Groupe:

Battle Beast + Majesty + Gyze

Date:

25 Mars 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Battle Beast fait le tour de l'Europe pour promouvoir son dernier album, le sympathique Bringer Of Pain. Pour qui a déjà vu le groupe en première partie d'autres formations plus importantes et disposant donc d'un temps de jeu limité (entre trente et quarante minutes), c'est l'occasion de voir les Finlandais nous offrir quelque chose de plus consistant. Dans ses bagages, le combo a emmené les copains de Majesty et même un groupe qu'il a rencontré au Japon : Gyze. A Paris, ce 25 mars, c'est le Petit Bain qui accueille et, bonne nouvelle, si la salle (qui, je le rappelle, se situe sur une grande barge flottante) n'est pas hyper grande - elle peut accueillir environ quatre cents personnes - le concert de ce soir affiche complet... ça fait toujours plaisir ! C'est samedi soir, il fait doux, un vent d'insouciance souffle sur la capitale, les fans sont de bonne humeur, on s'en rend compte dès qu'on met un pied dans le Petit Bain... les conditions semblent réunies pour rendre la soirée plus qu'agréable. 

Quand j'arrive, Gyze a déjà bien entamé son set. La salle est déjà bien bondée, difficile de se frayer un chemin, il fait chaud, le chanteur guitariste est d'ailleurs torse nu, et le trio japonais bénéficie d'un accueil assez chaleureux, carrément bienveillant. Musicalement, ce qu'il propose est un peu éloigné de la musique de Battle Beast... on baigne plutôt dans une sorte de mélodeath à la Children Of Bodom / Arch Enemy / Soilwork avec des touches mélodiques, power ou néoclassiques plus affirmées. Le son est fort et puissant, le trio a recours à des bandes (on entend clairement des claviers et harmonies de guitare alors qu'il n'y a qu'une guitare sur scène et pas de claviériste) et les gars se font bien acclamer entre les morceaux. Franchement, pour un groupe aussi peu connu d'une majeure partie de l'assistance, on sent un enthousiasme assez inhabituel qui se manifeste. Tant mieux, c'est plus qu'honorable.


Les musiciens font du bon boulot et le leader, Ryoji, visiblement bien à fond dans le trip guitar hero (et les poses qui vont avec) attire régulièrement l'attention lors de ses solos... le monsieur a de la technique, rien à redire là-dessus. Les deux autres compères ne sont pas en reste non plus, les instruments sont bien maîtrisés et le son n'est même pas dégueulasse (il sera même moins bon par la suite de la soirée, étonnament). On passe un moment agréable (personnellement, pas éblouissant non plus, il y a du savoir-faire mais c'est également un peu froid)... mais un peu court, je ne me plaindrai pas trop, il fallait arriver plus tôt. Le groupe serait sur le point de sortir un nouvel album intitulé Northern Hell Song. Il faudra peut-être aller voir de quoi il en retourne exactement. 

 

Gyze n'a pas quitté la scène depuis un quart d'heure que, déjà, les Allemands de Majesty débarquent. Et là, même constatation que pour les Japonais : l'ambiance est très chaleureuse. Pour le deuxième groupe, c'est même carrément plus marqué... on croirait presque qu'il s'agit de la tête d'affiche de la soirée. La recette du groupe : du "true" heavy metal bien cliché à la Manowar agrémenté de touches power à l'allemande. Tout un programme... pas forcément fait pour m'enchanter à la base (j'ai eu une phase Manowar mais cela fait un moment que j'en suis sorti) mais qui se révèle franchement entraînant et d'une indéniable efficacité en live. 

Par contre, après une intro assez majestueuse, quand le groupe balance la sauce sur le début de Die Like Kings, c'est la déconvenue. Le son ne pète pas du tout. Les guitares sont quasiment inaudibles... on entend essentiellement la section rythmique, les bandes et le chanteur. On a juste l'impression que quelqu'un a éteint les amplis des deux guitaristes... Et du metal sans guitare, c'est quand même un peu "compliqué" pour ne pas dire impensable. Mais l'entrain du groupe et l'enthousiasme du public ne s'en trouvent absolument pas bridés. Au moment du solo de guitare, l'instrument est bien plus audible (dommage qu'il reste aussi faible sur la rythmique... ce sera encore le cas sur la chanson suivante, puis le son global sera légèrement amélioré par la suite). 

Majesty a un nouvel album sous le bras, Rebels et c'est celui-là même qui sera bien mis en avant ce soir. Die Like KingsThe Final WarYOLO HM (on en reparle dans quelques instants de celle-là...), Heroes In The NightRebels Of Our TimeFighting Till The End... tous ces morceaux proviennent du dernier opus des Allemands (à peine sorti sur notre territoire). Cela laisse juste deux spots pour deux compos plus anciennes : Metal Law et Thunder Rider. Autant de nouveauté aurait pu refroidir l'ambiance mais ce n'est pas le cas... A voir le public réagir, on aurait même l'impression que toutes ces chansons sont des classiques connus de longue date. Il faut dire que le style de Majesty est hyper abordable et les refrains du groupe, nouveaux comme anciens, se logent avec grande facilité dans la tête... Ce qui aide aussi c'est qu'ils sont énormément répétés... difficile de ne pas s'en imprégner ! Parfois, le refrain est même tellement rabâché qu'on se demande presque si ça valait vraiment le coup de composer un couplet. 

Après deux chansons, Tarek, le chanteur, propose déjà un petit défi au public. Très classique le challenge : faire gueuler des fans le plus fort possible un samedi soir... à un concert de metal, on a connu plus ardu. Mais il a de l'ambition, le Tarek. Et il ne se contentera pas de demie-mesure. D'ailleurs, après une première gueulante générale pourtant tout à fait honnête, il nous dira que s'il réveillait une grand-mère de 90 ans en plein milieu de la nuit pour la faire crier, elle ferait plus de bruit que nous... Alors, hop, il sépare la salle en deux, fait gueuler chaque côté comme la tradition l'exige avant de finir avec un joli "Fuck this challenge" puisqu'après tout, nous sommes unis, nous sommes la communauté du metal... Ah oui, je vous avais dit que le groupe faisait dans le cliché. Mais que voulez-vous, les ficelles ont beau être grosses comme des cordes à noeuds, ça reste fun et on se laisse faire sans résistance, ça fait partie du jeu. 

Mais attention tout de même à ne pas pousser le bouchon trop loin. Cela fait un moment que je vais à des concerts de metal alors autant vous dire tout de suite que, depuis un bonne vingtaine d'années, j'ai eu l'occasion d'en chanter des conneries. Oh oui, j'ai levé les bras vers le ciel en beuglant des paroles bien débiles, sans problème... mais là, Tarek nous invite carrément à entonner le refrain d'une nouvelle chanson qui s'appelle YOLO HM. "YOLO, heavy metal !!!". Ah là, je dis non. YOLO, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un acronyme (très populaire chez les ados, mais pas que, visiblement) qui veut dire "You Only Live Once" (on ne vit qu'une fois). Fallait oser, Majesty l'a fait. Et ça passe... décidément, le public ce soir est absolument magique. Très bien... mais les gars, n'abusez pas hein, pas la peine de proposer un "LOL to False Metal" sur le prochain album, ça va finir par coincer...

Les titres s'enchaînent bien et toujours dans une ambiance festive. La communion entre le groupe et le public est totale, les refrains sont repris en choeurs, le fan applaudit, lève le poing en balançant du "hey" de rigueur, tout se déroule sans problème. Les musiciens sont assez mobiles malgré l'espace réduit dont ils jouissent sur scène... ils maîtrisent bien le headbanging aussi. Mention spéciale au guitariste Robin Hadamovksi qui fait tourner sa longue tignasse hyper rapidement en riffant comme un malade... et ce en restant totalement digne (comprendre : sans vomir). Je le disais un peu plus haut : Majesty sait proposer des refrains fédérateurs et, à ce titre, celui de la chanson Rebels Of Our Time remporte probablement la palme du plus entêtant. Avant de laisser la place à Battle Beast, les Allemands balancent un Fighting Till The End speed et épique comme il faut. J'ai beau me dire que je ne m'achèterai pas l'album (et je m'y tiendrai), je reconnais sans peine que Majesty a parfaitement joué son rôle de chauffeur de salle et s'est mis les 400 personnes présentes au Petit Bain dans la poche.

Setlist Majesty :

01. Path To Freedom (intro) / Die Like Kings
02. The Final War
03. Yolo Heavy Metal
04. Metal Law
05. Heroes In The Night
06. Thunder Rider
07. Rebels Of Our Time
08. Fighting Till The End 

 

On termine la soirée avec le clou du spectacle, les fameux Finlandais de Battle Beast. Eh oui, les rois de la soirée, ce sont quand même eux... alors n'allez surtout pas vous imaginer que l'ambiance est retombée juste après Majesty ! Le groupe monte sur scène, acclamé par un parterre de fans en ébullition. Le départ (forcé) d'Anton Kabanen semble avoir été aussi bien digéré par le groupe (on a déjà pu s'en rendre compte sur Bringer Of Pain qui, s'il n'égale pas - à mon humble avis - les deux premiers essais du groupe, fait au moins aussi bien si ce n'est mieux que Unholy Savior) que par le public... et c'est un combo visiblement heureux d'être là et en pleine possession de ses moyens qui foule les planches du Petit Bain ! Comme pour bien marquer ce nouveau départ et affirmer qu'ils sont fiers de leur nouveau bébé, les Battle Beast attaquent leur set en alignant trois nouvelles compos : la directe Straight Through The Heart, la speed Bringer Of Pain, très metal, et la plus radiophonique Familiar Hell. Encore une fois, le son est loin d'être parfait et même s'il est plus fort et puissant que celui de Majesty, les guitares manquent vraiment de présence sur ce démarrage... Par contre, celle qui attire les yeux, pulvérise les oreilles et ne déçoit pas, c'est Noora Louhimo. La chanteuse se montre en effet très charismatique et particulièrement puissante, un régal. 


Bien que Noora et ses amis soient fiers de leur dernière offrande, ils n'oublient (heureusement) pas de faire des petits détours par leurs précédentes productions. Des anciens albums, c'est le second qui sera le mieux servi avec pas moins de quatre extraits : Into The Heart Of DangerLet It Roar (sur lequel Noora rugit en effet très bien... quelle puissance ! J'aimerais pas me faire engueuler par elle), Black Ninja et l'hyper entêtant Out Of Control joué juste avant le rappel. Unholy Savior sera un peu l'album "mal aimé" avec seulement un extrait à son actif : le très pop/dance metal Touch In The Night joué assez tardivement dans le set (après dix chansons pour être précis). Steel s'en sort un peu mieux mais à peine avec deux chansons : l'indispensable Enter The Metal World et l'inoxydable Iron Hand qui aura été introduit par un petit duo clavier/guitare reprenant deux thèmes de la saga cinématographique Star Wars. Sur le second, à savoir celui de la Marche Impériale, Eero, le bassiste, s'amusera à faire boire de la bière à Janne (le claviériste), en lui vidant une canette entière dans le gosier, pendant que ce dernier joue. Aaahhhh... la bière et le metal, un partenariat qui a encore de beaux jours devant lui.

A côté de cela, on a le droit à la quasi-intégralité du petit Bringer Of Pain. Seul un titre sur les dix (Dancing With The Beast qui aurait peut-être créé un petit effet de redondance avec Touch In The Night) de la version de base (sans les trois bonus tracks) sera laissé de côté. Et ce dont on se doutait fortement à l'écoute du disque se confirme : toutes les compos passent parfaitement le cap de la scène. Même Far From Heaven, une ballade que je n'affectionne pourtant pas trop mais qui a le mérite d'apporter un brin d'accalmie et de variété dans le set en plus de mettre en avant (encore une fois) les capacités vocales hors-normes de Noora. Je préfère tout de même des morceaux comme l'excellente et sombre Lost In Wars ou les plus festives Bastard Son Of OdinKing For A Day ou Beyond The Burning Skies qui mettent une sacrée ambiance dans la salle. D'ailleurs, un dernier mot sur le public, il crie, il chante, il saute sur place (ce qui fera d'ailleurs un peu peur à Noora, ayant oublié pendant quelques instants qu'on se trouvait sur un bateau et remarquera que le sol bouge), se lance dans des petits pogos gentillets à l'occasion, fait du "hey! hey! hey!" en rythme pour appuyer les rythmiques heavy du groupe... rien à redire, c'est vraiment la "Saturday Night Fever". 

La complicité entre les différents membres de Battle Beast saute aux yeux et fait plaisir à voir. Le nouveau guitariste, Joona, s'acquitte parfaitement de sa tâche et balance des solos impressionnants de dextérité. Ce n'est pas le plus expansif sur scène mais sa prestation reste impeccable. Celui qui se fait un peu plus remarquer que les autres, c'est Eero à la basse. Le gars s'éclate et prend régulièrement la parole pour exhorter les fans... notamment en faisant ressortir une bonne vieille rivalité ancestrale entre les Français et les Anglais ("on était à Londres hier et les fans étaient complètement fous et criaient hyper fort"...) pour nous repousser dans nos derniers retranchements. Ce petit blagueur nous dit également que vu qu'il s'agissait d'une soirée très spéciale, il fallait faire quelque chose de spécial et, pourquoi pas, rendre hommage aux parrains du Heavy Metal : Manowar. Ah oui ? Pourquoi pas... Alors, il en fait des caisses avant de se lancer, demande à son claviériste de se préparer, chauffe l'assistance en disant qu'il va la faire chanter... tout ça pour se lancer dans une reprise de Last Christmas de Wham!. Sauf que le public connaît moyennement les paroles... Marrant quand même et très représentatif de l'esprit bon enfant de la soirée. 

Tout ça ne doit pas faire oublier que les Finlandais de Battle Beast ne sont certainement pas que des rigolos. Le metal joué par les six complices n'est pas qu'enjoué, il est bien heavy et a fait vibrer les murs et le sol du Petit Bain pendant une heure et demie, tout en ravissant les fans qui ont fait le déplacement et quittent la salle avec un grand sourire. Alors on se réjouit en se disant qu'ils reviendront car oui, ils nous l'ont promis. 

Verdict : ce fut une très bonne soirée avec un cadre qui ne fait que confirmer mon amour pour les petites salles parisiennes dans lesquelles la communion entre les musiciens et les groupes est palpable. Sous le signe du bon vieux metal des années 80 (mais pas que... avec le mélodeath néoclassique de Gyze et les influences pop dont Battle Beast aime saupoudrer son heavy), la prestation générale s'est avérée de qualité et a offert son lot de compos efficaces, de headbanging et de fun. Le son n'a pas toujours été brillant mais cela a été largement compensé par le savoir-faire des groupes et la bonne humeur des fans.

Setlist Battle Beast : 

01. Straight Through The Heart
02. Bringer Of Pain
03. Familiar Hell
04. Into The Heart Of Danger
05. We Will Fight
06. Let It Roar
07. Black Ninja
08. Far From Heaven
09. Lost In Wars
10. Iron Hand
11. Touch In The Night
12. Bastard Son Of Odin
13. Enter The Metal World
14. Out Of Control
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15. King For A Day
16. Beyond The Burning Skies