Supuration

Interview date

21 Juin 2014

Interviewer

philippec

I N T E R V I E W

Interview Fabrice et Ludovic Loez (face à face)


En faisant le questionnaire pour cette interview de Supuration avec Fred Vincent (mon beau-frère) que je remercie pour son aide, j'étais loin de penser que j'allais faire une si belle rencontre et passer un moment inoubliable avec les frères Loez, deux êtres d'exception !

 

Bonjour, merci de m'accorder un peu de temps, je fais partie du webzine "Aux Portes Du Metal".

Fabrice : C'est avec plaisir.

Combien de temps restez –vous à Clisson ?

Fabrice : nous sommes là depuis hier (Vendredi), et nous repartons ce soir pendant la soirée, on ne sait pas encore à quelle heure on va reprendre la route, du coup nous n'avons pas d’opportunité de logement pour ce soir, mais nous serions restés avec plaisir.

C'est votre première participation au Hellfest je crois ?

Fabrice : C'est la deuxième, nous avons fait une première participation en 2011 sur la Mainstage 1 avec S.U.P, là c'est la première fois en tant que Supuration.

Quelle a été in fine la motivation pour enfin y participer ?

Fabrice : Notre motivation c'est que le Hellfest est vraiment un moment incontournable dans l'année parce que c'est "le" festival français pour moi, pour nous et d'avoir l'opportunité de jouer ici un album en intégralité, notamment "The Cube" qui replonge certains fans vingt en arrière, du coup on s'est dit il faudrait vraiment faire ça. Puis la Altar Stage est vraiment nickel pour faire ça.

Comment s'est passé votre set ? Son ? Ambiance ?

Fabrice : Un peu surpris car nous avons joué après Benighted qui est vachement puissant, du coup j'ai vu que le public réagissait, je me suis dit "mince, on ne fait pas vraiment le même style de musique", la nôtre est un peu plus ambiante et torturée... Super surpris de voir finalement que l'Altar était bien blindé, c'était vraiment bien, nous avons eu un bon feeling avec le public, les gens se sont vraiment replongés comme on le souhaitait dans les années 90 avec "The Cube", et de voir autant d’engouement autour de cet album et du groupe. Franchement surpris, jamais nous n'aurions cru qu'il y aurait autant de monde à ce moment-là.

Que pensez–vous de votre horaire de passage ? Et du temps dont vous avez disposé ? (Ludovic nous a rejoints)

Fabrice : Peu importe l'horaire de passage, le principal est de passer, du coup les gens étaient au courant que nous passions à cet horaire-là, j'aurais tendance à dire ceux qui sont venus c'est bien, pour les autres tant pis pour eux. Le son était bien, nous avons bien interprété l'album, pour nous c'était un bon horaire...

Ludovic : Après le temps imparti nous convenait puisque "The Cube" fait quarante-trois minutes, là nous en avions quarante, nous avons eu le temps de jouer l'album dans son intégralité et puis voilà... Cela nous correspondait bien.

Fabrice : Pour ça il faut remercier l'organisation du hellfest qui a dû prendre en compte le fait qu'il y avait pas mal de fans qui ont créé une page sur facebook, pour justement faire l'album "The Cube" dans son intégralité au Hellfest. Sachant que l'album fait quarante minutes, je pense qu'il nous ont octroyé quarante minutes de set en fonction de la durée de "The Cube"... Encore merci à l’organisation.

Avez-vous eu le trac avant de monter sur scène ?

Fabrice : En ce qui me concerne, j'ai toujours un peu de trac.

Ludovic : Il y a toujours une appréhension, quand tu n'as pas le trac ce n'est pas bon, en fait quand tu es trop à l'aise c'est pas bon. Quand tu fais un concert dans une petite salle, que tu arrives, tu as une heure de balance, que tout est calé, tu es tranquille. Mais quand tu arrives comme ça un peu à l'arrache, que tu as trois à cinq minutes pour bien te caler, qu'il y a du monde, si tu te vautres là c'est tant pis, cela nous est arrivé plein de fois en plus, on est maudit là dessus ! Le trac, il en faut, il ne faut pas être tétanisé non plus, mais il faut un peu d'adrénaline pour que cela puisse bien marcher.

Pourquoi avoir choisi d'axer ce concert sur le premier album et non pas sur un best-of de votre trilogie ?

Fabrice : C'est vraiment hyper volontaire de notre part, je pense que les bases de Supuration c'est vraiment l'album "The Cube". De tout façon, c'est une trilogie avec "Incubation" et "Cu3e", chaque morceau de l'album "The Cube" est représenté dans "Incubation" et "Cu3e", c'est une analogie, l’album de référence c'est "The Cube". Ce qui nous a intéressés aussi pour faire un pied de nez, c'est un album qui n'est plus distribué, qui n'est plus pressé, c'est impossible de l'avoir. On ne fait vraiment pas ça par esprit de promotion, c'est vraiment exclusivement pour les gens qui ont connu l'album à l'époque, et je sais qu'ils étaient nombreux aujourd'hui, et de leur faire partager ce que nous avons ressenti en le rejouant en répétition. Je pense que nous avons gagné notre pari, nous avons été transportés vingt ans en arrière avec l'album, et que cela fait plaisir à tout le monde.

Quel est votre ressenti sur le festival ?

Ludovic : Cela devient de plus en plus gros, ça fait penser au film " Une Nuit en Enfer" avec George Clooney et Quentin Tarentino, c'est le festival de l'enfer en fait... c'est le nom en vrai. Je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup de monde et je pense que les gens n'ont pas le temps de tout voir malheureusement, mais cela évolue bien tout de même.

Fabrice : On se rend bien compte qu'il y a un super gros travail dans la mise en place du running order, cela doit être un gros casse-tête et un enfer pour eux. Là je trouve que c'est pas mal torché.

Ludovic : Il y a du boulot !

Fabrice : C'est pas évident, je ne voudrais pas être à leur place. Bravo pour eux !

Avez-vous vu ou allez-vous voir d'autres groupes ?

Ludovic : Noctornus vite fait, Maiden que l'on n'avait jamais vu.

Fabrice : Nocturnus, Maiden, Sepultura que l'on avait déjà vu.

Et vos potes Loudblast ?

Fabrice : On est arrivé trop tard.

Ludovic : On était dans les bouchons, on devait arriver à 15h15 pile poil et on est arrivé à 19h le soir.

Fabrice : Nous avons tout fait pour arriver à l'heure de leur set mais on n'a pas pu arriver à temps.

Sur place, avez-vous rencontré des artistes dont vous êtes fans ? Qui ?

Fabrice : On n'a pas eu vraiment le temps de rencontrer des gens. De toute façon, c'est vrai que nous sommes un groupe un peu solitaire, nous sommes un peu à l'écart de tout ça, nous ne connaissons pas beaucoup de gens et on n'ose pas aller vers eux aussi.

Ludovic : Moi, j'ai pris en photo notre bassiste avec le guitariste de Hell Of Bullets, qui était avec Steffie, la coordinatrice de notre label, car il est fan de Hell Of Bullet.

Maintenant, on va parler de votre dernier opus. Avec plus d'un an de recul, comment jugez-vous cet album ? En êtes-vous pleinement satisfaits ?

Fabrice : pleinement satisfaits ? On a beau le réécouter maintes et maintes fois, c'est celui qu'il fallait pour clôturer la trilogie du Cube, cet album représente vraiment ce que l'on voulait faire.

Ludovic : C'est la pièce qui manquait au puzzle pour finir la trilogie, après si nous n'avions pas été satisfaits, nous ne l'aurions pas sorti. Pour l'occasion, on a eu un bon mastering de Dan Swanö, ça c'est sympa, puis il y a aussi notre changement de label. En fait, c'est cette somme de choses qui a reboosté le groupe.

Quel a été l'apport de Dan Swanö à l'album ? Pourquoi l'avez-vous choisi ?

Ludovic : C'est le label qui nous a proposé Dan Swanö pour le mastering, nous n'avons pas refusé car je connais bien son travail. Cela aurait été dommage de refuser (rire) ! Il travaille super bien, on ne l'a pas rencontré mais nous l'avons eu par mail, il est très gentil, très humain... C'est un bon, c'est tout !

Fabrice : Nous lui avons envoyé une partie de notre discographie pour qu'on ait l'honneur qu'il écoute ce qu'on a fait. Par son travail, Dan a réussi à faire ressortir des choses auxquelles nous n'aurions pas pensé. Pour nous, le mastering est une étape vraiment importante, c'est celle qui fige l'album, c'est au moins quarante pour cent de l’album.

Toutes les paroles ont été écrites par Fabrice. Toute la musique par Ludovic. Quel a été votre processus de composition ?

Fabrice : Nous n'en avons pas vraiment, de toute façon je pense que l'on se comprend dans tout ce que l'on fait, nous sommes un peu l'extension de chacun, donc nous avons chacun une tâche à accomplir.

Ludovic : On a une idée de concept de test et l'histoire puis je commence à composer à la guitare sèche, les basses et les mélodies, puis je retranscris sur une boîte à rythme les riffs qui vont suivre en électrique, après il y a une répétition en réel au métronome avec le batteur. Puis on cale les rencards studio, les prises de son, tout ça quoi... En fait, depuis vingt ans, on fonctionne comme ça.

Il s'agit du premier album chez Listenable Records. êtes-vous satisfaits de sa promotion ?

Ludovic : j'en ai parlé avec un jeune homme dans une autre interview, il me parlait de S.U.P et me disait que c'était bien mais qu'avec le fait que ce ne soit qu'hexagonal, on avait l'impression que cela péreclitait. Et la licence chez Listenable Record nous a permis d'avoir un second souffle, nous avons fait beaucoup d'interviews, il y a eu aussi pas mal de promotion autour de l'album.

Fabrice : Pleinement satisfaits car nous avions vraiment besoin de ça, je pense que nous tournions un peu en rond avec notre ancien label, Listenable a su nous insuffler un second souffle comme l'a dit Ludo, c'est vraiment une toute autre dimension, on s'aperçoit que le monde ne s'arrête pas à la France pour tout ce qui est distribution étrangère. C'est vraiment un très bon label et nous sommes pleinement satisfaits de ça.

Ludovic : on ne compte pas non plus conquérir le monde entier et toute l'Europe, c'est pas le but mais c'est quand même sympa pour nous d'avoir un label qui soutient le groupe, c'est le minimum.

CU3E est votre troisième album sous le nom de Supuration, sera-t-il le dernier album sous cet appellation ?

Ludovic : Normalement, ce sera le dernier album.

Fabrice : Normalement oui.

Ludovic : Mais non ! je sais pas... on ne sait jamais, si en 2023 on a une lubie on verra mais je ne pense pas, on est pas "Star Wars" non plus, on va pas faire quinze albums et dire "On arrête" à chaque fois.

Fabrice : Par contre, on a comme projet de sortir le triptyque, en bande-dessinée, "The Cube", "Incubation" et "Cu3e". On va aussi inclure "Hegemony" dans la BD, qui sera en deux volumes, parce que la dernière phrase de "Cu3e" est la première d'"Hegemony", ce sera une passerelle pour revenir à S.U.P.

Un concert durant lequel les trois albums de la trilogie seraient enchaînés est-il envisageable ?

Ludovic : C'est quelque chose d'assez difficile à mettre en place, il faut que ce soit un concert unique, que l'on soit seul dans une salle, que l'on puisse avoir des parties de repos, des sortes d'entractes, cela fera deux heures de concert non stop. Il faudra aussi de la vidéo pour faire quelques chose de bien léché, c'est bien d'y penser, c'est une bonne idée mais ce sera difficile à réaliser.

Quelles musiques ou groupes vous intéressent actuellement ?

Ludovic : Daft Punk !

Fabrice : Je ne sais pas, tout m'intéresse, j'écoute beaucoup de choses en ce moment mais je ne saurais pas te définir un truc en particulier.

The Cube va-t-il être de nouveau réédité prochainement ?

Fabrice : Je l'espère, c'est vrai que là nous avons fait un concert sans avoir une distribution de l'album car il n'est plus disponible, mais je pense qu'il le sera.

Chez Listenable ?

Ludovic : Il y a des chances, normalement. Mais il faut que l'on prenne le temps de laisser passer le festival, puis on va discuter de tout ça.

Fabrice: On n'en a pas encore discuté, mais en tout cas il le sera !

Un album de S.U.P est-il à l'écriture ?

En choeur : Oui, il y a un album à l'écriture !

Ou sinon, avez-vous d'autres projets ? Ex : musique de film, bootlegs...

Ludovic : Les bootlegs vont reprendre en septembre, on est à dix-sept je crois, notre but est d'en faire vingt du même format. Après oui, nous avons encore plein d'autres projets.

Quel est votre ressenti sur l'impact du livre de Jérémie Grima"Trace écrite" un peu plus d'un an après sa parution ?

Fabrice : Je trouve que ce garçon à beaucoup de talent, il a réussi à me replonger dans mon passé et cela m'a fait beaucoup de bien. Je trouve aussi qu'il a une super écriture et il faut vraiment s’intéresser à lui, il va sûrement ressortir d'autres bouquins bientôt, c'est quelqu'un d’intègre... Le ressenti de ce qu'il a fait sur nous c'est vraiment...

Ludovic : C'est l'histoire d'une vie, la vie d'un groupe sur cinq cents pages et les ventes ont été correctes, il n'y a pas eu de catastrophe, on aurait pu lui dire "Tu vas te casser la gueule en sortant un bouquin sur un groupe inconnu". En fait c'est faux, cela se vend bien, cela se vend mieux que certains trucs qui sont mal écrits. Le ressenti du livre, eh bien cela retranscrit bien l'évolution du groupe depuis ses débuts, c'est un bel objet, le prix est un peu élevé, c'est vrai, mais ce n'est pas nous qui décidons. C'était une belle expérience... une drôle d'idée, mais une super expérience.

Etes-vous concients qu'avec votre trilogie vous êtes devenus un groupe culte, et pas uniquement en France ?

Ludovic : Oui, ce sont des gens très centrés sur le groupe qui ne nous lâchent pas !

Fabrice : Nous en sommes conscients et nous espérons que cela continuera comme ça, c'est notre but en fait, on ne fait pas ça pour la gloire.

Je sais que vous êtes fans de films de science-fiction, quel est le film que vous avez vu dernièrement ?

Ludovic : C'est pas dernièrement mais moi je dirais "Prometheus", il m'a marqué celui-là !

Fabrice : Moi je suis un peu fan de Star Trek, du coup j'ai bien aimé le dernier.

Quel sera votre meilleur souvenir de votre passage au Hellfest 2014 ?

Ludovic : Beaucoup d'interviews !

Fabrice : De supers souvenirs, merci encore à l'organisation.

Un dernier petit message pour nos lecteurs ?

Ludovic : Respecter l'autre tout le temps, écouter ce qui nous plaît, ne pas cracher sur les autres groupes, si on n'aime pas, on n'aime pas ! Ce n'est pas nécessaire de dire que c'est nul.

Fabrice : Il ne faut pas qu'écouter les groupes, mais il faut aussi les comprendre, en tout cas je suis sûr que les lecteurs d'"Aux Portes Du Metal" sont des gens biens.

Je vous remercie, ainsi que Steffie (Listenable Records) qui a permis cette interview.

Merci à toi !


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