Groupe:

Beast In Black + Myrath

Date:

04 Novembre 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

En voilà un concert intrigant ! Beast In Black et Myrath, ensemble, en co-tête d'affiche (sans petit groupe pour ouvrir les hostilités)... et à l'Elysée Montmartre, rien que ça ! Friand du metal oriental (appelé "blazing desert metal" maintenant) des Tunisiens et, un peu moins, du powerkitsch des Finlandais (mais tout à fait près à passer un moment fun en leur compagnie, on n'est pas là pour cracher dans la soupe), je me demande ce que l'alliance de ces deux univers bien différents va donner le temps d'une soirée... qui s'annonce riche en couleurs et saveurs. 

C'est à 19h que Myrath investit la scène d'un Elysée Montmartre déjà très correctement rempli (mais clairement pas complet ; il ne le sera pas en fin de soirée non plus)... ce qui fait plaisir, d'autant plus qu'il est encore assez tôt. Dès que l'on découvre le visuel de la scène et que les notes d'Asl (l'intro du dernier album, l'excellent Shehili) retentissent, on sent bien que les Tunisiens tiennent à monter d'un cran sur l'échelle du show, au sens "spectacle" du terme. En effet, backdrop à l'effigie du (bel) artwork du dernier opus, coussins et tapis font office de décor et nous transportent dans un palais nocturne et exotique. Mais ce n'est pas tout... il y aura aussi une danseuse (ceux qui ont déjà assisté à des shows du groupe ne seront pas surpris) ainsi qu'une sorte d'illusionniste qui viendra de temps en temps (pas trop non plus) proposer quelques animations, comme un livre sur lequel une plume écrit seule ou une table qui flotte dans les airs (ça, c'est déjà plus nouveau... mais si vous vous êtes procurés le DVD du concert au Sweden Rock de l'été dernier, disponible avec le numéro du Rock Hard du mois d'octobre, vous savez exactement de quoi il s'agit). On voit là une volonté de se singulariser et offrir au public un concert qui reste metal mais tout de même bien différent de ce qu'il a l'habitude de voir. 


Revenons au tout début de ce concert. Après Asl, c'est la suite logique qui prend le relais, à savoir l'excellente Born To Survive. Le son est massif et nous emmène directement ailleurs... c'est bien. Ce serait encore mieux si la guitare de Malek était plus audible... On l'entendra mieux à certains moments du set mais je trouve tout de même dommage que cet instrument ne soit pas plus présent dans le mix. Sur album les riffs sont énormes, là on les sent quand même moins passer. Ce n'est certainement pas la faute du groupe, cela dit. A part cela, les Tunisiens sont donc venus nous présenter Shehili, leur dernier opus, et le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne le font pas qu'à moitié. Rien que le début du concert clarifie immédiatement les choses : Myrath ne joue pas deux ou trois nouveaux titres, non, il en propose directement cinq d'affilée (six si l'on compte l'intro) ! Et en même temps, peut-on se plaindre devant des titres aussi efficaces et entraînants que You've Lost Yourself (excellent), Darkness Rise ou Wicked Dice (tiens, un combo bien heavy avec les chansons les plus robustes du disque) ? Non, ça passe tout seul... et mieux que ça même. Au milieu, on a même Dance (sur lequel intervient d'ailleurs la jolie danseuse aperçue sur Asl un peu plus tôt, logique), pas mon morceau préféré à cause de sa ressemblance un peu trop marquée avec Believer (hit de l'effort précédent, le très bon Legacy), mais qui apporte une tonalité différente, moins metal, plus chaleureuse et chaloupée. Bref, les nouvelles chansons cartonnent. C'est impeccable.


Il n'y aura cependant pas que des nouveautés. Les deux premiers albums passent totalement à la trappe, c'était un peu prévisible... Mais on aura quand même le droit à deux morceaux du très bon Tales Of The Sands (la chanson titre ainsi que l'excellente Beyond The Stars) et quatre extraits de Legacy (dont la bien heavy The Unburnt qui fait toujours plaisir et l'ultra fédératrice Believer, sorte de tube en puissance, qui va faire chanter l'Elysée Montmartre à gorge déployée). Donc oui, Shehili reste bien l'opus du groupe le plus mis en avant ce soir avec pas moins de onze titres sur les dix-sept joués. Il fallait avoir faim de nouveauté et ne pas venir pour entendre trop de vieilleries sinon c'était la déception assurée.

L'ambiance est très chaleureuse et on sent que les musiciens s'éclatent bien. On notera une très belle prestation des Tunisiens. Je retiens en particulier un Elyes dont le plaisir pris derrière son clavier est communicatif (il participe également aux chœurs de temps en temps... même si parfois, on sent bien que ce sont des bandes qui passent, grrr... mais bon, par rapport à ce qui va suivre avec Beast In Black, ce n'est rien, on en reparle dans quelques minutes), un Morgan impérial à la batterie (quelle démonstration sur l'intro Jasmin juste avant Believer ! Classe) et surtout un Zaher que je trouve de plus en plus à l'aise sur scène... cette dernière remarque vaut aussi sur un plan vocal (le chanteur se laisse même aller à quelques montées dans les aigus - assez inhabituelles, me semble-t-il - bien puissantes à quelques endroits). Le frontman s'adresse à nous en français et nous sort du "Vous êtes beaux, vous êtes sexy" qui fait sourire. Par contre, c'est assez marrant, quand il s'agit d'annoncer le titre de la chanson suivante, il repasse à l'anglais... Ca sent l'habitude prise pendant la tournée et qui revient au galop alors qu'on vient de lui tourner le dos pendant quelques instants. Parmi les (nombreux) moments sympas du set, je retiendrai également l'apparition de Kevin Codfert (producteur du groupe et claviériste de feu Adagio) avec son clavier arrondi en bandoulière sur Darkness Arise, la puissante et groovy Monster In My Closet taillée pour le live ou le très beau final sur Shehili avec un Zaher qui, assisté du fameux acolyte illusionniste mentionné plus tôt, nous offre un petit numéro de lévitation. 


Il est bon de voir une formation grandir, évoluer et gagner en aisance ou confiance. Cela fait longtemps qu'on le sait, ou qu'on le voit venir plutôt, Myrath est en train de devenir un groupe incontournable de la scène metal actuelle. Il prouve en tout cas qu'on peut compter sur lui pour nous offrir d'excellents concerts et quelque chose qui, dans ce domaine, sort d'une certaine routine. 

        

Setlist de Myrath :

01. Intro (Asl)
02. Born To Survive
03. You've Lost Yourself
04. Dance
05. Darkness Rise
06. Wicked Dice
07. The Unburnt
08. Tales Of The Sands
09. Mersal
10. Beyond The Stars
11. Lili Twil
12. Nobody's Lives
13. Monster In My Closet
14. Jasmin / Believer
15. Endure The Silence
16. No Holding Back
17. Shehili

 

Changement d'ambiance (et de décor) avec Beast In Black. Le backdrop reprend la pochette de From Hell With Love et les pieds de micros ont un design très Terminator (chaîne et crâne)... Vu l'amour du groupe pour les années 80, on ne sera pas surpris de cette référence. D'ailleurs, Le guitariste Kasperi Heikkinen ne porte-t-il pas un t-shirt "Skynet" (l'intelligence artificielle du film en question) ? Question rhétorique. Après une grosse intro bien épique (genre musique de superproduction hollywoodienne), les Finlandais débarquent avec beaucoup d'énergie sur scène. Ca bouge en rythme et se montre très généreux en termes de poses, sourires ou autre grimaces pour les photographes qui se régalent à shooter tout ce beau monde. Les deux premiers titres choisis pour lancer le show sont extraits du deuxième (plus récent) album : Cry Out For A Hero et Unlimited Sin permettent de se rendre compte que ça joue carré et surtout que Yannis Papadopoulos est en voix (allergiques aux montées dans les aigus Halfordiennes s'abstenir) ! Comme il l'avait fait à l'AccorHotels Arena l'année dernière (en première partie de Nightwish), il nous sort un beau "Nous sommes Beast In Black et nous sommes venus vous donner du Heavy Metal", reçu comme il se doit par un public très enthousiaste. 

On retrouve aussi exactement les mêmes titres du premier album (neuf) que ceux joués en novembre 2018, et dans le même ordre d'ailleurs. Sauf que cette fois, bien entendu, il y a les nouvelles chansons (au nombre de huit, ce n'est pas rien) qui sont venues s'insérer dans la setlist. Papadapoulos sait gérer la foule et lui parler, il remercie les fans régulièrement et exprime à quel point il est heureux de jouer ici ce soir... Les autres membres ne prennent pas la parole (à part le batteur, une fois, pour introduire un morceau vers la fin du show) mais ils se démènent avec entrain et ne sont pas avares en sourires ou pitreries (Heikkinen jouera le thème du jeu vidéo Mario Bros à la guitare, thème repris par des fans enjoués). Au-delà des habituelles séances de headbanging synchonisé (ou de chorégraphie de guitares/basse qui se lèvent puis se baissent en rythme), il y a aussi un peu de mise en scène... comme les lunettes LED sur lesquelles on peut lire "Crazy", "Mad" et "Insane" lors de la chanson qui doit son titre à l'enchaînement de ces trois mots (ça aussi, on avait pu le voir en première partie de Nightwish). 


Tout cela est bien fait, bien joué et se déroule dans une ambiance bon enfant... Mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine lassitude en cours de route (probablement due à mes goûts... Beast In Black, c'est sympa / marrant un moment mais dix-sept chansons, c'est personnellement plus délicat à négocier). D'ailleurs, en cours de set, je remarque que la salle est un peu moins remplie que pour Myrath (les places auraient peut-être dû être échangées). Et c'est le moment pour moi de formuler une petite critique, exactement la même que celle émise quand je les ai découverts l'année dernière : trop de bandes / samples donnent au groupe un côté playback qui casse un peu l'effet live. Evidemment, les musiciens jouent vraiment et c'est bien Yannis qu'on entend se démener avec ses cordes vocales comme un beau diable mais tout de même, tous ces chœurs enregistrés, ces bandes qui passent pendant les refrains, ces claviers hyper présents mais joués par l'homme invisible... ça me pose un souci. A ce point là, ça me semble même un peu abusé. Franchement, monsieur Kabanen, il faudrait engager un claviériste / choriste pour la prochaine tournée, ça fera une bouche de plus à nourrir, c'est vrai, mais ça passera nettement mieux. Après, si ça ne dérange que moi... 



Malgré ce bémol, on ne pourra pas reprocher au groupe de ne pas tout donner. Et le public, les fans qui sont restés, le lui rend bien. On a une très belle ambiance sur des nouveaux morceaux comme Die By The Blade et Sweet True Lies (les voix s'élèvent de la fosse pour reprendre les mélodies des Finlandais à tue-tête) ou sur le rappel constitué de deux "vieilleries" (moui, le premier album n'est quand même pas vieux), Blind And Frozen et End Of The World. Au bout du compte, on a eu un show légèrement plus long que celui de Myrath et qui a semblé ravir les fans du groupe. Beast In Black, on aime ou on n'aime pas... mais c'est festif, rythmé, fun et emmené par un chanteur impressionnant. On ne peut pas leur enlever ça.  

Belle soirée à l'Elysée Montmartre en ce début de mois de novembre ! Maintenant, je l'avoue, il me tarde surtout de revoir Myrath sur scène... Et ça tombe bien, les Tunisiens reviendront en région parisienne le 22 mars 2020 dans la petite salle du Forum de Vauréal. Voilà une bonne nouvelle ! Si vous n'avez pas eu l'occasion de les voir cette fois-ci, je ne peux que vous recommander de vous y rendre (même si l'on devine que, vu la taille de la salle et de la scène, ce sera plus "léger" niveau mise en scène... peu importe, l'essentiel reste bien la musique, non ?). 

Setlist de Beast In Black :

01. Cry Out For A Hero
02. Unlimited Sin
03. Beast In Black
04. Eternal Fire
05. Blood Of A Lion
06. The Fifth Angel
07. True Believer
08. Heart Of Steel
09. Born Again
10. Ghost In The Rain
11. Die By The Blade
12. No Surrender
13. Crazy, Mad, Insane
14. Sweet True Lies
15. From Hell With Love
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16. Blind And Frozen
17. End Of The World

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