Deux ans après un passage particulièrement sympathique dans la salle du Petit Bain, Battle Beast revient nous rendre visite et nous servir un set faisant la part belle à son tout nouvel album, No More Hollywood Endings. Cette fois-ci, le point de chute est différent : c'est la salle du Trabendo, pas comble mais très correctement remplie, qui a été choisie pour accueillir les Finlandais. Cela témoigne logiquement d'un succès de plus en plus important... alors qu'il semblerait que le nouvel opus divise un peu plus que ses prédécesseurs (notamment parce que le propos est un peu moins heavy, sur une partie du disque en tout cas). Un fan avec qui je discute en tout début de soirée me confie d'ailleurs qu'il vient de découvrir l'album en question et qu'il est assez déçu mais que vu qu'il avait déjà acheté sa place il y a quelques mois, il est venu quand même... Tiens, je me dis qu'il sera intéressant d'avoir son avis après le concert pour voir s'il regrette véritablement d'avoir fait le déplacement. 

Avant de voir si Battle Beast arrivera à nous régaler comme il l'a fait il y a deux ans, un autre groupe finlandais est venu pour se charger de chauffer la salle et on va vite se rendre compte qu'il n'a pas l'intention de le faire moitié. Ce groupe, c'est Arion et il fait dans un power mélodique assez moderne. D'entrée de jeu, le son est énorme... voire un peu trop fort. Ce n'est pas tous les jours qu'une première partie est servie par une sono aussi colossale... Tant mieux pour les gars d'Arion, qu'ils en profitent bien. Le seul bémol, pour ma part, est que, dans les premiers rangs, le chant a parfois un peu de mal à se faire entendre tant les instruments nous en mettent plein les oreilles... ce qui est d'autant plus dommage que le chanteur, Lassi Väräänen, possède une voix éraillée qui n'a pas l'air de manquer de puissance et sonne plutôt bien. 

Le jeune groupe fait preuve de dynamisme et arrive rapidement à instaurer une bonne complicité avec le public. De plus, ses compos, bien que très mélodiques, ne manquent pas de muscle. On pense parfois à un mix Sonata Arctica / Stratovarius version bien moderne et énervée. Ce ne sont pas des titres comme I Am The Storm ou Punish You, tous deux particulièrement remuants, qui me feront dire le contraire. Le quintet se la joue même carrément épique avec The Last Sacrifice dont les orchestrations, choeurs et les parties de double constituent des arguments plutôt convaincants. 
Pourtant, après cinq titres plutôt musclés, Arion choisit de faire retomber la pression avec une ballade, You're My Melody (choix osé car, traditionnellement, les premières parties bénéficiant d'un temps de jeu un peu limité préfèrent mettre l'accent sur l'efficacité), mais juste un peu car il est tout de même rapidement soutenu par une bonne partie de la fosse qui a sorti le téléphone de rigueur, objet qui, depuis un moment déjà, a remplacé le bon vieux briquet des familles...

Comme je le disais un peu plus haut, une certaine connivence a été rapidement établie entre le groupe et le public. Les Finlandais sont malins, ils jouent notamment sur l'amour porté à Battle Beast en faisant scander le nom du groupe par les fans et en leur proposant même quelques riffs de la tête d'affiche (au clavier ou à la guitare) en apéritif... un peu comme pour dire "vous avez hâte d'entendre ces chansons, hein ?"

La fin du show permet à l'énergie de refaire surface avec Unforgivable et At The Break Of Dawn sur laquelle l'assistance sera invitée à chanter. Tout cela passe plutôt bien. Le groupe joue très bien (mention spéciale au guitariste, particulièrement excellent) et l'attitude volontaire et souriante marque des points. Parce que je suis un râleur, j'ai toujours un petit reproche à formuler (et c'est celui que je formule assez régulièrement) : trop de samples nuisent un peu à l'aspect rock'n'roll qui devrait être celui d'une telle performance. Les musiciens participent aux chœurs mais j'entends surtout des bandes avec des voix trop propres... et sur le dernier titre, on entend une voix de femme qui partage le chant avec Väräänen mais ce n'est qu'un enregistrement. Personnellement, je pense que soit le gars devrait tout chanter seul, soit un autre membre du groupe devrait s'en charger... plutôt que d'opter pour une option playback qui passe moyennement en live mais bon, ce n'est que mon avis. Il n'empêche qu'Arion a fait du bon boulot et a mis le Trabendo dans de bonnes dispositions pour la suite, c'est le principal. Le frontman donne rendez-vous aux fans au stand merch après le show et agrippe un Pikachu et une peluche de licorne (ouais, une licorne, c'est ça aussi le power mélodique aujourd'hui...) qui passaient par là pour saluer tout le monde... L'ambiance est au beau fixe. Va-t-elle le rester ? 

Setlist Arion :

01. The End Of The Fall
02. No One Stands In My Way
03. I Am The Storm
04. Punish You
05. Seven
06. The Last Sacrifice
07. You're My Melody
08. Unforgivable
09. At The Break Of Dawn

Après une intro épique / grandiloquente de rigueur avec show lumineux et batteur qui exhorte la foule, le groupe est en place, prêt à nous envoyer son power metal mélodique chiadé et riche en mélodies accrocheuses... Sans surprise, le show démarre sur Unbroken, morceau d'ouverture du dernier album en date. Le son est clair et puissant et le groupe semble avoir investi la plus grosse partie de son budget dans des canons à fumée très sollicités sur ce premier titre (et qui le seront encore très régulièrement pendant le reste de la soirée). L'aspect visuel du spectacle est également assuré par Noora Louhino qui se présente dans une tenue mélangeant cuir, plumes et cornes... une sorte de conquérante viking très apprétée. Elle arpente la scène avec assurance, la bête (la battle beast), c'est elle, aucun doute là-dessus... Quel charisme et (surtout) quelle voix ! Sans vouloir rabaisser le reste du groupe, aussi compétent que sympathique, Noora est vraiment le gros point fort de Battle Beast, sur album, comme sur scène. Je ne peux imaginer le combo finlandais sans elle. Ce n'est pourtant pas la première fois que je la vois et l'entends... Et pourtant, je suis absolument stupéfait par sa prestation qui n'aura de cesse de m'impressionner tout au long des quatre-vingt-dix minutes du set. On y reviendra vite fait un peu plus tard. 

Niveau musique proposée, un trait presque définitif est tiré sur les débuts du groupe. Battle Beast envoie ainsi un message on ne peut plus clair à ses fans, l'ère Anton Kabanen (qui, pour rappel, officie maintenant chez Beast In Black), c'est bel et bien terminé ! Deux chansons seulement (!!) issues du deuxième album (Black Ninja et Out Of Control) sont là pour rappeler qu'il y a eu quelque chose avant Bringer Of Pain... et c'est tout. Rien de l'album Steel, pas un seul extrait d'Unholy Savior non plus. Dans l'assistance, il y aura forcément quelques déçus... surtout parmi ceux qui ne trouvent pas No More Hollywood Endings fabuleux. Ce dernier album est très bien représenté par contre : pas moins de neuf titres sont présentés ce soir. Les meilleurs (l'excellente Raise Your Fists qui voie une femme encapuchonnée amener un sceptre orné d'une tête de dragon à Noora, la speed et terrassante The Golden Horde, la très belle chanson titre...) tout comme les morceaux que j'affectionne moins (Endless Summer, la ballade I Wish, le single Eden très mélodique mais un peu fade et commun pour du Battle Beast, je trouve...). Mais quel que soit le morceau joué, il y a une, voire plusieurs constantes : ça joue très bien, les musiciens font preuve d'un enthousiasme et d'une bonne humeur contagieux... et, comme dit plus haut, Noora est absolument bluffante. Son chant me passionne, même sur les chansons que j'aime moins. 

Bref, vous l'avez compris, pour aimer ce concert, apprécier la direction musicale des deux derniers albums du groupe, ça aide. Cependant, un concert, ce n'est pas que des chansons... C'est une ambiance, une rencontre entre un groupe et le public... et là, difficile de ne pas reconnaître que l'atmosphère est à la fête. L'assistance acclame régulièrement les Finlandais qui semblent très touchés de l'accueil qui leur est réservé. Ils sont totalement galvanisés par la fougue des fans et d'humeur hilare. Eero, le bassiste, prend souvent la parole pour nous dire à quel point nous sommes fantastiques.. Pendant ses interventions, la foule fait tellement de bruit qu'il ne peut s'empêcher de rire, de s'interrompre et parfois perdre le fil de ce qu'il était en train de dire. Ses interventions fonctionnent bien. Avant Bastard Son Of Odin, il nous demande s'il y a des vikings à Paris... Avant The Hero, il présente un kit de batterie électronique ultra kitsch - bien typé années 80 - dont Janne va jouer sur le morceau suivant... Il sert également du gin tonic à tout le groupe et nous fait chanter "il est des nôtres"... En plus de cela, pour rester dans le thème de l'héroïsme, Noora testera les capacités physiques de ses collègues et les regardera faire des pompes ou soulever leurs instruments... Voilà, quand je parlais de bonne humeur ou ambiance festive, vous voyez que je n'exagérais pas. 

Le concert passe assez rapidement, le tout dure une heure et demie, le rappel se fait sur deux très bons titres de Bringer Of Pain, King For A Day et Beyond The Burning Skies... et jusqu'au bout, je reste totalement conquis par la performance du groupe en général (je n'ai pas parlé des prouesses guitaristiques ou de la solidité de la batterie mais sachez que tout va bien de ce côté-là aussi) et surtout, vous allez finir par le comprendre, par le chant de Noora. C'est simple, elle chante tellement bien, aussi à l'aise sur les parties agressives que sur les moments plus doux et subtils, faisant preuve de tellement d'aisance et de puissance tout en restant impeccablement juste, que j'ai l'impression d'écouter le disque. Elle est parfaite. J'irai même jusqu'à dire que, niveau vocalistes, elle se situe dans ce que j'ai vu de plus impressionnant ces dernières années (hommes et femmes confondus). Rien que pour ça, le déplacement valait le coup. Et d'ailleurs, revenons-en à notre fan déçu de début de soirée qui disait être venu pour ne pas perdre la place achetée avant de découvrir le disque. Son constat est simple, certes il n'adore pas le nouvel album mais comme il le dit lui-même : avec une telle énergie, un groupe aussi bon et une ambiance aussi festive... impossible de ne pas passer un bon moment. Je confirme. D'autant plus que je le trouve pas mal ce nouvel album, moi. Battle Beast en live, ça fait beaucoup de bien... et je ne me ferai pas prier pour y retourner quand l'occasion se présentera. 

Setlist Battle Beast :

01. Unbroken
02. Familiar Hell
03. Straight To The Heart
04. Unfairy Tales
05. Black Ninja
06. Endless Summer
07. I Wish
08. Raise Your Fists
09. The Golden Horde
10. Out Of Control
11. Bastard Son Of Odin
12. The Hero
13. Eden
14. No More Hollywood Endings
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15. King For A Day
16. Beyond The Burning Skies