Skid Row

Interview date

23 Novembre 2013

Interviewer

Blaster Of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Rachel Bolan (face à face)


Salut et merci de répondre à mes questions pour le webzine Aux Portes du Metal.

Aucun problème mec, avec plaisir.

Alors Skid Row est finalement de retour ! Enfin !! Ce n’est pas une critique… Mais pourquoi avez-vous mis autant de temps ? Votre album “Revolutions Per Minute” date de sept ans déjà !

Je sais, mec… Nous avons fait tellement de tournées ! La plupart en Amérique du Nord. C’est ce qui nous a pris tout notre temps et ce qui ne nous a pas permis d’enregistrer un album plus tôt : nous avons passé tout notre temps en tournée. Je n’ai même pas vu les années passer. Sincèrement. Et un jour, après un concert, alors que nous étions dans le dressing quelqu’un a demandé : "Hé cela fait combien de temps que nous n’avons pas enregistré d’album ?" C’est là que nous nous sommes rendu compte que cela faisait déjà plus de six ans à l’époque. Et c’est à ce moment que nous avons décidé qu’il était temps de s’y remettre. Alors nous avons commencé à composer et à enregistrer des démos et tout le reste… Et nous voilà avec le premier chapitre d’ “United World Rebellion”.

En tout cas, depuis “Slave To The Grind”, il y a toujours eu une longue période d'écart entre vos albums…

Oui c’est vrai, nous ne sommes pas comme ces groupes qui enregistrent un nouvel album tous les deux ans. Nous n’avons pas pu faire autrement, en partie à cause des tournées et parfois aussi à cause de problèmes au sein du groupe comme nous en avons connu dans le passé… J’aimerais bien que l’on puisse enregistrer des albums plus souvent, mais bon c’est pour cette raison que nous avons choisi de travailler sur une série de mini-albums. Nous faisons ça afin de pouvoir proposer plus régulièrement de nouveaux morceaux.

Parlons un peu d’ “United World Rebellion”, votre premier EP est sorti au mois de Mai… a-t-il eu un bon accueil ?

Les ventes ont démarré doucement. Lorsque j’étais plus jeune c’était la grande époque des EP, c’est ce qui nous permettait d’écouter la musique de tous les groupes européens... chez le disquaire de notre quartier, nous écoutions leurs EP. Voilà pourquoi nous avons décidé d’en enregistrer, parce que nous avons grandi en écoutant des mini-albums… Mais c’est vrai que ce n’est plus trop d’actualité dans l’industrie de la musique actuelle, cela ne l’est plus depuis longtemps d’ailleurs. Mais ça revient à la mode tout doucement. Nous avons choisi ce format pour différentes raisons, d’abord comme je l’ai dit afin de sortir de nouveaux titres plus régulièrement. Mais aussi pour des raisons économiques, car nous pensons qu’il est plus facile pour nos fans de dépenser six dollars pour plusieurs titres et d’en dépenser à nouveau autant huit ou neuf mois plus tard, plutôt que dépenser quinze dollars pour un album. Nous voulons qu’ils puissent plus facilement écouter nos nouveaux morceaux. Mais pour répondre à ta question, oui cela a mis du temps, car il fallu attendre que les magasins de disques et les stations de radio acceptent de le vendre et de le promouvoir. Mais en tout cas ici en Europe, les ventes augmentent et les gens acceptent nos choix. D’autres groupes ont aussi choisi d’enregistrer des mini albums et je pense que c’est une tendance qui va rapidement se généraliser.

Avez-vous déjà une date de prévue pour la sortie des chapitres deux et trois ? Il me semble que pour votre second EP vous aviez prévu une sortie à la fin de l’année ?

Oui, nous avons d’abord pensé enregistrer la seconde partie pour la fin de l’année mais nous avons encore été très occupés à cause de nos tournées (il sourit)… C’est pour cela que nous n’avons pas eu le temps de composer toutes les nouvelles chansons. Nous pensons que tout sera prêt en mai 2014. Notre dernier concert aux USA est prévu le 21 décembre, ensuite nous serons en vacances pour passer Noël et le Nouvel An en famille. Et puis nous nous retrouverons dés la deuxième semaine de janvier pour commencer à enregistrer nos nouveaux morceaux en studio.

Est-ce que les suites de "United World Rebellion" seront dans la lignée du premier EP, musicalement parlant, ou doit-on s’attendre à découvrir d’autres styles ?

D'après ce que nous avons pour le moment, ce sera dans le même genre, oui. C’est lourd et puissant, c’est assez agressif… Nous allons également conserver le même format en nous limitant à cinq chansons et deux reprises car c’est vraiment sympa de faire des reprises.

Sais-tu déjà quelles seront vos prochaines reprises ?

Il y a tellement de bonnes chansons qui parlent de rébellion, c’est difficile de choisir. Nous avons quelques idées pour nos prochaines reprises, il ne nous reste plus qu’à nous mettre d’accord… Je ne peux donc rien vous dire pour le moment car nos choix ne sont pas encore définitifs.

Parlons du titre de cette série, vous vous décrivez comme des rebelles. C’est quoi pour vous « être un rebelle » aujourd’hui ?

C’est à peu près la même chose que quand j’étais gamin. C’est faire ce que l’on fait. Les gens qui ne font pas partie du milieu musical ne comprennent pas et ne voient pas que pour nous il s’agit d’une façon sérieuse de gagner sa vie et d’avoir du succès. Aujourd’hui encore je m’oppose aux gens qui nous disent ce que nous devons faire ou non. Je ne parle pas du respect des lois ou de ce genre de choses. Je parle des gens qui vous disent : “Tu n’arriveras jamais à faire ça… Tu ne pourras pas continuer à jouer jusqu’à tes cinquante ans…Tu n’arriverais jamais à composer de nouveaux morceaux…” C’est ce genre de choses que je n’acceptais pas lorsque j’étais jeune, lorsque des gens me disaient “Tu perds ton temps, ça ne marchera jamais, tu ferais mieux d’aller à la fac.” Même mes propres parents ne m’ont pas dit ce genre de choses. Ils me soutiennent depuis le début. Je leur ai dit que je voulais jouer de la basse et ils m’ont répondu : “ D’accord, c’est quoi une basse ? ” (rires). Alors je leur ai expliqué et je leur ai montré une photo de Gene Simmons… Je pense que je dois mon succès en grande partie au soutien de mes parents. Mais il y avait aussi d’autres personnes, des employeurs par exemple, qui n’aimaient tout simplement pas mes cheveux longs… Et ces personnes là ne souhaitaient pas notre succès mais tout le contraire. C’est triste. Certains de nos fans doivent affronter les mêmes obstacles, et nous sommes persuadés qu’il faut se battre pour obtenir ce que l’on veut et ne jamais cesser d’y croire. Vous ne devez pas laisser les gens vous dire : “Non, tu ne dois pas faire ça” et penser qu’ils ont raison. C’est pour cela que nous avons voulu réunir nos fans, ces rebelles, tous ensemble… maintenant nos fans peuvent se contacter en permanence… Et nous avons voulu nous joindre à eux pour faire passer un message : “ Ne vous laissez pas faire, battez-vous pour obtenir ce que vous voulez et pour ce en quoi vous croyez, et ne laissez pas les autres décider pour vous.”

Waouh, tu as eu beaucoup de chance d’avoir des parents qui te soutiennent autant, surtout après leur avoir montré une photo de Gene Simmons à l’époque. Ce n’était pas forcément le meilleur moyen de leur demander une basse !! (rires)

Ouais (rires) !! Il avait le torse couvert de sang… Il me semble que c’était une photo de leur album “Alive”. Mais en tout cas ils ont bien réagi et ils m’ont dit d’ajouter une basse sur la liste des cadeaux que je voulais pour Noël. Et à Noël j’ai eu une basse… A l’époque, je trouvais que c’était la pire basse du monde mais j’étais vraiment heureux de l’avoir. J’aurais aimé la garder, c’était une Coral Wasp…

Il y a d’excellents morceaux dans “United World Rebellion”. Le premier par exemple, est vraiment génial. Certaines personnes semblent apprécier davantage ces morceaux que vos ceux de vos albums précédents car cela leur rappelle la musique de vos débuts. Qu’en pensez-vous ? Est-ce positif, ou est-ce plutôt frustrant pour vous ?

Je ne me sens pas du tout frustré. Nous avons enregistré “Revolutions Per Minute” et cet album était complètement expérimental. Je crois que tous les groupes ont besoin d'enregistrer un album du même genre au moins une fois au cours de leur carrière, et faire vraiment ce qui leur plaît. Certaines personnes l’ont aimé, d’autre non… En fait il a déplu à la grande majorité des gens (il sourit) mais nous devions le faire… Après toutes ces tournées, après tout ce temps passer à évoluer ensemble, il arrive qu’on oublie ses racines, du point de vue musical… Et cet album était très éloigné de ce que nous avions fait auparavant mais il nous a finalement permis de retrouver nos racines, ce fut une expérience étrange et unique. Nous avons pris le temps de nous asseoir, Snake et moi, pour parler de notre enfance, de ce dont rêvions lorsque nous avons commencé à faire de la musique. Nous avons retrouvé la musique qui nous inspirait à l’époque de nos premiers albums… Nous avons fait le chemin à l’envers pour retrouver nos racines, et bien pour moi, cela n’a pas été facile. Mais nous avons commencé à travailler et à écrire des chansons puis nous nous sommes dit : “C’est vrai que ce sont de bonnes chansons mais ce ne sont pas celles de Skid Row”. Le titre “Kings of Demolition” est le premier que nous avons réécrit plusieurs fois, Snake en a même modifié le riff et c’est à ce moment là que j’ai eu l’impression de retrouver le mec avec qui je composais des chansons autrefois. Puis j’ai proposé un texte et j’ai vu que Snake ressentait la même chose que moi. Quand les autres membres du groupe ont entendu ce morceau et ont commencé à le jouer, nous avons tous compris que ce morceau avait quelque chose de spécial. Cela se voyait dans notre attitude mais nous avons aussi tous senti l’énergie qui a envahi la pièce à ce moment-la. Je suis heureux que les gens comparent ce morceau à “Slave To The Grind”. Pourquoi ne le serais-je pas ? C’était un très bon album… Mais bien sûr il y a aussi d’autres personnes qui nous disent : “Vous jouez la même chose qu’avant!”… Alors comment faire ? Quand nous essayons des choses différentes les gens se plaignent, et quand nous faisons ça les gens nous disent que nous jouons toujours la même chose ! En tout cas nos nouveaux morceaux nous plaisent, c’est exactement ce que nous voulions faire et de toute façon on ne peut pas plaire à tout le monde… Cela ne sert à rien d’essayer, personne ne peut y parvenir car ce n’est pas possible. C’est ce que m’a dit Tom Hamilton d’Aerosmith. A l’époque nous étions en tournée avec Aerosmith, nous étions en train de déjeuner, nous avions commencé à composer notre deuxième album. Il m’a demandé : “Vous composez de nouveaux morceaux ?” et je lui ai répondu “Oui, mais ce n’est vraiment pas facile, notre premier album a eu tellement de succès, on ne sait plus trop quoi faire”… Voilà le conseil qu’il m’a donné “Ecrivez des chansons qui vous donnent de l’énergie, composez de la musique qui vous motive qui vous rend heureux et je vous assure que vous réussirez à transmettre ces émotions à vos fans. Ils ressentiront la même chose que vous”.

En parlant de vos nouvelles chansons, qui appelez vous les “Kings of Demolition”? De quoi parle cette chanson au juste ?

Je pense que nous sommes les rois de la démolition. Nous utilisons des métaphores mais en fait cela parle de faire tomber les barrières, afin que les gens puissent enfin se comprendre les uns les autres… Tu vois comme dans une conversation, “Tu comprends ce que je veux dire, alors pourquoi mettre des barrières entre nous ?”… Les gens le font trop souvent et s’isolent des autres.

Sur scène vous jouez beaucoup de morceaux de vos deux premiers albums, qui sont aussi les plus populaires. Qu’en pensent Johnny et Rob ? Cela ne les ennuie pas trop que vous jouiez autant de chansons datant de l’époque ou ils n’étaient pas dans le groupe ?

Cela se passe très bien. Johnny apprécie beaucoup ce que nous avons pu faire avant son arrivée au sein du groupe, il respecte nos anciennes compositions et chante parfaitement nos mélodies et tout le reste. Bien entendu, il y apporte aussi sa touche personnelle… Et c’est la même chose pour Rob. Nos batteurs précédents en faisaient parfois trop. Nous étions obligés de leur dire : « Hé mec, nous ne sommes pas Rush, et ce n’est pas pour critiquer Rush, nous, nous sommes juste un petit groupe tout simple. » Rob lui veut seulement être un bon batteur de rock, et c’est ce qu’il est. Cela ne l’intéresse pas de devenir une grande rock star. Ils sont tous les deux d’accords avec notre choix de chansons, ils aiment les jouer et ils le font très bien… Alors tout se passe bien.

As-tu quelque chose à ajouter, un message à faire passer, une question que tu aurais voulu que je te pose, c’est à toi :

Et bien, évidemment si vous voulez découvrir notre musique vous pouvez nous trouver sur YouTube, Facebook, Twitter, et notre site  www.skidrow.com... Alors n’hésitez pas ! Mais ce que je voulais vraiment vous dire c’est que cela fait vingt-cinq ans que nous venons jouer en France et là nous sommes de retour pour jouer à guichet fermé avec Ugly Kid Joe et nous sommes vraiment très heureux que les gens nous soutiennent toujours. Cela nous fait beaucoup de bien. Je veux juste remercier tous nos fans pour leur soutien. C’est tout simplement génial de pouvoir revenir en France. Merci de votre accueil.


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