Groupe:

Evergrey + Need

Date:

01 Octobre 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Evergrey... je les suis depuis leurs débuts mais je ne les ai pas vus sur scène depuis un bon moment. La dernière fois, c'était un premier octobre, comme aujourd'hui... mais c'était en 2009 (et au Nouveau Casino) ! Que le temps passe... En tant que fan de la première heure, je suis ravi de retrouver les Suédois en tête d'affiche dans notre belle capitale. D'autant plus que, bien que je ne prétendrai pas que le groupe n'a sorti que des disques exceptionnels, j'affirmerai que, sur scène, je n'ai jamais pris ces messieurs en flagrant délit de médiocrité. Leurs shows sont toujours d'excellents moments où se mèlent l'énergie que nous sommes en droit d'attendre d'un concert de metal et une réelle forme de beauté ou d'émotion. Eh bien que la musique du combo soit assez sombre et mélancolique, elle passe étonnamment bien dans des conditions live et ne s'avère jamais plombante. Ce soir, le quintet passe à la Boule Noire et est accompagné d'un groupe de metal progressif grec nommé Need... que je m'apprête à découvrir. 

Les conditions de passage de Need ne sont pas mauvaises. Bien sûr, ça manque un peu de light show et le son pourrait être plus clair (le chant n'est pas assez audible par rapport au reste des instruments), mais j'ai très régulièrement entendu et vu pire pour une première partie. Surtout, le groupe dispose d'un temps de jeu d'environ cinquante minutes ! Pas mal ! Par contre, on ne peut pas dire que la Boule Noire soit pleine... Au début du show de Need, on doit être un peu plus d'une centaine de convives... la salle se remplira davantage en cours de soirée et il y aura plus de monde pour Evergrey mais même là, ce ne sera pas la folie. Pour un tel groupe, et dans un si petit endroit, j'avoue que je m'attendais à mieux.

Revenons au set de Need. Les morceaux joués sont bien prog, aucun doute là-dessus et ils sont d'ailleurs assez longs. Si je ne me trompe pas, les Grecs ne nous proposeront d'ailleurs que cinq compos. Les deux premières sont extraites de leur opus le plus récent (Hegaiamas - A Song For Freedom). Le groupe est pro, souriant... il vit sa musique, surtout le guitariste, qui a l'air de vibrer et s'éclater. Les premiers morceaux ne me retournent pas mais ils sont plaisants, mélodiques et contiennent des passages instrumentaux pendant lesquels on a tout le loisir d'observer le savoir-faire des musiciens qui ont une sacré maîtrise de leurs instruments. La troisième chanson, c'est Mother Madness, celle-ci provient de l'album précédent (Orvam) et elle montre un visage plus heavy. Les riffs sont plus lourds mais les mélodies au piano sont plus aériennes... Le claviériste pousse quelques growls pour soutenir le chanteur sur les parties plus agressives.

 

Le dernier morceau de la soirée est le plus long, il s'agit de la chanson titre du nouvel opus. Balancer un morceau de vingt minutes à un auditoire qui vous connait mal alors que vous n'êtes que la première partie de la soirée, ça requiert une certaine forme de courage... mais les gars s'en tirent bien. Leur compo est intéressante et le jeu est de qualité. Sans être complètement tombé amoureux de Need, j'ai passé un bon moment... et le reste de la salle aussi car l'accueil a été globalement assez chaleureux. 

 

Passons maintenant au plat de résistance : Evergrey

Une intro, toujours la même depuis des années, résonne dans les enceintes de la Boule Noire, les musiciens montent sur scène... et le groupe attaque non pas avec un titre du dernier album mais avec une vieille chanson que j'adore : Solitude Within ! Génial, ça a le mérite d'être surprenant et ça me met dans de bonnes dispositions d'entrée de jeu. Enfin presque... Parce que le son est franchement brouillon. On ne distingue pas bien les guitares, la voix n'est pas assez en avant... c'est très moyen. Cela dit, ça arrive souvent sur les toutes premières chansons et en général, ça s'arrange rapidement par la suite. Ainsi, sur Mark Of The Triangle (autre vieillerie, extraite de l'excellentissime troisième album, In Search Of Truth, mon préféré), le son est encore très médiocre... C'est dommage, j'adore ces titres et même si je suis content qu'ils les jouent, il aurait été plus agréable que le rendu soit à la hauteur. Effectivement, sur les chansons suivantes, ce sera mieux mais jamais génial non plus, pas de chance. C'est quasiment le seul bémol de la soirée, en ce qui me concerne. 

En troisième position, toujours pas de chanson de The Storm Within en vue mais Leave It Behind Us, unique rescapée de Glorious Collision. Le morceau est entraînant et le public enthousiaste. Bonne ambiance générale à la Boule Noire ce soir avec quelques échanges sympas entre Tom Englund et le public comme, notamment, quand le frontman demande qui doit aller travailler demain matin, commence à huer avant qu'un fan ne lui rétorque "et qui doit bosser ce soir ?", ce qui fait bien marrer le chanteur. 

Les fans des deux derniers opus (largement ce que le groupe a fait de mieux depuis un moment, il faut le reconnaître) vont enfin pouvoir se régaler avec l'arrivée de compos comme The Fire, Distance (plus lente et lourde que les chansons qui précèdent et donc plus appréciable d'un point de vue sonore, car plus facile à distinguer), A New Dawn, Black Undertow ou la rapide My Allied Ocean. Que des super morceaux interprétés par un groupe performant. Dommage qu'on ne distingue pas plus la voix de Tom, c'est un super chanteur mais les nuances sont difficiles à percevoir ce soir... sauf sur les deux ballades à venir : Words Mean Nothing et I'm Sorry. Sur la première, Tom est juste accompagné par Rikard Zander (claviers) et on peut pleinement profiter de sa prestation. Le public est invité à chanter sur la seconde et le fait très bien. Très bon moment.

Retour au heavy avec Broken Wings et surtout l'excellente (sombre, pesante, classe) The Grand Collapse extraite de Hymns For The Broken. Et là, on se dit qu'Evergrey ne joue quand même pas beaucoup de titres de son tout dernier album... il semble lui préférer son avant-dernière production. Et ça se confirmera en fin de soirée, au moment du bilan : deux compos seulement (Distance et My Allied Ocean) contre cinq (The Fire, A New Dawn, Black Undertow, The Grand Collapse et King Of Errors). Toutes ces chansons sont bonnes alors ça ne pose pas de problème dans l'absolu mais il est vrai que j'attendais un peu plus de nouveauté... j'avais notamment espéré pouvoir me placer un petit Disconnect ou un Someday entre les oreilles.

Le groupe quitte la scène... mais bien heureusement la soirée n'est pas encore terminée. Un rappel généreux nous attend. En attendant, petit bilan provisoire. Chouette ambiance, groupe toujours top, son très moyen... et le light show, on n'en a pas parlé, tiens. Pour ceux que ça intéresse : c'est une véritable déclaration de guerre aux épileptiques. On dirait que le groupe s'est mis en tête de massacrer les yeux de l'assistance à coups de stroboscopie ! Un peu, ça va... mais là, ça clignote beaucoup quand même. En plus, il y a beaucoup de fumée... et le mélange fumée/lumières aveuglantes a pour conséquence une certaine opacité qui rend l'exercice de la photo un peu compliqué. Mais bon, là n'est pas l'essentiel... Revenons à la musique ! Le rappel commence avec l'instru When The Walls Go Down sur laquelle Jonas et Rikard jouent seul au début... avant d'être rejoints par les autres membres. S'en suivent deux classiques : la superbe Recreation Day ainsi que A Touch Of Blessing introduite par un petit duo basse/guitare assuré par Johan Niemann et Henrik Danhage, tous deux impeccables (et pas qu'à ce moment là, bien sûr). Le show se termine sur l'épique King Of Errors, conclusion assez idéale. 

Au final, on a passé un bon moment, le concert fut de qualité, les gars d'Evergrey sont toujours aussi talentueux... mais les conditions auraient pu être meilleures. Petit détail sympa qui permet de terminer la soirée sur une très bonne note : un peu après la fin du show, tous les musiciens descendent dans la salle pour discuter avec leurs fans, signer des albums, prendre des photos. Très sympa. On reviendra... dans une salle un peu plus grande, avec un peu plus de monde (comme Tom nous l'a demandé en cours de soirée... "si vous nous aimez, parlez de nous autour de vous"), ce sera encore mieux.

Setlist Evergrey : 

01. Solitude Within
02. Mark Of The Triangle
03. Leave It Behind Us
04. The Fire
05. Distance
06. A New Dawn
07. Black Undertow
08. My Allied Ocean
09. Words Mean Nothing
10. I'm Sorry
11. Broken Wings
12. The Grand Collapse
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13. When The Walls Go Down
14. Recreation Day
15. A Touch Of Blessing
16. King Of Errors