Zapruder

Interview date

03 Février 2012

Interviewer

fifi59

I N T E R V I E W

Interview Zapruder (par mail)


Salut Zapruder, merci d'accorder cet entretien au webzine auxportesdumetal.com. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter les membres du groupe ?

François : Salut à toi et merci pour l'intérêt que tu portes à notre petite entreprise. Je m'appelle François, je suis bassiste et je crois que c'est plus ou moins moi qui ait lancé l'idée du groupe.

Romain : Yosh, Romain, batteur à "distance", j'ai accepté par le biais de Quentin, un de nos deux guitaristes, de me joindre à Zapruder. 

RP : Je suis le chanteur de Zapruder, et le plus beau.

Quentin : Je suis Quentin.

Etienne : Guitariste, je suis l'autre type qui croit être à l'origine du groupe.

Pourquoi avoir choisi le nom "Zapruder" ?

Etienne : Parce que ça "sonne" bien, qu'il est facile d'en tirer un acronyme, et surtout que c'est le nom du type qui a filmé l'assassinat de Kennedy bien malgré lui. Sa vidéo a ensuite été utilisée par la commission Warren qui enquêtait sur le meurtre (et dont les conclusions loin d'être insoupçonnables ont alimenté les complotistes de tout poil aux Etats-Unis), et elle témoigne d'une certaine façon du double statut permanent du moindre quidam qui est tout à la fois témoin et acteur de l'Histoire. Il est également intéressant de voir que cette vidéo amateur est une passerelle entre les sixties et le monde contemporain, dans la mesure où ces quelques minutes ont fait le tour des médias, ont "buzzé" comme diraient les ayatollahs de la novlangue 2.0, un peu à la manière d'une vidéo sur Youtube, et ce quelques décennies avant que les médias de masse deviennent réellement "participatifs".

Quel est le parcours de Zapruder depuis sa création ?

François : Mon frère Etienne et moi avons fondé le groupe fin 2010, en recherchant d'autres musiciens intéressés par un projet Post-Hardcore. Nous avons trouvés trois mecs à peu près aussi indécis que nous sur la réelle orientation musicale souhaitée, et ainsi s'est construite la musique de Zapruder. Schématiquement, nous avons composé l'EP sur l'année 2011, nous l'avons joué live un petit peu et puis nous l'avons enregistré et sorti en 2012. C'est aussi à l'automne de cette année que nous avons tourné une semaine pour soutenir un peu cette actualité.

Romain : Et depuis quelques temps notre groupe persiste malgré la distance. Trois à Poitiers, un à Lyon, l'autre à Paris.

Quelle est votre définition de la musique de Zapruder ?

François : La musique de Zapruder se nourrit de ce que chacun de nous a envie de lui donner, en essayant de digérer tout cela dans quelque chose d'à peu près comestible. Nous avons pour habitude de dire que nous oscillons entre le Post-Hardcore et le Mathcore, mais nous sommes surtout défini par notre absence de ligne directrice. 

Romain : Il a tout dit.

Etienne : Du coup on se demande pourquoi tu te sens obligé d'ajouter quelque chose !

Quelles sont vos influences au sein du groupe ? De quelles formations vous sentez-vous proches ?

François : Je crois que les deux parties de ta phrase ne vont pas forcément de pair. Si j'aime énormément Converge, Deftones et Neurosis, je ne m'en sens pas forcément proche musicalement. 

Romain : Dillinger Escape Plan, Rosetta, Envy, Small Leaks Sink Ship sont mes références. Je pourrais peut-être dire un jour que je me sens proche d'un groupe quand j'aurais l'âme et le niveau. Pour l'instant, le niveau Zapruder est celui que j'aime et qui me convient. Je pense qu'il en est de même pour nous cinq.

RP : Il y a peu de groupes avec lesquels je me sens proche. Je dirai Gojira, Opeth, Neurosis, Cult Of Luna, Pink Floyd pour les plus importants.

Quentin : ...Mes influences, bah, de manière générale tous les groupes "libres" qui font le moins de concessions possibles pour faire ce qu'ils aiment. Je me sens assez proche de Zapruder.

Etienne : Beau gosse. J'aime beaucoup Sanseverino et Alain Souchon, aussi (et non, je me fous pas de votre gueule).

Je suis de plus en plus fan de tout ce qui touche au "Post" et Zapruder est une confirmation de plus de la diversité, de la qualité de cette scène, "Straight From The Horse's Mouth" étant à mes yeux très abouti. Et vous, êtes-vous pleinement satisfaits de cet opus ?

François : Nous avons eu un petit souci d'enregistrement au niveau du son de basse, mais c'est un bien maigre bémol par rapport à la satisfaction personnelle que j'éprouve face à ce que nous avons accompli. Ça n'est pas de la prétention, mais juste le bonheur que de voir cette activité artistique complètement instinctuelle et gratuite conceptuellement parlant, prendre aussi bien forme.

RP : Il faut dire qu'on a mis toutes nos tripes dans ce premier EP, et on a voulu aller jusqu'au bout en terme d'investissements, à partir du moment où l'on avait décidé de dépenser sans trop compter. 

Quentin : * chantonne le thème musical de Jurassic Park *, avec le recul oui, je suis bien content d'avoir gravi cette marche, et encore un peu étonné que ça se soit si bien passé. Je suis de nature hésitante moi !

Quel a été le processus de composition pour "Straight From The Horse's Mouth" ? 

Romain : Proposition de tab, refus, engueulade, acceptation, pinte de bière, rectification, petits concerts, re-rectification, supposition de l'EP ... Navré je suis que le batteur. 

RP : Tu n'es que le batteur mais ça résume bien ! On est en effet très investis chacun dans la composition et du coup les répétitions se transforment en débat de l'Assemblée Nationale.

Etienne : Sauf que personne s'endort et qu'on peut tous rentrer dans du 42.

Le son est de grande qualité, bien en phase avec la musique pratiquée. Comment s'est déroulé l'enregistrement de "Straight From The Horse's Mouth" ?

Quentin : Agréablement, dans le respect de la sensibilité, des croyances et de l'intégrité de chacun, à la Fisti... Chez Amaury Sauvé, à la Senelle. Il est gentil et ferme à la fois (et aussi pour les cordes et le saxo avec Thimothée Grivès). 

Etienne : Gentil et ferme à la fois, ça fait un peu slogan de PQ.  "Lotus, gentil et ferme à la fois, prendra bien soin de ton popotin,  et ne laissera point de caca sur tes mains !" Mix par Amaury et mastering par Sylvain Biguet, en outre. Et quel boulot !

Qui s'est occupé de l'artwork de "Straight From The Horse's Mouth" ?

RP : Notre ami et photographe en chef Antoine Miko. Il nous suivait depuis le début en shootant nos lives et notre collaboration d'abord simple s'est transformée naturellement en une relation plus poussée, notamment dans les fesses. Plus sérieusement, on a partagé notre vision de l'artwork avec lui et il a fait ce travail, avec l'un de nous en modèle. C'était amusant et gratifiant de s'investir encore une fois pleinement dans l'univers graphique, et il est fort possible que l'on continue de travailler avec lui par la suite.

Comment percevez-vous l'évolution de Zapruder depuis ses débuts jusqu'à "Straight From The Horse's Mouth" ?

François : En fait, cet EP, C'EST le début de Zapruder. Ca n'est pas une fin en soi, c'est une étape dans notre évolution, du point de vue de l'esthétique artistique de ce projet. Ça représente les errances musicales et conceptuelles de nos débuts, qui nous permettent aujourd'hui de pouvoir prendre du recul sur ce que nous avons accompli jusqu'alors, et nous guide pour la suite de notre chemin.

Etienne : J'allais ajouter un truc, mais cet enfoiré de bassiste me pique toutes mes idées de précédentes interviews. J'te jure, n'avoir que quatre cordes, ça complexe...

A quoi s'attendre lorsqu'on va découvrir Zapruder en concert ?

François : Du sang, si on s'approche trop prêt du manche de ma basse (dédicace au Nantais que j'ai bien involontairement éclaté le 27 octobre dernier) ! Plus sérieusement, nous essayons de donner à nos performances live un côté chaotique, dangereux, comme si les sentiments qui nous animent lorsque nous créons jaillissaient violemment, tous à la fois. 

Quentin : Jaillir violemment tous ensemble... If you know what I mean.

RP : L'idée c'est que rien ne soit surjoué, comme dans nos compositions. Du coup, comme le dit François, ce sont nos sentiments qui jaillissent et pas la projection sentiments attendus. Le tout donne un rendu naturel je pense, pour le meilleur et pour le pire.

Etienne : Des pains, aussi, mais comme on joue trop fort et trop vite personne ne s'en rend compte, donc tout va bien.

De quoi va être fait l'avenir proche ou plus lointain de Zapruder ?

François : Nous sommes actuellement en phase de composition pour un potentiel premier album. Nous prenons notre temps. 

RP : Et cela ne nous empêche pas de faire quelques dates. On joue en février avec Direwolves à Angers et à Rouen avec Haut Et Court en mars.

Quel est votre meilleur souvenir lié à Zapruder ? Et le pire ?

François : Le meilleur pour moi reste le concert d'ouverture de notre tournée d'automne, à Nantes. Première réelle tournée pour chacun d'entre nous, soirée extraordinaire avec quelques retrouvailles et concert haletant. 

RP : En effet, Nantes c'était fantastique car on a vu la différence entre nos débuts et la sortie déjà digérée de l'EP. On avait plusieurs fans qui connaissaient les textes et les gueulaient, et voir des gens connaitre ta musique c'est déjà une chose, mais les textes c'est encore mieux car ils sont importants pour nous.

Quentin : Je crois que le pire c'est à chaque fois qu'on me compare à Chris Martin. Et le meilleur oui, la tournée.

Etienne : Personne n'en parle mais je me rappelle la première rencontre à cinq, quand au lieu de faire de la musique on a été se boire des bières et se raconter des blagues de cul et des histoires d'ado au bar à bière du coin. Je crois que ce préalable était nécessaire à ce que le groupe ne soit pas juste une histoire de fausses notes et signatures en 13/8, et puis ça fonde une mythologie vachement plus classe que de dire "on s'est rencontrés autour d'une pizza froide au Resto U."

Que pensez-vous de la scène Metal française actuelle ?

RP : Je me sers toujours de la scène Black Metal comme point de départ car c'est pour moi un parfait exemple. Les groupes qui en sont issus font partie des meilleurs au monde et ils sont à la fois professionnels dans leur approche et très très avant-gardistes, comme Blut Aus Nord ou Deathspell Omega chez nous. Il est bon de voir aussi des groupes devenir des pointures à l'international comme bien sûr Gojira mais aussi dernièrement Trepalium et Birds In Row. Il y a un souffle qui traverse la scène en ce moment et qui fait que les pays alentours regardent plus avidement notre terreau comme un sol fertile et riche en talents. Après la scène Hardcore française commence à me les briser avec son hype autour de Satan et sa volonté de copuler avec le Black Metal sans atteindre toute la mesure triomphale de Breach. Les modes, ça me prend la tête.

Qu'écoutez-vous en ce moment ? Avez-vous dernièrement pris une grosse claque avec un album ?

François : Le premier album des Lavallois de Birds in Row est une réussite incroyable. Moins tubesque que leur EP "Cottbus" mais beaucoup plus cohérent, formant un bloc indissociable, haletant de bout en bout comme peuvent l'être les meilleurs Converge -sans pour autant qu'il ne s'agisse d'une pâle copie ! Leur façon de cracher leurs sentiments au visage de leurs auditeurs est exceptionnelle.

RP : Pareillement pour Birds In Row. Sinon pour moi c'est le premier album de Coilguns, une tuerie, ainsi que le dernier Cortez, magistral, ou le nouveau Phantom Carriage, très puissant.

Etienne : Le dernier Jim Jones Revue est une super réussite. Comment ça, on n'a pas le droit d'écouter autre chose que du postmathpunknoisyindiestreetcredcore ? Tant pis. Ben l'EP "Spreading Joy" de The Armed, avec Chris Pennie (rien que ça) à la batterie. J'ai été un peu déçu par le Birds In Row, auquel je trouve des bouts franchement dispensables (mais pas aussi mauvais que le dernier Converge, c'est déjà ça...).

Je vous remercie pour cette interview et vous laisse le mot de la fin !

RP : Vinaigre balsamique.

Quentin : Bonsoir.


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