Groupe:

Machine Head

Date:

29 Octobre 2019

Lieu:

Le Trianon

Chroniqueur:

ced12

En cet automne 2019, Machine Head crée l'événement avec sa tournée anniversaire pour les vingt-cinq ans du mythique Burn My Eyes, album coup de poing qui avait tant marqué les esprits en 1994 et érigé Machine Head parmi les grands du Metal et ce, dès un premier album incendiaire. J'avais seize ans lorsque j'avais découvert Machine Head (qui venait de sortir le sale mais monumental The More Things Change) et ce fut un sacré choc. Mais le contexte autour du groupe est particulièrement agité depuis le départ en 2018 du guitariste Phil Demmel et du batteur Dave McClain (parti retrouver le groupe Sacred Reich qui l'avait révélé) ainsi que le faux départ du bassiste Jared MacEachern. En annonçant une tournée célébrant ce premier effort, Robb Flynn avait surpris son monde en précisant dans un premier temps que Logan Mader (parti en 1998 après avoir participé aux deux premiers albums du groupe) et surtout Chris Kontos, batteur de ce Burn My Eyes et quasiment porté disparu de la scène Metal depuis, sans en dire plus sur le devenir du groupe. Début octobre, et juste avant la tournée, le chanteur compléta sa communication en présentant deux nouveaux membres : Vogg Kieltyka (guitariste de Decapitated) et Matt Alston (batteur de Sanctorum et Devilment) et expliquant que les concerts de la tournée seraient scindés, la nouvelle mouture de Machine Head jouant un premier set "rétrospectif" d'une quinzaine de morceaux avant que Burn My Eyes ne soit interprété en intégralité et dans l'ordre de l'album avec Logan Mader, Chris Kontos et toujours le fidèle Jared à la basse. 

Difficile avec tout cela de bien suivre Robb Flynn et ces récentes mésaventures n'ont certainement pas amélioré sa cote de sympathie. Abordons le sujet frontalement, Robb Flynn est très contesté et ce depuis quelques années maintenant. Les reproches sont légion et citons pêle-mêle l'égo surdimensionné du garçon, son refus de jouer en festival, sa mauvaise volonté générale à l'égard de la presse (refusant accréditations en tout genre et autre photographies). Cela dure depuis un bon moment mais la sécession au sein du groupe n'a fait que confirmer les griefs à l'encontre du personnage. Récemment, le bougre en a encore remis une couche incendiant les critiques suite à la parution d'un nouveau titre, morceau aussi percutant musicalement que consternant sur les paroles. Inutile d'en rajouter, le Robb semble avoir basculé dans son monde et ne veut plus se mêler aux autres groupes (oubliant par-là que son groupe avait bénéficié de l'aide de formations prestigieuses en son temps, ce que paradoxalement, il ne manquera pas de rappeler ce soir) et a transformé Machine Head en projet solo. Reste à chacun de se faire son opinion, de faire une distinction entre l'homme (non exempt de reproche on l'a vu) et le musicien car même si les productions de Machine Head ont perdu en impact depuis le génial The Blackening (même si certains puristes gardent un faible pour Bloodstone And Diamonds), la musique proposée reste de qualité et les performances live proposées lors des "An Evening With" demeurent franchement impressionnantes. Et tuons d'entrée tout suspense, ce n'est pas le concert de ce soir qui me fera dire le contraire. Venons-en à ce show d'ailleurs.

Il est 19h30 précises, le Diary Of A Madman d'Ozzy finit de résonner dans la salle quand les lumières s'éteignent. Belle surprise, c'est l'intro du monumental Clenching The Fists Of Dissent qui se fait entendre avant que les quatre musiciens n'investissent la scène en toute simplicité. Robb Flynn déclenche la guerre dans le pit avec ce premier riff qui met tout de suite dans l'ambiance. En un simple riff, le leader de la formation met les choses au point et ce joyau thrash metal ravage tout sur son passage. La suite de ce premier acte : un Take My Scars old-school qui envoie du lourd, un Now We Die fédérateur, un Struck  A Nerve rapide à souhait qui déclenche les premiers circle pit. Pour ceux qui avaient des doutes sur la nouvelle mouture de Machine Head, ceux-ci sont vite balayés. Appliqué, concentré mais hyper précis, Vogg Kieltyka assure le job comme un pro et les parties de guitare à deux sont assurées avec brio, Robb Flynn laissant de l'espace (et des solos) au petit nouveau qui réussit son intégration sans problème. Même constat à la batterie, moins en vue malgré une batterie surélevée, Matt Alston envoie du steak et se révèle au niveau. Encore une fois, si Robb Flynn est contestable, il s'entoure de musiciens de haut vol. La partie centrale de ce premier set connaît un petit relâchement, la faute à des compos moins enthousiasmantes issus du très inégal Unto The Locust. Heureusement, les deux titres issus de The Blackening, Aesthetics Of Hate (écrite en réaction contre un éditorialiste ayant expliqué que Dimebag Darrel aurait mérité son sort !!!) puis Halo qui viendra clôturer cette première partie arrachent tout sur leur passage. Et que dire en passant de l'enchainement From This Day (toujours aussi positif et sautillant ce titre) et la martiale Ten Ton Hammer, immense carton assuré. On n'a pas vu le temps passer et une pause de dix minutes permet à tout le monde de reprendre ses esprits.

Car lorsque la salle s'éteint de nouveau et que Robb Flynn et Jared MacEachern reviennent accompagnés ce coup-ci de Logan Mader et Chris Kontos, c'est pour un Davidian stratosphérique. Machine Head n'avait pas joué ce titre au Bataclan refusant de chanter ce refrain dans cette salle (choix hautement respectable) mais ici au Trianon, c'est un immense succès. Logan Mader, tout en dreadlocks, assure et que dire de Chris Kontos. Adolescent, ce batteur me donnait l'image d'un mythe. Auteur de parties de batterie impressionnantes sur Burn My Eyes, sa disparition de l'espace médiatique en avait fait à mes yeux une sorte de légende urbaine. Une espèce de génie rentré chez lui. Il est vrai que Dave McClain avait pris le relais avec brio. Définitivement, le Matt Alston succède à deux immenses batteurs, bon courage à lui. Toujours est-il que Chris Kontos n'a pas dû débrancher pendant ces vingt-cinq dernières années car il assure, mais vraiment. Impressionnant ! Inutile de dérouler les morceaux, l'interprétation impériale de ce disque iconique est un pur régal, la fosse ne débranche pas, le groupe déroule et nous écrase. Au final, le show aura duré trois heures. Respect. La nostalgie fonctionne à plein mais quel disque, quelle baffe ! Du très très bon boulot ! Et l'ambiance entre les membres est plutôt positive, avec beaucoup de sourire et un Robb Flynn qui citera souvent le nom de Chris Kontos, et sincèrement, difficile de n'y voir que du cynisme. Les mecs prennent leur pied et nous régalent. Je redécouvre même un Machine Head avec une dimension Hardcore sur ses débuts et ça leur allait vraiment bien.

Il me reste à tenter une synthèse de cette soirée : Ouvertement nostalgique, contestable dans sa démarche de fond (faire revenir deux illustres membres qui ne sont certainement pas venus que pour l'amour de la musique), toujours aussi autocentré autour de la personne de Robb Flynn à l'égo surdimensionné, mais impérial musicalement. Idem, le groupe a paradoxalement confirmé les pensées de ceux qui pensent que Machine Head n'a rien fait de bien depuis The More Things Change tant les "vieux" titres ont cartonné. Pour ma part, si j'entends (et partage) les réserves légitimes exprimées envers ce Robb Flynn, comment ne pas admettre que ce type a de l'or dans les mains et que la musique proposée en live reste hautement qualitative. Je suspends donc mon jugement sur ce type et l'admets, c'était un concert phénoménal, une grosse baffe. Et quelle ambiance ! Le Trianon a tremblé. Non, c'était vraiment bien et personne ne peut dire le contraire après une telle démonstration de force. Et pour citer mon pote, death-métalleux de son état : "ce type est peut-être un c…. mais il faut aussi reconnaître qu'un c.... peut faire des trucs bien, voire énormes". Voilà, je n'ai pas trouvé mieux en conclusion. Reste que le débat "faut-il distinguer l'homme de l'artiste ?" reste ouvert, intéressant intellectuellement mais il y a un forum des lecteurs pour ça.  

 

Setlist :

Act I :

01. Clenching The Fists Of Dissent
02. Take My Scars
03. Now We Die
04. Struck A Nerve
05. Locust
06. I Am Hell (Sonata in C#)
07. Aesthetics Of Hate
08. Guitar Solo
09. Darkness Within
10. Catharsis
11. From This Day
12. Ten Ton Hammer
13. Halo

Act II :

14. Davidian
15. Old
16. A Thousand Lies
17. None But My Own
18. Drum Solo
19. The Rage To Overcome
20. Death Church
21. A Nation On Fire
22. Blood For Blood
23. I'm Your God Now
24. Block 

 

Venez donc discuter de ce live report sur notre forum !