Groupe:

Sidilarsen + Baron Samedi

Date:

25 Novembre 2016

Lieu:

Puget Sur Argens

Chroniqueur:

Didier

Environ 120 personnes ont fait encore le déplacement au Rat’s ce vendredi soir, avec à la clef, la promesse d’une belle soirée toulousaine. Il n’est pas question de cassoulet ici mais de metal et nos animateurs de soirée sont Sidilarsen, le groupe de dance metal (si, si, c’est possible), tout juste rentré d’une tournée qui passait par la Russie et un groupe que je ne connais pas du tout, toulousain aussi, au nom étrange de Baron Samedi. C’est bien sûr Eric, notre maître de cérémonie, qui a fomenté tout ça. Celui qui a ramené la bonne musique dans l’extrême Sud-Est de la France, nous accueille, sourire aux lèvres, et portant un magnifique sweat-shirt de Vader, sous lequel, il porte un beau t-shirt de… Vader. Ce concert, auquel ni moi ni Phil n’avons pu assister a visiblement laissé de belles traces.

Baron Samedi

A peine le temps d’un cheese burger au foodtruck que c’est déjà l’heure de Baron Samedi. Je ne connaissais rien de ce groupe, mais ce que j’ai pu lire et écouter avant le concert a attisé ma curiosité. Le style est très original, une sorte de metal théâtral, croisement improbable de Hubert Félix Thiéfaine, Higelin, Ange voire Noir Désir avec les sons cuivrés des norvégiens de Shining, ou ceux déjantés et avant-gardistes des Canadiens d’Unexpect. Ils apparaissent sur la scène la face vaguement noircie. Le groupe est composé de Théo et Félix Roumier, certainement frères, respectivement guitariste et bassiste, de Raphaël Jamin à la batterie, de Léa Cuny-Bret au saxo alto et d’une paire de chanteurs/acteurs/déclameurs de poèmes, Victor Ginicis (qui d’ailleurs porte un t-shirt d’Hubert Flélix Thiéfaine, tiens donc…) et Pierre-Olivier Bellec.

 

Le rôle de Pierre-Olivier est celui d’un conteur de vers, entre les morceaux ou en intro des morceaux. Le reste du temps il est plutôt en retrait, accroupi derrière le groupe. Il porte un costard, ce qui lui donne une allure complètement décalée. Il jouera aussi sur un clavier posé sur un ampli sur le côté de la scène. C’est Victor qui chante sur les morceaux. Lui aussi a une présence scénique très théâtrale. D’ailleurs sur leur site, on peut lire que les deux sont impliqués dans des projets artistiques divers et cross disciplines et notamment dans le théâtre. Le projet Baron Samedi et son Grand Carnaval a l’air d’être une autre manifestation artistique cross genre et elle surprend, en bien, le Rat’s. Car la musique est, comme le nom du groupe, assez étrange (Baron Samedi est un personnage du vaudou). Pas mal de changements de style, de styles de chants différents, rythmés par de très bonnes lignes de la grosse basse six cordes Ibanez de Félix. Le sax de Léa double souvent le chant et apporte un réel plus et surtout une signature originale au groupe. Le groupe avait lâché pas mal de ballons de baudruche dans la salle, mais la foule n’en fera pas grand-chose.

Théo et ses dreadlocks jusqu’au bas du dos assure bien à la gratte, en solo et en rythmique, souvent épaulé par Félix, qui peut jouer dans les aigus aussi. Il aurait quand même pu avoir un peu plus de son dans le mix, Le groupe joue deux extraits de leur premier album, sorti en 2014, Avant L’asphyxie : Les Yeux Clos et Sentence Electrique. La salle accroche instantanément. Les Yeux Clos résume bien la folie créatrice qui anime le groupe : saxo omniprésent, bonnes paroles travaillées (« des contentieux, des comptes en Suisse »), posées sur une ligne de chant originale. Sur l’autre ancien morceau, Sentence Electrique, Pierre-Olivier déclame des vers étranges dans lesquels il dénonce tout et n’importe quoi (lui-même à la fin). Ca a de la gueule.

Le morceau change de rythme, s’accélère pour laisser plus de place à Léa et son saxo chaud bouillant, J’aime beaucoup le rythme un peu tribal imposé par Raphaël. Les autres morceaux sont des nouveaux qui devraient sortir en 2017. Là encore, très original, avec de sacrées belles lignes de basse. Victor nous remercie chaleureusement de soutenir la scène vivante en se déplaçant aux concerts. Après un très bon set et les remerciements à Eric, le boss de la salle, ils quittent la scène et viennent à leur stand merchandising. J’ai pu discuter un peu avec Victor et lui acheter un CD. Une sacrée bonne découverte en ce qui me concerne. Stay tuned for more.

Setlist de Baron Samedi :

Mille Aujourd’hui
Les Yeux Clos
Marche
Même si la Nuit Tombe
Sentence Electique
Hasard

Sidilarsen

Une fois le matos de Baron Samedi évacué, la scène est super dégagée. En effet, les amplis guitare sont tous cachés derrière deux écrans géants disposés de chaque côté de la batterie. Quand la lumière s’éteint, les écrans entrent en action pour, je dois l’avouer, une des meilleures intro que j’ai pu voir en concert. Surtout dans un espace réduit comme celui du Rat’s. Comparons ce qui est comparable. Sur les écrans donc apparaissent des yeux fermés, filmés en très gros plan. L’œil droit à droite et l’œil gauche, à gauche, de sorte qu’avec la batterie, au milieu, ça forme comme une visage. En intro, nous avons droit à du Prodigy : pas de doute, on a bien affaire au Dance Floor Bastards made in Toulouse. Au moment où le premier riff déchire la salle, les yeux s’ouvrent brusquement : effet bœuf garanti !! Sur scène, de gauche à droite se sont installés Benben, barbe et guitare, Didou au mic, Viber, qui ne quittera pas son chapeau de cow-boy tressé à la guitare, Fryszzzer à la basse cinq cordes et derrière eux donc, Sam à la batterie et aux bandes sonores de rythmes électroniques avec lesquels ils flirtent sur de nombreux morceaux. Leur son est, dès le départ, une vraie tuerie, malgré une bonne crève qui semble handicaper un peu Didou, qui crache régulièrement ses poumons. Ca ne l’empêche pas de se jeter dans le foule dès le premier morceau. Les potos de Baron Samedi viennent aider la foule pas ultra dense devant la scène.

L’efficacité du combo est maximum, que cela soit sur les titres les plus dance et électro (Back To Basics, I Feel Fine, Dancefloor Bastards, Comme On Vibre) que ceux les plus metal (Spread It, Frapper la Terre). Dans ce dernier style, ça rappelle souvent Mass Hysteria et les fans de Mass devraient, s’ils ne connaissent pas, se pencher sur Sidilarsen, ça a bien collé dans mon cas. Comme avec Mass, les textes sont souvent très engagés, soulevant de vrais problèmes de nos sociétés modernes. Par contre, Didou reste plus léger que Mouss entre les morceaux, pas le temps pour les longs serments, ils ont de la purée à balancer. En parlant de purée, les morceaux les plus "dance" sont vraiment excellents pour lancer une ambiance de fou dans la salle du Rat’s. Ca danse, ca pogotte, ça crie. Quelle ambiance !

En regardant la setlist scotchée par terre, je vois que Go Fast (extrait du dernier album comme les sept joués ce soir) a été rayé, dommage, il me semble pourtant qu’ils avaient le temps, peut-être à cause de la crève de Didou ? Sam qui lance les samples descend de son estrade saluer le public pendant que les sons électro martèlent leurs rythmiques mécaniques. Ca surprend un peu de le voir devant, car je ne l’avais pas vu quitter son poste. En tout cas, le mix batterie de Sam et ses machines est un mix particulièrement réussi, qui est une signature du son de Sidilarsen. Viber chante aussi pas mal, soit en duo avec Didou soit en alternance. Il  abandonne sa guitare à Fryzzzer (qui lâche du coup sa basse), et chante en duo avec Didou (sur 1976 il me semble).

Ils quittent tous la scène en laissant Sam seul face à ses machines. Il nous réalise une excellent duo de batterie/samples accompagné par les écrans vidéo. Sur Walls of Shame, Didou lance un wall of death pour bisounours, c’est-à-dire en demandant de se faire des bisous à la rencontre des deux groupes. Ca se bouscule quand même pas mal, je ramasse un mec tombé à mes pieds. Devant moi, Benben est beaucoup moins dissipé et reste très appliqué pour assurer ses riffs acérés. Pendant ce même morceau, les écrans vidéo montrent des images noir et blanc d’une ville dévastée par les bombardements. Ca ressemble à ce qu’on a pu voir d’Alep.

Après un petit break ils reviennent sur scène pour un rappel constitué de Comme On Vibre qui met en transe le Rat’s, suivi de leur premier single à succès, Des Milliards. Sur les écrans vidéo, des compteurs géants égrènent les milliards d’habitants de notre pauvre planète, et le refrain est affiché en grosses lettres, rendant impossible de ne pas scander cet hymne anti-élite. Théo, le guitariste de Baron Samedi, surgit sur scène pour chanter avec Didou puis il secoue ses dreadlocks et se jette dans la foule qui le renvoie sur scène après un petit tour de la salle.

C’est fini, mais la foule continue de chanter : « Tant que l'humain s'adresse à l'homme, nous sommes des milliards contre une élite ! Impossible qu'ils nous évitent ! ». Eric, l’organisateur de la soirée monte sur scène pour une photo souvenir avec le groupe. Baron Samedi l’avait déjà chaudement remercié, les Sidilarsen, en rajoutent une couche et la salle l’acclame. L’extrême Sud-Est a trouvé son maitre, tous les groupes que j’ai pu voir au Rat’s ont été scotchés par l’accueil et ont promis de revenir. On espère qu’ils tiendront promesse.

Retour sur la planète Terre, petit à petit, en buvant une petite bière bien méritée après une telle débauche d’énergie. Je retrouve Didou et Sam au stand merchandising, ils signent mon CD, nous échangeons quelques mots, ils sont vraiment ravis de l’accueil, la réputation du Sud-Est est en train de changer grâce au Rat’s et à sa dynamique équipe et grâce aussi à son public de fidèles, dont je commence à reconnaitre les visages. Le Rat’s est notre deuxième maison je vous dis…



Setlist de Sidilarsen :

Retourner La France
Back To Basics
Spread It
A Qui Je Nuis
Guerres A Vendre
Le Meilleur Est à Venir
Walls Of Shame
Solo de batterie
On En Veut Encore
I Feel Fine
Dancefloor Bastards
Frapper La Terre
1976
Fluidité
--------
Comme On Vibre
Des Milliards