Groupe:

Lofofora + Klone

Date:

05 Octobre 2018

Lieu:

Cognac

Chroniqueur:

JeanMichHell

Un grand merci à M. Jean Claude Robidas photographe artisan du plaisir des yeux.

Ce sont les Abattoirs de Cognac qui reçoivent ce soir Lofofora et Klone pour un duo de concerts acoustiques, ou unplugged en fonction des écoles. Un tour de chant sans la fée électricité, même si chacun verra in situ la manière dont ces groupes ont appréhendé ce passage vers le côté « Cabrel » de la force.

Il est 21h et Klone entre en scène devant, devant quoi… quarante personnes grand maximum. Un des fervents supporters exprime son désarroi comme une « blague » devant cette salle aux trois quarts vide. Avis que je partage, mais le groupe joue également le lendemain à quelques kilomètres de là ; est-ce qu’il y a une relation de cause à effet ? peut-être…

  

La mise en scène prend une dimension nettement importante compte tenu de la formule choisie. La lumière se veut intime, douce et pose le décor. Les guitaristes, Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino, encadrent Yann Ligner au chant et le percussionniste Caryl Marolleau. Ils sont tous les quatre de front, assis sur des tabourets hauts et prennent possession de la scène. Le terme de possession est d’ailleurs totalement adapté à leur prestation, car le groupe va faire ce qui est nécessaire pour convaincre et hypnotiser l’auditoire. 

Il est clair que cette configuration de scène ne transpire pas l’énergie, ce n’est pas bien spectaculaire mais les vibrations sont bonnes, voire même excellentes. Cette ambiance posée, tout en douceur, en maîtrise, invite le public au voyage.

   

Les musiciens transpirent la complicité, on enchaîne les sourires et les rires, en particulier entre les deux guitaristes. Mais les collègues ne sont pas en reste, la montée en puissance du percussionniste va au-delà du rôle du simple gardien du temps, il est également celui qui permet de sentir la puissance monter malgré un jeu épuré. Quant à la qualité du chant, elle est indéniable, c'est par là que l’émotion transite soit en toute intimité, soit en concluant des titres comme Grim Dance sur un hurlement qui accentue la fin d’un titre bien pêchu.

 

Klone a offert une prestation bluffante et captivante. Le public, totalement conquis, applaudit longuement, des bravos sont lancés ; bref, le quatuor aura réussi à charmer un public a priori pas forcément présent pour eux.

Setlist de Klone

Immersion
Fog
Grim Dance
People Are People (Reprise de Depeche Mode)
The Silent Field Of Slaves
Gone Up In Flames
Come Undone
Nebulous
Rocket Smoke

Changement d’ambiance, malgré la thématique de la soirée, avec l’arrivée de Lofofora sur scène. La scénographie est elle aussi sobre et intime, comme si les groupes avaient décidé de mettre entre parenthèse le rock 'n' roll. Phil, côté jardin à la basse, et Daniel, côté cour à la guitare, sont installés sur des tabourets hauts. Ils entourent Reuno qui, pour une fois, s’équipe d’un pied de micro. Kevin est juste derrière et installé dans le même axe que le chanteur. Il n’y a pas non plus de toile de fond mais simplement des suspensions avec des ampoules, qui donnent à l’ensemble une l’image d’Épinal d’un concert version après-guerre… 

 

Mais malgré cette mise en scène, on passe tout de même d’une version intime côté Klone, à une version énergique de l’acoustique. Que ce soit Reuno qui danse comme un beau diable, à la manière d’un crooner (il est vrai qu’il nous avait prévenu sur L’Épreuve Du Contraire avec le titre Chanson D’Amour) ; mais là, sa prestation s’approche d’un Eddy Mitchell, surprenant mais loin d’être déconnant. Il joue, interprète ses textes, les mimes, les théâtralise, ce qui donne un rendu totalement adapté à chaque morceau. Phil et Daniel bougent et headbanguent comme à leur habitude, ils enchaînent les titres assis ou debout en fonction de l’énergie à mettre dans le titre. Le groupe fait d’ailleurs un mix entre l’album acoustique, prétexte à cette tournée, et ses propres titres, offrant une lecture différente de son oeuvre initiale.

 

Et cerise sur le gâteau, la précision chirurgicale de Kevin Foley est toujours aussi impressionnante ; malgré un jeu de batterie plus en douceur, il n’en reste pas moins impressionnant et diabolique. Ses frappes vont à une vitesse incroyable malgré le style, du véritable travail d’orfèvre. Et des coups de boosts qui vont bien, par exemple le petit coup de double pédale sur Le Fond Et La Forme qui donne de suite une puissance au titre malgré son adaptation sans distorsion.

 

Alors même si nous n’aurons pas eu, malgré le contexte de sa disparition, de morceau d’Aznavour, ni de Daniel Guichard, le groupe à tout de même joué une reprise de Gainsbourg, Le Forçat, qu'ils avaient déjà réinterprété à leur sauce. J’en profite pour dire aux trois abrutis qui avait bien abusé de la boisson locale que si le groupe a fait le choix de l’acoustique, c’est aussi pour faire passer des émotions différentes. Hurler comme un âne, pour balancer des inutilités sur des titres qui se veulent intimes, ça fait juste chier les autres.

Et malgré ces quelques décérébrés, l’émoi gagne tout de même du terrain, et on entre dans l’intime sur le titre L'Histoire Ancienne. Reuno change de visage, ferme les yeux et se met dans son plus simple appareil pour nous interpréter ce titre, ce texte ciselé à l’émotion, dont j’avais déjà fait l’éloge au cours de la chronique de l’album. Un instant hors du temps…

 

Comme d’habitude, Lofo, pour son rappel, a la flemme de sortir de scène mais modifie légèrement le ton : le pied de micro s’envole et le groupe remet la gomme pour un dernier tour de chant, avec un hommage à Sven de Parabellum en guise de dernières émotions à transmettre. 

 

Lofofora ne se dénature pas avec cette tournée, il fait une simple démonstration de sa capacité à varier les plaisirs. Pour preuve, Phil mime avec sa main une crête de punk avant de sortir de scène : parce que oui, Lofo sans ampli, ça reste du Lofo avec du sens, engagé, enragé, et passeur d’émotion.

Setlist de Lofofora

Les Boîtes
L'Appétit
Pyromane
Contre Les Murs
Troubadour
Théorème
Les Gens
La Dose
La Splendeur
L'Histoire Ancienne
Auto-Pilote
Les Anges
Enfants Du Chaos
Pornolitique
Double A
Le Forçat (Reprise de Serge Gainsbourg)
Le Fond Et La Forme
Sven
Le Martyr 

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