Kells

Interview date

Mars 2009

Interviewer

ostianne

I N T E R V I E W

Interview Virginie, Pat, LO, Jano


Quatre/cinq ans se sont écoulés entre la sortie de "Gaïa" et celle de "Lueurs". La maturité musicale s'acquiert-elle à force de travail et de rencontres ou bien était-ce un temps personnel nécessaire qui se ressent dans vos compositions ?

Virg : En ce qui me concerne, si j'ai mûri musicalement, c'est à force de travail, de rencontres, et de concerts surtout ! On est assez énergiques sur scène et avec Gaia on ne pouvait pas s'exprimer à 200%... Les tempos étaient plus lents... C'est cette envie de la scène qui nous a orientés dans la composition... Quant au lapse de temps qui s'est écoulé entre "Gaia" et "Lueurs", c'était un temps nécessaire pour nous faire connaître un minimum avant de faire un 2eme album qui aurait été un pavé dans la marre si on n'avait pas pris ce temps là... En indé, sans budget, le meilleur allié pour que le nom tourne, c'est le temps...

On sent que vous avez disposé de plus de moyens qu'auparavant pour "Lueurs" : un quatuor à cordes, des choeurs, une meilleure production. Que ressent-on quand on s'aperçoit que les capacités artistiques sont multipliées ?

Pat : En fait, on a eu moins de moyens financièrement parlant que ce qu'on a eu sur le premier album ! Mais l'expérience du premier album nous a permis de ne pas tomber dans les mêmes pièges, et de ne pas dépenser l'argent de la même façon !

Vos textes sont toujours en Français. Pourriez-vous "vendre votre âme au diable" et chanter en Anglais pour obtenir un succès mondial ou bien ce sera un succès en Français, sinon rien ?

Virg : Là, tout de suite, je te dirais un succès en Français sinon rien... Les groupes qui chantent en Anglais sont, toutes nationalités confondues, déjà tellement nombreux ! Les seuls morceaux que l'on fait en Anglais, ce sont des reprises (Cambodia de Kim Wilde et Such a Shame de Talk Talk) pour le fun !

Pat : Le français est un parti pris. C'est un challenge car il n'est pas facile de ne pas sonner un peu "bateau" dans cette langue associée à la variété. Mais c'est tellement bon d'avoir des textes qui peuvent toucher directement les gens ! Et rien n'indique qu'il est impossible de faire un tube mondial en français, il n'y a pas de logique en musique. Il y a bien un groupe qui a explosé avec "maïaï maïao" avec une langue de l'Est (Rires) OK, ce n'est pas une bonne référence, désolé. (Rires)

LO : Moi, si une chanson un jour mérite d'être en anglais pourquoi pas ; je ne suis pas fermé à l'idée, après c'est Virg qui écrit les textes donc c'est elle qui voit :)

Comment s'est déroulé l'enregistrement de vôtre second album ?

Virg : On s'est enfermé du 29 août au 2 octobre 2008 au studio de l'hacienda à Tarare ! Aux manettes Jonathan Verne qui était déjà assistant sur l'enregistrement de Gaia ! On a reçu un quintette à cordes, un choeur lyrique et une pianiste... C'était magnifique de voir et d'entendre nos compositions, jusqu'alors en midi, interprétées par de vrais bonhommes ! (rires)

LO : l'Hacienda, c'est un studio qu'on connaît bien (Gaia à été enregistré là bas), donc un peu comme à la maison !

Jano : Les meilleures conditions du monde ! Avec cette espèce d'ambiance décontractée qui te permet de bosser à donf ! L'appart' juste en face pour pouvoir te poser quand tu veux...

Cet opus est plus métal, plus symphonique aussi. Les thèmes abordés sont sensibles (handicap, prostitution etc.). La dégradation des conditions de vie dans la société actuelle a-t-elle contribué à cette inspiration ?

LO: Je ne pense pas que la dégradation des conditions de vie actuelles nous ait influencé pour les thèmes abordés dans l'album... Rien de nouveau sous le soleil : les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres... A notre petit niveau, on ne peut pas y faire grand chose... C'est Virg qui écrit les textes, elle nous soumet ses idées pour savoir si ça nous va et après elle met de jolis mots dessus.

Pat : Nous parlons de choses qui nous touchent, et de certaines rencontres qui nous ont marqué, la vie est une source intarissable !

Virg : Pour la prostitution, c'est le film "Irréversible" qui m'a beaucoup marqué au point de me donner envie d'écrire un texte sur ce thème ! Pour le handicap, c'est un proche du groupe qui vit avec la myopathie de Duchênes qui nous a inspirés... Cette maladie s'attaque à tous les muscles du corps et les atrophie... Il vit sur son fauteuil roulant depuis l'âge de 5 ans et il est débordant de vie ! Un modèle pour moi.

Virginie, tu passes d'un chant puissant à des filets de voix presque inaudibles. Peut-on dire que c'est l'une des marques de fabrique de Kells ?

LO : Oui, on peut dire ça ! C'est vrai que les lignes de chant de Virg sont assez compliquées avec plein de nuances pour faire ressortir les émotions de ses textes !

Virg : J'ai toujours aimé allier puissance et légèreté ! C'est ce qui fait aussi que les ingés son s'arrachent les cheveux avec moi ! Gérer les écarts de volume que je produis, ça les met en panique (rires)

Jano participe vocalement à votre titre "Lueur". Comment l'idée vous est-elle venue d'intégrer son chant death au morceau ?

Virg : A peine, Lueur composée et mes voix posées, il restait comme un vide, on sentait que le morceau ne demandait qu'à être complété par une 2eme partie de voix...

Pat : Au début, ça devait être un chant rap avec le chanteur d'AOF... Sa partie était terrible, mais on trouvait que ça ne collait pas avec l'ambiance du morceau... Du coup, on s'est mis à chercher nous mêmes autre chose, et Jano nous a convaincus !

Jano : Le titre partait vers un truc assez violent, et comme de mon côté, j'aime bien brailler, on a fait le test, et comme ça collait, on a dit "banco" ! Très bonne expérience en studio à me faire péter les veines du cou !

Sur cet album, vous faîtes un duo ("La Sphère") avec Candice, la chanteuse d'ETHS. Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ?

Virg : Avec Candice, on s'est rencontrés en 2005, à l'Iguanorock festival. On partageait la même loge ! On a gardé ensuite contact et quand nous avons composé La Sphère, nous lui avons fait écouter et elle a accepté de chanter dessus !

Dans quelles conditions avez-vous tourné le clip de cette chanson ?

Virg : Nous avons tourné le clip de "La Sphère" avec Matador Films, la même boîte qui a tourné les clips de Eths, sous les conseils de Candice ! C'était le 27 juin 2008, au château de Bonnelles !

Pat : En une seule journée de 18h ! Donc bien fatiguant !

LO : Et il a fallu jongler avec les ouvriers chargés de reconstruire le château ! Rock' n roll quoi !

Jano : Mais y avait la pure ambiance donc c'est passé super vite ! Puis toutes ces filles autour de nous dans tous les sens, c'était assez marrant ! On y retourne quand vous voulez !

Justement, celui-ci à un côté très pro. Peut-on dire que vous entrez dans la cour des grands visuellement parlant ?

Jano : On a tous été bluffés par la qualité du travail fait. Sur ce coup là, on peut vraiment tirer notre chapeau à Lionel et à toute l'équipe de Matador !

Restons dans l'aspect visuel. Le lotus a une valeur symbolique très importante en général. Aviez-vous un message particulier à faire passer à travers celui-ci ou l'avez-vous choisi totalement par hasard pour illustrer votre album ?

Virg : Notre idée de base, c'était d'avoir une fleur fleurissant à la lumière et d'avoir la mort en contre jour... C'est le graphiste qui nous a apporté l'idée de la fleur de lotus...

Vous avez accompagné Epica lors de leur tournée française. Qu'avez-vous retiré de cette expérience ?

LO : De pouvoir jouer dans de grandes salles, devant beaucoup d'êtres humains qui ne sont pas venus spécialement pour nous, et devoir aller les chercher chaque soir pour les rallier à notre cause ! Bon challenge ! Ensuite, j'ai appris plein de trucs tant au niveau humain que professionnel et on a rencontré des gens cool donc que du bon !

Jano : Une bouteille de Candy' up gratos piquée dans le frigo de l'Elysées Montmatre !

Vous faîtes une tournée en tête d'affiche, qu'est-ce que cela représente pour vous ?

Pat : ça fait très plaisir ! Surtout que ce sont des salles de bonne taille !

Jano : On est impatient de retourner voir tous les gens qui nous soutiennent un peu partout. Ça fait plusieurs mois qu'on attend ça, on a vraiment hâte de montrer le nouveau show, ça va être la grosse tawa!

Pour vous avoir vu sur scène, on peut le dire, vous dégagez une énergie folle ! Où la puisez-vous ?

Pat : Le live, c'est tellement de plaisir ! Pour ma part, je ne vis pas de la musique, et je bosse en usine, la seule boîte qui me fait un emploi du temps sur mesure pour pouvoir avancer dans la musique ! Ce n'est vraiment pas passionnant, et chaque fois que l'on fait un concert, je me dis que j'ai vraiment de la chance... C'est une explosion de joie et une envie de tout donner.

Virg : Moi, je ne réfléchis pas, je m'éclate ! Et apparemment c'est assez communicatif !

LO : Perso, le métal est de l'énergie pure donc c'est de là que je puise mon énergie. En donner, en recevoir, c'est la base d'un concert de métal pour moi... La rage, je la puise aussi dans ma vie, dans la vie, enfin dans tous les trucs horribles qui arrivent tous les jours : les injustices, les guerres, la bêtise humaine, ce genre de choses... Et pour en revenir aux concerts, on essaie surtout de prendre du bon temps et surtout d'en faire passer un aux êtres humains qui viennent nous voir en concert; voilà c'est tout, juste du fun quoi !

Jano : Dans le regard de chaque enfant qui sourit... Non je déconne ! C'est difficile à expliquer, on pète les plombs quand on est tous ensemble. L'alchimie qui ne s'explique pas. Et si tu veux tout savoir, je me défonce aux pitchs chocolat et candy'ups fraise.

Si je vous demande une conclusion à cette interview, nous aurons le droit à un petit mot sérieux ou à de la grosse "déconnade" comme vous savez le faire ?

Pat : Je cherche toujours un pingouin à adopter ! Ce n'est pas facile à trouver donc n'hésitez pas à me contacter ! Merci aussi à mes sponsors, l'artisan luthier Roiron, Gibson et les Slips sloggy !

Jano : Je citerai le philosophe Kadoc: "Faut pas respirer la compote, ça fait tousser."