Groupe:

Iced Earth + Conscience

Date:

23 Juin 2018

Lieu:

Vauréal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Le samedi 23 juin, beaucoup de métalleux étaient absents de la région parisienne pour cause de Hellfest. Heureusement, le Forum de Vauréal proposait une petite soirée metal pour tous ceux qui n'étaient pas au fameux festival. Cela fut l'occasion de voir le groupe de heavy américain Iced Earth qui était d'ailleurs attendu à Clisson le lendemain. Probablement à cause de cette grande messe du metal mobilisant des dizaines de milliers de fans sur tout le weekend, l'affluence à Vauréal ce fameux samedi n'est pas celle des grands soirs. En temps normal, un groupe du calibre d'Iced Earth (qu'on a quand même vu jouer au Trabendo, à l'Elysée Montmartre ou au Bataclan) aurait dû remplir sans problème un endroit comme le Forum... mais ce soir, nous sommes environ deux-cent-cinquante metalheads. Concert (encore plus) intime en perspective.

En première partie, c'est le groupe de metal progressif français Conscience qui officie. Je ne connais pas du tout la musique de ces messieurs, c'est l'occasion de s'initier.


Choix du groupe ou nécessité d'adaptation (vu qu'une partie de la scène est déjà bien occupée par le matos, surtout la batterie, d'Iced Earth), tous les musiciens sont alignés sur le devant de la scène y compris le batteur que l'on voit jouer de profil, tout à droite, un peu comme Mike Portnoy le fait parfois avec certains de ses groupes (Transatlantic ou PSMS). La musique du groupe est sérieuse et jouée par des musiciens compétents, très pros. On passe de plages mélancoliques et très mélodiques, aérées ou aériennes, à des ambiances plus plombées ou des passages plus dynamiques et costauds. Le quintet a une personnalité propre, on n'a jamais l'impression qu'il ne singe un autre groupe de prog mais si je devais le rapprocher d'un nom connu pour donner une vague idée du style, je dirais que, parfois, j'ai pensé à certains travaux de Pain Of Salvation.


Le frontman est très enthousiaste et investi. Il vit ses compos, se déplace souvent pour aller voir ses camarades de jeu (plus statiques), sollicite le public, nous demande de faire du bruit pour Iced Earth... Bref, il joue bien son rôle et mouille la chemise. Pourtant, malgré des qualités certaines, un enthousiasme qui fait plaisir à voir et quelques passages très sympas, intéressants ou surprenants (comme le petit moment medley qui propose des versions réarrangées du Stairway To Heaven de Led Zep, Africa de Toto ou Enter Sandman de Metallica), je ne suis pas totalement subjugué. Il me manque quelque chose... La faute en incombe-t-elle au groupe ? Pas forcément. C'est une première approche, il faudrait que je réécoute les compos de Conscience à tête reposée... Après tout, il s'agit quand même de metal progressif, pas forcément le genre le plus "easy-listening" qui soit. Disons que ce soir-là, je n'ai pas été spécialement accroché ou marqué par des mélodies fortes.


Malgré ce petit bémol personnel, Conscience a fait le job et la mise en bouche fut sympathique (à défaut d'être scotchante). Le set est passé assez vite et nous a été servi par de très bons musiciens. Il ne s'agissait peut-être pas de la première partie idéale pour Iced Earth mais l'accueil du public, bien qu'un peu timide, fut tout de même assez chaleureux.

 

Une petite pause réglementaire et ce fut au tour d'Iced Earth d'investir la scène du Forum. Et c'est parti pour une petite heure et demie de metal, entre heavy et thrash mélodique, servi à coups de gros riffs tranchants. Le début du concert propose un enchaînement de titres bien percutants, idéalement choisis pour mettre le public dans de bonnes dispositions. Voyez plutôt : Great Heathen Army, Burning Times (toujours aussi imparable) et l'excellente Dystopia (seule rescapée de l'album du même nom), si ce n'est pas de l'excellente entrée en matière, je ne sais pas ce que c'est... Le groupe est, comme à son habitude, ultra carré. La rythmique est solide, le son de guitare énorme... le tout est livré avec grande précision et avec un son terrassant. Peut-être même un peu trop. Ce n'était pas le soir pour oublier les bouchons... Profitons-en pour aborder l'un des seuls vrais défauts de la soirée : on entend bien tous les instruments mais la voix de Stu Block n'arrive pas à trouver sa place au milieu de cette avalanche de guitares, basse et batterie apocalyptiques. C'est dommage car le gars est plutôt doué mais là, le micro n'est pas réglé assez fort... On l'entend mieux à certains moments mais ce n'est jamais génial et, parfois, certains morceaux de bravoure passeront à la trappe, faute d'un mix équilibré.


A part cela, Iced Earth balance son heavy avec la solidité qu'on lui connaît. Comme d'habitude, la communication avec le public n'est pas le centre de préoccupation des Américains qui préférent enchaîner les morceaux à un très bon rythme plutôt que de raconter leur vie. Stu Block prendra tout de même la parole à quelques petites reprises, histoire d'introduire le morceau Brothers, par exemple, en expliquant que le morceau parle de sa relation avec le groupe, et plus particulièrement avec Jon Schaffer. The Hunter aura aussi le droit à une courte intro... Watching Over Me également car, les fans le savent bien, cette chanson a été écrite par Schaffer qui, à l'époque, avait perdu un de ses meilleurs amis dans un accident de moto, et ce soir, ce morceau est évidemment dédié au batteur Vinnie Paul (ex-Pantera, Hellyeah) dont on a appris la mort quelques heures plus tôt. Pour l'occasion, Schaffer prend d'ailleurs le micro pour dire quelques mots, son hommage reste court et pudique mais son émotion est palpable.. Block a, lui aussi, l'air assez secoué.


Revenons aux titres joués ce soir. Dans l'ensemble, je trouve la setlist bien équilibrée. Elle fait naturellement la part belle au dernier album, le plutôt réussi Incorruptible, en proposant pas moins de six chansons extraites de ce disque. Toutes les humeurs du groupe sont bien représentées avec des morceaux très rentre-dedans, proches du thrash (comme l'efficace Seven Headed Whore) mais également des plages plus mélodiques (Raven Wing)... et on aura même le droit en début de rappel à l'excellente Clear The Way, charge épique de neuf minutes, qui est, à mon sens, la compo la plus marquante du dernier opus et se révèle être une tuerie absolue en concert. En revanche, avec une carrière qui commence tout de même à être assez longue, il y aura forcément quelques frustrations... parce que le temps de jeu du groupe n'excèdera pas les quatre-vingt-dix minutes et qu'il n'y aura donc que quinze chansons à se mettre sous la dent. Quinze chansons, sachant que, comme dit plus haut, six proviennent d'Incorruptible, ça ne laisse pas de la place pour tous les albums et nombreux seront ceux qui passeront totalement à la trappe. Rien du premier album (même pas la chanson Iced Earth qui a pourtant cloturé les sets du groupe pendant des années), Burnt Offerings, comme très souvent, est boudé, la courte période pendant laquelle Tim Owens fut chanteur du groupe également, ainsi que quelques autres (Crucible Of Man, Plagues Of Babylon)... Finalement, à part Incorruptible, l'album le mieux représenté ce soir est The Dark Saga avec trois très bonnes chansons (I Died For You, Vengeance Is Mine et The Hunter). Au rayon des surprises : l'absence du classique Stormrider, pourtant jouée pendant le soundcheck un peu plus tôt dans l'après-midi et le fait que le show se termine sur la fameuse Watching Over Me déjà évoquée un peu plus haut (au lieu d'un morceau plus heavy). Et pour l'anecdote, à la toute fin de Travel In Stygian, Iced Earth concluera avec un petit clin d'oeil à The Trooper (en jouant les dernières secondes de ce classique), histoire de bien nous rappeler qu'il est fan d'Iron Maiden.

Bilan de la soirée : un concert d'Iced Earth, c'est toujours sympa. L'ambiance fut d'ailleurs chaleureuse et enjouée même si la fosse est tout de même restée assez calme (vu le style joué, je m'attendais à un public un peu plus remuant). La force de frappe du groupe impressionne, il y a eu beaucoup de chansons de qualité mais un ou deux bémols font que je ne qualifierais pas ce show de concert de l'année. Avec un meilleur son, plus équilibré, moins fort et un chanteur plus audible... le moment passé aurait été encore meilleur. Et puis, j'ai eu l'occasion de voir ces Américains un certain nombre de fois ces vingt dernières années et je dois dire que j'ai déjà assisté à des sets plus généreux. Oui, j'exagère peut-être un peu, quinze chansons, une petite heure et demie, ce n'est pas honteux, c'est la durée classique d'un concert... mais bon, quand on aime, on en veut toujours plus, n'est-ce pas ?

Merci au groupe de nous avoir rendu cette petite visite de courtoisie en plein weekend de Hellfest, ça fait toujours plaisir... Et merci à Olivier Garnier pour l'accréditation.


Setlist Iced Earth :

01. Great Heathen Army
02. Burning Times
03. Dystopia
04. Black Flag
05. Seven Headed Whore
06. I Died For You
07. Vengeance Is Mine
08. Brothers
09. Dracula
10. Raven Wing
11. The Hunter
12. Angels Holocaust
13. Travel In Stygian
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14. Clear The Way
15. Watching Over Me

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