Groupe:

Festival Le Vars Attacks : Exocrine, Iron Flesh, Hashtag Résistance, Stanza.

Date:

15 Septembre 2018

Lieu:

Vars

Chroniqueur:

JeanMichHell

Un grand merci à M. Jean-Claude Robidas pour sa contribution photographique, une fois de plus remarquable.

Stanza est le premier groupe de la soirée. Le quintet monte sur scène pour proposer un bon heavy metal des familles, mais pas que... En effet, le groupe ne propose pas un Heavy si classique que cela, il peut y avoir un riff qui se rapproche du Thrash, voire quelques accélérations qui peuvent s’acoquiner avec des mouvements plus proches de la suite du programme. 

 

 

Mais ce qui retient l’attention, c’est l’équilibre entre des bases heavy solides, riff Maidenien, solos en pose dos à dos des guitaristes, une belle flying V rouge (...). Mais la musique de Staza ne se limite pas à cette entrée-là. D’abord on y retrouve un chant féminin du plus bel effet puisque proche d’une tessiture et d’une puissance d’un Isia, qui évite les clichés vocaux pénibles du Heavy et propose un panel plus rock au final. Second élément, le duo rythmique qui est on ne peut plus solide. Il sait casser par instant les mesures et permet aux guitaristes de se reposer sur une base solide et ainsi poser tranquillement riffs et solos. 

     

La complémentarité entre la batterie et la basse est naturelle, ce duo gère les changements rythmiques nombreux qui font partie de la patte Stanza, ni plus, ni moins. On y retrouve d’ailleurs, Manu (ancien bassiste / chanteur du groupe de Thrash Artery), qui malgré le changement de style fait bien le job, complète le jeu des guitares par des lignes de basse inspirées.

Depuis le début du set, il semble assez clair qu’il existe des accointances entre Stanza et la vierge de fer, ce qui se confirme à la fin du set puisque le groupe finit sur Hallowed Be Thy Name de qui vous savez… Une belle ouverture qui a permis aux amateurs de metal plus classique de trouver un peu de calme avant les tempêtes…

Arrive ensuite sur scène Hashtag Résistance, un trio dans lequel on retrouve derrière la batterie Fred, l’organisateur de cette soirée. Ils arrivent sur scène tous les trois cagoulés sur un sample revendicatif, poing levé, prêts à en découdre. Ce trio propose un metal engagé qui se réclame de groupes comme Lofofora ou encore No One Is Innocent, mais musicalement le groupe ne joue pas tout à fait dans la même cour… 

     

Il est d’ailleurs assez délicat de trouver une comparaison qui pourrait vous donner une idée de la musique de Hashtag Résistance. Les trois musiciens semblent venir d’horizons bien différents, le batteur a clairement une technique Death, il affectionne sa double pédale et ses accélérations donnent une pulse intéressante à chaque fois. Le bassiste multiplie les plans au médiator mais slape aussi comme un beau diable sur sa basse qui prend cher tout au long du set. Sa complicité avec Fred est évidente ce qui donne là encore un base rythmique qui ne reste pas sur « son long fleuve tranquille », ce qui est tout à son honneur. Le guitariste chanteur a une technique qui se rapproche plus de d’un punk hardcore, ses riffs sont directs et sans compromis à l’image de ses textes ; en revanche, je suis un peu moins fan du choix vocal un peu trop rauque et guttural pour bien comprendre les textes. Dommage, c’est l’essence même de l’existence de ce groupe. Le mélange de ces techniques donne un cocktail qui leur est propre, particulier mais loin d’être inintéressant, et clairement surprenant.

     

De plus, le groupe « knows his ennemy » et réveille le militant qui sommeille en chacun. La résistance face à la finance promue par l’ancien président, qui a bien entendu tenu son engagement, le cercle vicieux de la machine à faire du fric, le charmant Gattaz, la maltraitance par le système, celle faite aux enfants sont autant de thèmes abordés par le trio avec une furieuse envie de réveiller les consciences bien sagement endormies. 

Le groupe propose également des titres avec simplement des samples en illustration sonore. Des propos tenus, entre autres, par les personnes sus-citées, avec juste un instrumental derrière, ce qui me fait penser à ce que Lofofora avait pu proposer avec Jazz Trash Assassin en ouverture de Peuh !, album qui lui aussi prenait bien le soin de nous secouer le cerveau. Et histoire de prendre une dernière secouée, un illustre inconnu (qui est secrètement le fils de Joakim Brodén) monte sur scène, cagoulé et on ne peut plus motivé, le temps d’un dernier duo apocalyptique en guise de conclusion. Une seconde prestation qui aura secoué même si, jusque-là, le public aura eu soit du mal à se décoincer, soit aura été particulièrement studieux.

Décoincer le public, voilà une mission totalement adaptée à de Iron Flesh. Ce groupe bordelais, créé en 2017 par Julien Helwin, s’est étoffé avec l’arrivée de Julien et Sylver (ex Ad Patres) ainsi que Guilhem à la batterie. Les deux EP Worship The Necrogod et Scourge Of Demonic Incantations, sorti en 2017, avaient fait forte impression à l’ami Hourkach "l’édenté".

     

L’ambiance change radicalement, elle est nettement plus sombre, plus fétide avec un son volontairement old school, qui rajoute une couche de froideur. Je ne suis pas assez connaisseur de leur musique mais il se dégage de leur prestation quelque chose empreint de tristesse, voire même d’une forme de mélancolie. C’est assez étonnant car les compostions contrastent beaucoup avec le sourire affiché par Julien entre les titres, qui plaisante avec le public, et avec les premiers rangs en particulier. On sent que le groupe a plaisir à nous faire partager son univers et le public le lui rend bien.

        

Le groupe arrive à faire adhérer un public assez large puisqu’il n’est pas dans une démarche de tout faire péter ; pas de surenchère, c’est l’ambiance qui prime. Il propose à la fois de la mélodie, des instants posés, mais aussi des accélérations fulgurantes ce qui fait que l’on ne s’ennuie jamais. Le son est peut-être bien old school en mettant en avant les médiums, mais par contre leurs compostions sont plus modernes qu’il n’y paraît de prime abord. Et puis, cerise sur le gâteau, un Troops Of Doom pour conclure, choix judicieux qui colle totalement à l’ambiance et à l’univers que proposent le groupe.

Une prestation plus que convaincante et surtout une belle découverte pour l’ensemble du public présent.

Et ce soir, la distribution de fessée est organisée par les Bordelais de Exocrine. Ce groupe de Death technique prend la scène avec motivation pour ce qui sera une conclusion de soirée exceptionnelle. Bon, on va être clair : on change là aussi d’ambiance, on passe la seconde tout en puissance et en énergie. Le quatuor prend le public à la gorge pour ne plus jamais le relâcher. On les sent sûrs de leur force et prêts à tout démonter dès le premier titre. Le groupe a ouvert pour Obituary en mars et a même tourné au Japon en avril, on peut donc supposer que les gaillards sont sûrs de leur force… Et ils ont bien raison.

J’avais un peu (ré)visé avant de venir au Vars Attack, et je dois dire que j’attendais une prestation haute en couleur de leur part ; mais là, je dois avouer que j’étais bluffé. Leur style oscille entre passages très directs et rentre-dedans assez proches d’un Aborted ; mais ce qui fait la différence c’est leur capacité à créer aussi des passages plus progressifs, un peu à la manière d’un Between The Buried And Me version Colors-The Great Misdirect. Si vous connaissez ces deux groupes, vous imaginez le mix que cela peut donner.

D’autant que le groupe ne fait pas semblant, Jordy bassiste / chanteur de la formation harangue régulièrement les premiers rangs afin que le public lui rende l’énergie communicative qu’il dégage. Le bougre a beau se cacher derrière son énorme barbe et une basse pratiquement aussi grande que lui, il ne ménage pas ses efforts vocalement et nous gratifie également de pas de danse pachydermiques sur les riffs les plus lourds du groupe, un vrai frontman.

Mais le reste du groupe n’est pas en reste, la paire de guitaristes, Nicolas et Sylvain, enchaîne riffs spécial oreille propre mais également solos, tapping, et autres petits effets de très bon goût qui font preuve d’un niveau technique incroyable.

 
 

Mais celui qui m’aura le plus impressionné reste Mickael qui, derrière ses fûts, est tout simplement hors norme. Déjà il joue sans double grosse caisse, mais avec (ce que j’ai supposé être) une sorte de capteur rond qui se place devant la double pédale et donne un son électronique, très sec mais qui colle au final à l’ensemble puisque cela permet tout de même de bien la distinguer. Il est, à lui tout seul, une machine de guerre, un véritable métronome doublé d’un boucher monumental. Guilhem, batteur d’Iron Flesh, ne s’y trompe pas et vient admirer le travail de précision en découpage de mesure que nous propose l’animal. Impressionnant de précision et de facilité…

J’ai vraiment été séduit par beaucoup d’aspects de la prestation d’Exocrine. Techniquement irréprochable, un son live sympa malgré des conditions de sonorisation pas évidentes… Des compostions qui touchent au Death, au prog par moment, au black par instant, mais surtout une énergie qui ne peut laisser indifférent. Bravo !

Le Vars Attack aura été une belle soirée qui respire juste l’envie de se faire plaisir, simplement et humainement… Des valeurs portées par le président de l‘association, dont on retrouve ces mêmes valeurs dans sa musique, et cet état d'esprit se ressent aux quatre coins de la salle. Les bénévoles, les artistes, le public, avec une jauge très corrects de plus de cent trente personnes, reviendront certainement avec plaisir à la septième édition.

 

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