Groupe:

Ready For Prog? Festival: Vendredi

Date:

11 Octobre 2019

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

Didier

L’année dernière, j’avais pu assister au BeProgMyFriend Festival, à Barcelone, mais malgré le succès, l’expérience n’avait pas été reconduite me laissant un peu sur ma faim en terme de metal prog (un genre souvent sous représenté au Hellfest). Du coup, mon œil avait été attiré par le Ready For Prog? Festival, annoncé à Toulouse, de notre côté des Pyrénées cette fois. L’affiche était alléchante avec notamment les deux têtes d’affiche, Threshold le vendredi, groupe encore jamais vu en live et Pain Of Salvation, le samedi, dont je suis fan absolu. Seul souci : se rendre à Toulouse le vendredi soir. C’est là que je découvre la compagnie aérienne Volotea, que je remercie, qui offre le vol idéal pour moi (puis pour l’ami Philippe ensuite), Nice – Toulouse le vendredi après-midi, retour le dimanche pour la somme incroyable de 30 Euros. Je n’ai pas réfléchi plus d’une seconde. Philippe et ses objectifs non plus et nous voilà devant le Metronum, une belle salle dans un quartier assez éloigné du centre de Toulouse, mais desservi par la ligne B du métro. A l’intérieur, un rayon merchandising, fédéré entre tous les groupes, proposant des articles des différents groupes ainsi que des t-shirts du festival. La salle est superbe, un grand bar est présent à l’arrière sur toute la largeur, décoré avec des vieilles pièces de HiFi hors d’usage. Si le bar est bien garni en bière, le rayon sandwich est bien léger, Phil et moi sommes servis mais ça ne sera pas le cas de tout le monde. La salle est à moitié pleine en ce vendredi. Le festival, dont c’est la deuxième édition (même s’il s’appelait le VeryProg Festival l’année dernière), vendait des passes deux jours ou des tickets pour chaque soirée.

Mobius

C’est le groupe Mobius qui monte sur la scène en premier. Ils sont de Lyon et c’est Heli, leur très fine chanteuse, qui explique qu’ils sont ravis d’être là ce soir. Très fine certes, mais très présente aussi ; elle assure ses parties de chant avec beaucoup de justesse, alternant parties plutôt aigües, assez lyriques et parties plus basses et puissantes.

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Autour d’elle, c’est un beau déballage de matos avec de la basse et de la guitare sans tête et au frettage en V, ce qui fait pas mal penser aux musiciens de Haken. C’est Xavier à la guitare et Alexandre à la basse. Tous les deux manient le Djent avec dextérité et puissance. Le clavier est assuré par Guillaume.

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Par contre, ça n’est pas Adrien leur batteur habituel qui est aux commandes mais Maxime qui aura sacrément assuré. Heli nous propose, outre une coiffure super travaillée, un chant en anglais, sauf sur un morceau, où je n’ai pas reconnu la langue ; mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont très influencés par la culture indienne et nous proposent trois nouveaux morceaux extraits de leur album à venir (Kala) et les trois ont des titres en sanscrit. Le reste de la setlist est puisé dans leur premier album The Line sorti en 2016. Je ne suis pas un grand fan des voix lyriques et finalement Heli n’en abuse pas trop, sa voix toujours bien placée fait parfois penser à Leprous, j’aime beaucoup le phrasé très original de certaines lignes de chant. Une bonne mise en bouche pour attaquer ce festival.

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Setlist de Mobius :

Bursting Chaos
Abhinivesha
Akasha
Cosmopolis
Mist Of Illusions
Sharira

 

Manigance

Pour être franc, c’est le seul groupe qui m’a fait tiquer en voyant l’affiche. Je trouvais le style du groupe pas forcément bien aligné avec le reste du festival. Je sais qu’ils sont tous plus ou moins de la région Sud-Ouest, mais je ne voyais pas trop d’autre logique. Je l’avoue, j’ai même quitté mon premier rang pour reculer un peu et prendre un peu de hauteur. Au final, ils ont fait un bon set. C’est bien sûr dans un style bien plus heavy metal que metal prog, à mon avis, mais un très bon set quand même. D’abord, le groupe dégageait un grosse énergie, doublé d’une belle cohésion.

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Le clavier habituel du groupe, Jean Lahargue, n’est pas présent, c’est Patrick Soria derrière les fûts qui envoie des samples pour le remplacer. Les deux guitaristes Bruno Ramos (aussi membre de Sortilège) et François Merle nous lacèrent à coups de riffs et alternent pour nous balancer des solos bien foutus. Certains morceaux ont même un solo de chacun des deux virtuoses. C’est propre ! C’est net ! La chanteuse Carine Pinto toute de cuir vêtue assure bien après le premier morceau de lancement. Elle est contente de jouer ici à Toulouse qui est sa ville apparemment.

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Le pauvre François a un souci de guitare, de gros parasites viennent le perturber mais il profite d’un break pour changer des câbles avec un technicien. Très pro. Chaque morceau est annoncé par Carine, avec le backdrop sous forme d’écran géant qui affiche la pochette de l’album correspondant et l’année de sortie. C’est pas bête pour les nullos comme moi qui ne connaissaient rien à leur discographie. Patrick interprète un mini solo de batterie. Avant Damoclès, Carine rappelle que octobre est le moi rose, mobilisation pour la lutte contre le cancer du sein. Ils terminent tout sourire leur set énergique.

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Setlist de Manigance :

Sans Fard
Machination
Ultime Seconde
Face Contre Terre
Ennemi
Damoclès
Volte-Face
Larme de L’Univers

 

Eldritch

Eldritch est un groupe italien, que j’avais pu voir il y a vingt-deux ans en première partie de Angra à Marseille. Le groupe est italien avec un chanteur, Terence Holler, d’origine américaine. Autour de lui, on retrouve deux guitaristes Eugene Simone et Rudi Ginanneschi, Alessio Consani à la basse, Gabriele Caselli aux claviers et Raffahell Dridge à la batterie.

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Je note que celui-ci est excellent et qu’il utilise une prise jazz pour sa baguette, ce qui n’est pas courant. Terence, le chanteur, porte des lunettes de soleil, qu’il enlève ensuite et c’est bien mieux car il est très expressif et fait souvent de sacrés gros yeux. Il est aussi un peu obnubilé par les selfies et en réalise de nombreux pendant tout le concert.

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Alessio, le bassiste, est très présent dans les chœurs, il soutient bien son charismatique chanteur. Le groupe avait annoncé qu’il allait jouer en intégralité leur album El Niño, sorti en 1998 et c’est donc ce qu’ils font et font même très bien. Juste avant un morceau un peu plus calme, The Last Day Of The Year, Terence explique que c’est un morceau très difficile à chanter aujourd’hui, qu’il est devenu vieux et a du mal dans les aigüs. Encore une fois, Alessio lui file un coup de main (ou plutôt de voix) et ça se passe plutôt pas mal.

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Terence se rappelle aussi avoir joué à Toulouse il y a vingt-deux ans, en première partie d’Angra (tiens, tiens...), il en profite pour rendre hommage à Andre Matos, son ami disparu trop tôt. Le groupe est généreux puisqu'il nous joue l’intégralité de El Niño dans sa réédition de 2001, avec en plus le morceau Nebula Space. Ils l’ont annoncé, ils l’ont fait. Et bien fait. Bravo.

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Setlist de Eldritch :

Fall From Grace
No Direction Home
Heretic Beholder
Scar
Bleed Mask Bleed
The Last Days Of The Year
From Dusk Till Dawn
To Be Or Not To Be (God)
Nebula Surface
El Niño

 

Threshold

Je n’ai jamais vu le groupe anglais en concert, c’était une de mes motivations pour venir à ce festival. La soirée a déjà été de grande qualité, mais je dois dire que Threshold va mettre tout le monde d’accord : ils sont monstrueux en live. Le groupe évolue à un seul guitariste, Karl Groom, membre fondateur du groupe depuis le départ de Pete Morten en 2017. Du coup, c’est le chanteur Glynn Morgan qui empoigne régulièrement une guitare pour soutenir le groupe pendant les solos de Karl. Un petit mot sur le chanteur, Glynn, qui avait déjà été dans le groupe pour le deuxième album. En fait, depuis l’origine, le groupe a alterné entre trois chanteurs, Damian Wilson, puis Glynn, puis Andrew McDermott dit Mac qui est celui qui restera au poste le plus longtemps, puis à nouveau Damian, et enfin Glynn à nouveau depuis 2017.

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Aux claviers, c’est Richard West, fidèle au poste, à la basse c’est le très professionnel Steve Anderson qui assure (depuis 2003), alors qu’à la batterie on trouve l’incroyable Johanne James en poste depuis 1999. Quand je dis incroyable, je veux dire que le gars est un vrai spectacle à lui tout seul. Un show dans le show. Il utilise un kit hyper minimaliste (trois toms, cinq cymbales, deux charlestons) et le reste c’est de la classe absolue. Il mime les morceaux, danse, chante, discute par gestes avec le premier rang (dont moi). Par gestes, il me promet une de ses baguettes qu’il a fracassée (il a une frappe de mule) et, à la fin, il viendra me la donner en main propre.

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Difficile de décoller les yeux de ce génialissime musicien. Pourtant, il se passe pas mal de choses sur scène. Glynn assure bien le spectacle, son chant est impeccable dans les nombreux morceaux (huit sur douze, quand même) du dernier album Legend Of The Shires auquel il a participé. Son chant est aussi parfait dans le rôle de Damian et de Mac. Glynn rend hommage à Mac avant d’attaquer un morceau calme, Long Way Home, assez émouvant. Le backdrop sur écran géant est magnifique, c’est le dessin de la pochette de Legend Of The Shires, subtilement animé avec l’eau de la cascade qui bouge et des oiseaux qui passent de temps à autre. C’est très beau. Karl, qui joue sur une superbe guitare Solar six cordes d’un très beau noir mat, est aussi spectaculaire (et un poil trop fort dans le mix).

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Il commence pourtant mal son show puisqu’il rate les premières mesures de Slipstream, n’ayant pas allumé son émetteur sans fil. Mais après, quel son de malade !! En plus, je réalise vers la fin du show, qu’il n’a pas de pedalboard, et n’a jamais rien changé, entre les rythmiques et les solos. C’est assez incompréhensible. Comme je le disais, ils ont attaqué avec Slipstream qui est mon morceau fétiche, je suis aux anges. Quand ils enchaînent ensuite sur The Man Who Saw Through Time, qui commence assez calmement, je trouve ça surprenant et pas forcément judicieux, mais ce morceau dure en fait onze minutes et change régulièrement, un pur bijou de metal prog.

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Les musiciens sont très complices, notamment Steve Anderson et sa magnifique basse Warwick et Karl, qui se retrouvent régulièrement pour prendre des pauses idéales pour nos amis photographes. J’avais bien aimé le dernier album mais j’avoue que les morceaux me semblent bien plus puissants et convaincants en live. Le morceau Trust The Process est l’exemple même du morceau à entendre en live, c’est un de mes préférés ce soir.

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Outre les huit du dernier et donc un morceau de Dead Reckoning, ils ont aussi joué une morceau extrait de Hypothetical (2001) et deux de Subsurface (2004). Au final, un bien meilleur set que ce que j’avais anticipé. J’ai eu mon Slipstream, je suis comblé, le reste (dont la baguette de Johanne) c’était de la pure gourmandise et un vrai bonheur.

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Setlist Threshold :

Sliptream
The man Who Saw Through Time
Long Way Home
Stars And Satellites
Hollow
Trust The Process
The Shire (Part 2)
Snowblind
Pressure
Mission Profile
Lost in Translation
Small Dark Lines

 

La soirée se termine, on traîne un peu autour du stand merchandising avant de décoller. Le bilan de ce premier jour est très positif. Bon plateau, très bon son avec pour finir une prestation de Threshold époustouflante. Allez, on va se coucher car on remet ça demain soir.

 

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