Groupe:

Leprous + The Ocean + Port Noir

Date:

12 Novembre 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Deicide5000

C'est la seconde fois que je viens au Cabaret Sauvage, une salle pas évidente d'accès mais à l'acoustique correcte. Je suis retardé sur mon chemin en sortie de taf pour rejoindre la salle à l'opposé de Paris. Du coup, je loupe les deux premières parties Port Noir et The Ocean. J'ai quand même profité des deux dernières chansons de The Ocean. Et j'ai le sentiment d'être passé à côté de quelque chose, à approfondir.

Je me suis langui depuis le dernier concert auquel j'ai assisté en avril à Sucy en Brie ("fest" local). C'était lors de leur tournée où ils offraient la possibilité de jouer des chansons tirées au sort dans un chapeau tendu au public. Prévu pour un démarrage à 21h30, Leprous se fait attendre... longuement. J'ai déjà les pieds en miettes avant que ça commence, vu que j'ai passé ma journée entière sur un stand ou à arpenter ou encore intervenir dans un salon professionnel... journée reposante.

Ca y est, ça commence ! Avec Below qui, comme chaque chanson de ce soir, sera magnifiquement interprétée, Einar Solberg démontre qu'il est en voix. C'est ensuite la très "poppy" I Lose Hope, toujours du dernier album. Pas ma came. C'est la pire reconversion imaginable (je sais que certains vont dire que j'exagère). Le dernier album Pitfalls est très tourné sur la voix d'Einar. Peut-être un peu trop. C'est un bel instrument mais pour moi, il en fait trop, mais vraiment trop et ce soir ça va être flagrant, peut-être la faute à la setlist. C'est un peu comme si un David Vincent de Morbid Angel (pourtant lui aussi instrumentiste) ou un Phil Anselmo (ex Pantera, Down, etc), aux voix si caractéristiques, se mettaient à occuper tout l'espace pour n'en laisser que très peu pour les autres.


Apres deux chansons, Einar partage qu'il a pris l'engagement de parler entre les chansons. Et il a de l'humour car il se moque de lui-même. Il avoue que ça ne lui plaît pas car il sait qu'il ne le fait pas bien. Il ajoute qu'il apprécie les encouragements, même ceux qui ne sont pas sincères.


Et on enchaine (enfin) ensuite avec Illuminate sur laquelle je rentre enfin dans le concert. Comment errer trop longtemps en dehors de l'album Malina (2017) ? Ensuite, voyage en arrière vers l'époque Coal (2013) avec Foe. Et de nouveau du Malina avec From the Flames. Je remarque quelques variations à la batterie, c'est fort de s'aventurer en dehors d'une partition déjà peu abordable.


Le concert prend ensuite un virage. Einar demande à ce qu'on remercie chaleureusement tous les musiciens, sauf Baard Kolstad (batteur) et lui-même. Et on comprend juste après pourquoi : ils seront les seuls à ne pas changer d'instrument alors que les deux guitaristes, le bassiste et même le violoncelliste se fendront de pianotage sur les synthétiseurs (jusqu'à trois claviers quasi en même temps). C'est ainsi qu'Observe the Train, avec son refrain "Breathe in, Breathe out" nous berce gentiment alors que les deux gratteux pianotent.

Plusieurs chansons sont à contre-courant et ne vont pas me passionner. C'est tellement mellow que Baard peut se permettre de se tenir debout, frapper des pads. Je baille.



Côté jeu de scène, c'est quand même très réussi. Einar Solberg est toujours le même fou, à headbanger de tout son poids en mode lion en cage qui se jette d'un bout à l'autre de la scène et finit son mouvement en envoyant la tête là où elle peut bien aller. Baard est toujours égal à lui-même avec son jeu de batterie tellement personnel et imprévisible.

Le guitariste Tor Oddmund Suhrke (le confondateur du groupe avec Einar) utilise plusieurs accordages et change régulièrement de guitare alors que l'autre guitariste Robin Ognedal (arrivé en 2017) change les accordages sur quasi toujours la même guitare.

Le jeu de scène est très bon, les musiciens se croisent, montent sur des estrades tour à tour, prennent la place l'un de l'autre, prennent leur tour derrière les claviers.

The Price, chanson de The Conjuration (2015) qui m'a révélé Leprous alors qu'ils étaient en première partie en live de The Devin Townsend Project à la Rock School Barbey à Bordeaux.

Vient le moment du rappel où Einar va encore plaisanter. "Vous croyiez vraiment qu'on n'allait pas revenir ?", accueilli à son tour par des suggestions de chansons par le public auxquelles Einar répond par "Vous ne pensez pas que c'est un peu tard pour les chansons à la demande ?". Bref, il s'amuse bien, puis lance la démoniaque The Sky is Red, morceau monumental du dernier album (mais si, il y en a des bonnes chansons....).  Vous savez, c'est la chanson du dernier album sur laquelle l'outro est complètement vrillée, Meshuggesque dans l'esprit, polyrythmie et syncopée au menu. Juste avant de lancer l'outro, je devine que Tor a disparu de la scène pour aller chercher sa guitare huit cordes. Et là, une fois revenu, c'est parti pour un moment de pure intensité : tout le groupe qui headbangue de concert, violoncelliste en prime, avec jeu de lumières associé. Je comprends qu'après cela, même si les rappels offrent deux chansons, là il ne peut y avoir de suite tellement c'est intense et vide la salle. Quel finish grandiose !

Alors, quel bilan allez-vous me demander ? Ben c'est facile, je suis en train d'écrire ces lignes alors que je ne peux résister à me réécouter Malina (2017), et son entrée Bonneville, mélancolique, émouvante, puissante. Vous l'avez senti depuis quelques lignes déjà. J'ai le sentiment que le groupe va prendre de nouveaux fans orientés "pop" et va en perdre une tonne au passage. J'étais parmi les seuls blaireaux en t-shirt metal, non pas seulement que les gens sortaient du boulot. J'étais à Machine Head au Trianon fin octobre ou encore à Myrath à l'Elysée Montmartre les semaines précédentes, le t-shirt metal n'est pas mort. Mais là c'est clair, ce n'est pas la même cible. C'était la quatrième fois que je vois Leprous, l'avant-dernière m'avait déçue (le tirage au sort, c'est risqué), et là je pense que je n'y retournerai plus. C'en est là ! J'ai tellement fait chier tout le monde avec ce groupe et son album Malina, que j'en suis limite transi. J'aime les musiciens que je trouve tous individuellement et collectivement géniaux mais je trouve le virage trop fermé pour moi.


Setlist de Leprous :

01. Below
02. I Lose Hope
03. Illuminate
04. Foe
05. From the Flame
06. Observe the Train
07. Alleviate
08. At the Bottom
09. The Cloak
10. The Price
11. Third Law
12. Salt
13. Distant Bells

Rappel
14. The Sky is Red

Venez donc discuter de ce live report sur notre forum !