Groupe:

Fractal Universe + Red Dawn + Heboïdophrenie + Gorsed Noctis

Date:

24 Février 2018

Lieu:

Le Haillan

Chroniqueur:

hourkach

Samedi 24 février, j'ai l'honneur et le privilège de me rendre dans la célèbre ville du Haillan, non pas pour me faire chier devant un énième entraînement des Girondins de Bordeaux, mais pour au contraire, répondre à l'appel de l'association The Insane Legions et de son affiche bien alléchante. La salle "Le Salem" met en effet les petits plats dans les grands en accueillant le trio infernal Heboïdophrenie, Red Dawn et Fractal Universe à l'occasion de sa tournée 2018, "The Algorithm Of Decline Tour". Pour couronner le tout, l'affiche offre l'opportunité aux cinq mercenaires de Gorsed Noctis d'ouvrir le bal et de lancer les hostilités avec leur Brutal-Death sans concession. Avec un dernier encas aussi appétissant, il était donc impensable pour moi de ne pas faire le déplacement et de passer à côté d'un casting aussi prometteur... 

Il est 18h30 lorsque je trouve enfin la petite salle du Salem perdue au milieu de grands bâtiments de tôle plus dégueulasses les uns que les autres. Bon, je n'ai pas fait deux heures de route pour parler d'architecture, alors je décide d'entrer rapidement dans la salle pour m'imprégner de l'ambiance et descendre une bonne p'tite mousse. Cela tombe bien car à peine dans le bar, voilà que je tombe nez à nez sur quasiment tous les membres de Gorsed Noctis discutant devant leur stand de merch. La soirée ne pouvait pas mieux débuter car je suis un fan inconditionnel de ce groupe depuis que j'ai eu la chance de chroniquer son premier album, Orgy On Meridians, sorti courant 2017. La rencontre est chaleureuse et me permet déjà de passer un moment agréable en compagnie de mecs passionnés, simples et sacrément déconneurs (mention spéciale au Seb !!). La soirée "rencontre" se poursuit ensuite lorsque Mister Jean Mich'Hell, chroniqueur humoriste d'Aux Portes Du Metal, nous rejoint armé de sa sandero et de sa bonne humeur sans faille. Allez, trêve de blabla, les présentations sont enfin terminées, place maintenant à la castagne du jour avec l'arrivée sur scène du quintet angoumoisin.

Après leur intro va-t'en guerre, Gorsed Noctis attaque son live grattes au plancher face à un public calme et une salle tristement vide. Le Salem est minuscule mais ça ne se bouscule pas au portillon pour savourer ce premier amuse-gueule. Pas grave, moi je suis bien placé et je ne vais pas perdre une seule miette de ce qui arrive, croyez-moi ! Le manque d'expérience des bonhommes sur scène est de suite frappant car, à part le frontman gesticulant et vociférant un peu partout, le reste de la bande reste assez statique et très concentré sur sa partition. Cela ne me surprend pas du tout car Gorsed Noctis n'a qu'un seul show à son actif et ne peut pas prétendre tout défoncer sans calculer ce qu'il fait. Attention jeunes pucelles, ne pensez pas pour autant que les mecs soient venus pour faire de la figuration car les premières notes de Anger Of The Eagle et Golden Sickle mettent tout le monde d'accord en plongeant les spectateurs dans l'univers gallo-romain du combo avec ses riffs acérés et ses coups de glaive enragés. Victime de son succès, Kevin Paradis ne peut pas assurer les prestations live du groupe mais le jeune César est à l'image de son ainé et se permet déjà d'offrir une prestation ultra-technique et sacrément précise baguettes à la main. Le gamin se plaignait d'être diminué durant les balances mais sa hargne et sa jeunesse ont vite eu raison de sa fatigue car, franchement, le garçon est bourré de talent et possède un bel avenir devant lui.

Le public ne s'y trompe pas et applaudit chaleureusement chaque assaut subi mais reste malheureusement très discipliné, malgré les nombreux coups de coude de Seb dans la fosse. Les trois autres légionnaires, Thierry, Uelcos et David, ne sont pas non plus en reste et enchaînent les séances de tappings et de sweeps avec une facilité déconcertante ; l'impact de boucheries telles que Psychopomp ou Damnatio Ad Bestias est sans cesse renforcé par la présence d'un pied de micro en forme de Carnyx placé au milieu de la scène censé galvaniser les cinq assaillants et impressionner l’auditoire réuni face à l'estrade. La tactique semble payante car le Brutal-Death asséné commence gentiment à produire son effet et à séduire une foule de plus en plus nerveuse. Malheureusement, le chef d'oeuvre Fighting For His Freedom va, en quelque sorte, signer la fin de la démonstration car de nombreux problèmes de son vont venir s'inviter dans la bataille et perturber la sérénité des cinq acharnés. Il y avait déjà eu les prémices de ce genre de souci un peu plus tôt dans le set mais un foutu larsen va littéralement couper court à la fête et empêcher Uelcos et ses acolytes de terminer normalement les deux dernières tueries de la soirée, Murder Of People et Orgy On Meridians. Je comprends tout à fait la rage des membres du groupe à ce sujet mais Gorsed Noctis reste une véritable machine de guerre qui, lorsqu'elle aura suffisamment écumé les champs de bataille, ne laissera derrière elle que du sang et de la désolation. Les Angoumoisins ne méritaient pas de subir ces nombreux problèmes de son mais cela forge la jeunesse et rendra le groupe, à l'avenir, bien plus fort... j'en suis certain !

Setlist de Gorsed Noctis :

01. Anger Of The Eagle
02. Golden Sickle
03. Psychopomp
04. Damnatio Ad Bestias
05. Fighting For His Freedom
06. Against Retiarus
07. Murder Of People
08. Orgy On Meridians


Après une nouvelle bière et de bons délires avec le père Jean Mich'Hell, Heboïdophrenie s'empare du Salem et débarque sur les planches motivé comme jamais. Les hurlements de femmes torturées en guise d'introduction ont le mérite d'éveiller la curiosité des Bordelais qui commencent à se rapprocher dangereusement de la scène. La première boucherie (Decay) débute de la plus mauvaise des manières car Loïc est emmerdé par un micro mal réglé et un putain de son toujours aussi merdique. Heureusement le problème est vite résolu et le frontman peut rapidement s'en donner à coeur à joie en headbanguant sauvagement au milieu de ses camarades et en nous assommant régulièrement avec ses hurlements stridents et torturés à souhait. Je ne connais pas du tout ce groupe de Death local mais j'avoue que sa musique taillée pour la scène va de suite me séduire et me pousser à agiter la nuque comme un forcené. Tous les morceaux oscillent entre un Death pesant aux mid-tempos écrasants et un Deathcore frénétique avec de courtes accélérations et des riffs sacrément aiguisés. Des morceaux comme Hipster Slaughter, Bonnet M ou Flush The Meat ne brise pas les codes établis mais le quintet a au moins le mérite de transmettre sa rage et son envie de tout casser.

A la demande de Loïc, le public s'emballe brusquement sur le titre Bonnet M en se lançant dans un petit circle pit bien sauvage et plaisant à voir. La fureur du groupe est communicative et il est impossible de résister longtemps face aux soli tranchants des deux guitaristes et aux nombreux coups de massue de l'artilleur de service. SylverA (ex Gorod et surtout Ad Patres en live s'il vous plait !) et Abyss ont également beaucoup de prestance sur scène et cela se voit nettement car leur jeu est toujours aussi précis malgré l'enchaînement des leads destructurés et les grandes séances d'headbanguing plus harassantes les unes que les autres. Une mention spéciale va cependant sur le bassiste qui ne se contente jamais de gratter bêtement ses cordes mais se permet aussi le luxe d'enchaîner les backing vocals et growls de bûcheron avec une puissance et une dextérité impressionnantes. Au final, même si les morceaux sont un peu répétitifs à la longue, le public n'a jamais montré aucun signe de lassitude et a toujours su répondre présent en s'excitant maladivement sur des sévices tels que Bonnet M, Flush The Meat et surtout Left Half Dead avec ses blasts à couper le souffle. De la bonne violence gratuite et primaire, ça ne peut jamais faire de mal à un bon vieux fan de Brutal-Death comme moi. En tout cas les gars, merci pour cette séance de torture simple mais bien jouissive !

Setlist de Heboïdophrenie :

01. Intro
02. Decay
03. Hipster Slaughter
04. Cadaver
05. Bonnet M
06. Flush The Meat
07. Left Half Dead
08. Beheaded


C'est désormais au tour de Red Dawn de monter sur scène et de poursuivre l'oeuvre destructrice entamée par les deux premières formations de la soirée. Je ne connais pas bien ces Rennais sauf son batteur, Thomas Njodr, que j'ai déjà eu la chance de croiser au Fall Of Summer avec son autre groupe, Ende. Avec un tel monsieur derrière les fûts, je ne me fais pas trop de souci quant à la qualité de la musique à venir car le mec a du talent et de la haine à revendre.
L'enchaînement Alter Ego et Algorithm Of Destruction me donne immédiatement raison avec cette cadence pachydermique et ce charisme fou du golgoth au micro. Les mecs ont déjà eu la chance de tourner avec des pointures comme Loudblast, Benighted ou Svart Crown et ces différentes expériences leur ont véritablement permis d'acquérir une aisance et une confiance tout à fait bluffantes. Nours le chanteur est une bête qui ne laisse aucun espoir de rédemption à son auditoire en alternant les growls d'outre-tombe et de multiples grunts sacrément perçants. Le mec sait jouer avec la foule et passe son temps à la haranguer pour la pousser à se lancer dans des joutes enragées et des séances de brise nuque incontrôlées.

L'osmose avec le public est vraiment sympa à voir car les mecs se mettent à bouger et n'hésitent pas à se donner à fond sur chaque mid-tempo de barbare du Sieur Njodr. A l'image de Heboïdophrenie, les Bretons évoluent dans un Death très classique mais des morceaux comme Cracked Clock, Hate ou encore Fall Of Curtain sont de vrais encouragements au suicide avec leurs breaks de plus en plus appuyés et leurs nombreux soli totalement alambiqués. Histoire de clôturer les choses en beauté, Nours termine sa prestation en descendant dans la fosse pour vociférer comme un porc et remuer le plus de viande possible. Cela fait un bail que je n'avais pas vu un chanteur foutre des brins dans le pit comme ça tout en beuglant comme un dingue. Le principe est peut être bête et animal, mais d'une efficacité redoutable. Lorsque les dernières notes de Infinity Of Time retentissent, le Salem semble assommé par tant de violence mais ne boude pas son plaisir en remerciant chaleureusement le quintet avec des applaudissements nourris.

Setlist de Red Dawn :

01. Alter Ego
02. Algorithm Of Destruction
03. Looking Through The Eye Of God
04. Day Of
05. Cracked Clock
06. Hate
07. Fall Of Curtain
08. Infinity Of Time

Avant que Fractal Universe ne clôture la soirée, le leader d'Heboïdophrenie remonte rapidement sur scène pour distribuer plusieurs lots gagnés à l'occasion d'un tirage au sort organisé par son association. Rien d'extraordinaire en soi, mais cette initiative de The Insane Legions a le don de rendre les gens encore plus heureux et ne fait que renforcer le sentiment, déjà très positif, que je portais sur l'organisation de cette soirée.
Après cet interlude "détente", Fractal Universe monte sur scène et débute son set devant une salle bien remplie et un public chaud bouillant. Que les choses soient claires, mon enthousiasme est moins grandiloquent que pour les formations précédentes car Vince et ses potes évoluent dans un Death mélodique à des années-lumière de mes goûts primitifs voire sanguinaires. Sons Of Ignorance et Narcissistic Loop confirment mes craintes car les guitares sont omniprésentes et bien trop douces à mon goût.

Le concert aurait pu basculer en un supplice insoutenable mais le quatuor nancéien va réussir, contre toute attente, à ne pas me faire fuir. Comment ? Tout simplement en restant naturel et en me faisant découvrir leur musique complexe et parfois violente. Comme je l'ai dit précédemment, les deux gratteux occupent une place centrale en enchaînant les soli et riffs plus techniques les uns que les autres mais chaque chanson renferme son lot d'accélérations dantesques et son enchevêtrement de passages groovy sacrément puissants. Des titres comme Venomous Coils Of A Holy Fallacy, Collective Engram ou Tears Of Misanthropy illustrent parfaitement mes propos car Fractal Universe parvient toujours à accentuer l'impact de ses compos en s'inspirant régulièrement d'un monstre du genre, Gojira. Le Salem est conquis et j'assiste alors à un vrai bon concert de metal avec de solides headbangueurs agglutinés face au chanteur et de nombreuses acclamations à chaque fin de démonstration. L'expérience du quatuor va également peser lourd dans la balance car les mecs communient sans cesse avec leurs fans en les remerciant ou en descendant carrément dans la fosse pour balancer plusieurs riffs assassins au milieu du pit. Franchement, Fractal Universe ne fera jamais partie de ma discographie mais je tiens à souligner le talent et le savoir-faire de ce jeune quatuor ; tout le monde ne peut pas en effet se vanter de proposer une musique aussi complète et variée tout en prenant soin de mettre le feu à une salle. Après de nombreux morceaux tous plus maîtrisés les uns que les autres, Fractal Universe annonce déjà l'arrêt des combats non sans avoir pris le temps de nous ruiner la tronche avec un dernier cassage de dentier et un énième blast d'enfoiré. Franchement, quelle surprise car je ne pensais pas du tout tenir ces propos au début de leur prestation...

Setlist de Fractal Universe :

01. Sons of Ignorance
02. Narcissistic Loop
03. Venomous Coils of a Holy Fallacy
04. Collective Engram
05. Tears of Misanthropy
06. Backworldsmen
07. Scar Legacy of Hatred
08. Decline

Il est minuit et demi, le Salem se vide lentement mais je décide de trainer une dernière fois ma carcasse au bar histoire de prolonger cette bonne petite soirée. Quelle sage décision de ma part car cette prolongation improvisée a été l'occasion pour moi de rediscuter avec les membres de Gorsed Noctis et de faire la connaissance des bouchers d'Heboïdophrenie et plus particulièrement de leur leader, Loïc. Au final, ce concert a t-il été la claque du siècle ? Clairement non mais aucun groupe ne m'a fait regretter mon déplacement car la scène locale est essentielle à mes yeux et il est toujours très important de soutenir ceux qui la font vivre et bouger ! Cela fait une éternité que je n'avais pas pris mon pied comme ça en découvrant de nouveaux talents et en baignant dans une atmosphère aussi festive et conviviale. The Insane Legions a tenu son pari et j'espère que le public présent ce soir fera de la publicité pour cette asso et les groupes présents ce soir car d'autres affiches seraient plus que les bienvenues dans cette région moribonde. Chapeau à tous et longue vie au metal de terroir !