Groupe:

Overkill + Destruction + Flotsam And Jetsam

Date:

20 Mars 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Grosse soirée "vétérans du thrash" le 20 mars dernier au Trabendo parisien avec Overkill accompagné de Destruction et Flotsam And Jetsam, rien que ça ! Et encore, un quatrième groupe était initialement prévu sur l'affiche : les Australiens de Meshiaak (beaucoup moins vétérans pour le coup), dont j'ai beaucoup aimé le premier album, mais qui se sont malheureusement retirés de la tournée peu de temps avant son démarrage. L'heure n'est cependant pas à la plainte : le Trabendo affiche complet, la soirée promettait du lourd... et les promesses ont été tenues, surtout par la tête d'affiche, dont la forme resplendissante - malgré ses longues années passées sur les routes et une bagatelle de dix-neuf (!!) albums au compteur - force le respect. C'est parti pour un petit compte-rendu qu'on pourrait intituler "Du thrash jusqu'à plus soif !".   

Flotsam And Jetsam

C'est donc aux thrashers américains de Flotsam And Jetsam que revient l'honneur d'ouvrir les hostilités... et le gang toujours emmené par son chanteur Eric "AK" Knutson et le guitariste Michael Gilbert (tous deux présents depuis les débuts du combo) s'acquitte de sa tâche avec talent. Le dernier album du groupe sorti en janvier dernier, The End Of Chaos, est pas mal (voire même un peu mieux que ça) alors on ne râle pas quand déboule Prisoner Of Time, sa très bonne chanson d'ouverture... même si on aimerait un peu mieux entendre le chant légèrement trop couvert par les instruments à ce moment-là du set. 

Le groupe a huit chansons pour convaincre. Sa recette est simple : assurer la promo du nouvel album tout en balançant ce qu'il faut de vieux classiques pour faire plaisir aux fans de la première heure. Le set est bien fichu car il alterne constamment nouveautés et vieilleries. Ainsi, après Prisoner Of Time, c'est aller direct à la case classique avec Desecrator issue du culte Doomsday For The Deceiver. Ensuite, le groupe enchaîne avec la très réussie Iron Maiden (Knutson nous dit qu'elle porte le nom d'un de ses groupes préférés... on n'est pas surpris) extraite de l'album sans nom de 2016, avant de revenir en 1986 avec la détonnante Hammerhead. Tout cela est fait avec énergie, conviction et savoir-faire. Aucun temps mort à déplorer (encore heureux, en quarante minutes), les compos ont ce qu'il faut de robustesse et de mélodie pour assurer un début de soirée impeccable. 

Il est vite l'heure de revenir vers le nouvel album (représenté par trois morceaux ce soir) avec la convaincante Demolition Man. Mr. Knutson en profite pour nous dire que si l'on veut se procurer le nouveau disque, il suffit d'aller voir le gars moche qui lui ressemble au stand merchandising ! Le public fait un bel accueil au groupe... ce n'est pas encore la folie furieuse mais les cris et applaudissements sont loin d'être timides... Evidemment, bien que les titres récents ne soient pas boudés, ce sont quand même les classiques qui provoquent le plus de ferveur. Ce n'est pas l'acclamation entendue sur le premier riff de No Place For Disgrace (qui clôturera le set) qui viendra me contredire ! Juste avant, on aura eu le droit à Suffer The Masses, compo extraite de When The Storm Comes Down qui ne fait pas franchement office de référence incontournable dans la carrière du groupe. La compo, proposant une allure plus posée que ses voisines, n'est cependant pas désagréable et donne l'occasion au batteur (l'excellent Ken Mary) de faire le show en faisant tourner ses baguettes (et en faisant tomber une, d'ailleurs, hé hé...). 


Verdict : un bon début de soirée. Certes, les gars de Flotsam ne sont pas franchement des fous furieux sur scène (on connait des groupes de thrash plus dynamiques) mais la musique est de qualité, l'ambiance est bonne et on passe un bon moment.  

Setlist Flotsam And Jetsam :

01. Prisoner Of Time
02. Desecrator
03. Iron Maiden
04. Hammerhead
05. Demolition Man
06. Suffer The Masses
07. Recover
08. No Place For Disgrace


Destruction 

Avec l'arrivée des Allemands de Destruction, il va faire un peu plus chaud au Trabendo. Je vais vous dire la vérité : je ne suis pas un grand fan du groupe et je le connais assez mal. J'ai d'ailleurs entrepris de réviser un peu avant le concert, histoire de me remettre en tête quelques classiques du combo... et cela m'a confirmé que ce n'est pas demain la veille que je vais m'acheter plein de CD des Teutons. Cela dit, Destruction a son lot de compos efficaces, de bons riffs velus et tout ce qu'il faut d'énergie un brin bestiale pour que le moment passé ne soit pas désagréable, n'est-ce pas ? Il n'y a pas de raison ! 

Contrairement au premier groupe, Destruction attaque bille en tête avec de l'ancien, du classique des années 80 qui va faire headbanguer le vieux fan nostalgique. Curse The Gods, Release From Agony, Mad Butcher... une, deux, trois claques ! Tout cela provient de disques sortis entre 84 et 87. Il faut dire que contrairement à Flotsam et Overkill, la bande à Schmier n'a pas de tout nouvel album à présenter (le dernier datant de 2016). Dethroned, un titre récent, justement extrait de ce fameux dernier album, trouvera quand même sa place (la quatrième) dans la setlist. 

Comme dit plus haut, l'ambiance est quand même plus chaude qu'en début de soirée. Ca pogote plus, ça crowdsurfe davantage, la fosse est active et se défoule... dans la bonne humeur. Sur scène, ça joue bien, le son est plutôt bon... et celui qui m'impressionne le plus est sans conteste le batteur Randy Black (que j'avais déjà vu avec Annihilator ou Primal Fear). Quelle classe ! Le matraquage est impressionnant... puissance, rapidité et style se marient à merveille, le gars est une bête et marque la soirée de sa frappe impériale. Les deux piliers (Marcel Schmier et Mike Sifringer, tous deux bien impliqués dans le set) sont épaulés par un petit jeunot nommé Damir Eskic. Ce tout nouveau guitariste se donne à fond, il semble s'éclater... ça fait plaisir à voir, sa conviction est même assez communicative. 

La quatuor fait plaisir à ceux qui veulent se rompre les cervicales sur du thrash old-school en leur servant des compos de plus de trente ans d'âge (Life Without Sense, Total Desaster ou Bestial Invasion) sans oublier un petit détour par le début des années 2000 avec la très efficace Nailed To The Cross (une découverte pour moi... et j'ai beaucoup aimé) ou The Butcher Strikes Back et Thrash Till Death. La communication avec le public est réduite à son strict minimum mais le thrash est balancé pendant cinquante minutes avec force et conviction. Je ne m'attendais pas à grand-chose... au final, ce fut plutôt une bonne surprise. Un set bien costaud ! 

Setlist Destruction :

01. Curse The Gods
02. Release From Agony
03. Mad Butcher
04. Dethroned
05. Nailed To The Cross
06. Life Without Sense
07. The Butcher Strikes Back
08. Total Desaster
09. Thrash Till Death
10. Bestial Invasion


Overkill

C'est l'heure de la tuerie. Plus moyen de reculer, à 20h50 les Américains d'Overkill débarquent et ils ne sont pas venus jusqu'ici pour faire semblant ! Le son était plutôt de bonne facture sur les deux premiers groupes mais là, il est énorme... C'est très fort et décapant. C'est Last Man Standing, belle petite tuerie (l'une des toutes meilleures nouvelles compos de l'honnête à défaut d'être excellent The Wings Of War) qui ouvre le show... et pour percuter ça percute !! Le gang (of New York) débarque et nous en met plein la tête d'entrée de jeu. Bobby hurle à s'en décrocher les cordes. Ce vocaliste a une voix spéciale, c'est le moins qu'on puisse dire, mais il l'a vraiment ! Il est en pleine possession de ses moyens... Bientôt quarante ans que le "Blitz" s'époumone et vous vous dites que d'évidents signes de fatigue devraient se faire sentir, n'est-ce pas ? Bah pas ce soir !

Après un Last Man Standing terrassant, Overkill n'a pas l'intention de faire redescendre la pression et enchaîne immédiatement avec la véloce Electric Rattlesnake, seule rescapée de The Electric Age (2012) avant d'entamer un petit voyage au pays des années 80 avec trois brûlots enchaînés sans temps mort : Hello From The Gutter, Elimination et Deny The Cross... Niveau début de setlist, on a vu pire, vous en conviendrez... Que du classique qui tue ! Pour ce qui est de la prestation, rien à dire, les vétérans assurent toujours. Le nouveau batteur, Jason Bittner (ex-Shadows Fall et qui a également joué avec Flotsam And Jetsam entre 2014 et 2017), ne démérite pas et insuffle une patate monstre aux compos du groupe. On le sent très concentré et un peu agacé en début de set (des soucis de retour ?), mais sa performance n'en souffre pas, la batterie et nos oreilles prennent cher ! 


Après un démarrage décoiffant, une petite pause (bien heavy quand même) nous est offerte avec Distortion, l'un des rares morceaux (et pas le meilleur, à mon sens) du nouvel album joué ce soir (il y en aura un troisième et là, ce sera une tuerie). Cela dit, la compo passe assez bien l'épreuve de la scène et permet de souffler un peu entre d'autres salves plus meurtrières. Comme à son habitude, le guitariste Dave Linsk n'en fait pas des caisses et reste dans son coin de scène, balancant le sourire aux lèvres ses riffs assassins. DD Verni, toujours charismatique et dynamique, s'éclate bien sur sa basse. Ceux qui font plus le show sont le guitariste Derek Tailer, qui plaisante avec le public, lui fait des doigts d'honneur (bah alors, elle est où la courtoisie ?), donne des médiators aux fans des premiers rangs (voilà, ça c'est déjà plus sympa), et bien sûr Bobby Ellsworth, leader toujours aussi à l'aise qui rappelle au public la règle très simple de la soirée : c'est lui le boss ! 


A part ça, quelques petites surprises setlistiques sont de la partie : plus de titres de Horrorscope (faut dire que l'album a été beaucoup joué lors de la tournée précédente, parfois intégralement) et un seul du tout premier Feel The Fire (la chanson du même nom) pour les mêmes raisons... ce qui ne veut pas dire qu'on n'a pas notre lot de bons vieux classiques (comme démontré plus haut) mais tout simplement qu'Overkill varie ses setlists d'une tournée à l'autre et ne fait pas que dans la nostalgie estampillée eighties. D'ailleurs, je suis ravi car ce soir, le combo balance deux chansons rares provenant d'un album que j'aime beaucoup (l'excellent W.F.O. de 1994) : Under One et Bastard Nation ! Top ! Quelque soit les morceaux proposés, on retiendra que ça balance du gros son, que le public s'éclate bien et que l'accueil réservé au groupe est plus que chaleureux (ça scande du "Overkill ! Overkill ! Overkill !" à tout va). L'ambiance est vraiment sympa, que ce soit dans la fosse ou sur scène : les gars se chambrent bien, on voit Verni se moquer gentiment de Tailer à un moment, pour une raison que j'ignore... mais aussi Tailer qui empêche un roadie (qui était venu le ravitailler en médiators) de sortir de scène en lui bloquant le passage ou en le retenant par le bras...

Le show aura duré une heure trente et se sera terminé avec quelques beaux morceaux supplémentaires, certains récents (Mean, Green, Killing Machine ou Ironbound), d'autres plus âgés (les indispensables Rotten To The Core et Fuck You). Un troisième et dernier extrait de The Wings Of War nous aura été proposé avec Welcome To The Garden State à l'esprit bien punk, incorporé en plein milieu de Fuck You... Un final parfait ! Et voilà, Overkill, (quoi qu'on pense de la qualité de leurs albums... les derniers sont sympas mais pas leurs meilleurs, c'est vrai) sur scène, c'est toujours énorme. Les gars nous ont encore mis une fessée... avec le sourire. Rien à dire... Si, juste "merci" et "quand est-ce qu'on remet ça ?". 

Setlist Overkill :

01. Last Man Standing
02. Electric Rattlesnake
03. Hello From The Gutter
04. Elimination
05. Deny The Cross
06. Distortion
07. Necroshine
08. Under One
09. Bastard Nation
10. Mean, Green, Killing Machine
11. Feel The Fire
12. Rotten To The Core
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13. Ironbound
14. Fuck You
15. Welcome To The Garden State
16. Fuck You (reprise)

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