Mr. Big

Interview date

Septembre 2009

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Pat Torpey


15 ans d’absence en Europe ? Pourquoi si longtemps ?

Et bien, ce n’est pas comme si vos viviez juste à côté de nous, ha ha… Je vis à Los Angeles, j’ai maintenant un fils de 7 ans dont je dois m’occuper… nous avons également été très actifs. Mais il est devenu plus compliqué de venir en Europe dans la seconde moitié des années 90. La musique a également beaucoup changé dans les années 90 (avec le grunge et d’autres mouvements)… et puis il y a également, désolé de le dire, l’aspect financier de la tournée qui est très important. Tourner en Europe est devenu très cher, et il n’était pas raisonnable de venir si nous savions que nous allions perdre de l’argent… En tout cas, c’est vraiment génial de pouvoir revenir maintenant.

Que s’est-il passé avec Paul Gilbert en 1997 (quand il a quitté le groupe) ?

Ah… vous savez, c’est ce que j’appellerais une évolution assez normale ou assez typique des relations au sein d’un groupe. On était ensemble depuis plus de 7 ans. On était en train de devenir des gens différents, on évoluait différemment et on voulait essayer d’autres choses, expérimenter… on avait également pas mal de pressions de la part de la maison de disques. Ce n’est pas un événement particulier qui a provoqué le départ de Paul mais un peu de toutes ces choses-là. C’est dommage, on était désolés de le voir partir, on s’est arrêtés pendant 3 ans avant de revenir avec Richie Kotzen… mais maintenant, de l’eau a coulé sous les ponts, on s’est retrouvés et on est de retour !

Et pourquoi le groupe s’est-il arrêté en 2002 ?

Situation assez similaire en fait. Richie Kotzen (qui remplaçait Paul) voulait poursuivre sa carrière solo et il y avait toujours cette même pression de la part de la maison de disque… Au bout d’un moment, on était… fatigués et on s’est dit Stop, on arrête. Depuis, j’ai toujours eu envie qu’on refasse quelques chose ensemble mais j’avais envie que ce soit avec le line-up originel. Je ne savais pas si ça allait se faire mais j’en avais bien envie. Ce qui est génial aujourd’hui, c’est que le temps a passé, on récolte les fruits que nous avons planté il y a des années de cela et il n’y a pas de pression, c’est facile et fun. On le fait parce que ça nous fait plaisir, parce que nous avons envie de jouer ensemble, pas parce que certaines personnes veulent que nous le fassions ou parce qu’on nous agite une grosse somme d’argent sous les yeux.

Et justement, en parlant de votre situation actuelle ? Est-ce quelque chose de ponctuel pour célebrer le bon vieux temps, ou planifiez-vous quelques chose sur le long terme ? Un album peut-être ?

Le mot clé est « planifier » justement. Nous ne planifions pas vraiment, nous n’avons fait aucun plan… nous ne sommes pas assis autour d’une table en disant : « Voilà, on faire ci, puis ça… ». En ce moment, nous nous concentrons sur cette tournée européenne, puis nous allons repartir en Asie le mois prochain… Ensuite, on verra… On fera ce qui nous semble naturel. On profite du moment présent ! Pour l’instant, la chose la plus importante pour moi, c’est le concert de ce soir.

Vous êtes un groupe particulier dans la mesure où vous avez plus d’albums live que d’albums studio. Si je ne me trompe pas « Back to Budokan » (qui sort le 22 octobre) sera votre 8ème live ! Qu’est-ce qu’un 8ème album live va apporter de plus aux fans de Mr. Big ?

Nous avons essayé de nouvelles choses, des morceaux que nous n’avions jamais enregistré auparavant, il y a également quelques nouvelles chansons comme « Next Time Around » ou « Hold Your Head Up » qui seront sur le live… Et puis, chaque concert de Mr. Big a ses propres particularités et est assez unique à sa façon. Cela dit, ce n’est pas nous qui avons eu l’idée de faire cet album, mais les Japonais. Ils nous l’ont demandé, ils adorent vraiment ça ! (La plupart des live sortis par le groupe sont en effet des albums sortis pour le Japon)

Vous sentez-vous obligés de faire certaines choses par contrat ? Ou est-ce que vous aimez le faire ?

Un peu des deux en fait. Il y a l’aspect business qu’il ne faut pas négliger bien entendu… mais s’il y a vraiment quelque chose que nous ne voulons pas faire, nous ne le faisons pas. On ne nous oblige pas à faire les choses contre notre gré. Et franchement, en ce qui concerne ce « Back to Budokan », j’aime bien l’idée que notre retour soit documenté, qu’il en reste une trace… et c’est notre vingtième anniversaire !

Et puis, cette fois, il est double…

Tout à fait, il y a plus d’une vingtaine de morceaux. Tous les live de Mr. Big sortis jusqu’ici n’ont pas plus de 12 ou 13 titres… celui-là en contient une trentaine (si on compte les 2 pistes studios présentes à la fin du second disque).

Justement, vous le disiez il y a un instant « 20 ans de Mr. Big » ! C’est l’heure du bilan, en regardant ces 20 années, quel est l’album dont vous êtes le plus fier aujourd’hui ?

Question difficile. Tous ces albums sont nos créations, j’aime beaucoup de chansons disséminées sur des albums différents et puis ça dépend des périodes, les goûts changent… J’imagine que la réponse la plus facile est « Lean Into It », c’est celui qui nous a permis de percer sur la scène internationale. Il a beaucoup de chansons, même les moins connues, qui sont vraiment cool (« My Kinda Woman », « Never Say Never » etc.). Je dirai donc celui-ci, ça peut changer d’ici une semaine mais bon…

Et un album que vous aimez moins ?

Il n’y en a pas vraiment. C’est difficile à dire… je les écoute tous assez régulièrement et il y a des choses que j’apprécie plus ou moins dans chacun d’entre eux, je les redécouvre aussi… Parfois, j’entends un morceau et je ne me souvenais que nous avions fait telle ou telle chose… Mais je n’arrive pas à trouver un album que je n’aime vraiment pas.

« Hey Man » est un disque moins populaire que les 3 premiers en raison de son côté plus doux et bluesy, moins hard rock... Et je remarque que votre nouveau live ne contient que 2 extraits de cet album… Est-ce un choix conscient ? Sentiez-vous que peut-être une partie du public n’avait pas véritablement envie d’entendre des chansons de cet album ?

Ça ne s’est pas vraiment fait comme ça… Quand nous avons annoncé notre retour, on a demandé aux fans au Japon quelles étaient les 20 chansons de Mr. Big qu’ils avaient envie d’entendre. Et nous avons construit notre setlist en tenant compte de ce sondage en y ajoutant quelques idées… mais nous avions tellement de choses à jouer et que les fans voulaient entendre (sans mentionner quelques nouveautés) que nous n’avons pas pu tout faire rentrer. « Trapped in Toyland » a fait partie du set-list à un moment de la tournée, on a même joué le début d’ « Out of the Underground » dans un medley avec « Blame It on my Youth »… Mais bon, il y a tellement de chansons, on ne peut pas tout jouer !

Parlons de la période Richie Kotzen. Auriez-vous envie de jouer des chansons des 2 albums que vous avez enregistrés avec lui ou est-ce une page que vous avez définitivement tournée ?

Cette tournée, c’est vraiment le retour de Paul au sein de Mr. Big. Il est donc vrai que nous nous concentrons uniquement sur la période où il faisait partie du groupe. Cela dit, il y a plein de morceaux que nous avons enregistré sans lui et que nous aimons beaucoup, comme « Shine » qui a eu beaucoup de succès au Japon et qui est vraiment une super chanson. On en a parlé avec Paul, et il aimerait la jouer, il n’a pas de problèmes vis-à-vis de ça... Mais pour l’instant, on a décidé de se concentrer sur la première période de Mr. Big. Nous avons le temps de faire d’autres choses plus tard…

Avez-vous un commentaire à faire sur l’évolution de la musique liée à Internet ?

Je pense que c’est bon et mauvais à la fois. Le positif, plus de gens entendent parler de nous et nous connaissent, grâce à des sites comme Youtube… les gens font tourner des vidéos et les jeunes nous voient et se disent « Waouh, qui sont ces gars ? ». Ce que font Paul and Billy n’est quand même pas si commun, ils ont quelque chose d’assez unique ! Et puis, bien sûr, il y a l’aspect négatif avec tous ces téléchargements gratuits ou illégaux qui font du tort aux groupes. Tout est trop facilement accessible… C’est particulièrement difficile pour des groupes plus jeunes qui essaient de percer dans le milieu… Mais bon, tout le business autour de la musique est en train de changer, je ne sais pas si c’est forcément bon ou mauvais, c’est juste comme ça, il faut s’adapter.

Le mot de la fin.

Je suis ravi d’être ici, c’est génial d’être à Paris. Et je voudrais remercier les fans qui nous permettent d’être là et de faire la musique que nous aimons. J’espère que vous aimerez le show, et si vous nous avez loupés, venez nous voir la prochaine fois. On espère bien revenir !