Groupe:

Dead Cross + ZEUS !

Date:

20 Juin 2018

Lieu:

Cognac

Chroniqueur:

JeanMichHell

En préamble, un grand merci à M. Jean Claude Robidas pour ses magnifiques photos dont vous allez pouvoir vous délecter dans ce live report.

En ce mercredi de juin, avant-veille des hostilités du Hellfest 2018, Dead Cross se fait un petit arrêt aux Abattoirs de Cognac, non pas pour y déguster la boisson locale (quoique…) mais surtout pour venir présenter leur show qui fait suite à un premier album éponyme sorti l’été dernier. Ils ne sont pas venus seuls mais avec des collègues italiens répondant au doux nom de ZEUS !. Et malgré une affiche assez rare du côté de la Charente, on ne se bouscule pas dans la salle. L’audience est clairsemée surtout quand les Italiens entrent sur scène.

    

ZEUS ! c’est un duo basse tenue de main de maître par M. Luca et batterie par M. Paolo. Ce duo bien bien énervé qui se présente ainsi : « ZEUS !, ce n’est pas du metal, ni du punk, absolument pas du jazz-core ou du post je ne sais quoi. » C’est vrai, ZEUS !, n’est pas tout ça. ZEUS !, c’est tout d’abord un duo de barbus, aux cheveux hirsutes, qui arrive à combiner tous les styles cités au cours de leur présentation.

Ce duo dépense une énergie folle et donne tout ce qu’il a pour offrir une expérience sonore hors du commun. Je ne vais pas vous mentir, une découverte en live d’un groupe comme celui-ci s’avère être proche de l’épreuve. Mais lorsque l’on accepte de se faire balader dans un shake up musical qui emprunte aussi bien à MotorheadPrimus ou Dillinger Escape Plan, et tout ça à deux bonhommes, c’est « L’épreuve artistique » qui prend le dessus. Il est aisé de se dire que ce genre de configuration scénique est limitée, voire peu spectaculaire, mais une fois que vous commencez à vous attarder sur la manière dont ces deux loustics abordent leurs instruments, le show devient tout de suite bien plus spectaculaire.

   

Le style emprunte aussi bien au math rock, qu’au mathcore, rupture, contretemps, blast et comme seul et une parole des « bbwwaahhhhaaa » qui empruntent plus au lapin crétin qu’à une volonté de « passer un message ». Luca nous propose de l’encouragement le plus bas possible, tout en intimité. L’animal n’arrête jamais sur scène, sue de la tête au pied et donne un aspect rock’n roll absolu à cette prestation. Et comme le rock c’est aussi une histoire d’amitié, ZEUS ! invite l’ami Justin Pearson, chanteur de Retox et leader de The Locust, présent ce soir en qualité de bassiste de Dead Cross (pas trop long comme présentation ?) à venir pousser la chansonnette. Il vient faire le show au milieu du public, et descend de scène pour tenter de venir animer une salle bien tranquille.

ZEUS ! est surprenant, déstabilisant, organise le bordel mais surtout nous a proposé une prestation tout en énergie, idéal pour s’échauffer avant l’arrivée des stars de la soirée.

Setlist de Zeus ! : (ne connaissant pas du tout les titres du groupe je vous propose la setlist standard de leur tournée)

01. Intro/Suckertorte
02.Koprofiew
03. Giacomo Leopardi
04. Grindmaster Flesh
05.Turbo Pascal
06. Golden Metal Shower
07. Cowboia

 

Mais les stars de la soirée ce sont les Dead Cross. Et "stars", le mot est faible puisque le quatuor Dave Lombardo, Mike Patton, Mike Crain, Justin Pearson mixe des CVs tout simplement incroyables.

   

 

Le groupe ouvre avec Seizure and Desist, premier morceau mis en ligne par le groupe avant la sortie du LP éponyme que j’avais eu le plaisir de chroniquer il y a presque un an. Même si le son doit se régler en tout début de set, l’énergie est en tout cas bien présente et ne fera pas défaut tout au long du set. Lombardo est impressionnant de facilité baguette en main et les collègues musiciens sont eux aussi bien rodés à l’exercice de la scène.

Au bout de deux chansons, il fait 40 degrés dans la salle et Patton jusque-là concentré sur son chant se met à papoter, discuter avec le public. Entre petite chambrade au public, sur les chauves skinheads, sur le drapeau sudiste placé sur la casquette d’un photographe… Patton toujours l'œil plein de malice invite un fan sur scène et tente tout simplement de le déshabiller, ce que le collègue refuse, mais le père Patton n’est pas homme à lâcher facilement et tente de le faire lui-même et finit par lui chanter dans l'entrejambe en essayant lui défaire son pantalon… On peut apprécier (ou pas) le niveau du bonhomme mais il est clair qu’il n’en manque pas une pour mettre l’ambiance sur scène.

   

Les titres s’enchainent à vitesse grand V et le groupe nous propose forcément une grosse partie de sa discographie puisqu’elle se limite à un LP et à un deux titres. Shillelagh met tout le monde d’accord et ce titre, parmi les plus dans ta face du groupe, envoie sévèrement. Et l’ensemble de la prestation sera de cet acabit, c’est sauvage et sans aucun compromis. Seule pause dans ce déluge, Bela Lugosi's Dead, la reprise de Bauhaus, qui pose l’ambiance et permet au public de reprendre son souffle. Ce chaos est à l’image de la prestation de Patton qui fait étalage de son panel vocal avec ses deux micros, et que ce soit avec ou sans effet, c’est d’une intensité incroyable. Il est d’ailleurs particulièrement bien soutenu par les chœurs de Pearson et Crain qui eux font aussi bien souffrir leurs instruments que leurs cordes vocales.

 

Pour conclure cette démonstration ce bon Mike rejoint Dave et ils entament, à eux deux, l’introduction de Church Of Motherfucker qui conclut en beauté cette prestation. Enfin conclut, pas réellement puisque le groupe nous entame un petit rappel avec les trois coups. Non, pas les trois coups du théâtre mais les trois coups de Reign In Blood ! Le public s’emballe, le larsen monte et au moment de faire démarrer le morceau, rupture et passage sur le refrain d’Epic de Faith No More, deux jolis clins d’œil mais qui, au final, frustrent plus qu’ils ne réjouissent.

Mais bon tout ceci est bien secondaire. La soirée fut belle et riche. Riche d’une découverte homérique et d’un message clair, Dead Cross n’est pas un amalgame de stars mais bien un vrai groupe qui, je l’espère, ne sera pas éphémère.

Setlist de Dead Cross :

01. Seizure and Desist
02. Idiopathic
03. Obedience School
04. Shillelagh
05. Skin of a Redneck
06. Bela Lugosi's Dead (Bauhaus cover)
07. Divine Filth
08. Grave Slave
09. The Future Has Been Cancelled
10. My Perfect Prisoner
11. Gag Reflex
12. Church of the Motherfuckers
13. Raining Blood / Epic

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