Groupe:

Judas Priest + Disconnected

Date:

27 Janvier 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Dimanche 27 janvier 2019 : The Priest is back ! Et bien que la formation ne soit plus tout à fait la légende que l'on a connu (après la défection de KK Downing et la maladie de Parkinson qui empêche Glenn Tipton de tourner avec ses compères), je ne peux cacher que ça fait plaisir ! Mon dernier rendez-vous live avec Judas Priest remonte à 2009 (le fameux "Priest Feast" avec Megadeth et Testament dans ce même Zénith parisien) et j'en garde un assez bon souvenir malgré un son moyen (comme souvent dans cette salle) et un groupe pas forcément au top de sa forme à l'époque (surtout Halford). Ces dernières années, je n'ai pas brûlé d'envie de revoir le groupe sur scène, je le confesse. Bah oui, ils n'ont pas rajeuni, Downing est parti, je n'ai pas particulièrement été impressionné par Redeemer Of Souls... Pourquoi se faire du mal ? J'ai donc préféré passer mon chemin... jusqu'à aujourd'hui. La situation n'a pas forcément beaucoup changé mais il y a tout de même eu un album réussi, sorti l'année dernière, une des bonnes surprises de 2018 : le solide Firepower. Et puis, malgré l'absence du duo de guitaristes de légende, je me suis dit qu'il fallait peut-être profiter de cette occasion de voir Judas Priest car les dieux du metal ne sont pas immortels... Dio, Lemmy et pas mal d'autres nous ont quittés ces dernières années. Et sans forcément parler de décès, il est juste tout à fait possible que le gang british finisse par être trop vieux pour donner des concerts potables dans les années à venir. Alors voilà, ce soir, je suis content de retrouver un nom qui m'a apporté tant de bonheur pendant des années et je compte bien en profiter. 

La première partie est assurée par un groupe français : Disconnected. Le quintet fait dans un metal très moderne, bien éloigné de celui pratiqué par la tête d'affiche. Le style est plutôt metalcore mais pas que... on sent pas que les musiciens ont pas mal d'influences diverses et variées (thrash, death mélodique, djent, prog...). Leur album White Colossus est sorti l'année dernière et le groupe entend bien nous convaincre en nous proposant une petite demi-heure de son répertoire. Le moins que l'on puisse dire est que ces messieurs font preuve d'un bel entrain. Personnellement, je n'ai pas plus accroché que ça à la musique proposée mais j'ai apprécié l'attitude convaincue, l'énergie et la maîtrise technique du combo. 

Le chanteur ne cesse de dire à quel point le groupe est heureux d'ouvrir pour Judas Priest ce soir. On sent un bel enthousiasme ainsi qu'une reconnaissance sincère : "on est des putains d'enfoirés de chanceux car on ouvre pour des légendes, des dieux du metal... faites du bruit pour Judas Prieeeesst" ou encore "on est en train de kiffer"... on le croit sans peine. Au milieu de ces commentaires chaleureux, il n'oublie pas d'exhorter la foule ("je veux voir des petites gueules balancer de la nuque") ou de la remercier pour son accueil. Il insistera sur ce dernier point en disant qu'il a bien conscience que le groupe n'oeuvre pas du tout dans le même style que Judas mais qu'il est heureux de voir que les gens ne sont pas fermés et acceptent de les accueillir, qu'on est des vrais fans de musique et que le monde n'est pas fait que de haters qui se cachent derrière un clavier d'ordinateur. Evidemment, après un tel discours, encore plus difficile pour le Zénith de faire la tronche... le set se déroulera donc sans anicroches et dans de bonnes conditions jusqu'au titre final, White Colossus, dont se dégage une certaine mélancolie pas inintéressante.

 

Avant que Judas Priest n'investisse la scène, la sono balance un bon vieux War Pigs de vous savez-qui (sinon, faut aller réviser les gars, c'est pas sérieux) qui se charge de bien mettre l'ambiance... Et quand les cinq valeureux Anglais arrivent, c'est pour livrer un Firepower bien vindicatif ! Sauf qu'à ce moment-là, le son est franchement moyen... Comme d'habitude, le temps de quelques réglages, la situation s'arrangera par la suite... mais j'ai tout de même entendu mieux. De là où je me trouve (dans les gradins, malheureusement), l'ensemble de la salle (fosse comprise) est bien calme. Bien sûr, ça s'excite un peu plus dans les premiers rangs mais une grande majorité du public semble assez statique. Statique mais ravie... car entre les morceaux, ça manifeste son enthousiasme comme il faut ! Et cet enthousiasme se comprend parce que bien que cela fasse bizarre de voir Judas sans Downing et Tipton (promis, je ne vais pas le répéter davantage), on ne peut nier que le trio Halford / Hill / Travis tient encore bien la route. La section rythmique est en béton armé... et la voix de Rob... bon, c'est plus délicat, rien ne sert de mentir, on le sent parfois à la peine (même sur les speech entre les morceaux, quand il arrangue à foule à coups de "Are you ready?", on sent qu'il manque de coffre ou de pêche) mais le "Metal God" a tout de même soixante-sept piges et si l'on tient compte de son âge (et du fait que chanter du Judas Priest n'est quand même pas le job le plus aisé du monde) on admettra que sa performance n'est pas ridicule. Pas époustouflante (parfois, c'est même très limite) mais vraiment pas ridicule, avec quelques chansons (qui nécessitent moins d'aigus ou d'agressivité) vraiment bien chantées. 

Judas Priest

La scène propose un grand écran en fond sur lequel défilent des animations, pochettes d'albums, clips et autres visuels parfois très réussis ou bien dans l'esprit heavy metal du Priest (donc un peu spécial... mais il en faut pour tous les goûts). Rob et ses amis sont évidemment là pour nous présenter leur dernier opus et il est logiquement correctement représenté... mais pas trop non plus car il y a du classique à la pelle à livrer et ce n'est pas en jouant trop de nouveautés que les British pourraient s'acquitter de cette tache. Au total, quatre nouveaux titres donc, dispersés dans la soirée : Firepower, Lightning Strike, Never Surrender et surtout l'excellente Rising From Ruins qui, sur scène, n'a pas à rougir de la comparaison avec le reste du catalogue. Redeemer Of Souls est copieusement ignoré (et je ne m'en plaindrai pas) tout comme tous les albums sortis entre Painkiller et Firepower. C'était assez prévisible, il y a tous les hits des seventies et eighties à placer, plus une poignée de nouveautés... pas de place pour le reste. Et forcément, on a le droit à un best-of avec son lot de morceaux prévisibles car incontournables (vous n'imaginiez quand même pas que Judas allait faire l'impasse sur Electric Eye, The RipperBreaking The Law, Hell Bent For Leather, Painkiller ou Metal Gods n'est-ce pas ?) mais aussi quelques suprises bien sympas comme la chanson Killing Machine (qui n'avait pas été jouée depuis quarante ans !), la ballade Night Comes Down (de Defenders Of The Faith) à laquelle je ne m'attendais pas forcément ou la speed et géniale Freewheel Burning (du même album) jouée avec beaucoup de robustesse. Plus de Victims Of Changes ou de Beyond The Realms Of Death, il a fallu faire des choix mais on ne pourra pas reprocher au gang un manque de générosité car ce ne sont pas moins de vingt-et-une chansons qui ont été jouées. Une heure et quarante cinq minutes de metal pied au plancher (avec une communication réduite au minimum et très standard, "Breaking The What ? Breaking The Whaaat ?"), les papis ont encore du jus ! 

Judas Priest

Qu'est-ce que je retiens de cette soirée ? Une excellente Desert Plains qui fait un bien fou, une Turbo Lover pas dégueu du tout (qui me faisait gentiment sourire il y a quelques années mais qui s'avère assez imparable en concert et qui a d'ailleurs bien fait chanter le Zénith), un Scott Travis toujours impérial à la batterie qui a pris le micro juste avant Painkiller pour dire que cette date, la première de l'année, se devait d'avoir lieu à Paris, un Richie Faulkner qui, malgré les réserves que certains pourraient avoir (on ne remplace pas un KK Downing comme ça), s'avère un guitariste très à l'aise sur scène (assez guitar-hero dans l'âme) et nous a bien régalé avec de superbes solos (Andy Sneap qui joue à la place de Tipton fait du bon boulot également mais est bien plus discret), une atmosphère très sympa sur The Ripper (notamment grâce aux coupures de journaux et visuels inquiétants qui défilent sur l'écran pendant la chanson), un Rob Halford qui alterne le "pas mal" et le plus délicat mais toujours avec classe (il s'est fait plaisir en changeant régulièrement sa garde-robe au cours de la soirée et s'est même offert un joli lever d'épée - qui, de loin, ressemblait étrangement au sabre laser de Kylo Ren dans Star Wars - sur le final de Rising From Ruins) et une ambiance hyper festive sur le rappel uniquement constitué de tubes du début des eighties (peut-on se planter quand, juste après Electric Eye, on enchaîne avec un triptyque British Steel composé de Metal Gods, Breaking The Law et Living After Midnight ?). Au bout d'une heure quarante-cinq, Judas Priest, triomphant, salue longuement une foule visiblement ravie. Sur l'écran, on peut lire "The Priest Will Be Back". Certains qualifient déjà ce show de concert de l'année. Je n'irai pas jusque-là, n'exagérons rien... mais il est vrai que ce groupe, qui ne peut évidemment pas tricher et masquer son âge, sait encore livrer un concert qui tient debout et justement susciter le respect qui lui revient. 

Un grand merci à Olivier Garnier et Roger Wessier pour l'accréditation. 

Judas Priest

Setlist :

01. Firepower
02. Running Wild
03. Grinder
04. Sinner
05. The Ripper
06. Lightning Strike
07. Desert Plains
08. Never Surrender
09. Turbo Lover
10. Killing Machine
11. The Green Manalishi
12. Night Comes Down
13. Guardians / Rising From Ruins
14. Freewheel Burning
15. You've Got Another Thing Comin'
16. Hell Bent For Leather
17. Painkiller
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18. The Hellion / Electric Eye
19. Metal Gods
20. Breaking The Law
21. Living After Midnight

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