Groupe:

Primal Fear + Riot V + Existance

Date:

10 Octobre 2018

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Soirée heavy metaaaaal au Petit Bain le 10 octobre dernier... avec du petit jeune et du vétéran, tous unis pour la cause du metal traditionnel à voix haut perchée et duos de guitares à l'unisson. En 2018, on n'a toujours pas tiré un trait sur les années 80, c'est une certitude. Les Français d'Existance, les Américains de Riot V et les Allemands de Primal Fear sont là pour en attester. 

 

La première preuve nous est donnée à 19h15 quand Existance ouvre le bal. Je n'avais jamais vu ou entendu ce groupe avant ce soir... et la surprise fut plutôt bonne. Le quatuor arbore un look qui nous renvoie directement à la première moitié des eighties... et la musique également. Vous aimez la NWOBHM ? Existance aussi. Ces gars-là ont dû être abreuvés de Maiden, Priest ou Saxon (entre autres) dès leur plus jeune âge. La proposition n'est donc pas neuve, c'est clair... mais les Frenchies maîtrisent leur recette et balancent un heavy percutant et hyper accrocheur. En même temps, quand on démarre son set par un morceau qui s'appelle Heavy Metal Fury, pas le choix, faut que ça pulse ! 

 

Des jeunes groupes qui font du heavy des années 80, ce n'est pas ce qui manque de nos jours... il faut alors tirer son épingle du jeu (ouais, je ressors de vieilles expressions, c'est raccord). Les atouts d'Existance : de l'entrain, de la conviction et de sacrés bons riffs et solos. On connaît la recette par cœur... mais quand c'est aussi bien fait, ça marche ! Les compos sont taillées pour le live, c'est très sympa et le temps passe vite (trente-cinq minutes, c'est même trop court, je n'aurais pas craché sur des prolongations). L'ambiance dans la salle est au diapason, chaleureuse et bon enfant. Julian, le chanteur/guitariste, se fend d'un petit "Vous êtes vraiment chaud patate ce soir" entre deux morceaux... Tout le groupe se donne bien et des morceaux comme Dead Or Alive, Breaking The Rock ou From Hell n'ont aucun mal à emporter l'adhésion de l'assistance. 

 

Le dernier morceau est Gwendoline, une reprise de H-Bomb, groupe de heavy français du début des années 80... que Julian Izard dédie à son père (décédé il y a quelques mois) qui n'était autre que le chanteur de H-Bomb. Trente-cinq minutes énergiques et réjouissantes qui lancent la soirée de fort belle manière.

 

Setlist Existance :

01. Heavy Metal Fury
02. Dead Or Alive
03. We Are Restless
04. Breaking The Rock
05. From Hell
06. Gwendoline

 

 

Le deuxième groupe qui passe ce soir, ce n'est pas n'importe qui... Certes, Mark Reale (le membre fondateur de Riot) n'est plus et le combo a donc perdu le seul musicien qu'il lui restait depuis ses débuts (datant de 1976) mais la formation a choisi de continuer avec de nouveaux musiciens et, rappelons-le tout de même, Mike Flyntz (guitare) et Don Van Stavern (basse) ont intégré la formation dans le courant des 80s. Ces deux-là rejoints par Frank Gilchriest (batterie, ex-Virgin Steele), Nick Lee (guitare) et Todd Michael Hall (chant, ex-Reverence) ont pour tâche de faire perdurer la flamme... et, avec des albums comme Unleash The Fire ou le récent Armor Of Light, on peut affirmer qu'ils s'en acquittent avec brio. Reste à savoir ce que le combo donne sur scène... Personnellement, je suis assez impatient de les voir à l'œuvre... et curieux aussi, la dernière fois que j'ai vu Riot sur scène, en 1998, c'était un groupe très différent. Point de suspense inutile, je n'étais pas très inquiet et j'avais bien raison : Riot V assure aussi bien en live qu'en studio. 

 

Le set commence par la chanson d'ouverture du dernier opus, Victory et sa ligne de chant qui rappelle fortement le Trooper de la vierge de fer. Le groupe est en place, vindicatif et souriant, la qualité de jeu des différents musiciens s'impose immédiatement à l'auditoire... et Todd Michael Hall est bluffant d'aisance vocale. Je suis très agréablement surpris... Pas parce que je m'attendais à une prestation médiocre de sa part dans l'absolu mais plus, parce qu'un peu plus tôt en fin de journée, après avoir interviewé ses compères, je l'avais croisé contrarié, se plaignant de maux de gorge et envisageant de se rendre rapidement dans une pharmacie avant le concert. Eh ben, si ce qu'on a entendu un peu plus tard, c'est du Todd Michael Hall souffrant de maux de gorge, je n'ose imaginer ce que ça doit donner quand le gars est en pleine forme. Il a été parfait, clair (cristallin), puissant et ne se refusant aucune montée dans les aigus (et dans le répertoire de Riot, il y en a un paquet). Impressionnant.

 

Le set se compose de quelques compos récentes comme Caught In The Witches Eye, Angel's Thunder, Devil's Reign ou Take Me Back (seule rescapée de l'album Unleash The Fire) mais n'oublie évidemment pas de faire la part belle à quelques vieux classiques (les indispensables Warrior ou Swords And Tequila) et surtout à un album en particulier, celui qui fête ses trente ans d'existence cette année, j'ai nommé le fameux Thundersteel (dont on n'aura pas moins de quatre extraits : Flight Of The Warrior, Johnny's Back, Bloodstreets ou l'imparable chanson titre qui clôturera le set de manière fantastique). Puissance et dextérité, heavy enlevé, hard rock enjoué (Take Me Back) et titres speed sont de la partie pour un concert assez complet et varié.

 

Les Américains arrivent rapidement à se mettre une bonne partie du public dans la poche à force de compos racées, d'interprétation soignée (les duos de guitare de la paire Flyntz / Lee sont d'une précision qui impressionne) et aussi parce que le groupe semble prendre beaucoup de plaisir et le communique très bien. Don Van Stavern est sans doute le plus jovial de la bande et son gimmick à lui, c'est de brandir sa bouteille de tequila pendant le set et d'aller la partager avec quelques fans des premiers rangs à plusieurs reprises. A un moment, alors que les musiciens sont prêts à attaquer le morceau suivant, on les voit se marrer à attendre que Don ait fini d'abreuver quelques personnes du public avant qu'il ne revienne se placer derrière son micro et dire "Don't interrupt tequila time !!". 

 

Les moments forts ne manquent pas, dès la fin de Johnny's Back Again, troisième morceau du set, retentissent des "Riot ! Riot ! Riot !" scandés par un public chaud bouillant (il était déjà chaud patate lors de la prestation d'Existance, souvenez-vous)... Flyntz rallongera la fin de Bloodstreets avec un excellent solo incorporé à la chanson sous les "Hey ! Hey ! Hey !" de l'assistance et le tout (qui aura bien duré cinquante-cinq minutes) se terminera par une longue ovation pendant laquelle les membres de Riot V viendront longuement taper ou serrer les mains des fans ravis se pressant contre la scène. Un mot pour qualifier ce concert : excellent. Chacun ses goûts mais, pour ma part, voilà les grands vainqueurs de la soirée.

 

Setlist Riot V :

01. Victory
02. Flight Of The Warrior
03. Johnny's Back Again
04. Caught In The Witches Eye
05. Bloodstreets
06. Take Me Back
07. Angel's Thunder, Devil's Reign
08. Swords And Tequila
09. Warrior
10. Thundersteel

 

Le son a été franchement bon pour les deux premiers groupes, on ne sera pas surpris qu'il le soit tout autant pour la tête d'affiche qui débarque sur scène avec du vieux classique. C'est pourtant bien l'intro titre d'Apocalypse, le petit dernier, qui nous est servie alors que les Allemands investissent la scène du Petit Bain... mais juste après, c'est la fameuse Final Embrace (de l'album Jaws Of Death sorti en 1999) qui lui emboîte le pas. Et ce n'est pas tout, à peine le temps de souffler et se remettre de ce premier assaut teuton mené dans les règles de l'art que déboule Chainbreaker, le tout premier hymne issu de l'album éponyme de 1998. Excellent démarrage qui fait bien chanter et remuer la salle d'entrée de jeu. 


  

N'allez pas en conclure que Primal Fear a choisi de vivre sur son passé et n'aime pas son dernier opus... car on retrouvera, disséminées dans le set, pas moins de cinq nouvelles chansons. Juste après Chainbreaker, ce sera d'ailleurs à Blood, Sweat And Fear, taillée pour le live, de nous ramener à l'actualité du groupe. Et l'on retrouvera un peu plus tard d'autres titres comme Hounds Of Justice, The Ritual, Eye Of The Storm ou le single King Of Madness. Et pour continuer de renouveler la setlist, on peut aussi compter sur le groupe pour ressortir quelques chansons que l'on n'a pas entendues depuis bien longtemps, comme l'excellentissime Face The Emptiness (une de mes chansons préférées du groupe, extraite de New Religion) ou Under Your Spell qui nous ramène une fois encore à l'album Jaws Of Death. Grâce à ces petites surprises et aux nouveaux titres, ce concert de Primal Fear n'est clairement pas une copie de leur dernier show parisien donné lors de la tournée Rulebreaker. Musicalement du moins... parce que niveau prestation scénique, interventions entre les chansons, le groupe ne change pas de recette et suit à la lettre sa routine, non dénuée d'efficacité mais qui manque toujours un peu de spontanéité ou de folie. C'est pro, c'est carré, ça tabasse... c'est déjà bien mais il ne faut pas en attendre plus.


  

Personnellement, j'ai adoré le début du concert, parce que la force de frappe de Primal Fear impressionne toujours et que le choix des titres a eu un impact non négligeable sur moi. Par la suite, de très bons moments (Nuclear Fire ou le final constitué des excellent Fighting The Darkness et Running In The Dust, notamment) mais également un petit sentiment de lassitude qui s'est installé par endroits...

Le groupe est très pro, Alex Beyrodt s'en donne à cœur joie dans le rôle du guitar héros, Tom Naumann est plus discret, Mat Sinner occupe bien le devant de la scène et, en plus de jouer ses parties de basse avec conviction, assure les chœurs très régulièrement, Francesco Jovino martelle ses fûts avec force et précision... et bien sûr, il y a celui sans lequel le groupe serait moins remarquable : Ralf Scheepers. Cela dit, Scheepers, bien que livrant une prestation parfois très impressionnante, semble avoir plus de difficultés ce soir et on sent qu'il peine à atteindre certaines notes... Ainsi quelques petits problèmes de voix se font entendre sur Face The Emptiness, avant de disparaître et réapparaître à certains moments de la soirée. Eh oui, on pouvait en douter tant le vocaliste est généralement intouchable mais finalement, il est bien humain.


  

Peu de communication entre les titres, le groupe est là pour servir du metal et il le fait bien. Primal Fear met un point d'honneur à montrer toutes ses facettes et fait aussi bien dans le gros heavy tranchant qui tache que dans les titres plus nuancés et symphoniques comme Eye Of The Storm ou Fighting The Darkness. Speed, heavy traditionnel, metal plus moderne aux mélodies très accrocheuses (King Of Madness), hymne true metal concon mais qui plait à beaucoup de fans à tel point que cela occasionnera le premier vrai pogo de la soirée (Metal Is Forever, que je n'ai donc pas fini de subir en concert vu son succès), tout y passe... L'ambiance est chaleureuse, le show bien mené et dépasse les quatre-vingt-dix minutes pour le plus grand plaisir des fans. La soirée heavy metaaaaal a tenu ses promesses et ce voyage dans le temps fut plus que plaisant même si j'ai trouvé que la tête d'affiche n'avait pas réussi à surenchérir après un Riot V (ni à l'égaler) particulièrement convaincant (point de vue personnel qui sera certainement contredit par de nombreux fans de Primal Fear). 

Setlist Primal Fear :

01. Intro (Apocalypse)
02. Final Embrace
03. Chainbreaker 
04. Blood, Sweat And Fear
05. Face The Emptiness
06. Hounds Of Justice
07. The Ritual
08. Under Your Spell 
09. Nuclear Fire
10. Eye Of The Storm
11. King Of Madness
12. The End Is Near
13. When Death Comes Knocking
14. Metal Is Forever

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15. Fighting The Darkness
16. Running In The Dust

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