Groupe:

Eric Martin + Kevin Davy White

Date:

29 Septembre 2018

Lieu:

Vauréal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

A l'heure où le futur de Mr. Big paraît pour le moins incertain (suite à la mort récente du batteur Pat Torpey), Eric Martin part sur les routes avec sa guitare sèche et Dave Cotterill (guitariste du groupe britannique Demon), se faire une balade de santé, rencontrer ses fans dans des petites salles intimistes et leur servir un bon melting pot de chansons extraites de ses albums solo (très peu en réalité), quelques reprises (pas tant que ça non plus) et des chansons de Mr. Big (principalement). La date française eut lieu au Forum de Vauréal le 29 septembre dernier... et je ne pouvais décemment pas manquer cela, en dépit d'une légère inquiétude due aux performances vocales moins impressionnantes du monsieur ces derniers temps (le Live In Milan sorti au début de l'été m'a plutôt déçu à cause de la petite forme du chanteur). 

La première partie est assurée par un certain Kevin Davy White. Ce chanteur guitariste aime bien brouiller les pistes... son nom ne sonne pas très français, mais il commence à s'adresser à nous dans notre langue en nous disant que "c'est bon de jouer à la maison", le reste du set ne sera composé que de compos chantées dans la langue de Shakespeare et quand il nous parlera, ce sera plus en anglais qu'en français... et pourtant, il vient de Paris. Quelle énigme... Bon, en fait, il a vécu (et vit peut-être toujours, je ne suis clairement pas assez informé) en Angleterre et a même participé, avec un certain succès, paraît-il, à X Factor (l'émission télécrochet britannique, pas l'album calamiteux d'Iron Maiden). Après l'avoir découvert, je ne suis pas surpris qu'il ait tenté de se faire connaître ainsi car il a une très belle voix, aussi chaleureuse que puissante.

Kevin a du coffre et de la présence. Son répertoire ce soir se constitue de quelques compos persos (comme l'entraînante Freedom's Coming et ses choeurs qu'il fera reprendre par une partie du public ou Puzzle Of Love qui joue sur un registre plus émotionnel) mais également de reprises comme Bright Lights de Gary Clark Jr. ou Voodoo Child de Jimi Hendrix. Il y a du feeling à revendre, un peu de blues, de soul aussi... et comme si ça ne suffisait pas, ce musicien se débrouille plus que bien à la guitare. Il nous livre une prestation assez intense, habitée et convaincante. Avec lui, cette soirée démarre bien et le public qui, pour la plus grande partie j'imagine, le découvre ce soir, lui réserve en retour un accueil chaleureux bien mérité.


Sur la reprise de Bright Lights, on ne peut s'empêcher de trouver une vraie résonnance à l'écoute des paroles "You're gonna know my name by the end of the night" répétées un certain nombre de fois... Oui, Kevin Davy White, mission accomplie... on a bien retenu ton nom. En bref, un moment cool, très agréable qui est passé assez vite, nous a permis de découvrir un musicien talentueux et nous a mis dans de bonnes dispositions pour la suite.

 

Après une courte pause, Eric Martin et son compère "Demon Dave", comme il l'appelle, investissent la scène du Forum en toute simplicité et attaquent bille en tête avec un titre de Mr. Big bien sympa, que le groupe ne joue plus en concert depuis bien longtemps : Electrified (de l'album Get Over It). Très bonne entrée en matière pour plusieurs raisons : comme je viens de le dire, la compo est rare, c'est sympa d'être surpris d'entrée de jeu (il aurait été facile de démarrer avec un classique)... en plus de cela, elle est très bonne et énergique... Show acoustique ne veut pas forcément dire "chansons molles du genou". Autre élément qui fait plaisir, Eric Martin semble en forme, il attaque le set comme il faut avec une voix bien posée, assez claire et puissante. Peut-être que l'exercice acoustique, moins fatiguant pour les cordes vocales, va lui permettre de briller davantage que lors de certains concerts électriques de Mr. Big... La suite de la soirée le confirmera. Ce premier titre est conclu avec humour par un "Thank you Budokan!!" qui rappelle que le chanteur a été plus habitué à jouer au Japon qu'en Europe pendant une bonne partie de sa carrière. Tout cela démarre fort bien.

Ce qui connaissent un peu le frontman de Mr. Big le savent bien, Eric Martin n'a pas la langue dans sa poche... Il se surnomme d'ailleurs lui-même "Mr. Big Mouth", comme quoi il est parfaitement lucide. Et là, dans ce petit cadre intimiste, le chanteur se laisse aller à nous raconter multiples anecdotes avec toujours beaucoup d'humour ou d'auto-dérision. On le sent bien, il a envie de s'amuser. Au bout de quelques chansons, il attrape la setlist posée sur une petite table à côté de lui et s'écrie "Mais qui a écrit cette merde ? Où sont les hits ?". C'est vrai qu'après Electrified, Martin a enfoncé le clou de la surprise avec un autre titre de Get Over It, A Rose Alone, puis a enchaîné avec Fragile (de The Stories We Could Tell) et Damn, I'm In Love Again extrait du plus récent Defying Gravity. Je trouve vraiment très appréciable d'entendre tous ces morceaux qui, en effet, ne sont pas les plus gros hits du groupe, mais n'en demeurent pas moins plaisants sur scène. D'autant plus que le duo s'éclate et livre une performance impeccable (Cotterill propose de bons petits solos sur ces versions acoustiques).

Pas de panique, ceux qui attendaient des tubes en ont tout de même eu puisque les deux compères n'ont pas tardé à proposer des chansons comme Wild World (la reprise de Cat Stevens), ce qui donna lieu à une longue anecdote nous contant comment cette chanson s'est retrouvée sur Bump Ahead (la maison de disques exigeait une nouvelle ballade acoustique suite au succès de To Be With You), Daddy, Brother, Lover, Little Boy ou la fameuse To Be With You jouée deux fois de suite dans des versions différentes : country d'abord (plutôt marrant) puis dans sa version originale ensuite.

Le reste de la soirée se poursuit sur le même ton enjoué, avec beaucoup de pitreries du showman (il perd cependant de vue qu'une bonne partie du public ne comprend pas forcément toutes ses blagues) et une belle alternance de morceaux attendus et d'autres plus surprenants. J'aime bien le fait que la période Richie Kotzen de Mr. Big soit mise en lumière (elle est totalement exclue des setlists du groupe depuis le retour de Paul Gilbert) et c'est plutôt cool d'entendre de bonnes chansons comme Shine ou Dancin' With My Devils. On a même eu le droit à un morceau de sa carrière solo, There Goes The Neighbourhood, et une nouvelle chanson pas encore enregistrée, Back In Blue. Martin et son acolyte ne sont pas avares de leur temps, le concert a duré un peu plus d'une heure quarante-cinq... Au moment du rappel, Eric parle brièvement de Pat Torpey et joue l'excellente Take Cover, une chanson, dit-il, sur laquelle il ne peut s'empêcher de penser à son ami batteur disparu.


Chouette soirée alors ? Sans aucun doute... mais il y a tout de même un petit bémol qui n'a probablement pas dérangé grand-monde mais dont je me sens obligé de parler brièvement. Si le frontman se montre véritablement enjoué, quitte à en faire des caisses et parfois légèrement confondre concert et sketch de stand up, on n'en dira pas autant du public dont le manque d'énergie et de participation évoque plus nettement l'atmosphère de la maison de retraite du coin un dimanche en début d'après-midi, en pleine phase de digestion, après un repas probablement trop généreux. Martin le remarque et chambre d'ailleurs régulièrement l'assistance ou certaines personnes en particulier. Quelques spectateurs sont très passifs et n'envisagent la communication avec les musiciens qu'à travers un téléphone tendu pour prendre des photos ou filmer des vidéos. Un peu, pourquoi pas, ça fait partie des concerts maintenant et tout le monde veut ses petits souvenirs, ça ne me choque pas... mais il ne faut pas en abuser non plus. Il est évident que le chanteur aurait préféré un public qui bouge un peu plus (pas facile quand le concert est assis, j'en conviens, pas facile mais pas impossible non plus), tape dans les mains ou chante avec ardeur plutôt que cette foule statique et timide (et pourtant très chaleureuse entre les chansons quand il s'agit d'applaudir).

Bilan des courses : une soirée bien sympa, avec un showman généreux, en voix, surprenant dans ses choix de chansons, plutôt drôle même si probablement un peu trop bavard par moment (mais peut-on raisonnablement lui en vouloir ?) et qui ne s'est pas démonté face à un auditoire étonnamment reservé bien que visiblement content d'être là. Et pour ne rien gâcher, un peu avant minuit, monsieur Martin, proche de son public jusqu'au bout, est venu à la rencontre des fans qui trainaient au niveau du bar de la salle et s'est volontiers prêté au jeu des photos souvenirs et signatures de livret. Ca fait toujours plaisir.

Un grand merci au Forum de Vauréal pour l'accréditation.

Setlist Eric Martin :

01. Electrified
02. A Rose Alone
03. Damn I'm In Love Again
04. Fragile
05. Wild World
06. Back In Blue
07. Daddy, Brother, Lover, Little Boy
08. What If We Were New
09. Where The Wind Blows
10. Voodoo Kiss
11. Shine
12. Everybody Needs A Little Trouble
13. To Be With You (country version)
14. To Be With You
15. Dancin' With My Devils
16. There Goes The Neighbourhood
17. Take Cover

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