Groupe:

Shakin'Street + Les Grandes Gueules + Yuzu

Date:

19 Janvier 2019

Lieu:

Nice

Chroniqueur:

Philippec et Didier

Ce soir, c'est soirée années 80 à l’Altherax, organisée cette fois par l’association "1 Max De Bruit" (http://1maxdebruit.fr) qui oeuvre au profit des enfants malades et organise chaque année sur Nice un festival Tribute. Ce soir, c’est plutôt la fête des vieux hard-rockeurs malades car, pour une fois, l’Altherax est plein et on voit bien que la venue de Fabienne Shine, la chanteuse de Shakin’ Street n’a pas laissé indifférent. C’est aussi un samedi soir, ça aide. La tournée "Magic Tour" a été sacrément bien orchestrée, apparemment Sony Music a proposé à Fabienne de relancer la machine, Rock & Folk a relayé l’affaire et voilà c’est parti, revoilà Fabienne, 74 ans (respect s’il vous plait), Solid as a Rock à nouveau. C’est quand même pas banal et méritait bien un peu de notre temps. Le prix de la soirée était fixé à 11 Euros en prévente, là encore, je pense que l’orga a vu juste.

C’est le groupe local Yuzu qui ouvre les hostilité, suivi par Les Grandes Gueules (Tribute à Trust) puisque Zip, le charismatique chanteur du groupe, est aussi le président de l’association. Lui et ses bénévoles ont assuré grave pour monter la soirée et en faire sa promo. Shakin’ Street, pour ceux qui connaissent, a surtout marqué les esprits avec cet album éponyme sorti en 1980 et plein à craquer de tubes qu’on n’aurait jamais espéré entendre live presque quarante ans plus tard. Côté musiciens, ça promet aussi puisque le guitariste de l’époque Ross The Boss (ex-Dictators et Manowar) est à l'affiche. Par contre l’affiche annonçait Nono de Trust, mais lui, par contre n’est plus sur les dernières versions de la com'. C’est dommage. Il faut savoir qu’il est aussi passé par Shakin’ Street un court moment en 2004 (tout comme Bertignac et Corinne au tout début, partis ensuite rejoindre Téléphone). Bref si de l’eau a coulé sous les ponts depuis leur première apparition au célèbre festival punk de Mont de Marsan (1977) dans lequel jouait aussi Clash, The Damned et Police (quand même !), Fabienne, immigrée aux USA, a continué sa carrière entre réactivations du groupe et albums solos, tout en gardant son style punk-rock décapant. Si, comme moi, vous aviez cet LP, avec la féline Fabienne sur scène, toute de cuir vêtue, vous allez être contents car justement il est réédité et très présent au stand merchandising ce soir.

Yuzu

20h00 pétantes, Yuzu monte sur scène. Ce jeune groupe azuréen formé en août 2018, composé de Sarah Basso (guitare, chant) et de Victor Martin (batterie), va nous envoyer un Punk Rock grungy fait de la voix de Sarah, de riffs de guitare à la fois lourd et tranchants qui sont posés sur un jeu de batterie très énervé. Cette recette nous donne des compos montées sur courant alternatif, taillées pour le live. Le set commence avec Suck It Up, un titre très énergique et, après que Sarah ait présenté Yuzu, le duo enchaine avec Rott-Käppchen, puis French Fries. Ces trois titres bien énervés sont une bonne entrée en matière. 

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Attiré par l’énergie de Yuzu, le public commence  à être nombreux devant la scène et le titre Radio Non Sens, qui est aussi celui de leur EP (sorti en décembre 2018) va, avec son intro de batterie, bien le réchauffer? Ca commence à headbanguer grave devant la scène. Suit Erase Your Head. Sarah et Victor vont jouer dans l’ordre la quasi-totalité de leur EP, seul Wicht Hunt ne figure pas dans la setlist, il est remplacé par l’énergique Picture Palace qui est une nouvelle compo. Yuzu, qui termine par The Preacher, a rempli plus que son rôle de chauffeur salle. Auteur d'une belle prestation, le duo est applaudi à tour de bras par tout l’Altherax. Une belle découverte à suivre…

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Setlist Yuzu:

Suck It Up
Rott-Käppchen
French Fries
Radio Non Sens
Erase Your Head
Picture Palace
The Preacher

 

 

Les  Grandes Gueules

Quand nous arrivons, le groupe Yuzu vient juste de finir et je retrouve l’ami Philippe en grande discussion avec le duo, il a déjà récupéré leur setlist et semble très motivé pour s’occuper du report, en plus de son habituel job de photographe. La scène est assez vite préparée, de nombreux bénévoles de l’association (par ailleurs musiciens) donnent un coup de main. La scène de l’Altherax a fait peau neuve (nouvelle déco), un large backdrop de Shakin’ Street a été installé. J’avais déjà pu voir LGG lors du Rock Fest de l’association "1 Max De Bruit" qui, pendant un week-end regroupe tous les tribute bands de la région, à Nice (Prochaine édition du 10 au Mai 2019) et qui a lieu tous les ans depuis quelques années à Nice.

Le groupe tribute de Trust surfe sur les premiers albums de Trust, mené par un chanteur qui ressemble pas mal et surtout chante vraiment comme Bernie. Zip, c’est son nom, arbore son habituel t-shirt « I'm not Bernie ». Ce soir Zip et ses collègues montent sur scène devant un parterre de potes, c’est toujours sympa. Zip remercie le public d’avoir répondu présent à cette soirée spéciale. Le son est plutôt bon. Je trouve que le set a un peu du mal à décoller malgré l’enchainement pourtant classieux de grands classiques de Trust qui permet à tous les rockeurs de plus de cinquante ans de chanter les paroles (et dont les textes n’ont pas pris une ride – soit dit en passant).

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C’est avec Le Mitard que tout semble enfin bien en place. Raf, à la basse assure sacrément bien les chœurs. Je dis ça mais je dois avouer qu’il n’est pas facile de voir ce qu’il se passe sur scène, la machine à fumée semble s’être emballée (à moins que ça ne soit les croque-monsieurs du bar, qui sentent dans toute la salle) et on ne distingue plus rien avec les éclairages qui viennent de l’arrière de la scène. Zip s’énerve pour que la machine infernale soit arrêtée (elle ne rentrera plus en action de toute la soirée – merci pour nos amis photographes).

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Côté guitare, sur la fin du set, il semble y avoir un souci car le pauvre Diabolo foire pas mal d’intros (L’Elite) et de solos (Antisocial), qui sont tellement connus que tout le monde les attend de pied ferme. Je me dis qu’heureusement que Nono n’avait finalement pas fait le déplacement, il n’aurait pas apprécié. C’est avec Antisocial que le groupe termine, Zip fait chanter le public et tout le monde à la banane, bien chaud pour accueillir Fabienne et sa bande. Même si tout n'était pas parfait, Les Grandes Gueules ont fait le job.

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Setlist Les Grandes Gueules:

Passe
Au Nom De La Race
Instinct De Mort
Mr Comédie
Préfabriqués
Police Milice
Le Mitard
Sors Tes Griffes
Bosser huit Heures
Fatalité
L'Elite
Antisocial

 

Shakin’ Street

La scène est assez rapidement mise en place, là encore les bénévoles s’activent et pas mal de matos était partagé par les groupes. Une des particularités de l’Altherax est que l’accès à la scène se fait par le public. Quand je vois arriver Fabienne, escortée par les gens de l’association, je me dis que le petit bout de femme semble faible et fragile. En discutant avec des potes, on m’avait dit que Fabienne avait 70 ans. En fait c’est faux, je l’apprends un peu plus tard, c'est 74 ans qu'elle a ! Mais une fois sur scène, la mamie se transforme en une chanteuse de punk rock incroyable, épaulée par un groupe de zicos haut de gamme. Voyez plutôt : à sa droite, Ross the Boss (guitare), derrière elle, le farfelu J.P "Thunderbolt" Patterson (batterie), à sa gauche l’imposant et remuant Dean Rispler (basse). Les deux derniers ont déjà servi de section rythmique à Ross The Boss dans The Dictators. Enfin tout à la gauche de Fabienne, le géant et flegmatique Freddie Katz (guitare).

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Ce dernier bosse depuis pas mal d’années avec Fabienne et a notamment composé avec elle son dernier album solo (Don't Tell Me How To Shake It). Si Ross The Boss assure la plupart des solos énervés de la setlist (nombreux et excellents, je ne m’y attendais pas), Freddie, caché derrière ses lunettes noires en assure aussi pas mal de plutôt fins, il manie aussi parfois la slide. Le groupe attaque directement avec Solid As Rock THE tube, sorti en 1980 sur l’album Shakin’ Street. Le son est superbe, la puissance de Ross The Boss est impressionnante, le chant de Fabienne bien en place. C’est un sacré choc, en tout cas pour moi qui ne suis pas un inconditionnel du groupe. Moi qui connaissais surtout ce morceau, me voilà servi, mais je ne suis pas au bout de mes surprises car en fait, à chaque nouveau morceau (en tout cas les anciens) je me dis : "tiens je connais aussi celui-là" et c’est excellent (No Compromise, No Time To Lose). Après ces trois premiers morceaux, tous extraits des deux premiers albums, je suis déjà conquis. Tous les morceaux sont chantés en anglais sauf Môme Des Villes chanté en français.

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La section rythmique JP/Dean est bougrement efficace, les lignes de basse de Dean sont parfaites, il est très remuant (et surtout, les autres bougent peu), JP fait le pitre et nous raconte qu’il parle lui aussi français et voudrait « aller aux toilettes » (en français dans le texte). Il viendra chanter un bout de Led Zep dans le micro de Dean, son style bucheron est d’une impressionnante efficacité. Fabienne parle pas mal entre les morceaux, j’avoue ne pas toujours comprendre, elle présente souvent l’origine du morceau suivant, le contexte de l’époque. Elle est assez touchante. Elle explique que le groupe n’est ensemble que depuis peu, qu’ils n’ont fait que sept dates ensemble.

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Elle vient beaucoup au contact de certains de ses fans devant, leur tape dans la main. Eux connaissent les paroles et chantent à tue-tête. Ross The Boss reste assez impassible au début de son set, on dirait un peu un Terminator qui aurait appris à jouer de la guitare, dans le regard surtout, mais au fur et à mesure d’un set qu’il réalise parfaitement (ses solo sont impeccables, ses riffs acérés nous hachent menu), il commencera à sourire et finira même avec la grosse banane. Fabienne vient souvent à son contact, elle explique que c’est un metallo (tiens je pensais qu’on disait metalleux) mais que, comme tous les metallos, il a un cœur gros comme ça.

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La musique de Shakin’ Street ? En fait : Du rock, du punk, du groove.  Je pensais venir à un concert hard rock années 80, au final c’est très typé punk rock et Fabienne à la voix parfaite pour le job. Elle semble juste un peu souffrir sur les passages très aigus ou plus calmes (Môme Des Villes et Suzy Wong). Et ça n’est pas le dernier morceau, Vampire Rock (extrait de leur premier album) qui va me faire mentir, car Fabienne c’est une voix à la croisée de Patti Smith et de Nina Hagen, qui aurait flirté trop longtemps avec Iggy Pop. Je découvre aussi (encore sur Vampire Rock) qu’elle joue de l’harmonica, génial, mais mince c’est déjà fini. Ouf, non, pas tout à fait, car nous crions alors ils restent sur scène et attaquent un hymne des Stooges, I Wanna Be Your Dog en guise de rappel et pour finir de nous achever.

 

 

Setlist Shakin'Street:

Solid As Rock
No Compromise
No Time To Lose
I Gotta Fly
I'm Your Girl
Suzie Wong
Môme Des Villes
Don't Tell Me How To Shake It
Every Man Every Woman
The World And Me
Soul Dealer
I Want To Box You
Vampire Rock

---------------
I Wanna Be Your Dog (Rerise des Stooges)

 

 

 

Mec, tu parles d’une soirée. Une soirée exceptionnelle que ce passage à Nice de la tournée "Magic Tour". Magique pour le coup ! Même que si c’est pas trop tard n’hésitez pas et foncez y. Et si c’est trop tard, priez pour que le "Magic Tour 2" ne vous épargne pas. Shakin’ Street : la mamie du punk rock revient et distribue des mandales ! 

 

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