Groupe:

Amon Amarth + Arch Enemy + Hypocrisy

Date:

25 Novembre 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

ced12

Très grosse affiche metal ce soir au Zénith de Paris. Les Vikings suédois d’Amon Amarth continuent leur trajectoire ascendante en investissant pour la première fois le Zénith, franchissant ainsi un cap en terme de capacité de salle. Le groupe se voit ainsi récompensé de ses efforts inlassables à arpenter les routes et peut en profiter pour proposer son show complet. En novembre 2016, le groupe avait dû quelque peu réduire la voilure en terme de spectacle ce qui avait pu se révéler frustrant pour quiconque les avait déjà vus en festival. Amon Amarth, sans doute aussi conscient du besoin de remplir la salle, vient comme souvent avec une affiche de haut rang et cette année, c’est Noël avant l’heure pour les fans de death metal mélodique à la sauce suédoise avec Arch Enemy (groupe dans une excellente dynamique depuis cinq ans) et les cultissimes Hypocrisy. En un mot comme en cent, du très lourd. Et la tête d’affiche du jour a bien fait de proposer ces groupes car le Zénith est convenablement rempli (mais ce n’est la configuration complète de la salle qui est déployée ce soir). De grands rideaux noirs masquent une partie des tribunes et j’évaluerais à trois mille le nombre d’âmes présentes ce soir. Ce qui demeure un réel succès tout bien réfléchi ; Amon Amarth ne jouait en France que dans des salles de mille cinq cents personnes pour le précédent (et très réussi) disque Jomsviking. Pas de soucis à se faire pour la notoriété du groupe, donc. 

Hypocrisy :

Premier étonnement en arrivant dans la fosse, celle-ci est étonnamment petite. Les barrières sont assez éloignées de la scène et je me retrouve très vite au quatrième rang. Très vite, c’est très bien rempli et cela donne l'impression d’un public très compact. Le show d’Amon Amarth nous fournira plus tard les explications quant à cette configuration un peu surprenante. C’est donc Hypocrisy qui ouvre les hostilités et premier constat, le groupe dispose d’une scène bien disposée avec un grand backdrop et une batterie surélevée. C’est plutôt bien pour une première partie. Les lumières s'éteignent et ça démarre très fort. De la fumée investit la scène et le groupe débarque, déversant son death metal de toujours aussi grande qualité. Peter Tägtgren hurle toujours aussi fort, le son est impeccable avec une basse "ronflante" très bien mixée qui fait des ravages et un batteur très solide qui envoie. Tous ces paramètres donnent une véritable puissance au son de la formation. Le groupe a un créneau assez réduit avec une grosse demi-heure mais l’utilise à bon escient usant de très beaux lights alternant le vert et le bleu avec bonheur. L’ambiance est bien dark et en lien avec la musique du groupe. Ça parle peu mais bien. Très dense, la musique du groupe marche très bien sur un public particulièrement réceptif. Ca fait plaisir pour ce groupe référence qui n’est pas là juste pour le prestige mais délivre une bien solide performance. La plus heavy Eraser est toujours aussi géniale en live et c’est un public ravi qu’Hypocrisy laisse après trente minutes qui ont permis de rappeler quel grand groupe Hypocrisy est. Peter Tägtgren pourra bien consacrer une partie de son année 2020 à son projet avec Till Lindemann, Hypocrisy se porte bien et c’est une très bonne nouvelle.

 

Setlist de Hypocrisy :

01. Fractured Millenium
02. Adjusting The Sun
03. Fire In The Sky
04. Eraser
05. War-Path
06. The Final Chapter
07. Roswell 47

Arch Enemy : 

La mise en place est assez rapide et Arch Enemy va évoluer dans la même configuration qu’Hypocrisy. C’est le riff de la très percutante The World Is Yours (et son break au riff d’une puissance folle) que lance un Michael Amott impliqué. Les musiciens embrayent et c’est parti pour une heure en compagnie de ce groupe fantastique qu’est Arch Enemy. Avec une section rythmique hyper en place, une paire de guitaristes démente (AmottLoomis il n’y a pas beaucoup mieux dans le metal) et une chanteuse toujours aussi puissante et charismatique, la formation suédoise (et un peu nord-américaine avec une chanteuse canadienne et un guitariste américain) a tout bon et enchaîne les brûlots. Ça riff sévère et c’est d’une redoutable efficacité. Bien que parfois décrié (injustement selon moi), l’album War Eternal est bien représenté et c’est un carton. Le groupe alterne les morceaux plus anciens et ceux des deux derniers disques période Alissa White-Gluz et l’heure de show passe à une vitesse folle. Communiquant à merveille (en français et en anglais) avec un public qui lui mange dans la main, Alissa attire tous les regards. Certains regrettent le côté plus « punk » d'Angela Gossow mais n’ayant pas vu le groupe avec cette dernière, je ne peux me positionner sur ce sujet (qui n’a pas grande importance, Alissa ne souffrant d’aucun problème de légitimité tant elle fait le job avec talent !). Les harmonies de guitares sont toujours un régal, Loomis étant (mais ce n’est pas un scoop) un sacré guitariste. L’usage de ces mélodies de guitares harmonisées fait penser à du Iron Maiden mais un Maiden "modernisé" assis sur une base musicale d’une puissance redoutable (Daniel Erlandsson est un sacré bon batteur). 

N'hésitant pas à jouer en première partie de formations réputées, Arch Enemy a construit un superbe lien avec son public et celui-ci le lui rend admirablement bien. Un Nemesis final clôt un superbe show d'une formation très attachante, déchaînée, elle aussi dans une dynamique impressionnante, portée par des musiciens doués. Décidément, j’adore ce groupe dont la légère évolution récente (plus mélodique) me convient parfaitement. 

 

Setlist de Arch Enemy :

01. The World Is Yours
02. War Eternal
03. My Apocalypse
04. Ravenous
05. Under Black Flags We March
06. The Eagle Flies Alone
07. First Day In Hell
08. As The Pages Burn
09. No Gods, No Masters
10. Dead Bury Their Dead
11. Nemesis

Amon Amarth :

Après ces deux concerts sacrément enthousiasmants, place aux patrons de la soirée avec Amon Amarth. Un immense rideau, au nom du dernier album Berserker, masque la scène que le groupe souhaite garder cachée. Une version raccourcie mais au combien fédératrice de Run To The Hills (d’un obscur groupe anglais déjà cité dans ce report) met le public en voix avant que le groupe ne lance un Raven’s Flight lorsque le rideau tombe. D’entrée de jeu, le gros son typé d’Amon Amarth impressionne et la voix de Johan Hegg est toujours aussi puissante. Un immense casque viking orne la moitié de la scène avec la batterie installée sur le dessus du casque. Superbe rendu mais point surprenant pour les fans du groupe. Ce qui est plus nouveau, c’est que pour la première fois, le groupe use de pyrotechnie (ce qui explique en passant le recul de la fosse pour d’évidentes raisons de sécurité). C’est la première fois que je vois de tels effets pyrotechniques dans la salle du Zénith (bon je n’y suis pas tous les jours non plus !!) et ça fonctionne super bien. C’est vraiment bien que le groupe puisse proposer son show complet, la France étant souvent contrainte d’avoir des concerts à la mise en scène tronquée, les salles parisiennes imposant de sérieuses restrictions sur ces sujets (comme ce fut le cas avec Parkway Drive par exemple). Une bonne chose pour ces groupes qui font de gros efforts (et de grosses dépenses) pour proposer des shows de qualité et dont le public français peut enfin profiter. 

Sur le plan musical, le denier album Berserker est logiquement le plus représenté et si, à titre personnel, ce disque ne m’a pas enthousiasmé outre mesure, en live, des morceaux comme Raven’s Flight ou autre Crack The Sky (où le chanteur envoie de la pyro à l’aide d’un marteau pour un bien joli rendu) rendent très bien. 

Si je me suis montré élogieux sur le jeu de flamme, je dois émettre quelques réserves sur le décor qui frise le kitch (où les clichés vikings sont légion). Mais ces remarques n’enlèvent rien à la puissance incroyable générée par Amon Amarth, groupe fascinant sur ce point. Ça envoie du lourd, ne débranche pas pendant l’heure vingt allouée et on ressort de là éreinté mais heureux. La plus ancienne Prediction Of Warfare issue de With Odin On Our Side est une belle pépite. Au Summer Breeze 2017, le groupe avait proposé un show « événement » en hommage à leur ancien manager (immortalisé sur l’imparable live sorti en novembre 2018, The Pursuit Of Vikings – Live At Summer Breeze) et on en oublie que le groupe possède un sacré répertoire, surtout avec ses productions de la décennie 2000. Les productions plus récentes lorgnent clairement vers un death mélodique plus "accessible" (c'est relatif) mais que le lecteur n’y voit pas de regret de ma part, j’apprécie cette évolution. Comme pour Arch Enemy, l'ombre de la Vierge de Fer plane sur ce show, pas tant au niveau musical (même si on retrouve quelques parties de guitares harmonisées, très réussies d'ailleurs) mais en terme de show. Le groupe a même une mascotte et difficile de ne pas penser à un certain Eddie. Il y a, je trouve, un réel parallèle dans les évolutions d'Arch Enemy et Amon Amarth avec un même background death (avec des particularités propres à chacun) avant de basculer vers un gros power bien costaud avec toujours des vocaux surpuissants conservant l'essence de leurs premières œuvres. Evolution gagnante à mon sens tant en terme de musicalité que de succès populaire. Je n'oublie pas aussi l'immense boulot fourni par ces formations qui continuent de tourner sans relâche.

Deux immenses guerriers annoncent l’excellente Guardians Of Asgaard (ah ce riff tranchant et méchamment efficace, du Amon Amarth comme on l’aime !!) avant que le groupe ne lève ses cornes trinquant à notre santé pour le très épique Raise Your Horns. Le rappel est ultra classique avec The Pursuit Of Vikings et l’iconique Twilight Of The Thunder God (disposant d’un jeu de scène bigrement kitch... mais là encore, quelle force de frappe !). Et quel titre ! Son introduction dévastatrice fonctionne toujours aussi bien.

Cela vient clôturer une soirée incroyable avec trois shows de très grande qualité. Une formation culte toujours aussi impressionnante, et deux groupes qui, après vingt années de carrière, connaissent une ascension certes un peu tardive mais réelle. Si certains s’inquiètent de la mise à la retraite de formations plus anciennes, d’autres groupes sont prêts à reprendre le flambeau (en y mettant les moyens y compris scéniques). Une époque passionnante pour le metal que nous vivons là ! Superbe soirée en tout cas. Deux semaines après un Insomnium au top, le death metal scandinave se porte à merveille. 

 

Setlist de Amon Amarth :

01. Raven’s Flight
02. Runes To My Memory
03. Death In Fire
04. Deceiver Of The Gods
05. First Kill
06. Fafner’s Gold
07. Crack The Sky
08. The Way Of Vikings
09. Prediction Of Warfare
10. Shield Wall
11. Guardians Of Asgaard
12. Raise Your Horns
Rappel :
13. The Pursuit Of Vikings
14. Twilight Of The Thunder God
 

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