Groupe:

Marillion + John Wesley

Date:

11 Décembre 2016

Lieu:

Caluire

Chroniqueur:

Didier

Basé à Grenoble pour un week-end, j’étais dispo pour couvrir l’une des trois dates (c’est maigre) de la tournée mondiale 2016 de Marillion. Après Lille et Paris, les Anglais venaient présenter leur dix-huitième Album, F.E.A.R., au public lyonnais, dans la magnifique salle du Radiant à Caluire (tout proche de Lyon). J’avais réussi à obtenir un créneau d’interview à 17 h avec Steve Rothery et quand je me présente à la porte, il y a déjà une bonne file de fans qui attend. Il fait très froid et les pauvres vont devoir encore patienter, l’ouverture des portes étant prévue vers 18 h. Mon interview terminée, je laisse Steve et le groupe dîner tranquillement mais je reste au chaud en attendant l’ouverture des portes de la grande salle du Radiant, d’une capacité d’environ trois mille personnes. Ma position avantageuse dans la file me permet de me placer juste devant la scène, en face de Maître Steve Rothery. C’est soirée Steve Rothery pour moi ce soir ! Je dois avouer que j’ai fait la bourde de l’année en oubliant mon appareil photo à la maison. Bravo ! Quel âne, du coup je vais tenter de faire quelques photos avec mon téléphone, en le calant bien sur la scène. La qualité des lumières du concert me sauvera la mise et me permettra d’utiliser les meilleures photos pour ce report. Ouf !

John Wesley

A 19h30, c’est John Wesley qui se présente sur scène, tout seul avec sa guitare. J’avais déjà pu voir John en première partie de Flying Colors à l’Alhambra. J’avais beaucoup aimé. Mais il avait un groupe avec lui. Ce coup-ci l’expérience est bien différente. L’Américain a une belle voix et ses compositions sont assez sympas, progressives, mais c’est ballot d’avoir une prestation solo comme ça. Il joue soit des morceaux où il s’accompagne à la guitare électrique, soit des morceaux où il lance un accompagnement préenregistré, depuis une pédale. Le son est très bon, son ampli de guitare est tourné vers l’arrière, capté par un micro. C’est un détail important car ça ne sera pas le cas de Steve Rothery, mais j’y reviendrai.

John Wesley Lyon 2016

John nous présente le vinyle de son dernier album, A Way You’ll Never Be… C’est amusant mais si j’ai bien compris, quand on achète le vinyle au stand merchandising, le CD est offert. Quelle évolution dans le marché du disque ! Pendant le dernier titre, pendant que John joue, un lapin géant vient faire le pitre derrière lui. Le lapin s’installe à la batterie de Ian, puis au piano de Mark, et finit par venir saluer John et lui tendre un verre de vin rouge à la fin de son set. On n'aura pas plus d’information. John accepte le vin et remercie Marillion d’avoir cru en lui depuis quelques année déjà, de l’avoir accepté dans la famille et invité, au dernier moment, sur les dates européennes de la tournée. Il m’expliquera ensuite que la condition était qu’il opère en solo. Après un set d’environ quarante minutes, John quitte la scène et son matos est assez vite évacué. Les commentaires des fans absolus qui occupent les dix premiers rangs ne sont pas toujours très positifs, mais j’ai personnellement trouvé sa prestation très intéressante et le défi de jouer tout seul, devant trois mille fans de Marillion, relevé avec brio.

John Wesley Lyon 2016

Setlist John Wesley :

By the Light of a Sun
To Outrun the Light
The King of 17/Rome is Burning
Epic
Pointless Endeavors
Mary Will
A Way You'll Never Be

Marillion

Les préparatifs pour la scène de Marillion sont rapides, puisque tout était déjà en place. Le pied de micro de Steve Hogarth est amené, il est couvert de grigris, porte aussi deux tambourins et des maracas qu’il n’utilisera pas. Côté grigri, le pedalboard de Steve R est aussi rigolo puisqu'il y a un nounours au milieu. Devant Pete Trewalas, c’est chargé aussi, et je remarque qu’en plus des pédales il utilise un PedalKeyboard sur certains morceaux. Mark Kelly est entouré sur trois côtés de claviers divers, le tout surmonté d’un écran plat de contrôle. La batterie de Ian Mosley est assez balaise, il restera caché derrière ses cymbales, casque sur la tête, tout le concert.

Marillion Lyon 2016

A 20h30 pétantes, la lumière s’éteint et l’écran géant qui servait de backdrop de luxe jusqu’à maintenant avec une animation de tous les logos de Marillion s’illumine. Il jouera un grand rôle dans l’expérience de la soirée, en commençant par l’énorme intro du concert. Les premiers accords de Invisible Man résonnent, la scène est plongée dans le noir, les formes s’animent à l’écran pour former une tête puis apparaît la tête de Steve H qui est filmé live en train de chanter/parler les premières phrases du morceau. Avec sa cravate et ses petites lunettes rondes sur le nez, ça donne un super effet. Puis dans la transition, il apparaît enfin en vrai sur scène dans sa veste noire, lunettes sur le nez et guitare en bandoulière. Quelle intro magique, la foule est déjà en liesse.

Marillion Lyon 2016

Je suis positionné face à l’ampli de Steve R et je comprends de suite que le son de la soirée ne sera pas parfaitement mixé, car du coup sa guitare est un peu forte. C’est moins flagrant quand il utilise sa Strat noire. Mais d’un autre côté je me plains souvent qu’on ne l’entend pas assez (sur album notamment), donc là je suis gâté et impressionné au final de sa prestation exceptionnelle. Steve R est vraiment l’âme musicale du groupe depuis plus de trente ans, il est aussi un magicien du manche et ses interventions en solo sont vraiment à pleurer de bonheur. Par contre, de ma place j’entends moins le piano et la basse, mais c’est acceptable, je ne vais pas lâcher ma place pour autant.

Marillion Lyon 2016

Steve H est toujours aussi incroyable sur scène. C’est à la fois un chanteur, un pianiste, un guitariste, un percussionniste et surtout un acteur. Il semble habité lors des moments forts. Il bouge, arpente la scène de long en large, s’assoit par terre, se roule par terre, change plusieurs fois de veste, puis de t-shirt, il est incroyable. Il mouille le maillot, c’est certain, il arrive même à se coller un médiator sur son front, un vrai pitre. Sa voix est toujours exceptionnelle, il chantera à merveille un vieux morceau de Fish comme Sugar Mice mais fera ensuite trop le clown sur Kayleigh, en laissant chanter le public, pour qu’on puisse vraiment le juger là-dessus. Sur un ancien morceau de son ère, comme Easter, il est carrément au top, mes yeux coulent, je n’y peux rien, mais je me rassure en voyant mes voisins s’essuyer aussi sans arrêt les yeux. Ils avaient scotché des papiers indiquant de ne rien poser sur la scène, le vigile était même repassé nous le rappeler, mais quand on voit Steve H courir d’un bout à l’autre, on comprend mieux la mesure. Le guitare tech de Steve H semble être plus au courant du planning de la soirée que Steve H lui-même et à plusieurs reprises, il amène une guitare à Steve H, totalement pris par son jeu de scène et qui semble surpris de voir apparaître la guitare entre ses mains.

Marillion Lyon 2016 Marillion Lyon 2016

Steve R, c’est l’autre phénomène du groupe, le regarder jouer et vivre ses morceaux est un grand moment. Il change régulièrement de guitare, parfois même en plein morceau (sur Easter par exemple il passe d'une douze cordes acoustique à sa six cordes électrique), change la position du capodastre un plein morceau, bricole son rack d’effets monstrueux et nous livre les solos des morceaux les plus anciens comme des plus récents de façon magistrale. C’est vraiment un boss absolu, de l’émotion musicale, avec un toucher de guitare exceptionnel. Il arriverait à faire pleurer un mort, j’en suis sûr. Certes, il bouge assez peu, mais vient quelquefois nous livrer un magnifique solo sur le devant de la scène.

Marillion Lyon 2016

Pete est assez statique, il ne viendra que deux ou trois fois de notre côté, mais très brièvement. Outre la basse, et donc des pedalkeyboard, il assure pas mal de chœurs derrière. Steve H. Mark a bien aussi un micro mais je ne l’ai pas vu chanter, les autres n’ont pas de micro. A plusieurs reprises, Steve H chante assis au piano et il utilise aussi une sorte de xylophone à cordes, qu’il joue avec des petits marteaux (sur The New Kings). Sur Neverland, il apparaît en chemise blanche, sans boutons de manchettes, ça fait un peu camisole du coup, et il se déchaîne, mimant des oiseaux en vol sur le solo de Steve R. Il utilisera aussi son tambourin sur ce morceau légendaire. Dans le set, ils jouent deux morceaux du dernier album, Living In FEAR dans un premier temps, puis un des trois morceaux épiques de l’album, The New Kings. Je dois avouer qu’en live c’est une tuerie, déjà un morceau de légende. Le solo de Steve R est superbe. Dans le premier rappel, ils jouent un second morceau épique du dernier album, El Dorado. Steve H chante le premier mouvement, bucolique, assis en tailleur par terre devant moi, Steve R nous balance le solo de Gold, c’est un moment magique.

Marillion Lyon 2016

Steve H jette sans arrêt ses médiators juste à ses pieds au lieu de viser le public, Steve R, lui, essaye bien de nous atteindre mais ça ne marche pas souvent. Résultat, la scène est couverte de médiators et les fans du premiers rangs piaffent de pouvoir les chopper, ce qui sera fait quand les « nettoyeurs » attaquent le démontage à la fin du set.   

Dans les grands moments du set principal, je citerais Invisible Man (décoiffant), Afraid Of Sunlight et Neverland (juste magnifiques), et le super groovy Sounds That Can’t be Made. Sugar Mice est une tuerie surgie du passé que je n’avais pas anticipée, et j’en suis encore tout retourné. The New Kings en live est une révélation, surtout avec un son de guitare survitaminé. King est un morceau que je connaissais mal, et qui m’a beaucoup plu, avec des séquences vidéos d’artistes célèbres disparus.

Juste avant The New Kings, Steve H rappelle que les paroles de cet album sont assez visionnaires, que beaucoup de choses se sont passées depuis, le Brexit, Trump (un fan l’interrompt à ce moment et se fait rembarrer sèchement), et il conclut : « What are we gonna do? ». Un peu plus tard, il proposera Ian Mosley comme président, l’intéressé n’est même pas encore revenu derrière son kit. Pendant le superbe passage « Too big to fail, too big to fall », les écrans affichent des courbes de croissances négatives, les chiffres s’affolent, Steve H mine que tout se casse la gueule. Les phrases chocs du morceaux sont affichées à l’écran : « All in it together ». C’est prenant. Les trois mille personnes sont captivées.

Marillion Lyon 2016

Le premier rappel constitué de El Dorado est sublime et permet une fois de plus de confirmer que F.E.A.R., le dernier album, est une grand millésime du groupe. Le second rappel mettra la salle à genoux puisqu’ils attaquent avec Easter, et l’intro à la douze cordes acoustique de Steve R et nous finissent avec l’enchaînement mythique de l’époque Fish : Kayleigh, Lavender, Bitter Suite et Heart of Lothian devant une foule scotchée. Steve H ne fait pas de gros effort pour les chanter fidèlement (surtout Kayleigh) et nous fait chanter à sa place. En plus, il ne nous trouve pas bons, il glisse même quelques « rubbish » en commentaire. Ca fait quand même plaisir à nous autres, humbles fans des permiers jours.

Marillion Lyon 2016

Au final, c’est 2h15 de magie et meilleur concert de l’année pour moi, et de loin. Je n’ai pas réussi à avoir un médiator, j’enrage, j’aurais dû lui demander pendant l’interview mais je n’y ai même pas pensé. C’était la dernière date de la tournée, les prochains rendez-vous avec Marillion sont pour les Marillion Week-Ends ce printemps (je serai pour la première fois à celui de Zealand) et une date qui promet d’être magnifique au Zénith de Paris le 7 octobre 2017 (places déjà en vente). Juste après ça (le 13 octobre), certains veinards pourront les voir au Royal Albert Hall de Londres, une première pour le groupe... déjà Sold-Out.

Qui a parlé de groupe mythique ?


Setlist Marillion :

The Invisible Man
Power
Sounds That Can't Be Made
Living in F E A R
Sugar Mice
The New Kings: I. Fuck Everyone and Run
The New Kings: II. Russia's Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True?
Goodbye to All That
Wave
Mad
Afraid of Sunlight
King
Neverland
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El Dorado: I. Long-Shadowed Sun
El Dorado: II. The Gold
El Dorado: III. Demolished Lives
El Dorado: IV. F E A R
El Dorado: V. The Grandchildren of Apes
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Easter
Kayleigh
Lavender
Bitter Suite
Heart of Lothian