Groupe:

Punish Yourself + Shaârghot + Porno Graphic Messiah + ProjetMilan

Date:

21 Octobre 2017

Lieu:

La Valette du Var

Chroniqueur:

Didier

Initialement annoncée au Rat’s de Puget/Argens, la soirée promettait du lourd : la crème de l’électro metal indus français avec Punish Yourself et Shaârghot. J’avais pu voir le premier en clôture du Hellfest 2013 et le second lors d’une soirée exceptionnelle au Rat’s. Impossible de passer à côté. Nous voilà donc en route pour le VOX à La Valette-du-Var, tout près de Toulon. La soirée est organisée par l’association marseillaise « Ça Va Passer », qui a pour vocation de « développer et promouvoir les cultures émergentes, en organisant des événements et des spectacles vivants ». L’événement fait partie du festival de l’Electro Libre, organisé sur deux soirées avec le vendredi soir les groupes Elisa Do Brasil, Schlaasss, La Croix & La Banniere, VortexVortex et Swan Ink et donc ce samedi soir avec les groupes Punish Yourself, Shaârghot, Porno Graphic Messiah et ProjetMilan. Je n’ai pas eu d’écho sur la soirée de vendredi, mais j’ai eu un très bon contact avec Phil, de l’association qui m’a fourni une accréditation et un pass photo pour celle du samedi.
Le VOX, Philippe et moi, nous en avions parlé régulièrement entre 2011 et 2014 (Korpiklaani, Sepultura, Marty Friedman, Orphaned Land, Klone…), mais après ça, plus de son, plus d’image. La salle semble reprendre du service et accueille ce festival. En rentrant dans la salle, je note pas mal de changements. La scène est plus haute, les enceintes suspendues, énormes, le bar bien achalandé et sur l’arrière, il y a une zone à l’air libre pour les fumeurs (ou ceux qui veulent une pause sonore) et un food truck.

ProjetMilan

Le premier groupe à intervenir dans cette longue soirée vient de Marseille. Ils existent depuis 2016, et leur nom (et leur logo) est en rapport avec le milan, l’oiseau, pas la ville italienne. Il est constitué de Antoine et de Valentin, un duo donc, avec pas mal d’équipement électro déjà en place sur scène. Ils attaquent en jouant tous les deux sur des toms basses une intro tribale. Leur musique n’est ni metal, ni punk, mais clairement électro post-rock. Ils ajoutent du handmade dans leur style, et on comprend en les voyant sur scène car, effectivement, tout est fait en live, pas grand-chose n’est préenregistré. Antoine assure des plans synthés et des percus (au pied ou avec une main), alors que Valentin joue tantôt du synthé, tantôt de la guitare. J’aime bien son chant, flirtant entre Prodigy et Placebo, avec des moments assez grunge. Au final, j’aime beaucoup leur set, à la fois calme et puissant. Valentin utilise sur un morceau un instrument ancien, un saz, instrument à cordes type luth d’origine turque avec trois faisceaux de cordes. Nous passons un bon moment. Ils terminent leur set visiblement très contents d’être présents, en reprenant leur rythme tribal d’introduction.

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Setlist ProjectMILAN :

Intro (drum)
Lucky boy
Leave
88
Referee
Galata
Green
Outro (drum)

 

Porno Graphic Messiah

Beaucoup d’agitation sur la scène pour préparer le groupe suivant, Porno Graphic Messiah, qui nous vient de Nice. Le nom du groupe est certainement une référence à un des albums du groupe gothique américain Christian Death. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après le minimalisme scénique de ProjetMilan, le decorum des suivants est assez impressionnant. Beaucoup d’accessoires, de déco, beaucoup de soin apporté aux détails. Un peu trop même en ce qui me concerne. Les tenues sont aussi travaillées, les ongles noirs, les yeux lentillés, bref on se prépare au grand cirque (dans le bon sens du terme). Le line-up est un peu différent de ce que j’avais pu voir sur leur Facebook. C’est toujours Scars qui est au micro et à la guitare (tantôt couverte de stickers, tantôt jaune fluo). A noter que son pied de micro est composé d’un fusil tourné vers le haut. Ça renforce ce petit air de Marilyn Manson que je lui trouve. A côté de lui, on trouve Marion à la guitare, Fabien à la batterie et Val qui remplace Flora à la basse. Ils portent tous un brassard fluo à l’effigie du groupe. Dès qu’ils attaquent, c’est très puissant et beaucoup trop fort. Je connais mal les morceaux du groupe, je suis un peu obligé de reculer pour essayer de tout saisir. Scars rend hommage à leur ami Jean-Yves Michaud, un fan disparu prématurément. Ça plombe un peu l’ambiance, mais ils repartent à donf, avec un Scars particulièrement à l’aise et qui affiche beaucoup de prestance sur le morceau Terrorize Me. Marion assure les solos avec beaucoup d'aisance, le tout est bien en place, on sent que Scars tient fermement la barre du projet. C’est violent et ça fait bouger la foule, c’est plutôt une bonne chose, même si je ne connaissais rien du groupe je me laisse prendre au spectacle.

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Setlist de Porno Graphic Messiah :

Star
Terrorize Me
Kids
Help
Nothing
Fuck Your Darling
AOTA
Negative

Punish Yourself

Etrangement, comme dans les grands festivals type Hellfest, le groupe tête d’affiche ne joue donc pas en dernier. Mais bon, pourquoi pas. Le seul souci, c’est que pour voir Shaârghot (le groupe que j’attends particulièrement) il faudra attendre 0h50 d’après la page Facebook de l’association. En attendant c’est donc la scène de Punish Yourself qui est mise en place. Le groupe toulousain a pas mal changé depuis que je les ai vus au Hellfest. On est toujours dans le cyberpunk post-apocalyptique (sacré programme !) mais le line-up a évolué. Autour de VX, le charismatique chanteur, on trouve deux guitaristes, l'un est Xav, anciennement batteur du groupe pendant vingt ans, et l’autre est Pierlox (Miss Z que nous avions vu au Hellfest a quitté le groupe avant l’enregistrement de Spin The Pig), une performeuse/chanteuse, Klodia qui joue un rôle très important dans les concerts du groupe. Ils sont aussi accompagnés par Xa Mesa (Parabellum, Bal des Enragés) à la batterie et Mika Modgeist aux synthés. Tout ce petit monde est maquillé en mode fluo, des petits squelettes pendouillent aux pieds de micro, on continue donc la soirée sur le même thème.
VX
nous occupe en discutant pendant un souci avec les samples qui ne sortent pas sur la sono, il impressionne, on est déjà sous son charme. Finalement, tout rentre dans l’ordre et le sample en question, celui de Spin The Pig, extrait du nouvel album qui vient à peine de sortir, peut enfin nous décoller la plèvre et le show commencer. Car pour un show c’est un show ! Outre les body paints des musiciens, Klodia ajoute sa touche personnelle au spectacle. Elle arrive d’abord déguisée en geisha post-apocalyptique, puis enfile un plastron métallique et des lunettes de protection pour manier la disqueuse et balancer des gerbes d’étincelles en rythme. Klodia c’est la copine qu’il vous faut pour retaper des apparts à coup de disqueuse. Impressionnante ! Elle se dénude plus tard dans la soirée, et manipule le feu, avec des baguettes enflammées qu’elle éteint avec sa bouche. Côté musique, c’est violent aussi. VX demande entre deux morceaux si on veut plus de violence, et il enchaine avec … plus de violence. Dans la salle, ça bouge beaucoup, y a pas mal de fans dans le Var et tous les âges sont représentés. Ça pogote un max, ça se bouscule : faire des photos devant la scène devient plus compliqué, je bats en retraite. Le son est puissant, les deux guitares, comme les deux lames d’un sécateur géant, nous cisaillent. Il n’y a pas de basse, mais des gros samples et le synthé compensent bien. A propos de bassiste, nous voyons apparaitre sur scène Clémence, l’impressionnant bassiste de Shaârghot. Il vient beugler dans le micro, avec VX. Pas essentiel musicalement, mais bonne énergie et bonne entente entre les groupes, ce qui est toujours sympa à voir. Le son est vraiment très puissant, et comme dans mes souvenirs du Hellfest 2013, le rythme des morceaux fait que tout le monde bouge en rythme. Difficile de résister. VX tente d’organiser un wall of death qui se transforme plutôt en gros pogo délirant. Il fait aussi asseoir le public pour exploser ensuite. Visiblement les morceaux du nouvel album (treizième quand même) sont bien bourrins et font leur effet sur la foule et au stand merchandising après le set. Quand ils terminent, on a un peu l’impression d’un champ de bataille, après un rude combat, on vérifie qu’on n'est pas blessé, on s’ébroue. Et les membres ont perdu une partie de leur maquillage. Le bar et le stand merch' sont pris d’assaut. Il est déjà plus de minuit et la soirée est loin d’être finie.

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Setlist Punish Yourself :

Spin The Pig
See You Later
Backlash
Primitive
There's No End To This
Rock 'n'roll Machine
Lo-Cust
Blacksunwhitebones
Gimme Cocaine
CNN War
Dies Irae
Zmeya
This Is My Body This Is My Gazoline
Worms
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Sexy
Suck My TV

Shaârghot

La soirée est loin d’être finie en effet. D’abord parce que le programme a pris du retard, et ensuite parce qu'il y a un souci avec l’ampli de Brun’o Klose, le guitariste de Shaâghot, lourdement maquillé et habillé comme toujours. On le croirait sorti tout droit d’un film de Terminator. Nous avions pu côtoyer Brun’o Klose, Shaârghot et Clémence un peu plus tôt dans la soirée car ils étaient descendus au contact des fans dans l’arrière salle une fois leur séance de maquillage terminée. De près, ça en jette un max. Il faut presque trente minutes pour venir à bout de l’ampli récalcitrant. Résultat des courses, il est plus de minuit trente quand ils sont prêts. Certains dorment appuyés au mur, d’autres sont partis, c’est dommage. Je suis bien content d’avoir pensé à demander l’asile à une amie qui habite à cinq minutes, parce qu’on n’est pas couchés !
Première constatation, je trouve leur son excellent, le meilleur de la soirée. Deuxième constatation, déjà un peu évoqué, Shaârghot a un bassiste, ce qui n’était pas le cas lors du concert du Rat’s. Clémence, donc, vient compléter le son du groupe, tout en ajoutant un look pas banal. Grosses lunettes de soudeur, corps noirci, bide à l’air. Sur sa basse, deux cordes sur quatre sont fluos. Il assure aussi pas mal de chœurs derrière Shaârghot, tout comme la victime, Skarskin Omega, toujours complètement costumé. Il me semble du coup qu’il n’y a pas de voix samplées, ce qui m’avait un peu gêné au Rat’s.
La voix de Shaârghot est assez impressionnante, bien plus puissante et très bien en place. Son jeu de scène aussi est impressionnant. Entièrement recouvert de noir, il manie la batte de baseball, utilise son pied de micro en tubulures métalliques, saute de partout, porte son masque/mâchoire fait main sur Uman Iz Jaws : énorme. Même si la foule a un peu réduit, les fans du premier rang se font «  baptiser » au noir par Shaârghot. Skarskin Omega trouve une bouteille de vodka laissée par Punish Yourself sur scène, et distribue des rasades aux premiers rangs. C’est un peu le délire. Skarskin Omega ne filme pas avec un appareil photo comme souvent, et il se fait moins taper que la dernière fois aussi. Du coup, il chante plus et vient faire le pitre avec des petites pancartes « break » et « Your Body » qu’il brandit pour nous aider à chanter le refrain en chœur. Il en a même une sur les fesses avec « Again » pour le morceau Break Your Body. En parlant de ce morceau que j’aime bien, il fait partie des trois nouveaux morceaux joués ce soir avec The Wave et Kill Your God. Ces trois morceaux seront disponibles sur un EP à sortir dans les semaines qui viennent (mais que je n’ai pas vu au stand merchandising). Ils alternent ces nouveaux morceaux avec leurs hymnes électro-metal qui ne laissent personne insensible (Uman Iz Jaws, Mad Party, Shaârghot, Traders Must Die). Ils terminent par AZERTY et son rythme tribal. Shaârghot et sa victime tapent sur un bidon (non amplifié - le son est samplé), sur lequel la victime a pris la peine de mettre de l’eau, du coup ça en fout de partout et rafraichit les premiers rangs. Brun’o Klose vient aussi chercher un peu de fraicheur, il a passé la soirée à défoncer tout le monde avec ses multiples guitares aux accordages différents, il est bien trempé. Il est presque 1h30 quand ils terminent. Perso, j’en ai pris plein les mirettes et les esgourdes, mais là faut que je dorme. Cette musique de sauvage n’est plus de mon âge, mais quel pied :-) !!

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Setlist de Shaârghot :

The wave
Uman Iz Jaws
Mad Party
No solution
Shaârghot
Sand Storm Calling
Kill Your God
The Way 
Traders Must Die 
------
Break Your Body 
AZERTY