enfin obtenu le véritable son d’Orden Ogan tel qu’on le voulait depuis les débuts. Sur nos albums précédents, sur “Easton Hope” notamment, on arrangeait jusqu’à cent-soixante pistes d’orchestrations, chœurs, etc... Une chanson pouvait facilement se composer de trente parties différentes. Sur “To The End”, nous nous sommes débarrassés de tout ce qui nous semblait superflu et nous sommes concentrés sur les chansons plutôt que sur les arrangements. On voulait faire un disque vraiment heavy, plus direct, simple et « dans ta face ». Je crois que nous y sommes arrivés. Cette fois, nous ne nous sommes pas demandés quel instrument devait jouer telle ou telle mélodie, si elle était composée à la guitare, alors elle serait jouée à la guitare. Il y a toujours suffisamment de choses à découvrir sur ce disque mais il n’est pas aussi progressif ou complexe que les précédents. J’ai vraiment eu une période de merde dans ma vie privée ces deux dernières années et j’ai ressenti le besoin de me charger de l’écriture moi-même. C’est pourquoi je pense que le disque est devenu ce qu’il est devenu. C’était un peu comme une thérapie, comme une sorte de « Allez tous vous faire foutre ! » général, c’est pour cette raison qu’il est si heavy, dur, et rentre-dedans.

Je me souviens vous avoir vu en première partie de Grave Digger l’année dernière. Quels souvenirs gardez-vous de cette tournée ?

Que des bons souvenirs. Ce fut une bonne tournée pour nous, elle nous a apporté beaucoup de nouveaux fans. En plus Grave Digger et toute l’équipe ont vraiment été super sympas. On s’est bien amusés. Si tu ne me crois pas, regarde le tour report sur YouTube ! Ha ha…

En parlant de tournée, vous êtes en plein milieu d’une nouvelle série de concerts en première partie de Luca Turilli’s Rhapsody. Que pouvons-nous attendre de vos shows ? De combien de temps disposez-vous sur scène ?

Vous pouvez vous attendre à une grosse fête Heavy Metal avec un bon son et beaucoup de fun. On joue quarante-cinq minutes et pour l’instant tous les concerts ont été géniaux.

Allez-vous tourner également en 2013 ? En tête d’affiche peut-être ou est-il encore trop tôt pour le dire ?

On prévoit de faire une petite tournée en tête d’affiche début 2013 mais on ne sait pas encore très bien si ça va pouvoir se faire parce que nous avons pas mal d’autres choses à faire. Bien sûr, nous participerons à quelques festivals pendant l’été 2013 et peut-être qu’il y aura une autre tournée l’automne suivant. Si vous voulez vous tenir informés, connectez-vous à notre page facebook officielle : www.facebook.com/ORDENOGAN

Revenons au nouvel album. L’édition limitée comprend quelques titres bonus et un DVD. Pouvez-nous en dire un peu plus ? Quelle est la qualité du DVD live ?

Il est génial – à quoi vous attendiez-vous ? Haha… C’est le concert donné au Wacken 2010. On a joué sur une petite scène, mais un samedi à 22h, donc, en gros, au meilleur moment possible dans un tel festival, un des plus grands au monde. A cet endroit du festival, on nous avait dit qu’il y avait de la place pour dix mille personnes et à peine l’intro commencée, les gens n’arrivaient plus à entrer tant c’était bourré à craquer. C’était vraiment génial, le public, tout… vraiment magique. Le show a été filmé avec cinq caméras et le DVD est dispo sur l’édition limitée de “To The End”. Il n’a pas été retouché. Evidemment, il y a quelques petites erreurs mais je n’aime pas les live qui sont réenregistrés en studio, ça n’a aucun sens. Les gens doivent voir et entendre que c’est live. Ce qui est important c’est la magie et l’énergie communiquée au public, pas le fait de jouer parfaitement.

Après le bon accueil réservé à vos albums précédents, avez-vous ressenti une certaine pression pour l’enregistrement de celui-ci ?

Pour être honnête : non. Nous n’avons jamais considéré Orden Ogan comme un produit commercial et je ne veux jamais avoir à faire telle ou telle chose avec le groupe dans le but unique de payer mes factures… Nous faisons juste ce que nous adorons faire, alors pourquoi ressentir de la pression ? Orden Ogan n’est pas affecté par les avis portant sur la façon dont notre musique devrait sonner, et c’est très bien comme ça.

Certains ont fait l’éloge de votre travail, d’autres ont dit ou écrit que votre musique (particulièrement sur “Easton Hope”) manquait de personnalité et rappelait trop celles d’autres groupes comme Blind Guardian. Que pensez-vous de ce type de commentaires et en avez-vous tenu compte quand vous avez composé “To The End” ?

Tu sais, les journalistes doivent écouter entre cinquante et cent sorties différentes chaque mois. Personne ne peut se concentrer sur autant de groupes et donner à un disque le temps nécessaire à sa découverte. Et puis, les journalistes doivent comparer un groupe aux autres car il faut permettre aux lecteurs de se faire une idée… on ne peut pas s’attendre à ce que tout le monde connaisse Orden Ogan. Dans notre cas, je le prends comme un compliment. On nous compare souvent à Blind Guardian, à cause des chœurs notamment, mais je pense que c’est un peu comme comparer l’EBM et la Techno, les deux sont des musiques électroniques mais l’approche est complètement différente. Orden Ogan est plus axé sur les riffs et notre musique est plus sombre et brute. Blind Guardian se concentre davantage sur les arrangements, les aspects progressifs depuis un moment. Et en ce qui concerne les paroles, les nôtres sont plus sombres et philosophiques alors que celles de Bling Guardian appartiennent plus au genre fantastique.

Sur “Easton Hope”, la chanson “We Are Pirates”, sur laquelle Majk Moti a joué, est une sorte d’hommage au groupe Running Wild. Savez-vous ce que Rock’n’Rolf en a pensé ? Avez-vous eu des retours ?

Je n’ai pas parlé directement à Rolf malheureusement, mais son manager Otti et le webmaster du site de Running Wild m’ont dit qu’il aimait vraiment beaucoup la chanson et qu’il s’était senti honoré.

En parlant de Running Wild, que pensez-vous de leur retour ? Avez-vous écouté “Shadowmaker” ?

J’ai écouté “Shadowmaker” et je pense qu’il sonne bien mieux que “Rogues En Vogue” mais qu’il a de moins bonnes chansons. Vu que j’ai mon propre studio et que je travaille également en tant que producteur, j’avais offert mes services au groupe mais Rolf n’était pas intéressé. Je pense que “Shadowmaker” aurait été meilleur avec un meilleur son mais il reste un album correct, sans plus vu qu’il n’a pas vraiment de “hits”.

Vous avez tourné un clip pour la chanson “The Things We Believe In”, comment ça s’est passé ? Quelle est l’histoire derrière cette chanson ?

Tout l’album est basé sur cette histoire de fin du monde ou, disons plutôt, de notre civilisation telle que nous la connaissons. On a réfléchi à quoi on ressemblerait si on devait évoluer dans ce genre de décors, pour se protéger du froid ou des éventuelles attaques de personnes désespérées. Nous ne nous sommes pas inspirés d’un film en particulier mais plus de scénarios post-apocalyptiques comme ceux des films Mad Max ou des jeux vidéo Fallout. Heureusement, avec le réalisateur Rainer Zipp Fränzen, on a eu un type très talentueux qui est aussi maquilleur et costumier. Il a vraiment fait un boulot remarquable, il a beaucoup de talent. Le message de la chanson est : « Ensemble, on aurait pu s’en sortir, mais on ne l’a pas fait. »

Aimeriez-vous tourner une autre vidéo pour une autre de vos nouvelles chansons ?

Oui, on en a fait une autre pour “Land Of The Dead”, qui est déjà sur Internet. Et on vient tout juste de terminer un clip pour la chanson “Masks” avec Andreas Marschall. Je me suis chargé de la musique de son nouveau film d’horreur, Masks, et cette chanson d’Orden Ogan est composée de mélodies utilisées dans la musique de ce film. Il paraissait alors évident qu’Andreas allait se charger de ce clip lui-même.

“To The End” est votre quatrième album. Ne pensez-vous pas que ce serait le bon moment pour enregistrer quelques shows sur la tournée à venir en prévision d’un album live ?

En fait, c’est notre troisième album. On peut lire tout un tas de choses sur Orden Ogan sur Internet, mais tout n’est pas vrai. J’ai commencé à faire de la musique avec notre ancien batteur, Ghnu, en 1996, et le nom Orden Ogan est arrivé à peu près à cette période, mais pendant des années, nous n’étions qu’un petit groupe débutant, qui trainait en salle de répétition, jouait quelques concerts dans des pubs et enregistrait quelques démos qui, heureusement, ne sont plus disponibles aujourd’hui. Ha ha. On ne prenait pas tout cela trop au sérieux et il y a même eu une période où nous n’avons rien fait pendant deux ans. Le premier “album” auquel tu fais référence s’appelle "Testimonium a.d." et n’est rien d’autre qu’une démo sortie en CD, sans véritable maison de disque ou distribution. La véritable histoire d’Orden Ogan ne commence, pour nous, qu’en 2008 quand le disque "Vale" est sorti. C’est la première fois que d’autres personnes que nous ont commencé à travailler avec le groupe. Et "Vale" n’est d’abord sorti qu’en Allemagne. Notre première sortie internationale fut "Easton Hope" en 2010 avec AFM Records. Dans un sens, tu peux même dire que "To The End" est notre deuxième album et demi, ha ha. Et c’est pour cette raison que nous pensons qu’il est encore trop tôt pour un album live. Mais peut-être qu’il y aura quelques bonus live sur le prochain disque.

Voilà votre chance de conclure cette interview comme vous le souhaitez. Dites ce que vous voulez. Avez-vous un message pour vos fans ?

Sans vous les gars, pour aller aux concerts, acheter des CD, des t-shirts et autres choses – en un mot – sans vous pour soutenir les groupes que vous aimez, il n’y aura bientôt plus de groupes à succès. Alors, tout ce que je peux dire, et ça vient du cœur, est : merci ! Et notre page facebook a besoin de plus de fans français, alors, s’il vous plait, allez surfer sur www.facebook.com/ORDENOGAN et "aimez" nous ! ;-)


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