Groupe:

La Voix du Rock Jour 1

Date:

31 Mai 2019

Lieu:

Couhé

Chroniqueur:

JeanMichHell

Jour 01:


L’ami JC Robidas dont vous allez pouvoir admirer les photos (et que je remercie) arrivons sur le site de La Voix du Rock à Couhé. Une charmante bourgade de la Vienne situé à vingt-cinq kilomètres au sud de Poitiers, qui accueille pour sa quatrième édition une belle brochette d’artistes divers et variés ayant en commun l’amour du rock. C’est l’association Vox Populi, ayant pour but de « la mise en valeur du patrimoine artistique et la diffusion de la culture en territoire rural » qui organise cet événement, et est coordonné par Sylvia. Et il faut reconnaitre que l’écrin de verdure dans lequel nous nous retrouvons, à proximité d’un château, est tout simplement extraordinaire. Les artistes souligneront les uns après les autres la qualité de l’accueil et la beauté de ce site charmant à souhait. Mais nous sommes tout de même là pour nous en mettre plein les oreilles…


 
Lemon Furia :


C’est donc le groupe poitevin des Lemon Furia qui débute le festival, chose pas forcément évidente à faire mais il en faut bien un, avec entrain et ferveur. Le groupe d’Acid Ska Punk & Rock N' Roll ne met pas beaucoup de temps à se mettre en route et leur motivation ne met pas bien longtemps à motiver le public qui s’amasse de plus en plus tout au long du set devant la scène.


Il faut dire que le groupe en impose par sa présence sur scène. Les huit gaillards que sont Tony et Fredo (guitares), Rouston (batterie), Guillome (basse), Tibo (Saxo), Romano (Trombone) et Gus (chant) remplissent bien le plateau qui semble d’un seul coup bien trop petit. D’autant que la mise en route est un peu délicate, mais dès que le groupe se relâche, se détend et prend ses marques au fur et à mesure de sa prestation, il rend au public l’énergie que celui-ci lui donne.

    


Musicalement, le groupe s’approche d’un Ska-p, les guitares sont rock et les cuivres soutiennent avec ferveur les compositions. Le fait que Gus combine chant en français et espagnol (pour faire croire qu’ils sont bilingues) renforce le lien vers cette référence. La prestation est un modèle de ska festif qui aura pour première intention de chauffer à blanc le public pour une prestation chaleureuse.


C’est vraiment la fiesta, les titres s’enchainent, principalement extrait du dernier album, Le Lavoir des consciences, sorti il y a quelques semaines. La fosse se transforme en véritable dancefloor, le temps de reprendre Hot Stuff de Gloria Summer. Gus demande à chacun de danser tel Travolta dans la Fièvre du Samedi Soir, ou de faire des pas de gauche à droite de manière coordonnée, c’est tout couillon mais cela met une belle ambiance sur le site.

    


Globalement Lemon Furia a fait le job, une prestation qui préfigure un festival de haute volée. Et même s'ils finissent hors délai de leur créneau et après une chambrade envers Didier Wampas (ce dernier ne se fera pas prier pour leur couper le sifflet), on retiendra de ce groupe sa capacité à faire bouger et à fédérer le public.


Les Wampas :

Pour celles et ceux qui ont eu le plaisir de voir au moins une fois dans leur vie Les Wampas sur scène, ils savent que leur leader Didier est quelqu’un d’absolument intenable. C’est d’ailleurs un état d’esprit qu’il revendique haut et fort, être imprévisible sur scène pour que le public se souvienne de ce concert.

Et il ne faut pas attendre longtemps pour que le show Wampas se mette en place, déjà son chaperon (car oui il faut quelqu’un pour aider Didier dans ses facéties parfois dangereuses pour lui-même) annonce au micro et avec ferveur le début du concert, mettant fin automatiquement à celui des Lemon Furia qui dépasse son temps de parole… Et c’est un départ sous les chapeaux de roues avec un Didier qui arrive sur scène avec une magnifique guitare rose du plus bel effet, et une envie manifeste d’en découdre. Dès le deuxième titre, il monte sur un assemblage de retour totalement instable, part dans le public pour aller chanter avec lui, sur lui, contre lui et va squatter la scène annexe pour chanter avec la Brigade Du Kif qui est en train de se mettre en place. Bref, l’animal est lâché et donnera tout ce qu’il a pendant la grosse heure qui lui est allouée.

    

Mais Didier n’est pas seul sur scène il est accompagné de ses fidèles compagnons de route, Tony Truant à la guitare, Jean-Michel Lejoux à la basse, Nicolas Schauer à la batterie. Mais également d’un petit nouveau, Effello, remplaçant de Philippe Almosnino, jeune guitariste qui manifestement est très heureux de faire partir de l’aventure Wampas et qui possède une très jolie collection de guitare…

Seulement c’est bien le frontman qui attire tous les regards parce qu’il n’arrête jamais ! Sur le titre Un Punk en Hiver, il propose de faire la plus grand Wall Of Death du Poitou. Il parodie le jingle « Charente-Poitou, Charente-Poitou, ça rentre partout ! », fait monter le très jeune Nathan qui, du haut de ses neuf ans et demi, gagne une magnifique trottinette qui sera finalement offerte par ses parents, fait monter une ribambelle de jeunes filles pour un final sur Où sont les femmes et invite Loran des Ramoneurs de Menhir à venir pousser la chansonnette sur Didier Wampas est le Roi !

    

Bref un vrai showman de tous les instants qui ne peut que séduire par sa gouaille, son implication sans faille, et sa bonhomie.


La Brigade du Kif :


Malgré des balances agitées à cause du voisin, la Brigade Du Kif investit la scène pour un grand moment de fiesta. Le groupe qualifie sa musique de Rock Alternatif, à mon sens il s’agit plus d’un état d’esprit qu’un style musical à proprement parler, mais si je devais tenter de qualifier leur musique, il me semble en effet que la base est rock ouvert, soutenue par des cuivres. « On est là pour faire la fête, ce soir on fait les cons », c’est bel et bien l’esprit qui se dégage de leur musique : énergie, fiesta et sourire.

    


Le groupe originaire de Narbonne se compose de David Cebe à la batterie, Thierry Maugard à la guitare, Julien Saccu à la basse pour la partie électrique. Côté cuivres, on retrouve Patric Oustric au trombone, Max Benavent à la trompette et Mika Riff chanteur guitariste. Et même si ce groupe vient du sud et qu’il ne faut « pas les bousculer », le groupe n’hésite pas à bousculer le public, grâce à des titres aux mélodies endiablées, à une vitalité sans faille, à quelques solos bien sentis et à des refrains très fédérateurs. Il suffit d’écouter Le Burn Out du Punk à Chien pour en être convaincu. Le groupe navigue également entre plusieurs styles : Reggae, Ska, Rock, pour des compositions variées, évitant ainsi une redite parfois présente dans ce genre musical.

   


Mais ce qui m’aura particulièrement accroché c’est la perpétuelle envie de jouer avec le public. Mika Riff lâche sa guitare dès le début du set et se transforme en frontman qui va au contact direct avec le public. Il lancera d’ailleurs « Faites sortir le breton qui est en vous » avant d’entamer un jeu d’  «aller-retour » avec le public afin que tout le monde chante ensemble. Un moment très sympa.


La Brigade du Kif aura réussi son pari en offrant un concert qui rassemble et réunit. Un état d’esprit à conserver et qui colle complètement à cette première journée, et à l’impulsion voulu par la programmation.


La Ruda :


Le groupe le plus attendu de la soirée est La Ruda, et ce pour plusieurs raisons. Il y a maintenant sept longues années que le groupe s’est mis en hiatus, et n’avait plus mis les pieds sur scène depuis cette pause. Ensuite, le groupe va attaquer une énorme tournée qui va courir jusqu’à début août et cette remise en route est naturellement un test pour connaitre les attentes du public. Et La Ruda n’aura pas à attendre bien longtemps, puisqu’il suffit d’observer le public qui se masse en nombre pour revoir les originaires de Saumur. La Ruda est attendue de pied ferme.

  

Le groupe composé de Pierrot et Fred aux guitares, Bruixe à la basse, Roro au trombone, Philly au saxophone, Daddy à la trompette, et Manu à la batterie monte sur scène, sans avoir besoin de reprendre leurs marques, la mise en place est naturelle. Premier coup de médiator, le groupe choisit un titre très rock pour débuter et laisse sonner les accords, comme si le groupe avait besoin de cette vibration si particulière pour sentir qu’ils sont bel et bien de retour. Pierrot entre alors sur scène rejoindre ses camarades de jeu, l’accueil du public est on ne peut plus chaleureux.


Evidement les classiques de La Ruda sont au rendez-vous : Que le bon l'emporte, Le bruit du bang, , L'art de la joie ou encore numéro 23, le groupe tape dans toute sa discographie, et pour le plaisir des plus anciens, n’oublie pas son début de carrière. Le tout pour une playlist d’une efficacité indéniable. Quoi de mieux pour retrouver ses repères ? Pierrot, en bon frontman, plaisante, joue avec le public, se tord en deux sur le micro, lève son pied aussi haut que possible, pour déclamer ses textes parfois « légers » comme Marvin, soit plus « engagés » comme Tant d'argent dans le monde. Il n’hésite pas à faire preuve d’un sacré second degré lorsqu’il doit chanter ses textes en anglais avec l’accent de Saumur.

  

Il reste à souligner deux choses, le son qui globalement a été plutôt bon sur l’ensemble des deux scènes. Mais surtout, et pour la Ruda en particulier, un jeu de lumière totalement monstrueux qui soutient particulièrement bien le show.


Les étoiles étaient vraiment bien alignées pour un retour rempli d’émotion et de joie, il suffit de regarder les mines réjouies du public pour en être totalement convaincu. Les visages ont quelques rides en plus, la barbe a blanchi mais le plaisir et l’énergie, eux, sont intacts.

Cachemire :


Avec un nom comme celui-ci, on peut d’attendre à un hommage appuyé à Led Zeppelin sauf que les Nantais ne mange pas tout à fait à la même cantine que les Londoniens. Tout d’abord, leur manière d’aborder la musique est nettement plus rock, version Téléphone, voir punk version Stogges. Mais surtout les petits gars défendent la langue française et son fiers d’être représentants de la langue de Molière dans un milieu fondamentalement anglophone. Vous faites le lien avec l’orthographe du groupe maintenant ?


Le noir se fait sur scène, une introduction sur un air d’accordéon espagnol et boum, premier accord et le groupe commence son concert comme on finit un morceau de rock’n roll, en jouant tout simplement sans structuration précise, et en finissant conjointement sur un accord, sur un dernier saut coordonné. Vous avez pigé l’idée ?

    


C’est donc avec cette entame de fin de concert que le groupe envoie ses compostions sur fond de blouson en cuir et de crête punk. Freddy, le chanteur, ne tarde d’ailleurs pas à se jeter dans la fosse, puisque dès la deuxième chanson, il est déjà en train de chercher « des gens malheureux » dans le public pour les motiver à entrer dans leur univers. Sauf que c’est lui qui sera malheureux puisqu’il se fera attraper par la sécu qui a failli ne pas le laisser remonter sur scène.


Le groupe nous propose en majorité des extraits de son dernier album, Qui Est La Punk ? avec Merci Teacher, Saintes Paroles et le titre de chanson le plus WTF que j’ai entendu depuis bien longtemps. En effet, le groupe a fait le choix de faire une chanson sur M. Cantona, personnage haut en couleur certes mais qui ne parle guère au public en présence ce soir. Les compositions sont fondamentalement rock, à mon goût un brin linéaires, mais il transpire de ce groupe un héritage 70’s, 80’s clairement assumé dans chaque composition.

    

La proposition musicale faite par le groupe est dans l’ensemble moins festive que les groupes précédents et le groupe a bien du mal à faire adhérer le public, les essais pour le faire chanter ne sont pas franchement des réussites. Et lorsqu’il décide de faire monter un jeune homme d’une petite dizaine d’années sur scène, qui en deux temps, trois mouvements, arrive à faire hurler le public plus que le chanteur, Freddy réagit en disant que c’est dégueulasse (sur le ton de l’humour) et que de toute façon, la bière a peut-être bien trop coulé pour que le public soit objectif…  Provocation rock’n roll ou mauvais joueur, difficile à dire…


En tout cas je retiendrais de ce groupe une énergie sans faille et une énorme volonté de rendre hommage au fondamentaux du rock. Une preuve de plus avec une reprise de la Nuit Je Mens de Bashung ou encore le riff de Kashmir en conclusion. Je me dis juste qu’ils n’ont pas forcément le public le plus adapté sur les deux jours et qu’un échange avec Ludwin Von 88 aurait peut-être été plus à propos, mais nous connaissons tous les secrets des agendas… 

 

Les Ramoneurs de Menhirs :


Pour être totalement honnête avec vous, pour moi Les Ramoneurs de Menhirs, c’est l’autre groupe de Loran de feu les Béruriers Noirs et ma connaissance de ce groupe avoisine le zéro absolu, ce sera donc une véritable découverte. Fort heureusement je retrouve assez vite mes repères puisque même si Loran annonce d’entrée que "Nous sommes les enfants de la terre et du vent, on chante pour l’esprit indomptable du Poitou ", dès le premier titre je retrouve trois éléments que je connaissais déjà, le son si particulier de la distorsion du guitariste chanteur, la boite à rythme, et un discours militant.

    


Mais Les Ramoneurs de Menhirs sont loin d’être des "Bérus bis", puisque c’est bel et bien un esprit punk mixé avec celui de la Bretagne qui a envahi la scène. Les paroles sont chantées en breton par Gwenaël Kere, on a le biniou, les bombardes par le duo Richard Bévillon / Éric Gorce et, bien entendu, quelques pas de danses typiques. Il n’en fallait pas plus pour chauffer la foule. Le bordel est instantané, pogos, danses, tout y passe même le slam en fauteuil roulant, c’est la fest-noz en plein Poitou. Loran ne manquera pas de relever d’ailleurs le lien qui uni les deux contrés par leur côté résistant.


Et de résistance, d’éveil des consciences, de messages militants, il en est bien question. : "On emmerde les religions monothéistes et le patriarcat", "On emmerde le FN", "On emmerde les capitalistes", « Pour l’autogestion et la dépénalisation du cannabis, créateur de convivialité, le vrai terreau révolutionnaire ! » bref le discours a peu changé depuis le temps des Bérus, preuve que les temps ne changent pas vraiment…

    


Et bien justement, place à la séquence nostalgie avec quelques reprises emblématiques du parcours punk du groupe. Un endiablé If The Kids Are United de Sham 69, un Vive le Feu qui me transporte quelques décennies en arrière, un Bella Ciao totalement festif, et un Porcherie malheureusement toujours pas obsolète… Loran aura d’ailleurs un mot pour la jeunesse qui se laisse attirer par les sirènes des extrêmes… Bref un flashback totalement jouissif.


Les Ramoneurs de Menhirs auront conclu ce premier jour avec leurs tripes et leur cœur. Un concert à l’image du festival et de cette première journée en particulier, à la fois festif et fondamentalement humain.

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