Groupe:

Ready For Prog? Festival: Samedi

Date:

12 Octobre 2019

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

Didier

Après une petite visite bien sympathique de Toulouse en vélo électrique, nous revoilà devant les portes du Metronum pour cette deuxième soirée. La queue devant la porte est déjà plus importante (quatre cents personnes, me dit-on). Les fans de Pain Of Salvation n’ont pas raté l’opportunité de voir leur groupe préféré une dernière fois en 2019. Une fois les portes ouvertes, c’est le même constat du côté des sandwiches : il y en a qui vont avoir la dalle ce soir. 

Shattered Skies 

Vers 19h20, le premier groupe à se présenter ce soir est le groupe anglo-irlandais de Shattered Skies que je ne connais pas du tout. Ils sont quatre avec Gerry Brown au chant, Chris Borland à la basse, Ross McMahon à la batterie et Ian Rockett à la guitare. Là encore les guitares à multiples diapasons sont légions, ça a l’air de devenir un standard dans les groupes de prog metal. Donc huit cordes sans tête à ma gauche, ça aussi c’est courant dans ce style musical et basse cinq cordes à ma droite. Le son de la basse de Chris est impressionnant. Il claque et sert de rythmique sur tous les morceaux.

ShatteredSkies-RFP20191-6.jpgShatteredSkies-RFP20191-1.jpg

Comme Chris est en plus très démonstratif avec sa façon de secouer ses cheveux longs (le seul à avoir les cheveux longs, ça aussi c’est étonnant dans les groupes de ce festival, les cheveux longs se perdent, il y a une petite étude sociologique à lancer là) en martelant sa basse, on a un peu les yeux rivés sur lui et son headbanging effréné. Au niveau du chant, Gerry est très à l’aise notamment dans les aigus, son chant rappelle un peu Leprous, une fois de plus. Ian nous demande si on est content de voir Pain Of Salvation ce soir : on répond "oui !", forcément, et il ajoute que lui aussi est fan et que c’est un rêve d’être là aujourd’hui.

ShatteredSkies-RFP20191-2.jpgShatteredSkies-RFP20191-4.jpg

Il balance ensuite une petite intro de Pain Of Salvation. Gerry explique entre chaque morceau de quel album il provient. C’est bien pour ceux qui ne connaissent pas. Ce soir, ils puisent quatre morceaux dans leur dernier album Muted Neon sorti en 2018 et trois dans celui d’avant, The World We Used To Know sorti en 2015. Le tout pour une bonne quarantaine de minutes et un set franchement intéressant avec un très beau son qui donne envie de se pencher un peu plus sur ce groupe. 

ShatteredSkies-RFP20191-5.jpgShatteredSkies-RFP20191-3.jpg

Setlist de Shattered Skies :

The Disaffected
End And The Rebirth
Birth Of A Voyager
15 Minutes
Shut In
Arisen
As The Sea Divides

Upon Us All

Upon Us All est le groupe local de la soirée, il est composé de Younes Amrine au chant, de Sylvain Sarrobert et Martin Fischer aux guitares, de Sébastien Moréton à la basse et de Jean Gelly à la batterie. Le groupe est jeune, très énergique, le style est un mélange de djent/hardcore avec un chant alternant hurlé et clair. C’est le premier groupe des deux jours à proposer un chant plus agressif. Par contre côté guitare, les sept et huit cordes sont de sortie et côté basse c’est encore du multi diapasons frettage en V.

UponUsAll-RPF2019-6.jpgUponUsAll-RPF2019-1.jpg

Jean le batteur est assez impressionnant, son jeu est puissant, travaillé. Même si je suis moins fan de leur style, c’est quand même très bon, avec de bonnes alternances de moments ultra bourrins et d’autres plus calmes. Comme pour Manigance la veille, je trouvais au départ que ça n’était pas trop en ligne avec le reste de la soirée mais au final ça le fait très bien et ça alterne un peu les styles. Leur EP Hubris, sorti début 2019 est joué dans son intégralité (trois en début et deux à la fin).

UponUsAll-RPF2019-3.jpgUponUsAll-RPF2019-4.jpg

Au milieu, ils jouent Prophecy un morceau plus ancien ainsi que deux autres morceaux (NSG et The Stranger) prévus sur leur premier album à venir. Martin, le guitariste huit cordes à ma droite, vient d’arriver dans le groupe, Younes nous le présente. Il est très concentré sur ses parties très techniques. Ils terminent leur set sous les applaudissements de la foule bien plus dense que la veille.

UponUsAll-RPF2019-2.jpgUponUsAll-RPF2019-5.jpg  

Setlist de Upon Us All :

Pyre
Atys
Hubris
NSG
Prophecy
The Stranger
Mitsein
Dasein

 

Special Providence 

Je ne connais rien de ce groupe qui nous vient de Hongrie. Philippe me dit que c’est de l’instrumental qui devrait me plaire. Les musiciens s’affairent sur leur setup et je suis surpris par le guitariste, Márton Kertész, qui semble préparer plus d’équipement vidéo tourné vers lui-même que de guitare. Il a un look étrange, avec ses Rayban claires, ses cheveux blonds en brosse et sa redingote noire, il dégage une certaine froideur austro-hongroise. A côté de ça Adam Markó, batteur et visiblement un des leaders du groupe, est tout à l’opposé : grands bonjours, grands sourires, c’est aussi lui qui s’exprime au micro entre chaque morceau. Quand ils attaquent, il me faut environ vingt secondes pour comprendre que ce sont des virtuoses d’un autre monde et que j’accroche de fou à ce qu’ils proposent, à savoir une sorte de metal prog, jazzy et hyper groovy.

SpecialProvidence-PRF2019-4.jpgSpecialProvidence-PRF2019-6.jpg

Attila Fehérvári attaque le morceau avec une magnifique basse Musicman fretless, au frettage traditionnel. Les sons qu’il en sort, instrument porté bien haut, sont géniaux. Attila défonce tout (facile celle-là), à la fretless, mais ensuite avec une basse frettée (toujours de chez Musicman), en slap, en tapping. Un monstre ! Le premier morceau qu’il nous joue, Babel Confusion, donne le ton. Intro, blast, jazz fusion, le tout dans les trente premières secondes. Derrière lui, piano penché vers l’avant, on trouve aussi Zsolt Kaltenecker, casque audio sur les oreilles, dont le piano omniprésent est une composante majeure du son de leur groupe. C’est clairement aussi l’élément le plus jazzy du groupe. C’est son anniversaire, nous annonce Adam entre deux chansons, et la foule lui chante "Happy Birthday!" spontanément.

SpecialProvidence-PRF2019-3.jpgSpecialProvidence-PRF2019-2.jpg

Belle ambiance sympathique, les musiciens sont ravis. Du côté de mon guitariste, ça va mieux aussi, au fur et à mesure que le concert avance et que la foule répond de plus en plus fort aux talents réunis sur scène, il se détend un peu et finit par virer ses lunettes et distribuer des sourires, en plus de ses solos atomiques. Le public, moi compris, semble de plus en plus réceptif et manifeste de plus en plus fort son intérêt, les musiciens n’en reviennent pas. Attila, qui semble faire corps avec son instrument, continue son festival de groove, souvent en slap et bien épaulé par Adam qui est aussi un batteur impressionnant possédant un jeu particulièrement riche (il a dû beaucoup écouter de Mike Portnoy).

SpecialProvidence-PRF2019-1.jpgSpecialProvidence-PRF2019-5.jpg

Il est aussi très expressif, fait beaucoup de grimaces en jouant, il s’éclate, c’est beau à voir jouer. Il annonce que Márton le glacial-guitariste-qui-s’est-bien-réchauffé est le dernier arrivé dans la team, ça explique peut-être un peu l’attitude initiale, qui sait. Ils terminent par un super morceau groovy, Lazy Boy. Au final, j’ai vraiment beaucoup aimé ce groupe, grosse surprise qu’il va falloir approfondir, je pense que les fans de Liquid Tension Experiment ou, plus près de chez nous, Step In Fluid devraient y jeter une oreille, voire deux. Au stand merchandising, je vois qu’ils vendent un live récent dont la setlist me semble proche de celle de ce soir. Un bon moyen de commencer l’exploration.

Setlist de Special Providence :

 

Pain Of Salvation

Je suis un peu sur le cul de cette dernière prestation qui m’a bien scotché. Mais bon on se reprend, maintenant c’est à Daniel et sa team de tout défoncer. Ce qu’ils vont s’appliquer à faire pendant une bonne heure et demi. Ils attaquent avec trois morceaux de leur dernier album, The Passing Light Of Day. Quelle puissance dans ces riffs, j’adore ! Je suis aux pieds de Johan, et je suis tellement pris par sa présence scénique que je ne réalise qu’au moment de Reasons, le second morceau, qu’il manque Gustav (qui défile habituellement les chiffres dans le morceau) et qu’il n’y a donc pas de bassiste, alors qu’on entend bien de la basse. Daniel expliquera à la fin du concert qu’il ne pouvait pas assurer cette date (mais n’a pas dit pourquoi) et que du coup ils ont récupéré des bandes live de basse qu’ils ont utilisées, calées au clicker, pendant tout le concert, sauf pour Silent Gold qu’ils n’avaient pas prévu de jouer initialement. Léo précise que c’est même en majorité les tracks de basse de la date de Toulouse. Quel professionnalisme !

PainOfSalvation-PFR2019-7.jpgPainOfSalvation-PFR2019-8.jpg

Johan, comme à son habitude évolue torse nu, très impliqué dans les chœurs du groupe et très démonstratif dans ses plans riffés au cours desquels il saute dans tous les sens et prend des poses. Avec sa plastique, ses cheveux et ses poses, c’est vraiment le modèle idéal pour nos amis photographes. Daniel, lui, est en débardeur, logo tête de mort (genre Hellfest) et pantalon de survet vintage. Coolos. Les lumières sont bien soignées, tous les deux sont rétro éclairés par un spot placé à leur pied. Une belle lumière illumine aussi Daniel Karlsson et ses claviers placés en retrait sur la scène, avec à côté de lui Léo derrière son impressionnant kit de batterie.

PainOfSalvation-PFR2019-1.jpgPainOfSalvation-PFR2019-9.jpg

Lui aussi est bien éclairé, surtout dans les parties où il chante seul. Johan assure les chœurs chantés à l’origine par Ragnar (sur l’album, mais parti depuis remplacé par Johan, revenu). Mais sur certains morceaux (les plus haut) c’est par contre Léo qui s’y colle et c’est franchement superbe. Il possède une belle voix de tête que Pain Of Salvation gagnerait à exploiter un peu plus lors des prochaines compositions. 

PainOfSalvation-PFR2019-5.jpgPainOfSalvation-PFR2019-4.jpg

Daniel parle assez peu au public dans la première partie. Il se lâche un peu plus pour nous parler de cette date qui clôt le chapitre The Passing Light Of Day. Il explique aussi qu’ils sont accaparés par la compo du prochain album, qu’ils n’ont pas joué depuis longtemps et ne rejoueront pas avant un moment pour rester concentrés sur ce prochain album. On a du bol, au final. Il lance le morceau Silent Gold expliquant qu’il n’était pas prévu et donc pas répété et qu’ils risquent de se planter, mais ça n’est certainement pas le cas.

PainOfSalvation-PFR2019-2.jpgPainOfSalvation-PFR2019-3.jpg

J’ai vu souvent ce groupe et c’est toujours un vrai bonheur et un sentiment de réunion familiale, notamment avec les fans du premier rang. La foule est aux anges, elle écoute religieusement, en chantant ou en dansant, ça explose à chaque fin de morceau, ou aux premiers accords du suivant, dès que le morceau est identifié, c’est-à-dire de suite. Les musiciens de Pain Of Salvation avaient organisé une « signing session » pour laquelle quasiment toute la salle avait fait la queue, mais c’était pendant les autres groupes donc je n’y étais pas allé, tant pis. Je récupère, avec l’aide de Philippe, un médiator de Johan. Nous sommes tous les deux sur la photo souvenir du groupe. Sympa ! En sortant, nous discutons, tentons de prolonger le plaisir de cette soirée, je découvre que mon voisin de gauche venait de Nice aussi. Nous nous dirigeons avec une dizaine de fans vers l’arrière de la salle. Johan nous aperçoit depuis les loges et sort discuter, faire des selfies avec chacun d’entre nous. Une petite famille vous dis-je…

PainOfSalvation-PFR2019-6.jpgPainOfSalvation-PFR2019-10.jpg

Setlist de Pain Of Salvation :

Full Throttle Tribe
Reasons
Meaningless
Inside Out
Beyond The Pale
Rope Ends
Kingdom Of Loss
Silent Gold
On A Tuesday
-----
Used
The Passing Light Of Day

Venez donc discuter de ce live report sur notre forum !