Groupe:

Hellfest 2016 - Le bilan

Date:

19 Juin 2016

Lieu:

Clisson

Chroniqueur:

Didier, Jojo

Le bilan de Didier-le-vieux :

Alors, que dire de cette édition 2016 ? D'abord je l'avoue, quelques semaines avant le départ, avec mes potes on regardait l'affiche du Download Festival avec un peu d'envie. Ne serait-il pas temps de changer de crèmerie après six Hellfest consécutifs ? Les têtes d'affiche semblaient plus alléchantes au Download, et voyager et se loger sur Paris, c'est plus simple que nos onze heures de voiture, non ? Bref, pour la première fois je suis parti pour Clisson avec un peu de regrets. Oui mais voilà, un festival ça n'est pas qu'une affiche. La preuve, il y avait déjà la queue ce jeudi soir quand nous sommes allés chercher nos bracelets. 159€, le prix que les gens lâchaient pour 2017 alors que 2016 n'était encore pas commencé. Impressionnant ! Et la raison est simple et elle m'a frappé dès que je me suis retrouvé devant Main Stage 1 ce vendredi matin : l'ambiance est géniale ! On entre au Hellfest comme dans un autre espace-temps ; baigné de bonne musique, entouré de gens sympas, abreuvé de bière, avec plein d'opportunités d'acheter des trucs qu'on aime, on est entre gens qui pendant trois jours se rejoignent et partagent autour d'un même courant musical. DisneyLand pour certains, carnaval pour d'autres, tout le monde est à l'unisson. Le son du Hellfest.

Ben barbaud

Alors quelques chiffres qui donnent le tournis pour vous donner une idée : 

  • 50.000 personnes par jour
  • 17 millions d'euros de chiffre d'affaire
  • 62% de 20-30 ans
  • 10% d’étrangers (60 nationalités), chiffre en baisse
  • 15 employés, 500 salariés temporaires et 3000 bénévoles (il y a même une file d’attente pour être bénévole)
  • 3000 hectolitres de bière (soit 300.000 litres, soit 600.000 pintes, soit 1,2 millions d’euros)
  • 15.000 litres de vin (chiffre de 2015 qui a dû exploser vu le taux d'occupation du nouveau bar à vin)
  • 42 hectares de superficie
  • 160 groupes cette année et 1210 groupes depuis le début des HellFest dont 35,5% d'Américains, 16% de Français et 10% d’Anglais

Alors ? Pas mal, quand même !

Quelques nouveautés de 2016 : le skate park, qui était arrivé en 2015 et que j'avais trouvé mal placé, a trouvé sa place, en contrebas de la nouvelle Warzone. C'est le team Volcom qui a assuré l'animation avec les riders : Axel Cruysberghs, Dustin Dollin, Harry Lintell et Victor Pellegrin. Merci à eux. On peut voir quelques images . La Warzone alors, parlons-en. Magnifique ! Surélevée grâce à un terrassement de ouf, un super décor style Quatanamo, une superbe scène et des espaces en hauteur pour bien voir, comme un bel amphithéâtre. A manger, à boire, je me doute que certains ont dû y élire domicile, tellement l'endroit est agréable. Mais ça n'est pas mon cas puisque je n'y ai vu que la fin du set de Refused (très bon, d'ailleurs), en tout dernier concert dimanche soir. Au passage, le petit speech du chanteur sur le respect des femmes et la parité dans le monde était touchant. "Guys get your act together" s'écrit-il, puis il termine son morceau sur le sujet, en mimant une copulation avec son pauvre retour de scène qui n'avait rien demandé. Bref, c'est aussi devant la Warzone qu'a été construite la colonne surmontée d'une statue de Lemmy. Il contemple tout le site et je pense qu'il aurait aimé cette oeuvre réalisée par l'artiste Jimmix.

Hellfest - Statue de Lemmy

Hellfest - Statue de Lemmy

Juste sous la Warzone et à côté du skate park, le bar à vin est superbe. Il est énorme (300 m²) en forme de grosse barrique et on peut y consommer du vin du pays nantais (Muscadet, Gamay). Très sympa et, vu la fréquentation, je pense que ça a bien plu.

Globalement, j'ai la sensation qu'il y a plus de monde. Ça se voit déjà pour se garer. Nos spots habituels sont désormais envahis de campeurs sauvages. Nous avons dû changer de stratégie et marcher un peu plus longtemps matin et soir (oui je sais, les vrais dorment au camping, mais je suis trop vieux pour ces conneries).  Je pense qu'il faudrait prévoir des espaces parking journée (avec des navettes - par exemple du parking de Vallet) car les environs de Clisson étaient jonchés de voitures garées absolument n'importe comment (certains poussent un peu, il faut dire). On a vu une série de voitures complètement défoncées le samedi soir et des viticulteurs juchés sur leurs enjambeurs, passablement irrités de ne pouvoir accéder à leurs champs. Je préfère toujours l'ambiance du festival le matin et jusque milieu d'après-midi, car on circule bien. Après ça, mieux vaut réfléchir à deux fois avant de quitter son spot pour aller pisser, boire ou manger. Je pense que le festival y perd au final car on consomme moins et même les dessoiffeurs ont de la peine à circuler. C'est dommage. Le phénomène est largement accentué par l'herbe tendre (celle au sol) et donc par le fait que les festivaliers s'installent devant les Main Stage et plantent la tente ou au moins leur fauteuil (je le fais aussi), ou bien piquent des roupillons réparateurs. Du coup, il est très difficile de marcher au milieu des gens en évitant une main, une tête. Par contre, quand tout le monde se lève enfin, du coup, on est bien moins serrés que les années précédentes. Finalement, il vaut mieux attendre un concert et se faufiler entre les lignes.

Hellfest2016 - Tout confort... Hellfest 2016 - Y'en a qu'un qui bosse ici !
Nous avions vu apparaître l'année dernière la grande roue, elle est toujours là cette année, avec en plus une tyrolienne de 160 m de long, animée par Red Bull. Le parcours est assez incroyable puisqu'elle passe au-dessus des pits des deux Main Stage. D'ailleurs, hormis le vendredi, où les effets pyrotechniques de Rammstein n'autorisaient pas l'exploitation de la tyrolienne, elle a été prise d’assaut. Les gens en profitaient pour se faire une petite session de selfie GoPro, j'ai même vu une fille s'élancer les seins à l'air !!

A l'extérieur, c'est aussi le Centre Leclerc, qui cette année a organisé son petit festival Off, avec vingt-deux groupes qui se sont produits jeudi et vendredi. Quitte à être envahi de festivaliers, autant jouer le jeu à fond et les faire consommer un peu plus en leur mettant de la bonne zic live. Belle initiative !

En parlant de consommer, visiblement tout le monde n'a pas le même mode de consommation car, en dînant tardivement le dimanche soir vers 1h15, j'ai vu coup sur coup deux personnes fouiller dans les poubelles pour trouver de la nourriture. A 200€ le ticket d'entrée, c'est choquant.

Et cette programmation, alors ? Eh bien moi, elle m'a bien convenu finalement. Je suis resté massivement devant les Main Stage qui avaient toujours quelque chose d'intéressant à proposer. Je n'ai fait qu'une visite en Valley, pour Death Alley, et une courte en Warzone (pour la fin de Refused). C'est aussi ça qui plaît au Hellfest : l'éclectisme. Entre Municipal Waste et Foreigner, pas grand-chose en commun, mais ils sont tous les deux sur la Main Stage 1 au Hellfest. Mes coups de cœur 2016 auront été : Sixx:AM, No One Is Innocent, RavenEye et Glenn Hughes.

La scène de la Main Stage 2 est plus basse que la Main Stage 1, ce qui fait l'affaire des photographes. A propos de photographes, ils (nous) sommes bien trop nombreux, du coup trop de queue pour le cliché parfait devant la scène. Il n'est plus possible d'être à la fois photographe et festivalier, c'est dommage. J'ai choisi de faire des photos depuis la foule dans les premières heures (jusqu'à 15:00, quand on peut circuler) et de lâcher l'affaire ensuite pour redevenir simple festivalier avec mes amis. Aucun regret quand je vois les queues des photographes et les embrouilles pour tout retraverser après les deux ou trois minutes de shoot dans la zone réservée.

La zone VIP est similaire à celle de l'année dernière sauf que le bar à huîtres a disparu, dommage. Il ne reste plus qu'un foodtruck à bagels, pas top.

Côté boulot, j'ai pu réaliser mes quatre interviews comme prévu et avec l'aide de Roger et son équipe. J'ai pu voir Rapha de Mass Hysteria, Kemar et Shanka de No One Is Innocent, Jarne et Joshi de Audrey Horne et Aaron et Oli de RavenEye. J'ai aussi pu assister aux conférences de presse de Glenn Hughes et de Tarja. J'ai aussi rencontré Elodie et Charles de HIM Media, c'est sympa de pouvoir enfin mettre un visage sur une adresse mail.

Hellfest2016 - Glenn Hughes Hellfest 2016 - Tarja
Le système cashless marche bien mais il y a beaucoup de queue vendredi pour recharger. Ça va s'arranger avec la nouvelle version de la carte qui permet le rechargement en ligne (pour ça, il faut du réseau). Le personnel des caisses proposait un transfert vers la nouvelle carte lors des rechargements, pour un euro. L'installation de bornes de rechargement serait aussi judicieux, même si rien ne remplace un échange avec les bénévoles des caisses. Dans ce registre, les bénévoles des bars sont charmant(e)s et n'oublient jamais de donner le solde de la carte avec le sourire. Même remarque au bar VIP. Côté réseau téléphonique, ce fut pour moi (SFR) une calamité. Même pas possible d'envoyer un texto pour synchroniser les interviews, je ne parle pas du 4G ou 3G. Le Hellfest pour SFR, c'est ZeroG ! Nul !

Les footeux n'avaient pas été oubliés en cette période d'Euro, n'en déplaise à Mouss de Mass Hysteria. Il y avait les matchs sur grand écran dans la zone du Metal Corner, ainsi que sur le grand écran du bar VIP. C'était cool.

Les bracelets d'accès ont un peu changé. Ils sont munis d'un système auto-bloquant qui ne peut que se serrer et pas se desserrer. C'est plus rapide à poser, certes, ça ne nécessite pas d'outil, certes, mais ça a quand même tendance à se serrer quand on le tripote (pour couper les bouts, par exemple) au point d'être trop serré.

Quelques ratés dans mon planning : Vintage Trouble. Je n'ai pu voir que les deux premiers morceaux, avant mon interview avec RavenEye, et ce que j'ai vu m'a beaucoup plu. Le chanteur, entre Marvin Gay pour le look et James Brown pour le jeu de scène, m'a laissé une bonne impression, ce que m'ont confirmé mes potes. Raté aussi Orphaned Land et Blind Guardian pour cause d'interviews ; mais là, les potes ont moins cautionné.

Nous avons (hélas) pu tester les objets trouvés, à la recherche d'un téléphone perdu le vendredi devant la Main Stage 1. Rien que dans la journée de vendredi, 85 téléphones avait été trouvés... mais pas le nôtre, malheureusement. On a appris à cette occasion que les bénévoles du Hellfest arpentent les espaces avant l'arrivée des festivaliers, ramassent tout ce qui traîne, et même les mégots. Amis fumeurs, pensez-y et prenez vos dispositions !  

Cette année, j'ai pris un tablette et son petit clavier USB, ce qui m'a permis de consigner des notes pendant le festival, et dans la voiture lors du long trajet de retour avec le team (douze heures).

Un dernier mot pour la météo. Pas géniale le vendredi, avec plusieurs épisodes de pluie. Les festivaliers sont organisés et enfilent leurs ponchos pour les retirer dix minutes plus tard. Ça s'est arrangé les autres jours, tout en restant plutôt couvert ; mais quand je repense à lachaleur des deux années précédentes, je me dis que ce n'est pas plus mal, on a moins brûlé et on est ressorti des trois jours globalement moins fatigués. C'est certainement moins bien pour la vente de bière, par contre.

Hellfest2016 - Météo
Au final, je n'ai pas lu grand-chose sur le Download Festival, mais je sais que je serai à nouveau en Terres Nantaises en 2017 quoiqu'il arrive. Faut juste que je retrouve un nouveau gîte, car notre proprio ne loue plus l'année prochaine (d'ailleurs, si vous avez un plan pour cinq ou six quinquas propres sur eux, contactez-moi par mail au plus vite).

Le bilan de Jojo-le-jeune :

Un Hellfest 2016 incroyable musicalement, que nous allons détailler dans les pages à venir. Quelques problèmes de logistique et de... population se sont tout de même faits ressentir ; pour une bonne partie du public, en tout cas, dont je fais partie.

Un problème important est celui des festivaliers sur le site, trop nombreux. Impossible de circuler aux heures de pointe (les têtes d'affiche). Impossible de passer d'un groupe à l'autre en moins de dix minutes. Et surtout, de plus en plus de touristes ! Je comprends tout à fait que, du haut de mes années 90, je suis encore tout frais et que tout le monde n'a pas la même forme physique (surtout que le Hellfest est vraiment un festival fatigant). De la même manière, je ne suis pas élitiste pour un sou, mais un moment, merde, c'est lourd de voir des mecs, parfois assez jeunes, installés sur leur chaise pliante en train de prendre l'apéro tout l'après-midi devant Gojira et Slayer, ou pire rester allongés et dormir devant la scène. Oh, vous êtes au Hellfest devant des groupes cultes ! Bougez-vous, restez debout, dansez, c'est des concerts de metal, pas un film !! Si vous voulez "passer un moment agréable avec des amis", allez camper dans le Massif Central, 'y a plein de beaux paysages ! Y a plein de kids qui se seraient levés aux aurores et auraient fait des pogos pendant trois jours, des kids qui n'ont pas eu de pass parce que vous l'avez pris avant eux pour voir Rammstein et "profiter de l'ambiance", des kids qui pourtant auraient bien mieux fait honneur à l'esprit originel du Hellfest.

Un autre problème, de l'autre côté de la route : les festivaliers sur le camping. Mesdames et messieurs les campeurs, vous êtes la raison principale de la fin de mon aventure avec le Hellfest. Les gars, c'est quoi votre problème ? Passer vos journées à gueuler "apéro" et vos nuits à chanter "c'est pas l'heure de dormir" en klaxonnant, c'est pour ça que vous avez payé deux cents balles ?? Ouais, forcément, ça vous dérange pas de vous coucher à 6h du mat' vu que vous êtes des tocards incultes, des bœufs qui foutez le nez hors de votre tente à 19h pour aller voir Korpiklaani et Amon Amarth sans aller jeter un œil sur ce qui se passe avant, vu que vous êtes occupés à vomir ! Mais un peu de respect pour ceux qui ont VRAIMENT envie de profiter des groupes dès le matin et qui savent s'amuser en concert sans leur corne de viking débile remplie de Kro !

Bon, mon sac est vidé, j'avais besoin de m'exprimer publiquement à propos de ces abrutis de premier ordre. Concernant les touristes et les beaufs, c'est dommage, mais c'est en quelque sorte la rançon de la gloire d'un festival tel que le Hellfest, qui doit maintenant jongler entre "puristes" et "nouveaux venus" en essayant de froisser le moins de monde possible. Cela annonce d'ailleurs probablement la fin plus ou moins proche de la Warzone, cette scène si particulière qui abrite en quelque sorte "un festival dans le festival" mais dont les aficionados (dont je fais partie) vont commencer à aller voir ailleurs, à cause notamment du prix du billet et de "l'esprit Hellfest" qui commence à changer.

La nouvelle Warzone, d'ailleurs, est aussi classe que spacieuse et bien pensée. Avec un putain de son en prime, parfait pour apprécier les concerts monstrueux qui s'y déroulaient. Vraiment, bravo à l'orga, vous avez su écouter les remarques qui ont été faites, c'est tout à votre honneur et ça ne peut qu'inspirer le respect !

Et la bouffe !!! Pourquoi personne n'en parle ? Autant les "Hellsnacks" étaient vraiment pas ouf et très chers, autant on a eu de super stands de bouffe avec des moules, des huîtres, des plats thaï et vietnamiens, du vegan, des pizzas, de l'argentin, bref des trucs variés et intéressants pour pas trop cher. Et quitte à mal dormir (JE NE M'EN REMETS PAS), ben autant bien manger !

Au final, je suis assez critique envers les festivaliers, mais je tire tout de même un grand coup de pied dans le chapeau de Ben et son équipe. Partir de rien et monter un tel festival, franchement BRAVO ! Aujourd'hui, le Hellfest devra faire des choix pour évoluer encore (comment satisfaire les anciens avec une tyrolienne et Rammstein ?), mais le constat est déjà là : le Hellfest a décomplexé la scène metal française et de nombreux festivals sont apparus depuis. Mes félicitations, le Hellfest entre dans une autre dimension pour le meilleur et pour le pire, l'esprit des débuts change avec le nouveau public, mais cela reste une incroyable réussite. Une réussite qui, je l'espère, durera encore un bon moment. Sans moi, mais avec toujours des milliers de passionnés qui viendront profiter du plus grand festival de metal français. Merci pour tout, Ben !