Interview date

15 Mai 2011

Interviewer

yanng

I N T E R V I E W

Interview Yann Armellino (par mail)


Salut Yann, merci de bien vouloir nous accorder cette interview pour le webzine metal français www.auxportesdumetal.com.

Salut à toute l'équipe. Merci à vous pour votre soutien et félicitations pour le site, réactualisé toutes les semaines! Je vous "suis" régulièrement.

Peux-tu tout d'abord nous présenter ton nouvel album "Revisited" ?

"Revisited" a été conçu un peu dans "l'urgence", c'est-à-dire dans un laps de temps assez court car suite après la sortie du DVD «Je Suis Guitariste» fin août 2010, j’ai senti que c’était l’occasion pour revenir avec du nouveau matériel. Le DVD a vraiment bien fonctionné et s’est retrouvé classé en tête du Top Ifop pendant plusieurs semaines. Grâce à l’aide et au soutien de l’équipe Sony Music, j’ai pu aboutir à un deal sur le label Sterne avec Hervé Bergerat, également distribué par Sony Music.

Pourquoi n'avoir pas directement sorti un album avec 100% de nouveautés ?

Car j’ai eu envie de faire partager ce que donne mon répertoire joué «live», sans surenchère d’effets en studio. Et puis, j’ai pour habitude de toujours faire des clins d'oeil aux artistes que j’aime beaucoup, d’où les quelques reprises que l’on trouve sur ce nouvel album...

Il y a une partie "Revisited side" et une partie "Bonus side". Peux-tu détailler ?

Comme je te l’expliquais plus haut, l’idée, concernant la «Revisited Side», était d’enregistrer sans «re re» ni autres fioritures que tu peux en général rajouter en studio. Ambiance «Plug & Play». Juste une batterie, une basse et ma guitare. L’enregistrement s’est donc déroulé assez rapidement car nous cherchions la bonne prise, qui pouvait marier feeling et énergie...J’espère que le pari est réussi...à vous de me le dire ;o) Concernant le choix des titres, ça n’a pas été facile mais il a fallu trancher, trouver le bon équilibre entre Heavy et Blues. Pour la deuxième partie de l’album, c’est encore une envie de partager différentes versions de titres qui m’ont marqué. Pour cette seconde face, j’ai effectué un «vrai» travail de studio, en empilant de temps en temps plusieurs guitares et autres arrangements. A l’arrivée, «Revisited» est aussi un hommage au vinyle de la grande époque, avec deux faces et une durée un peu plus courte que sur les CD en général. Et puis, ce n’est pas parce que le CD peut contenir 80 minutes de musique qu’il faut absolument aller au bout. J’aime bien les albums assez courts (Par exemple, «Live To Win» de Paul Stanley (le Star Child de KISS) avoisinait les 30 minutes seulement mais...il n’y avait rien à jeter !), qui ont un goût de «on y retourne vite», ce qui n’est pas toujours le cas quand tu te retrouves avec une vingtaine de titres. J’avais également comme objectif de proposer cet album à un prix raisonnable, moins de 15 € en magasin pour que cela soit cohérent vis-à-vis de la durée. L’offre en numérique est également très raisonnable quand on achète l’album complet.

Tu reprends de façon instrumentale l'excellent "Crossroads" de Robert Johnson (rendue populaire par Eric Clapton) avec les musiciens de Santana je crois. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est une magnifique opportunité que j’ai eu grâce à mon éditeur Jean Davoust, que je remercie pour sa confiance, nous travaillons ensemble depuis maintenant quelques années...Il se trouve que son affilié aux Etats-Unis lui a proposé de reprendre du Robert Johnson dont le cultissime «Crossroads». Nous avons travaillé par Internet et je n’ai donc pas rencontré les musiciens de Santana. Le résultat me convient à 200%, Tony Lindsay a une voix incroyable et le reste du band a «le Groove» parfait ! C’est un beau cadeau d’avoir ce genre de titre sur cet album, sans oublier que dans ma musique, le note bleue n’est jamais bien loin.

Pourquoi avoir choisi ce morceau ? D'ailleurs, Clapton est-il une de tes principales influences ?

Je n’ai pas choisi ce titre en particulier, il faisait partie d’une liste que je pouvais reprendre. C’est vrai qu’il y a eu déjà beaucoup de versions de «Crossroads» dont celle de Clapton, qui n’est pas vraiment une influence pour moi, même si je respecte beaucoup le musicien. A côté de ça, j’adore le jeu de Richie Sambora qui lui, est extrêmement influencé par Clapton donc, je dois l’être également un peu par alliance ;o) Pour en revenir à «Crossroads», je n’ai pas voulu écouter les différentes versions avant d’enregistrer mes guitares, c’est après que je me suis intéressé à ce qui était sorti auparavant. J’ai trouvé très bien celle de Rush, étonnante de musicalité, c’est surprenant d’entendre la voix de Geddy Lee sur ce grand classique. Grand groupe !

Tu mets beaucoup de feeling sur la reprise instrumentale de "Imagine". Contrairement à beaucoup de guitaristes, toutes tes compos et ton jeu ont toujours été basés sur la mélodie. Tu n'as jamais été tenté de déborder vers de la démonstration ?

Merci pour «Imagine». J’ai décidé d’enregistrer ce titre quand j’ai changé de matériel d’enregistrement. C’était une façon de tester mon nouvel engin (Un multi piste Zoom). Pas simple d’en faire une version guitare car c’est pour moi un des plus beaux titres jamais composé. Le plus compliqué a été de reproduire le chant de John Lennon en essayant de conserver les trémolos et autres effets pour se rapprocher de sa voix. Je l’ai interprété un peu «à la Jeff Beck» (attention, je n’ai pas la prétention de sonner comme lui...un jeu et un feeling inimitable...), en jouant toutes les parties lead aux doigts, sans médiator, pour avoir le moins d’attaque possible. C’est un ami, Guillaume, qui me disait de mettre cette reprise sur un album, de ne pas la laisser dans un tiroir, je l’ai écouté ;o) Merci à lui ! Quant à la démonstration, je ne suis pas super client, il y a de nombreux guitaristes bien plus doués que moi pour ce genre de «sport». Maintenant, je mets quelques passages plus rapides que d’autres mais essaye toujours de privilégier la mélodie dans mes compositions. Cela vient du fait des gens que j’écoute et admire comme Sambora par exemple, Van Halen, Vivian Campbell et bien d’autres. En gros, je suis bien plus ému par un Satriani que par un Michael Angelo.

Y&C était vraiment excellent. Un nouvel album avec Chris Caron est-il en route ? Où en êtes-vous ?

Merci. Artistiquement, cette expérience a été un vrai plaisir. Retrouver Chris au bout de pas mal de temps pour reprendre là ou on s’était arrêter était vraiment très sympa, c’est un peu comme si on ne s’était pas vraiment quitté (Comme un vieux couple ah ah) ! Il est dommage que cet album soit sorti peu de temps avant la fermeture de notre distributeur «Nocturne», il n’a pas eu toutes ses chances et était assez difficile à trouver partout...ça n’a pas été une période très facile car j’espérai vraiment aller plus loin avec ce disque. Nous sommes toujours en contact régulier. Nous avons eu une période de «flottement» car il est parti s’installer à Austin il y a quelques mois. Je lui ai envoyé le matériel nécessaire pour envisager une suite (pas loin de dix nouveaux titres)...J’attends avec impatience ce qu’il va en faire, s’il en fera quelque chose ;o). J’aimerai bien revenir avec un nouvel album «Chris & Yann» avant la fin de l’année ou bien début 2012. A suivre ! La balle est un peu dans son camp...

Tu es réputé pour tes différents DVD et autres méthodes pédagogiques. Aimes-tu vraiment enseigner ou est-ce alimentaire ? Comment répartis-tu ton temps entre pédagogie et nouvelles compositions ?

Quand tu es musicien, tu auto-gère ton temps, ce n’est pas toujours très simple mais il faut s’aménager des plages pour mener à bien ce que tu dois faire. J’aime vraiment transmettre, cela me permet de ne pas stagner, d’en apprendre tous les jours ou presque, de découvrir de nouvelles choses. Sans compter que pour s’en sortir, tu dois aujourd’hui être «multicarte», ne pas te cantonner à une seule activité, l’âge d’or du disque est loin derrière nous et nos productions ne nous suffisent plus à vivre décemment.

On s'était croisé au Salon de la Musique à Paris. As-tu eu des retours suite à tes différentes clinics ? Des contacts intéressants ?

Oui, c’est toujours enrichissant de participer à ce genre de Salon, cela te permet de rencontrer un maximum de gens en un minimum de temps. C’est aussi une façon de croiser tous mes collègues guitaristes car on ne se voit pas si souvent que ça.

Il y a quelques années, tu avais fait la première partie d'Yngwie Malmsteen à Paris. Quels souvenirs gardes-tu de cette soirée ? Que représente Yngwie pour toi ?

Yngwie est un grand guitariste, pas facile humainement voire un peu distant mais c’était quand même une belle expérience. L’Elysée Montmartre était ma salle favorite à Paris, c’est vraiment dommage qu’elle soit partie en fumée dernièrement. J’y ai joué deux fois et espère bien la refaire si jamais elle ouvre ses portes à nouveau. Pour en revenir à la soirée, ce n’était pas évident car nous avons eu genre 10 minutes de balance, merci maestro ;o) Pas très fairplay comme façon de traiter les musiciens...enfin ce qui compte c’est que nous avons pris du bon temps et le public était bien réceptif. Si c’était à refaire, je n’hésiterai pas une seconde ! Sinon, Yngwie ne représente pas grand-chose pour moi, je ne suis pas vraiment de cette école néo classique mais il est vrai qu’il a influencé de nombreux six cordistes. En revanche, quand il se met à jouer Hard Rock Blues comme lors de sa balance au concert, ça le fait méchamment bien et ça me parle beaucoup plus.

L'autre soir, je suis tombé à la télé sur le vieux tube des années 80 "Il est libre Max" d'Hervé Cristiani et il me semble t'avoir reconnu à la guitare. Je me trompe ? Tu étais musicien de studio ? Peux-tu nous en dire plus sur tes collaborations ?

Non, tu ne te trompes pas...Caramba...Je suis démasqué...C’était bien moi...C’est à une époque ou je faisais pas mal de plateaux TV avec différents artistes, bien avant que je décide de m’orienter vers la pédagogie pour arrêter ça. J’ai collaboré avec pas mal d’artiste mais ne citerai aucun nom...ah ah ah, il faudra attendre de retomber sur une rediffusion pour me prendre à nouveau la main dans le sac ;o))

Comment envisages-tu la suite de ta carrière ? Envisages-tu de poursuivre vers des albums instrumentaux ? Ou plutôt vers des projets chantés tels que Y&C ?

Je ne sais pas encore, difficile d’avoir une vision à long terme lorsque tu fais de la musique. J’espère pourvoir continuer encore longtemps. Comme je le disais plus haut, j’aimerai bien refaire un album sous «Y&C» mais l’un n’empêche pas l’autre et je me vois également bien continuer à enregistrer des albums instrumentaux. Enfin, est-ce qu’aujourd’hui il est encore judicieux de parler d’albums ? A l’heure ou nous tendons de plus en plus vers la dématérialisation de la musique. Il faudra bientôt penser en titres et non plus en album. J’essaye de m’y faire petit à petit mais ce n’est pas évident car je suis malgré tout encore très attaché au support physique, à la distribution traditionnelle qui pourtant se porte de moins en moins bien.

Tu ne nous as pas trop parlé de tes influences. Quels sont les groupes et artistes qui t'ont le plus inspiré ?

La liste est longue. Je n’ai pas un guitariste ou un groupe favori, mis à part peut-être Van Halen qui me met vraiment par terre à chaque fois que je l’écoute, toutes périodes confondues, avec David Lee Roth, Sammy Hagar ou bien Gary Cherone, ce mec est un magicien. Il a, au même titre que Hendrix, fait évoluer considérablement la guitare électrique Sans oublier Kiss, c’est vraiment ce groupe qui m’a donné envie de m’y mettre, j’étais «fan» et n’écoutais qu’eux quand j’ai commencé à écouter et à faire de la guitare, Ace Frehley et ses moulinets inimitables...Sinon, je peux te citer dans le désordre pour les guitaristes: Joe Satriani et Jeff Beck (qui sont un peu les pionniers de l’instrumental), Vivian Campbell (dans Riverdogs ou Def Leppard et dernièrement avec Thin Lizzy, incroyable ! Je vous conseille l’écoute de son album solo, «Two sides of If» très blues, en plus il chante bien), Richie Kotzen, Luke Morley de Thunder (quel feeling !), Richie Sambora que je te citai avant, Slash, Joe Perry, Blues Saraceno...il y en a d’autres. Pour les groupes, j’aime bien les mélodistes avec Def Leppard, Bon Jovi, Aerosmith, Thin Lizzy, Extreme et bien d’autres...Tendance Hard Rock’n Roll.

Sur cette première moitié 2011, y a-t-il des albums qui t'ont scotché ?

Oui, il y a quelques albums qui tournent pas mal dans ma platine, heureusement ! J’ai beaucoup aimé l’album que Joe Elliott a enregistré avec les membres du groupe Quireboys s’intitulant «Down’n’Outz». C’est un hommage à Mott The Hoople, très réussi. J’ai d’ailleurs écouté le nouveau single de Def Leppard sur Internet récemment, vraiment très chouette. Il y a le premier album du «Tedeschi Trucks Band» qui sortira le 14 juin prochain, du blues très inspiré ou l’on retrouve Derek Trucks et sa femme Susan Tedeschi, on l’attendait depuis longtemps ! J’aime bien le nouvel album solo de Michael Monroe, chanteur d’Hanoi Rocks, son authenticité, son honnêteté, me touche beaucoup. Après, il y a des choses datant de l’année précédente que j’écoute encore pas mal, comme le dernier Shannon Curfman «What’s you’re getting into», «The Circle» de Bon Jovi, le Slash en solo que j’ai découvert un peu sur le tard, le titre avec Ian Astbury de Cult est vraiment terrible. L’album d’Ozzy «Scream», avec Gus G à la guitare, c’est l’un des meilleurs concerts que j’ai vu l’année passée. Dans un genre différent, il y a Beady Eye, nouveau groupe de Noel Gallagher d’Oasis, il est vraiment doué et un grand sens de la mélodie pop. Et puis il y a toujours le «Chinese Democracy», album qui fera date dans l’histoire du Rock, rien à jeter, et si Axl avait atteint la perfection ?

Comment juges-tu l'évolution de Satriani, un de tes mentors, depuis "Crystal Planet" ? Considères-tu que ses derniers albums sont toujours intéressants ou bien qu'il tourne en rond ?

Satriani fait partie des artistes qui arrivent à me captiver à chaque sortie d’album. Il est loin de tourner en rond, au contraire, on reconnait sa «magic touch» dès les premières secondes, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Il a le don de composer des mélodies assez simples, pouvant se chantonner facilement, comme une bonne chanson. Je le place bien devant de nombreux instrumentistes. Je préfère ses disques en solo plutôt que l’expérience ChikenFoot qui ne m’a pas plus accrochée que ça, il faudra attendre la suite...

Que penses-tu des nouveaux guitar-heroes ? Plus particulièrement de l'apogée de Joe Bonamassa ? Considères-tu que c'est le nouveau Clapton ?

Déjà, le terme «Guitar Hero» ne veut pas dire grand-chose pour moi. Je préfère «guitar zéro» ;o)) Qu’est-ce qu’un un héros de la guitare ? Si vraiment on devait définir ce terme, je dirais qu’il y en a eu deux, Hendrix et Van Halen, après ce qui vient derrière ...Eux deux ont vraiment inventé quelque chose, Hendrix dans son domaine rock, psyché, Soul, et Van Halen, quand il est arrivé en 77, a réinventé le Hard Rock. Après son passage, plus rien n’a sonné comme avant ! Concernant Joe Bonamassa, je reconnais qu’il joue très bien, beau feeling etc. mais je ne suis pas tombé à la renverse. Je ne suis pas assez calé en Blues pour pouvoir le considérer ou non comme le nouveau Clapton. Dans un genre proche mais peut-être plus énervé, je peux te conseillé Steve Hill, guitariste chanteur canadien. J’ai rarement vu une Lespaul aussi bien malmenée ! J’ai également beaucoup apprécié Philip Sayce.

Un petit mot pour les rédacteurs et les lecteurs du webzine auxportesdumetal.com pour finir ?

Je terminerai par rappeler qu’il faut éviter de télécharger illégalement nos albums car ça ne va pas en s’arrangeant du côté de l’industrie musicale. Il ne faut pas oublier que l’on est au début de la chaine et que ça va vraiment devenir de plus en plus difficile d’aboutir à de nouveaux projets si ça continue ...

Merci beaucoup pour ton temps.

Merci à vous et à bientôt !


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